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Défis du Héros ou de l’Héroïne d’aujourd’hui

Toutes les civilisations qui se sont succédées au fil de l’histoire nous ont laissé des mythes, des contes et des légendes.

Ces histoires riches en symboles ont été racontées par des sages dans un but pédagogique. Tout d’abord, il y avait les contes pour enfants. Ils avaient pour but d’aider l’enfant à prendre confiance en lui et dans le monde qu’il découvrait. Les contes, avec leurs monstres, véritables histoires à faire peur, aidaient le petit à construire son système immunitaire et une force intérieure dont il aurait besoin plus tard.

Les mythes et légendes s’adressaient au jeune homme pour l’aider à passer le cap difficile de l’adolescent à l’adulte. En général, les mythes ne s’adressaient pas aux jeunes filles, car elles passaient le cap de l’adultat en devenant mères.

Les défis et les épreuves que le futur héros devait surmonter soulignaient autant d’étapes initiatiques grâce auxquelles le jeune devait se transcender et, ainsi, devenir un adulte responsable et prêt à prendre sa place au sein de la société dans laquelle il était né.

Petit à petit, les mythes ont disparu et l’être humain n’a plus été capable, ayant perdu ce trésor pédagogique, de découvrir son but sur cette Terre. Il ne savait plus devenir adulte ni prendre sa place en ce monde. Misère de l’humain moderne, déresponsabilisé, ignorant de sa condition terrestre et aux mains de toutes sortes de manipulateurs !

Y a-t-il un remède à cette triste condition humaine ?

Oui. C’est le retour de l’héroïsme ! D’ailleurs, notre société le cherche désespérément. Il n’y a qu’à voir le développement de la culture de la science-fiction ou du fantastique tout au long du siècle précédent pour s’en rendre compte.

En effet, la BD puis les romans, le cinéma et les séries télé, ont présenté au jeune public amateur de héros, toutes sortes d’aventures avec de nouveaux personnages, tels des Ulysse modernes, bravant monstres, dragons et fous démoniaques, comme au bon vieux temps.

Les lecteurs ou les spectateurs friands de ces aventures héroïques sont-ils bien conscients de ce qu’ils cherchent en s’identifiant à ces héros ? Certains le sont.

Le message de la science-fiction ou du fantastique est clair : il montre la voie de la pleine réalisation de soi, le développement du plein potentiel spirituel qui dort en chacun de nous.

Que ce soit les héros de la Guerre des Étoiles de George Lucas, ceux du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien (brillamment mis en scène par Peter Jackson) ou ceux de Matrix des frères Wachowski, c’est toujours la même histoire : un jeune homme, apparemment banal et fragile, devient, à force d’entraînement et de détermination, un héros qui sauve sa communauté en n’hésitant pas à se sacrifier pour elle. Les plus hautes valeurs humaines sont toujours présentes dans ces histoires (sacrifice, service, fraternité, liberté, espérance, etc.)

L’inspiration de ces auteurs vaut-elle celle des sages du passé qui transmettaient oralement les mythes et les légendes à caractère pédagogique ?

Des gens comme J.R.R. Tolkien ou George Lucas ont beaucoup étudié les mythes et les légendes et ils ont un savoir-faire et une inspiration qui rapprochent en effet leurs œuvres de celles de l’Antiquité. George Lucas et la plupart des créateurs d’histoires héroïques se sont nourris du travail du plus grand mythologue américain, Joseph Campbell.

Joseph Campbell (1904-1987) a effectué une étude comparée des mythes du monde entier, afin de dénicher des points communs entre eux. Il était persuadé qu’il y avait une trame commune à tous ces mythes et légendes. Ses recherches l’ont amené à mettre en lumière cette trame commune, une sorte de parcours idéal du héros. Il a retrouvé à quoi servaient les mythes et légendes du passé : la quête héroïque n’est autre que la voie spirituelle :  (Joseph Campbell dans Puissance du Mythe, cf. rubrique «À la Page»).

« Du reste, nous n’avons même pas à nous risquer seul dans cette aventure car les héros de tous les temps nous ont précédés. Le labyrinthe est connu jusque dans ses méandres. Nous n’avons qu’à suivre les traces de ces héros. Où nous pensions trouver l’abomination, nous trouverons Dieu. Où nous pensions tuer l’autre, nous nous tuerons nous-mêmes. Et le voyage que nous croyons faire à l’extérieur nous amènera au cœur même de notre existence. Au lieu de la solitude attendue nous trouverons l’humanité entière. »

Au cours des derniers siècles, l’être humain s’est beaucoup individualisé. Alors que dans l’Antiquité il demeurait dépendant des sages qui le guidaient (ou, tout simplement, du monde spirituel qui le prenait en charge), il est aujourd’hui devenu un adulte, spirituellement parlant, et il doit en assumer les conséquences.

Dans les légendes du Graal, les chevaliers se confrontent toujours seuls aux épreuves, car chacun doit faire un choix libre en s’engageant dans sa quête aventureuse. La quête héroïque ou spirituelle se pratique au sein de groupes, mais vous êtes toujours seul face aux épreuves et défis de votre quête : personne ne peut faire le travail à votre place ou vous faire évoluer d’un coup de baguette magique.

De nos jours, nous n’avons plus de mythes (où sont les sages pour nous les conter ?), mais ce n’est pas bien grave s’ils peuvent être avantageusement remplacés.

En effet, c’est la démarche spirituelle qui représente aujourd’hui la quête héroïque occidentale.

Mais, qu’est-ce qu’un héros ?

Le héros est celui qui se met au service d’une cause plus grande que lui (idéal élevé, communauté en danger, mission obtenue du monde spirituel, etc.) C’est celui qui dépasse le cadre de sa vie ordinaire pour entrer dans le monde extraordinaire de l’aventure : là où il n’y a plus de repères, où le danger est omniprésent, où les surprises sont le lot quotidien et où les énigmes constituent la nature même de ce monde extraordinaire.

Notez que le mythe occidental et moderne ajoute, aux côtés du héros, une héroïne qui le complète et lutte pour le même idéal (car, aujourd’hui, la femme ne devient plus adulte seulement par le fait d’avoir un enfant ; tout comme son compagnon, elle y accède grâce à la conscience de soi qui lui demande également des actes héroïques).

Revenons au parcours du héros, tel qu’il peut être suivi, par exemple, dans mon roman Les Aventuriers du Graal – les défis du cyberespace, qui voit le héros investi d’une mission qui le propulse hors de son monde ordinaire. Nous savons maintenant ce qu’il cherche : la conscience de soi, c’est-à-dire une plénitude résultant d’une révélation de soi au sein de la société (prendre sa place dans le monde en manifestant son idéal ou sa mission et, tout en étant relié au monde spirituel dont il est originaire.)

Premier Acte : Pour partir à l’aventure, le héros (ou l’héroïne) a besoin d’un haut idéal qui l’aide à lâcher la quête des satisfactions matérielles. En effet, c’est en renonçant à courir après la satisfaction de ses désirs égoïstes que le héros transfert cette énergie et la met au service de son idéal, afin de trouver la force d’accomplir sa mission. Le premier adversaire de tout apprenti héros est la société de consommation qui endort l’individu et le fait vivre au-dessous de ses moyens, dans un état de soumission : ce qui signifie qu’il vit « sous » sa mission.

Ensuite, il a besoin de courage et d’espérance pour s’engager dans sa mission. Dans notre société, la peur de l’engagement et des responsabilités ne donne naissance qu’à peu de héros ou d’héroïnes. En général et malheureusement, l’apprenti héros se conduit comme un lâche : il commence par se dire qu’il n’est pas prêt à remplir sa mission et qu’il verra cela plus tard ; puis, il se met à fuir dans toutes sortes d’occupations matérielles, se disant qu’il n’est pas disponible pour le moment ; puis, il se lance dans une occupation qui va lui rapporter la reconnaissance de ses proches, avec un minimum d’efforts, et qui le déviera de sa mission, sans qu’il ait mauvaise conscience. Bref, c’est la phase du « tout à l’ego », ou l’apprenti héros fuit sa destinée.

Si, finalement, notre héros choisit de se lancer à l’aventure, il sera inspiré et guidé spirituellement, mais s’il reste dans le monde ordinaire et refuse sa mission, il continuera de subir l’autorité et la manipulation des dirigeants de ce monde matérialiste et illusoire. De plus, il saura, tout au fond de lui-même, qu’il est passé à côté de sa destinée par égoïsme et lâcheté, et cherchera de mauvais prétextes pour refouler sa culpabilité (en projetant son mal-être sur autrui, par exemple.)

Généralement, à ce stade de son aventure (lorsqu’elle est choisie plutôt que le monde ordinaire), le héros rencontre son mentor ou guide qui va l’entraîner intérieurement et extérieurement pour faire face aux épreuves à venir, au cours du deuxième acte, dans les meilleures conditions possibles.

Le guide entraîne le futur héros « extérieurement », c’est-à-dire physiquement, afin qu’il puisse affronter ses ennemis dans les épreuves qui l’attendent.

Mais, le guide entraîne également l’apprenti héros « intérieurement », c’est-à-dire grâce à la méditation, afin qu’il apprenne à se maîtriser, à vaincre ses peurs et à grandir moralement.

Tout ce travail a pour but que le futur héros puisse protéger les siens et servir la Lumière tout en accomplissant sa mission. Il deviendra alors un représentant du monde spirituel sur la Terre ou un sauveur d’âmes en périls.

En résumé : devenir un héros consiste, tout d’abord, à s’engager pour un idéal qui nous dépasse, qui est plus grand que nous et, ensuite, de se préparer à combattre pour servir la Lumière.

 

Deuxième Acte : L’aventure héroïque, en elle-même, est constituée des épreuves et défis auxquels le héros ou l’héroïne doit se confronter.

Ces épreuves et défis vont le propulser dans le royaume des ténèbres, pour combattre des forces hostiles à l’évolution du genre humain.

Ces forces représentent, à la fois, des êtres démoniaques et des parties non rédemptées ou non transformées tapies dans le subconscient du héros. Il doit les conscientiser et les vaincre, c’est-à-dire y résister puis en « retourner » l’énergie, afin de la mettre au service du Bien.

Ce deuxième acte révèle, d’une part, le long combat pour devenir adulte puis, d’autre part, la grande transformation spirituelle qui fait de nous un être « réalisé », c’est-à-dire ayant atteint la plénitude intérieure.

En effet, il faut comprendre qu’en tant qu’enfant, puis adolescent, l’individu vit dans un état de dépendance vis-à-vis de ses parents et du monde des adultes. Arrivé à la vingtaine, il doit complètement retourner ses valeurs, afin de se lancer dans le monde des adultes pour en devenir un lui-même, sans que personne ne soit capable de lui expliquer concrètement comment s’y prendre. Il n’y a plus de rites de l’adultat ni de mythes pédagogiques, ni de sages pour l’enseigner. Il faut se débrouiller seul…

Pour réussir ce tour de force du passage de l’état d’enfance ou de dépendance (qui n’a pas seulement à voir avec l’âge, car beaucoup d’adultes se comportent comme des enfants) à l’état d’adulte libre et responsable, le jeune doit, en quelque sorte, expérimenter une mort-renaissance psychologique et spirituelle. Et, pour accomplir cette tâche, il aura besoin d’un idéal motivant qui lui fera ressentir une aspiration à s’élever et à se dépasser, c’est-à-dire à sortir de son état de dépendance.

À devenir un héros, en fait…

La quête du héros occidental est différente de celle de l’oriental. D’une part, en Occident, la quête héroïque s’adresse également à la jeune femme : celle-ci s’individualise et se transcende, tout comme le jeune homme, en se confrontant au monde et aux forces ténébreuses. La conscience de soi et la liberté que l’Occidental doit conquérir à notre époque n’est pas une question de sexe : la femme doit y accéder autant que l’homme.

D’autre part, l’occidental progresse un degré plus loin que l’oriental dans sa quête.

Ce degré supplémentaire est celui du « retour » qui constitue le troisième acte.

 

Troisième Acte :  Cette ultime phase de l’aventure héroïque est typiquement occidentale. Nous savons tous que les grands sages orientaux ont pour habitude de se retirer du monde pour pratiquer leur cheminement spirituel (à l’image du Bouddha Gautama). Si les monastères ou couvents chrétiens ont, semble-t-il, adopté la même formule, il ne faudrait pas en conclure trop vite qu’ils représentent le modèle occidental. C’est le contraire qui est vrai. Le principe de l’évolution en couvents ou monastères n’est qu’une copie du fonctionnement oriental qui n’est plus adapté à l’occidental depuis le Moyen Âge.

À l’image de l’idéal chevaleresque (cf. les aventures de Perceval dans les romans du Graal, ou mon ouvrage Le Sentier du Graal, qui en explique le sens caché), le futur héros accomplit des exploits dans le monde et combat le mal en s’y confrontant, sans fuir ses responsabilités au sein de la société.

L’idée sous-jacente à l’aventure héroïque à la mode occidentale est celle de la fraternité. Cela signifie que tout ce que le héros acquiert grâce à ses efforts de transcendance lors de son cheminement périlleux, il en fait profiter la communauté à laquelle il appartient.

Généralement, dans les mythes modernes, le héros expérimente mille et une épreuves ou défis, puis après avoir rempli la mission qui lui avait été confiée (au sein du monde extraordinaire de l’aventure), il revient dans son monde ordinaire, vers sa communauté qui le fête comme il le mérite et à laquelle il offre tout ce qu’il a acquis lors de son aventure : c’est le don de soi (ou l’épisode du « retour » dans l’aventure héroïque).

Le but de la quête héroïque ou spirituelle occidentale n’est pas, comme en Orient, d’accomplir l’éveil suprême qui permet de sortir de la « roue des réincarnations » prôné par le bouddhisme, mais plutôt que tous les acquis spirituels de l’aventure rejaillissent sur la communauté humaine de manière concrète. Pour cela, le héros ne demeure pas hors du monde, une fois sa quête réalisée, mais il revient parmi les siens, porteur de la bonne nouvelle de son accomplissement. C’est le principe du « retour ».

Ainsi, dans la quête moderne, le héros ne perd jamais de vue le monde d’ici bas, qui souffre de l’ignorance et de la naïveté. Le combat contre le mal, caractéristique de toutes les aventures héroïques, se déroule dans les deux mondes : celui, extraordinaire, de l’aventure elle-même, mais aussi celui du monde ordinaire, à l’arrière-plan duquel s’affrontent diverses forces à l’insu des « gens de la rue » qui ne se doutent de rien.

C’est cet affrontement dans les deux mondes que j’ai voulu décrire dans mon roman Les Aventuriers du Graal – les défis du cyberespace, afin de montrer que la quête moderne se joue non seulement sur un plan spirituel, mais également dans le monde extérieur (et même, à l’avenir, vraisemblablement dans le cyberespace, c’est-à-dire sur le terrain de la technologie).

Il est également essentiel, comme je l’ai montré dans mon roman, de donner une place aussi importante à l’héroïne qu’au héros, car les valeurs féminines doivent davantage se révéler à l’avenir, afin que notre société (beaucoup trop yang ou masculine) puisse avoir une chance de se rééquilibrer.

Un récit initiatique ou mythique comme Les Aventuriers du Graal – les défis du cyberespace bénéficie d’une écriture particulière qui permet au lecteur ou à la lectrice, s’identifiant au héros ou à l’héroïne, de réveiller certaines forces ou valeurs morales dans son être intérieur, lui apportant le besoin de liberté dans sa pensée, le ressenti de fraternité dans son cœur et les germes de l’espérance dans sa volonté. Ainsi, il ou elle pourra faire ses premiers pas dans sa propre quête héroïque.

Notes :

* Pierre Lassalle et Céline Divoor propose le séminaire méditatif Le Héros Intérieur à Québec les 21 et 22 août 2004. Découvrez les 3 actes et les 12 étapes qui feront de vous le héros, ou l’héroïne, de votre destinée ! Présentation et utilisation du Tarot des Héros: un outil pour éclairer votre quotidien, ou pour accomplir n’importe quel projet ou une mission… Libérez les forces de votre coeur pour faire de votre existence une aventure passionnante.

Pour information : 1 (877) 682-8764 (sans frais).

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