Claude Hamel
Être et vibrer, en harmonie avec l’univers ou en collision avec les affres de l’égo. Avec la part de soi qui juge, soupèse et évalue. Et se compare. Chanter pour affirmer, je suis, j’existe et j’exprime ce qui me caractérise, chanter avec vigueur ou timidité, être ce que je suis sans retenue. Être. Laisser monter le son, informulé, sensible à soi, au moment, à la vie qui déroule son long fil, chemin qui se crée et se recrée, jamais pareil, immuable de ses changements perpétuels. Chanter pour guérir ses vielles blessures en leur donnant un lieu où elles existent. Un son, une voie, une voix. Se bercer, s’envelopper de ses propres mouvances, fredonner en regardant la neige tomber. Chanter en solo, pour soi ou en groupe, pour le plaisir joindre sa vibration à celle des autres. Intérieur extérieur, chant du cœur, chant de gorge, chant du matin, chant du soir couchant, formuler la vie en la laissant fuser entre ses lèvres. Oui le chant est guérisseur de par la liberté que l’on s’accorde de laisser monter de soi pour soi vers soi et vers les autres, sa couleur, sa vibration, son émotion. Chanter ses nuances, tout doucement ou à tue-tête, pour se dire, s’extérioriser, aimer. Oui, aimer ou ne pas aimer, choisir et rechoisir de vivre la simplicité du geste, de la décision. Je chante, donc je suis. Je m’écoute, je me goûte, je m’entends dans mes détours et mes hésitations, je suis ce son, ce chant que je produis. Guttural contact avec l’invisible. Inspirer, expirer, lèvres entrouvertes, au repos ou sous tension, l’important étant de prendre plaisir à cette écoute intime de mon être, de ma vibration. Laisser monter le son. Simplicité et émotion, le chant, guérisseur et initiateur, libère. Et pacifie. Arpenter avec courage ou indécision tous les chemins de mon être, toutes les couleurs, cri déchirants, soupirs, larmes et joies. Contenus, détenus en moi depuis la nuit des temps dans les âpres et multiples destinées. Que résonnent les eaux de mon lac intérieur. Se faire entendre, vulnérable et ému(e), exprimer ces espaces fragiles, apaise l’âme et redonne à l’amour de soi ses lettres de noblesse.