Janine Fortin
Notre vie est faite d’une succession de séparations et de rencontres qui, vécues pleinement, nous permettent de grandir et de devenir ce que nous sommes. Grandir, c’est également apprendre à se séparer tout en restant entier et vivant. Oui, oser se séparer en quittant le connu et en s’engageant sur les chemins de l’imprévisible. Séparations nécessaires et inéluctables, telles que la sortie du ventre de notre mère, la sortie de l’enfant imaginaire pensé par nos parents, la sortie des croyances transmises, la sortie de l’auto-violence, la sortie des discours de l’autre, la sortie de nos propres croyances, la sortie de nos peurs, la sortie de la dépendance… Séparations imprévues, comme les ruptures, les abandons, le renoncement, les ruptures de couple, les pertes, les suicides, les maladies, les deuils… Et à travers cela, rester « Vie-Vent », soit demeurer connecté à l’énergie de Vie et en mouvement, comme le Vent. Tous les sages nous le disent : la seule réalité qui ne change pas, c’est le changement. Et c’est à travers cette bienveillante « impermanence » du changement que nous pourrons re-naître.
Le drame chez l’être humain, c’est qu’il naît inachevé. En venant au monde, le nouveau-né ne peut survivre seul, il est dépendant. Ses parents doivent combler ses besoins de base, incluant ses besoins relationnels : besoin de se dire, besoin d’être entendu, besoin d’être reconnu pour ce qu’il est, besoin d’être valorisé pour ce qu’il fait et besoin d’exercer une influence sur son entourage. Même si nos parents nous ont donné beaucoup d’amour, nous n’avons pas eu suffisamment de relations de qualité pour nous construire et nous permettre d’être autonome. Les changements que nous vivons servent à nous compléter.
Je crois que certains moteurs du changement, tels que les pertes, les séparations, les ruptures, font violence à celui ou celle qui les subit et qui ne l’a pas souhaité. Cette violence réveille des blessures anciennes ou en crée de nouvelles. Blessures qui sont habituellement liées à des injustices, des humiliations, des trahisons, des sentiments d’impuissance. En refaisant surface, ces blessures produisent une souffrance qui amène une perte d’énergie et une difficulté à entreprendre une démarche de changement.
Nous ne pouvons pas entreprendre une démarche de changement tant que nous restons dans l’illusion que notre souffrance vient des autres. Au contraire, c’est nous qui la créons. Nous sommes responsable et non coupable de notre souffrance en gardant en nous ces violences. La « restitution symbolique » présentée dans la méthode ESPERE (Énergie Spécifique pour une Écologie Relationnelle Essentielle) nous permet de rendre la violence reçue (un événement, une parole), libère l’énergie et nous rend capable d’entreprendre un processus de changement et de développement personnel. Sortir d’une situation inachevée libère et active notre énergie afin ne pas nous laisser envahir par la souffrance et nous permet de faire un travail de réconciliation, de « reliances », d’archéologie personnelle, de revenir dans notre histoire.
Rester présent à soi, à nos transformations personnelles et à ce qui se passe autour de nous constitue un défi. Les évènements et les gens nous renvoient constamment une image de ce que nous sommes. Pas facile à accepter. En effet, si le concept est intéressant quand il fait vibrer les aspects « comblants » de notre être, il devient un peu plus dérangeant quand il s’agit du contraire. Découvrir notre propre lumière chez l’autre nous rend encore plus lumineux …quand nous le reconnaissons. Mais réaliser que le comportement de l’autre m’amène dans mon « ombre », c’est-à-dire l’aspect de moi que je ne veux pas voir ou reconnaître, voilà qui est beaucoup plus périlleux! C’est plus facile d’accuser, d’être victime…
Je vous propose une petite réflexion. Pensez à une personne que vous appréciez… identifiez ses qualités… nommez-les… accueillez-les en vous et permettez à cette énergie de vous « agrandir ». Souvenez-vous que si vous ne possédiez pas ces qualités, vous ne pourriez pas les voir. Puis, pensez à quelqu’un avec qui vous vivez une relation difficile… Identifiez ce que vous trouvez pénible en prenant soin de ne pas confondre la personne avec son comportement (concept relationnel de la méthode ESPERE). Observez-le, tentez de ressentir ce qui est touché ou réveillé en vous, que ce soit une histoire ancienne, une parole ou un geste blessant, une violence déposée… Enfin, imaginez un objet symbolique qui représente cette violence et demandez-vous s’il ne serait pas pertinent pour vous d’entreprendre une démarche de symbolisation. Apprendre à symboliser est un processus de formation qui permet à chacun d’être son propre agent de changement.
Bonne réflexion et osez votre vie, car le possible est juste un petit pas après l’impossible!
« Le changement personnel est la seule aventure inépuisable qu’il nous soit donné de vivre. C’est une aventure inscrite dans les tâtonnements et les enthousiasmes du quotidien.» (J. Salomé, Lettres à l’intime de soi, Albin Michel)
Janine Fortin, directrice de l’A.C.R.Q. et formatrice en relations humaines, enseigne la méthode ESPERE. Elle vise la découverte, la pratique et l’approfondissement de cette approche dans des ateliers de communication relationnelle et de gestion du changement. Pour la rejoindre : (418) 658-3939
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