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Blessures et retentissement

Les grandes blessures de notre petite enfance retentissent au présent et le polluent allègrement… si nous ne faisons pas le nécessaire pour les guérir! Eh oui ça se guérit!

Qui pourrait soutenir qu’il ou elle n’a pas  -ou ne s’est pas senti-e- blessé-e  dans sa petite enfance? Les démarches de croissance personnelle ne peuvent faire l’économie de cette réalité, car elle polluera incessamment nos relations présentes et pourrait même nous conduire, par le biais de nos maux et mal-à-dies, jusqu’à la mort. J’aborderai aujourd’hui l’une de ces blessures en témoignant d’un exemple vécu. Sans minimiser la gravité de certaines situations, je dirais plutôt que c’est surtout la façon dont nous les avons vécues qui nous a marqué-e-s. Les six grandes blessures reconnues par Jacques Salomé sont la trahison, le rejet-abandon, l’humiliation, l’impuissance, l’injustice et l’intrusion dans l’intimité. Je traiterai donc de l’injustice, mais j’ai constaté qu’une blessure est souvent accompagnée de ses «compagnes», un peu comme si elle préférait voyager en groupe!

L’injustice. Abordons d’abord son contraire : la justice ???……. à mon avis, concept difficile à cerner! Est-ce une part égale  pour tout le monde? Autrefois, chez mes grands-parents on mettait les plats sur la table et chacun se servait selon son appétit. Il n’y avait pas de parts égales. Était-ce injuste pour autant? Sûrement pas! Est-ce possible d’aimer tous ses enfants également? Et ses frères et sœurs? Et ses voisins; même ses ami-e-s?  L’amour n’est pas divisible. 100% à chacun. Il est différent, unique pour chaque personne et non interchangeable. Même chose avec les animaux. Par exemple si le chien de mon petit-fils se fait tuer dans la rue, il est inutile de proposer le jour même d’aller en acheter un autre. Le temps nécessaire au deuil est un incontournable!

Si pendant un certain temps je m’occupe davantage d’un de mes enfants  parce qu’il est malade, est-ce  à dire que j’aime moins son frère ou sa sœur? Bien sûr que non, dans ma version. Mais pour l’enfant la perception et surtout le ressenti peuvent être très différents de ma version. Par exemple si ce frère ou cette sœur est handicapé-e et réclame beaucoup de soins pendant des années, peut-être même irais-je jusqu’à penser qu’il vaut mieux être malade ou handicapé pour recevoir plus d’attention et d’amour de papa-maman. Et même croire que je ne peux  me permettre d’être heureuse quand cette petite sœur elle, ne pourra jamais marcher. Comment pourrais-je revenir triomphante du match de soccer final que mon équipe a gagné? Et papa-maman oseront-ils me faire une fête au souper pour souligner ma victoire?

L’école est un lieu privilégié pour les «injustices», malgré toute la bonne volonté des  enseignants et enseignantes pour qui j’ai un immense respect. Il vous est sûrement arrivé d’accorder, si vous enseignez,  ou d’avoir vu accorder plus d’attention (vous vous rappelez du chou-chou?) à l’un ou l’autre élève pour différentes raisons : difficultés d’apprentissage, absent suite à une maladie, etc. Le prof aimait-il  moins les autres élèves pour autant? Voici un exemple vécu avec un profond ressenti d’injustice.

J’ai fait mes classes primaires dans un tout petit village où il y avait des écoles dans les rangs de la paroisse (comme au temps d’Émilie Bordeleau) et dans le village 2 classes dans le même bâtiment, dont une classe de 1ère, 2ème et 3ème année -sans maternelle- et l’autre pour 4ème à 9ème année; très peu d’élèves poursuivaient en 8-9ème car la plupart arrêtaient en 7ème après la Communion Solennelle, sans bal bien entendu! Ma tante qui demeurait chez mes grands-parents, était l’enseignante des tout-petits et sa grande amie  dirigeait l’autre classe. J’aurais pu être une décrocheuse, mais j’étais une élève modèle, car j’avais sûrement compris que lorsque j’arrivais première, je pouvais lire la joie, la satisfaction et la fierté de ma tante et de mes grands parents. Autrement dit, seuls moments où je ressentais que je pouvais être cause de fierté pour eux. Pour un enfant «adopté»,  le désir de se surpasser pour se montrer «digne», honorer  cette adoption nous habite sans cesse. Et surtout qu’il est impensable de revivre une autre séparation. J’essayais donc de me dépasser sans cesse, ce qui s’avère un très lourd fardeau pour une petite fille. Surtout qu’il nous faudra bien des années pour s’en libérer, et à quel prix… si jamais on s’en libère!

Je devais avoir 9 ou 10 ans, donc j’étais en 4ème année dans la classe des «grands». Un soir, je m’apprête à faire mes devoirs, et je m’aperçois qu’il ne reste qu’une page dans mon petit cahier ligné. Comme c’est l’hiver, noirceur et froid sont installés, et le magasin général est fermé, (on n’est pas en 2007)  je me dis que le lendemain matin je demanderai 5 sous à ma grand-mère, passerai chez le marchand général et me rendrai plus tôt à l’école afin d’y rédiger mon devoir. Mais ce matin là la maîtresse –comme on les appelait à cette époque-  avait décidé de donner une sévère leçon aux élèves qui ne faisaient pas  leur devoir à la maison et qui, le lendemain, copiaient dans le cahier des autres avant le début de la classe, ce qui n’était nullement mon cas. Plusieurs élèves étaient enfants de cultivateurs et travaillaient «au train» matin et soir. Je me rappelle  l’odeur de fumier, collé sous les bottes, que dégageaient certains d’entre eux!

Je me suis sentie profondément piégée. Sa punition, qui était aussi une grande humiliation a été de faire parader les fautifs et fautives, tenant bien haut notre cahier ouvert, dans la classe des tout-petits, en déambulant lentement dans chaque allée, pour nous faire honte avait-elle bien précisé. C’était ma tante l’autre institutrice! Honte, humiliation et injustice, trahison et impuissance totales!  Du 5 dans 1! Surtout que c’était la première fois que je faisais mon devoir à l’école le matin. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je ne me rappelle pas avoir en plus été disputée par ma tante et mes grands-parents. Probablement que ma tante, avait décidé de faire la part des choses et de garder ça pour elle, question de ne pas en rajouter!

Vous voyez comme avec de «bonnes intentions d’éducation» on peut faire beaucoup de violence à un enfant! Je ne juge en aucun cas les agissements de cette personne car il nous est tous arrivé à un moment ou l’autre de poser des actes semblables. C’est comme ça qu’on éduquait à l’époque, pour «le bien» des enfants, comme le dit si bien Alice Miller dans «C’est pour ton bien». Je désire seulement témoigner du ressenti d’une blessure, et de ses conséquences. D’ailleurs le ressenti ne se discute jamais,  même si beaucoup de gens essaient de le nier, chez eux ou chez les autres, parce qu’ils ne savent pas l’entendre et surtout comment en prendre soin.

Ne laissez personne nier votre ressenti (vous définir) par des phrases qui commencent souvent par  «ben non c’est rien …tu vas voir, oublie ça, pense à autre chose»; « tu t’en souviendras plus le jour de tes noces»; «une de perdue, 10 de retrouvées», etc. Il y a une différence entre «gratter le bobo» et être conscient de son ressenti pour demeurer un bon compagnon ou une bonne compagne pour soi.

Comment ça nous poursuit dans notre vie d’adulte?

Après seulement 1 an d’enseignement, la directrice de l’école  frappe à ma porte de classe et me remet ma notice de congédiement, comme ça dans le corridor, sans explication, elle qui n’a jamais fait 5 minutes de supervision avec moi. «Quelle injustice!» me dis-je. Le syndicat n’existait pas à cette époque! Le directeur d’une autre école m’a conseillé de retourner un an aux études! Sage conseil! Mais j’ai gardé profondément enfoui en moi cette situation comme une grande injustice!

Vingt ans plus tard, je fais application pour un poste d’adjointe à la pédagogie à la Polyvalente où j’enseignais depuis 17 ans. On choisit un animateur de pastorale (il y en avait deux et on voulait couper un poste) qui n’a aucune compétence en pédagogie ni en enseignement! «Quelle injustice!» me dis-je encore une fois. La vie me re-servait donc une nouvelle occasion de guérir de cette blessure, mais à ce moment je ne disposais pas des outils de la Méthode ESPERE, et comme on dit je me suis limitée à «ne pas l’prendre» en vivant beaucoup de déception et même du rejet! D’autres occasions suivront, mais il ne servirait à rien d’en énumérer davantage.

Comme vous voyez, nos blessures nous collent à la peau et nous provoquons sans cesse des événements ou  attirons des personnes qui vont effectivement les réactiver, jusqu’à ce que nous nous guérissions, ce que personne ne peut faire à notre place.

Les outils de la Méthode ESPERE que j’essaie d’intégrer de plus en plus, m’ont permis de guérir de ces blessures archaïques et de ne plus les laisser polluer mon présent par la réactivité au lieu de l’action. Des outils très efficaces comme entre autres, la remise de violences, sont d’un grand secours.

Si le cheminement en Méthode ESPERE de Jacques Salomé vous interpelle, vous pouvez choisir de m’acheminer vos coordonnées pour connaître les ateliers qui se donneront le jour et/ou en soirée après la période des fêtes. Il y aura des ateliers pour débutant-e-s et d’autres pour les personnes qui ont déjà quelques pas de faits avec cette approche. Nous n’y parlons évidemment pas que des blessures. Nous y présentons et expérimentons tous les outils proposés par J. Salomé pour vivre des relations nourrissantes.

Au plaisir de vous y accompagner!

Hélène Blouin

[email protected]

Pour en savoir plus sur l’auteure, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.

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