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La peur : cause de la violence relationnelle

Aimer, c’est se réjouir du bonheur de l’autre et compatir à sa souffrance,sans attentes ni conditions

Otterburn Park. Un homme tue sa femme et ses deux filles avant de retourner son arme contre lui en réponse à la rupture imminente du couple. La France sous le choc de la mort violente de l’actrice Marie Trintignant, son conjoint faisant face à la justice pour voies de faits ayant causé la mort.
Selon les premiers éléments d’enquête, la jalousie pourrait en être la cause. De plus en plus, la violence relationnelle fait la une de l’actualité. Sans parler des drames quotidiens qui se jouent dans l’ombre. J’ai donc choisi de rappeler mon expérience, qui aurait facilement pu, avec d’autres acteurs, tourner au vinaigre et se retrouver en première page des journaux…

« Je suis amoureuse d’un autre homme… »

Septembre 1993. Ma femme adorée, avec qui je suis en couple depuis 1978 et avec qui j’entrevois passer le reste de mon existence, m’apprend qu’un autre homme occupe continuellement ses pensées depuis quelques mois. La surprise est totale. Comment réagit-on dans pareilles circonstances ?
Fondamentalement, de deux façons : par peur ou par amour. Parallèlement, un autre choix s’offre à moi : suivre le « relationnellement correct » édicté par la société ou écouter mon cour. J’ai opté pour la seconde voie. Et je m’en suis toujours félicité.

Réagir par peur…

Si j’avais eu peur de perdre l’amour de Marie et de me retrouver seul, je me serais aussitôt senti menacé dans mon territoire conjugal. Si j’avais craint
de perdre le contrôle de notre union, je me serais cabré, rebellé. Si j’avais considéré ma conjointe comme ma propriété, j’aurais pu réaffirmer ce droit, en utilisant la force ou les menaces au besoin. Et comme la société me l’avait enseigné, j’aurais pu pousser Marie à un choix déchirant : lui ou moi. J’aurais pu partir sur-le-champ, ou lui demander de le faire.

Ou agir par amour

Il n’en fut rien. En effet, selon mon expérience, l’amour véritable ne se conjugue d’aucune façon à la possessivité, à la jalousie et au contrôle, des émotions qui relèvent essentiellement de la peur, causée principalement par un manque de confiance en soi reporté sur l’autre, souvent issu de blessures de trahison ou d’abandon vécues dans l’enfance. Je savais déjà que l’amour véritable ne meurt jamais, ce que ma conjointe a aussitôt confirmé par un «Je t’aime encore ! » N’ayant aucune crainte de perdre, j’ai pu conserver ma neutralité devant ce surprenant aveu, qui reflétait tout son désarroi. Au fond, elle me demandait de l’aider, me laissant toute latitude dans la poursuite des événements. Profondément ému de sa confiance (l’amour n’est-il pas confiance ?), j’ai résolu de l’appuyer inconditionnellement dans l’expérience qu’elle vivait, poussé par un intense désir de voir de nouveau le sourire réapparaître sur son beau visage.

Lorsqu’elle est revenue de son premier rendez-vous avec Denis, une immense tristesse dans les yeux, car il avait refusé de répondre à son amour, j’ai entrepris d’assister, pendant de longs mois, à l’impossible défi de l’oubli que tentait de relever Marie. Pour respecter son engagement à mon endroit, elle s’était jurée de sortir cet homme de sa mémoire. Après mûre réflexion, j’ai décidé que la négation de son destin n’était pas digne de l’amour que nous nous témoignions. Voir ma conjointe penser malgré elle à un autre était une perspective que je n’avais nullement envie de vivre, même si cela m’aurait permis de la « garder » pour moi seul. Les êtres sont beaux lorsqu’ils s’expriment au meilleur d’eux-mêmes dans la liberté.

Aussi l’ai-je poussée à reprendre contact avec cet homme, qui est finalement entré dans notre vie, devenant instantanément mon meilleur ami. J’ai choisi consciemment de leur laisser l’exclusivité sexuelle, étant moi-même libre d’exprimer ma sexualité en dehors de mon couple. J’étais devenu un célibataire en couple, car l’amour entre Marie et moi s’était intensifié. Un amour pur,de celui qui unit les âmes, et non une amitié, comme beaucoup se plaisent à croire. Mieux, la présence de Denis faisait ressortir des facettes d’elle que je n’avais jamais connues, ce qui la rendait encore plus belle à mes yeux. Je voyais l’amour se multiplier autour de moi et surtout à l’intérieur de moi. Jamais dans ma vie je n’avais ressenti pareille harmonie. J’ai alors compris que j’avais choisi la voie de l’amour. Dire que si j’avais su à l’avance ce qui approchait, j’aurais refusé net !

Un triangle harmonieux

Depuis dix années maintenant, Denis, Marie et moi partageons notre quotidien, nos joies, nos rêves et notre amour, qui ne cesse de grandir. N’est-ce pas d’ailleurs là le propre de l’amour ? L’amour multiplie et se dilate, la peur divise et se contracte. Ramenez tout geste de votre quotidien au plus petit dénominateur commun, et vous y retrouverez toujours la peur et l’amour comme motif profond. Constater tout l’amour qui unit Marie et Denis n’enlève non seulement rien à la force du lien qui m’unit à elle, mais ajoute à mon bonheur. Quoi qu’il en soit, toute relation entre deux êtres est unique et exclusive, peu importe le cadre. Et j’avais le pouvoir d’empêcher cette extraordinaire complicité, l’une des plus belles qu’il m’ait été donner d’observer dans cette vie, cinéma inclus !

Ceux et celles qui estiment que j’ai beaucoup perdu et qui pensent que je flirte probablement avec le masochisme ou une piètre étanchéité de mon territoire relationnel ne savent pas que cette histoire m’a permis de retrouver qui je suis, qu’elle a été le déclencheur de la découverte du sens profond de ma vie : rappeler aux gens que seule la peur fait souffrir, et que l’amour véritable n’est que joie. Je sens encore qu’une autre femme croisera un jour ma route, et que l’énergie du triangle se fera quadrature.
Si c’était déjà facile à deux et tellement plus simple à trois, un quatuor sera la manifestation ultime du partage, de la fraternité et de l’amour. Mais je n’y tiens plus à tout prix, car qui je suis me suffit déjà amplement.

Le véritable sens d’aimer

Aimer, c’est se réjouir profondément du bonheur de l’autre et tout mettre en ouvre pour amoindrir ses souffrances, sans attentes ni conditions. Ce ne sont pas là de vagues concepts lancés en l’air pour bien paraître. Je ne témoignerais pas si je ne ressentais pas cette énergie quotidiennement. Non seulement aucune dispute ne vient assombrir notre relation, mais tout n’est que joie en notre demeure. Et les gens sont tout étonnés d’apprendre que nous dormons dans trois chambres séparées, toutes portes closes. En effet, l’amour commence d’abord par le fait de nous sentir bien dans notreindividualité, d’où le désir de chacun de profiter de son espace vital.

Peur, souffrance et violence

Selon mon expérience, la peur est la cause profonde de la violence relationnelle. Peur de la trahison, de l’abandon. Cette émotion est générée par l’ignorance de qui nous sommes, ce qui nous amène à nous définir par rapport à des référents extérieurs à nous. Le manque d’amour de soi conduit inévitablement à la recherche d’une attention d’autrui dont l’importance est proportionnelle à celle de notre vide intérieur. Et lorsque ce manque se voit comblé de l’extérieur, on s’y accroche comme à une bouée de sauvetage.
Et malheur à la personne qui tenterait de nous l’enlever, n’est-ce pas ? Au contraire, la sérénité commence d’abord par l’amour de soi. L’amour de l’autre devient alors un bonus et non une nécessaire « douce moitié » sans laquelle nous serons toujours incomplets…

« Je t’aime » signifie-t-il vraiment l’amour ?

Que signifient vraiment les « Je t’aime » ? Depuis que j’observe les relations dites « amoureuses » autour de moi, j’ai fini par me rendre compte que le mot « amour » est utilisé à bien des sauces, et pas toujours pour exprimer ce qu’il représente véritablement. Combien de « Je t’aime » sont le fruit d’un désir sexuel ? D’autres disent ressentir l’amour parce qu’ils sont attirés par une personne, ou parce qu’ils ne peuvent vivre sans l’autre. Des « Je t’aime » veulent également dire « Je te possède », « Tu m’appartiens ». Il y en a même qui considèrent la jalousie comme une preuve d’amour ! Une démonstration de peur, non ? Avoir quelqu’un dans la peau, est-ce de l’amour ? De la chimie physique, de la dépendance affective, des hormones, des phéromones, une passion, oui. Mais de l’amour, vraiment ? Craindre de perdre l’autre et l’assujettir à soi, à ses conditions, est-ce désirer son bonheur, son épanouissement ? Bref, j’estime que le mot amour a été expurgé de sa véritable signification. Lorsque l’amour véritable nous propulse, cette énergie ne meurt jamais. En effet, l’amour est une vibration qui nous fait vibrer intensément devant le bonheur de l’autre, non pas un sentiment. Ne nous y trompons pas : la peur n’est pas l’amour. L’un et l’autre sont même inconciliables, comme l’obscurité et la lumière, l’ignorance et la connaissance, l’eau et le feu.

Je vous propose en terminant un extrait du témoignage d’un de mes correspondants français. «Si j’interviens dans ce débat, c’est que je ne propose pas un avis intellectuel, mais le fruit de mes expérimentations. On peut parler de ses expériences; par contre, un avis intellectuel reste programmé par les bornes de la société, et demeure donc limité et stérile. Seule l’expérimentation compte !»

«Aussi, quand ma compagne, avec qui j’avais passé onze ans de vie commune, aima un autre homme, sur le coup, j’ai réagi bêtement, avec mes conditionnements. Mais très vite, je me suis repris, j’ai sincèrement cherché au fond de moi ce qui me faisait souffrir, et j’ai découvert que ce n’était pas moi qui souffrais, mais ce faux moi conditionné, habillé sur mesure à la dernière mode par la société ! Alors, j’ai commencé à me débarrasser de ces vêtements devenus de plomb. Et je me sens beaucoup plus léger, tout est devenu bien plus clair ! Quand on aime sans prendre, sans cette notion du « c’est à moi », ce contexte territorial, on ne désire que le bonheur de l’autre, et cela nous nourrit et nous remplit de joie. Oh !, combien tout ceci est vrai ! »

J’aimerais conclure en disant que lorsqu’on me répète que Marie s’est divisée en deux, je réponds qu’au contraire, elle s’est multipliée par deux! Cela dit, mon témoignage ne se veut d’aucune manière un exemple à suivre. Je prône sans retenue l’importance du libre arbitre de chaque être. Mais si
notre expérience peut apporter un éclairage nouveau sur l’amour et le couple, ne serait-ce que chez quelques personnes, j’aurai atteint mon but ultime : servir mes semblables dans leur quête du bonheur.

Pour commentaires et témoignages, on peut joindre l’auteur sur le site Internet www.gilleslevasseur.alchymed.com (onglet forum)

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