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Je vais le dire à Maman

Devant le cercueil de sa mère, une jeune femme revit son passé comme un ouragan en apparence éteint à jamais.

Tout est remis en question. La maison aux rats, le froid lorsqu’ils étaient jetés dehors sans mitaines pendant que maman recevait des hommes, la faim entretenue en foyer d’accueil, l’abandon en les cédant à l’Assistance sociale et l’ indifférence.
Aujourd’hui, je vais te le dire maman ce que j’ai vécu à cause de toi! Tu sauras ce que mes yeux perçoivent de toi et de vous deux. Le moment est venu de me libérer.
«C’est pour moi une occasion de raconter mon vécu» dit Laure-Anne Bayre.

Le livre : Je vais le dire à maman

L’auteur : Laure-Anne Bayre

L’éditeur : Arion

Extrait :

J’avance sur la pointe des pieds en comtemplant la paix qui transfigure le visage de ma mère. J’appuie mes mains sur le rebord satiné de son dernier lit. Mon coeur s’apprête à chavirer et sous le poids de ses multiples émotions, mes genoux plient et s’agenouillent. La figure de maman remplit, à présent, tout mon champ de vision.
-Jamais, je ne t’ai regardée d’aussi près.
C’est de cette triste façon que prend fin ma quête.
-Tout ce dont j’ai eu tant besoin, maman, tu l’emporteras à jamais avec toi.
Aussitôt décidé, aussitôt fait. Ils nous ont séparé mes soeurs, mon frère et moi, dans un couloir : sans que ayons le temps de comprendre ce qui nous arrivait.

Je n’ai pas revu ma mère avant de quitter cet endroit. Non, on ne m’a pas donné la possibilité de plaider ma cause auprès d’elle : en tirant sur sa jupe, en la suppliant de ne pas me laisser, en lui promettant d’être une bonne petite fille. Je lui aurais affirmé que je préférais retourner vivre dans le froid, la faim, avec les rats, plutôt que d’être séparée de ceux qui formaient ma famille. Non ! Je n’ai pas eu cette chance.

Ma main aurait voulu retourner dans le creux de celle de ma mère : cet abri qui réussissait toujours à me sécuriser. Mais la peur l’a refermée, car la chaleur de la paume de la sienne ne pouvait plus m’éviter d’être exposée maintenant aux pires dangers.

Les poings fermés pour seule protection, j’ai laissé mon corps suivre des étrangers me conduire chez des inconnus. Mon esprit demeurait encore assis dans le recoin d’un de ces longs couloirs. Il cherchait parmi ces visages anonymes, qui étaient les grands responsables de mon désarroi, celui d’un de mes parents pour qu’il me ramène à la maison.

A propos de l'auteur

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