SUMMUM SANTÉ
Bon poids, bon coeur
Un cardiologue chez Montignac
«Nous savions que la méthode Montignac faisait vraiment perdre du poids, mais de nouvelles recherches indiquent maintenant qu’elle génère d’autres bienfaits physiologiques importants.»
Découverte, l’émission scientifique de Radio-Canada
En 1995, je me suis retrouvé dans une situation qui rattrape malheureusement bien des gens au tournant de la cinquantaine. Je mesurais 1,69 mètre et je pesais 89 kilos, ce qui selon toutes les définitions correspond à une obésité franche. La situation s’était installée lentement et insidieusement de telle sorte que je m’en étais plus ou moins rendu compte. Il y avait bien eu quelques remarques de mon entourage mais… Comme quoi la perception que l’on a de soi ne correspond pas nécessairement à celle qu’en ont les autres, et comme quoi l’on devrait probablement être plus à l’écoute de son entourage!
J’ai connu mon chemin de Damas le jour où un collègue bien intentionné, et à qui je dois sûrement quelques années de vie supplémentaires, m’a mentionné pour la troisième fois et avec insistance que je devrais définitivement me procurer un livre intitulé Je mange, donc je maigris* écrit par un certain Michel Montignac, dont j’ignorais complètement l’existence.
Lui-même avait suivi ce régime avec grand succès et il insistait beaucoup sur le fait qu’il ne s’agissait vraiment pas d’une diète comme les autres puisqu’il n’y avait aucune restriction quant à la quantité d’aliments qui pouvaient être mangés. Le régime consistait uniquement à faire les bons choix alimentaires et à manger à sa faim!
J’avoue avoir été fort intrigué, ma perception jusqu’alors étant que tous les régimes amaigrissants reposaient d’abord et avant tout sur la restriction. D’ailleurs, j’avais déjà tenté d’en suivre quelques-uns, mais sans grand succès puisque s’installait toujours à plus ou moins long terme un profond sentiment de privation et de frustration. C’est sans doute la principale raison pour laquelle la plupart des gens échouent lamentablement lorsqu’ils tentent de suivre des régimes à long terme.
Mon obésité progressive aurait dû m’alarmer, d’autant que j’étais déjà traité pour une hypercholestérolémie, que j’avais une tension artérielle limite et que j’étais un ex-fumeur. Je présentais donc tous les éléments conduisant directement et à plus ou moins brève échéance à une crise cardiaque ou à un accident vasculaire cérébral.
Je reproduisais donc là avec brio le vieil adage du cordonnier mal chaussé puisque j’étais moi-même cardiologue et bien au fait de toutes les implications et de tous les risques qu’un tel profil pouvait représenter.
À cela s’ajoutait un profond sentiment de culpabilité vis-à-vis de mes patients. J’étais en effet un fort mauvais exemple pour eux et surtout bien mal placé pour leur donner des conseils d’ordre nutritionnel. Je pouvais toujours me disculper un peu en pensant que la prévention nutritionnelle était moins à l’avant-plan des préoccupations des médecins qu’auparavant. Les raisons de ce désintérêt malheureusement très réel sont à mon avis multiples et comprennent entre autres l’arrivée de médicaments plus efficaces destinés à abaisser le taux de cholestérol ainsi que les résultats la plupart du temps décevants observés à la suite de la prescription de diètes traditionnelles.
Avec ma compagne, Madeleine Cloutier, j’ai donc entrepris de suivre la méthode Montignac: achats de livres, bouleversement des habitudes alimentaires, des achats à l’épicerie, de la constitution du garde-manger, etc. (voir l’annexe). Néanmoins, ces changements ne se sont pas avérés trop difficiles et comme me l’avait prédit mon collègue, j’ai été tout de suite frappé par l’efficacité de la méthode et sa relative facilité.
J’ai perdu environ 1 kilo par semaine durant les premiers mois tout en ayant la sensation de manger à ma faim. Je me suis senti évidemment privé de certaines choses (par exemple sucre, pommes de terre, pain blanc) durant les premières semaines, mais ce sentiment s’est estompé rapidement, d’autant plus que j’étais très satisfait de la perte de poids.
À la longue, notre alimentation s’est diversifiée et j’ai découvert finalement un plus grand plaisir à manger qu’auparavant. J’avais également l’impression de goûter davantage les aliments. Ainsi, à la fin d’un repas, nous nous sentions rassasiés tout en n’étant ni «bourrés» ni gonflés, comme cela pouvait nous arriver avant. Nous étions également prêts à reprendre aussitôt nos activités, je n’éprouvais plus les coups de pompe qu’il m’arrivait parfois de ressentir l’après-midi. Somme toute, nous étions tous les deux enchantés du résultat. Parallèlement, mon côté clinicien me portait à me demander pourquoi cette méthode n’était pas plus connue des scientifiques et du public (le «phénomène» Montignac n’avait pas encore touché le Québec). Cela était d’autant plus surprenant que le problème de l’obésité et de ses effets néfastes était de plus en plus décrié autant dans les revues scientifiques que dans les médias. C’est dans ce contexte que ma compagne et moi avons reçu un choc le jour où nous avons entendu en 1997 un reportage de l’émission Découverte, à Radio-Canada, portant sur l’obésité. La conclusion du reportage était que le problème de l’obésité demeurait entier, et ce, malgré une panoplie de nouvelles diètes qui ne fonctionnaient pas plus les unes que les autres.
L’émission se terminait par un visuel montrant différents livres traitant de régimes qui étaient jetés les uns sur les autres pendant qu’une voix faisait état de leur inefficacité. Le dernier livre de la pile était Je mange, donc je maigris de Montignac! Nous en avons été estomaqués, d’autant plus que l’expérience que nous étions en train de vivre semblait aller tout à fait à l’encontre de cette conclusion.
Parmi les experts invités à cette émission, il y avait les professeurs Jean-Pierre Després et Angelo Tremblay de l’université Laval, qui sont reconnus comme des autorités mondiales dans le domaine de la nutrition. Bien que faisant partie du même établissement, je ne les connaissais pas personnellement, mais je savais qu’un de nos résidents en formation avait déjà travaillé avec eux.
Par hasard, j’ai croisé ce résident à mon arrivée à l’hôpital le lendemain. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui faire part de mon étonnement sur l’émission de la veille, d’autant plus que je le savais lui aussi très intéressé par le problème de l’obésité. Il m’a répondu que MM. Després et Tremblay étaient des gens très ouverts et que le mieux était de les rencontrer pour en discuter. Une rencontre a donc été organisée. Pour ajouter plus de poids (!) et de crédibilité à mes observations, j’ai décidé d’inviter à la réunion certains collègues qui avaient, eux aussi, suivi la méthode Montignac avec succès.
Je pense que nos arguments ont réussi quelque peu à ébranler Jean-Pierre et Angelo puisqu’ils nous ont proposé d’élaborer un projet de recherche visant à documenter de façon scientifique nos observations. Grâce à l’enthousiasme et à la collaboration de tous, le projet a donc démarré très rapidement. Il faut mentionner que, lorsque le projet fut enclenché, notre groupe de recherche ne connaissait pas Michel Montignac et que c’est seulement par la suite que nous l’avons rencontré. Il fut à la fois surpris et ravi d’apprendre qu’un projet de recherche portant sur sa méthode était en train d’être réalisé.
Ironie du sort: environ un an plus tard, nous étions invités, Jean-Pierre, Angelo et moi à Découverte pour y faire part des résultats de cette recherche et, au moment où j’écris ces lignes, je me prépare à nouveau à y être interviewé pour les mêmes raisons.
Les résultats de la recherche ont effectivement été très positifs et ils ont finalement été publiés dans le British Journal of Nutrition à l’automne 2001. Pour ma part, j’ai perdu 21 kilos durant les six premiers mois et je maintiens sensiblement le même poids cinq ans plus tard. Comme vous le verrez dans ce livre, j’ai aussi réglé mon problème d’hypercholestérolémie avec des effets qui n’auraient pu être obtenus avec les médicaments seuls.
En ce qui me concerne, les effets de la méthode Montignac ne se sont donc pas démentis à long terme, tant pour la perte de poids que par rapport à l’amélioration du profil métabolique. Il reste maintenant à prouver scientifiquement que des résultats similaires peuvent être reproduits chez de plus grands groupes et une recherche à cet effet est actuellement en cours.
La divulgation des premiers résultats de la recherche a suscité un très grand intérêt de la part des médias et du public. Malheureusement, elle a aussi donné lieu à des réactions plutôt agressives de la part de certains qui n’acceptaient pas que le discours nutritionnel traditionnel puisse être remis en question. C’était un comportement auquel j’étais peu habitué dans le domaine de la cardiologie où j’effectue habituellement mes recherches, et où les discussions sont habituellement plus objectives et basées sur des résultats plutôt que sur des dogmes. La réaction était d’autant plus surprenante que le problème de l’obésité demeure entier et que lesdites méthodes traditionnelles n’ont rien réussi à régler à cet égard. Qui plus est, sans remise en question, la science ne réussirait jamais à progresser et nous en resterions toujours au même point.
Dans les faits, il se passe très peu de temps sans qu’un quelconque média ou organisme public vienne nous rappeler la progression fulgurante de l’obésité et du diabète de type Il ainsi que de leurs effets néfastes sur la santé cardiovasculaire. Au coeur de ce problème, la plupart s’entendent maintenant pour dire qu’il y a un surplus de production d’insuline par l’organisme (hyperinsulinisme).
Or, l’élément qui déterminera d’abord s’il y aura production plus ou moins importante d’insuline par notre pancréas sera l’élévation plus ou moins importante du taux de sucre dans notre sang (ou glycémie). Il est aussi évident que notre alimentation moderne nous fait consommer des sucres raffinés (il y a du sucre partout, lisez les étiquettes!) à des niveaux inégalés et que notre pancréas n’a jamais été aussi sollicité.
Bien que tous les liens ne soient pas encore compris, il est donc de plus en plus évident, tant du point de vue physiologique qu’épidémiologique, que la consommation de sucres raffinés et autres glucides qui font augmenter de façon importante le taux de sucre est un facteur majeur, sinon le facteur déterminant dans la genèse de l’obésité et du diabète de type II. Ces deux problèmes de santé augmentent aussi de façon considérable le risque de maladie cardiovasculaire.
Or les recommandations officielles demeurent toujours très timides quant à la consommation des sucres, qu’elles considèrent comme étant plutôt banale. L’attention est plutôt concentrée sur la consommation des graisses. Si j’ai décidé de participer à ce livre, c’est en grande partie pour lancer un cri d’alarme concernant les effets pervers et toujours grandissants des sucres raffinés dans notre alimentation.
Au risque qu’on m’attribue un discours démagogique, je pense qu’on verra un jour le sucre comme la nicotine du xxe siècle et que dans un avenir plus ou moins rapproché, on rougira d’en avoir autant encouragé et toléré la consommation.
Qu’on pense notamment aux franchises qu’on a vendues à fort prix pour introduire des distributrices de boissons gazeuses dans les écoles (il y a trente ans, c’étaient des distributrices de cigarettes qu’on retrouvait aux mêmes endroits!). Le sucre est omniprésent dans la restauration rapide et les « snacks » de toutes sortes. Plus encore, le commerce et la société en général veulent nous donner bonne conscience en nous encourageant à consommer des produits allégés en graisses, mais néanmoins bourrés de sucre!
Une deuxième raison pour écrire ce livre est la conviction qu’il existe maintenant une amorce de solution très valable. Comme nous le verrons, le concept des index glycémiques proposé dans la méthode de Michel Montignac fournit une approche équilibrée et évite les excès inhérents à plusieurs autres régimes. De fait, cette approche réaliste est non seulement efficace pour perdre du poids mais tel qu’il sera démontré, elle entraîne aussi une diminution importante du taux d’insuline et améliore de façon notable le profil métabolique.
De plus, l’adhérence à long terme est souvent un problème majeur lorsqu’on entreprend un régime et elle est la plupart du temps conditionnée par notre plus ou moins grande motivation. Une autre raison majeure pour écrire ce livre est aussi l’espoir que la démonstration des effets bénéfiques importants de la méthode Montignac pourra être utilisée par le lecteur comme une source additionnelle de motivation pour un maintien à long terme.
À titre d’exemple, mentionnons que le taux de succès pour l’arrêt du tabagisme est beaucoup plus important depuis qu’on a pu faire la démonstration flagrante de ses effets néfastes sur des gens.
Finalement, nous espérons que cette contribution entraînera une prise de conscience tout autant individuelle que collective. Les politiques nutritionnelles de nos organismes officiels (Nutrition Canada) auraient à mon avis besoin qu’on y jette un regard neuf en tentant d’éviter les a priori et en se fondant le plus possible sur des évidences scientifiques.
*Éditions Flammarion, 1995
Le livre
Michel Montignac prodigue les mêmes recommandations nutritionnelles depuis plus de 15 ans. Manger Montignac, c’est éviter le sucre, les glucides à index glycémique élevé, choisir les bons gras et favoriser les aliments contenant des fibres. Ainsi, même en mangeant à sa faim, on maigrit. Bon poids, Bon coeur avec la méthode Montignac par le Dr Jean G. Dumesnil et Michel Montignac vous en apprendra bien davantage.
Les auteurs
Le Dr Jean G. Dumesnil, cardiologue à l’Institut de cardiologie de l’hôpital Laval, est un fidèle de la méthode Montignac depuis plus de cinq ans. Il a perdu 21 kg et a réglé un problème d’hypercholestérolémie. Impressionné par les résultats obtenus, en 1997, il a entrepris une étude avec des chercheurs chevronnés en prévention cardiovasculaire et en nutrition. L’étude de l’université Laval a démontré que la méthode Montignac a des effets bénéfiques importants sur le profil métabolique et qu’elle pourrait s’avérer particulièrement indiquée pour prévenir l’obésité et le diabète, deux facteurs de risque majeurs des maladies cardiovasculaires.
Si le Dr Dumesnil et Michel Montignac ont décidé de s’unir pour écrire ce livre, c’est pour mieux faire prendre conscience au grand public comme aux professionnels de la santé qu’il existe de nouvelles solutions nutritionnelles très prometteuses.
ISBN 2-89077-214-4
Éditeur
Flammarion