La loi du silence
Êtes-vous de ceux et celles qui ne la supportent pas et qui en subissent les conséquences ?
Après avoir fait le tour de tous les thèmes que j’avais écrit, j’ai pris conscience que la loi du silence n’en faisait pas partie. Étais-je moi-même dans la loi du silence, moi qui ai eu l’impression de vouloir la dépasser toute ma vie, qui ne pouvait pas la supporter, qui cherchait la vérité sous tous les angles, de toutes les façons possibles et impossibles ?
Comment n’avais-je pas pu parler de ce sujet. On ne peut pas trouver et/ou vivre la vérité si on ignore la présence et le pouvoir de la loi du silence.
Si c’est tabou, on se tait, tout le monde se tait. Enfin la plupart ! Ceux et celles qui osent défier cette loi sont bannis, châtiés, rejetés et quoi encore, comme si cette loi était irrévocable.
La loi du silence est empreinte de sous-entendus, de rébellion et de soumission. Elle a le droit d’appliquer des sentences qui sont au-delà de la morale humaine, pas seulement sur le plan physique mais sur le plan moral, le plan de la dignité, de l’estime de soi, de l’amour de soi.
Je sais pertinemment qu’elle est omniprésente, elle est là partout autour de nous. Malgré tous les moyens de communication modernes, la loi du silence est sous-jacente dans tous les milieux, dans tous les pays, elle n’existe pas seulement dans les pays sous-développés. Elle est aussi présente et bien vivante, ici dans notre propre maison, dans notre milieu, dans notre quotidien. Elle semble nous régir autant de l’extérieur que de l’intérieur.
Et curieusement sans qu’on en soit vraiment conscient, elle est là tout près de nous en sourdine, en silence. Je veux parler de cette loi du silence qui nous habite, celle qui nous tient, celle qui a le contrôle d’une partie de nous-même.
Notre propre loi du silence nous interdit de dire ce qui ne va pas, nous empêche de réclamer ce qui nous est dû. Notre propre loi du silence nous attache au statu quo, au ne dérangez pas les autres, à une fausse vérité qui est celle du respect de l’autre au prix de son propre respect personnel.
Pas le droit de dire !
Et c’est la colère face à ce silence qui mijote en dedans et/ou qui se manifeste par les guerres, les drames, les conflits et quoi encore…
Et la colère elle-même est mal vue, jugée et condamnée, bien sûr ! Et c’est un cercle vicieux.
Mais ne sommes-nous pas conscients que cette colère est sûrement une révolte contre la loi du silence qui sert le pouvoir et/ou l’injustice.
Mais comment peut-on faire lorsque tout le monde est complice de cette loi ? De quoi a-t-on réellement peur ? De qui ?
Ici au Québec, on a longtemps eu peur de Dieu, ce Dieu vengeur qui nous jetterait en enfer. Pour la plupart on l’a quitté, mais avons nous quitté pour autant, la loi du silence ?
Je ne crois pas. Je croyais que dans ma famille nous avions été protégés, que nous avions le droit de dire, de nous dire, de nous exprimer. Je savais que mon père refusait d’appliquer cette loi du silence. Il m’impressionnait, il avait cette capacité de dire ce qu’il pensait, et c’était merveilleux de constater que c’était reçu, que la plupart du temps c’était même apprécié. Mais un jour, subitement sans nous prévenir, il nous a quittés, un arrêt cardiaque. Un grand vide et la vie a changé. J’ai alors pensé, que moi tout comme lui, je pouvais continuer de véhiculer le droit de dire, de me dire, de suivre ma route. Hé bien non, la loi du silence l’avait remplacé comme chef de famille ! C’était elle maintenant qui était maître à bord. C’était elle qui gérait la nouvelle famille que nous étions.
Et j’ai subi les redondances de ceux ou celles qui refusent de suivre la loi du silence à la lettre ! L’exclusion haut et court.
La loi du silence réfute la vision ou la puissance qui est dite dans les Évangiles : que la parole s’est fait chair ! La loi du silence aime le silence ! Et quelque part chacun de nous avons donc installé le monopole de la loi du silence. Elle a fini par s’installer en dedans de nous et elle gère notre vie. On a le droit de dire bien sûr, nous sommes dans un pays libre MAIS… avons-nous le droit de nous dire à nous-même ce que nous aimons vraiment, qui nous aimons vraiment ? Combien de fois fait-on semblant pour… à cause… parce que…
Nous avons oublié le sens réel de la parole, on a occulté sa puissance. On l’a réduit à un moyen de communication, un lien entre soi et les autres, mais est-ce seulement son rôle ?
La parole n’a-t-elle pas un rôle vibratoire ? Un rôle sensitif, un rôle de connexion entre les âmes ? Pourquoi est-elle devenue une arme pour ou contre ?
Est-ce pour cela qu’elle a préféré la loi du silence ? Est-ce pour cela qu’elle a préféré se taire ? Mais de cette façon la parole a-t-elle abdiqué devant l’ennemi ?
Je pourrais écrire un livre, et sûrement que vous pourriez vous aussi, en écrire quelques chapitres. Mais pouvons-nous commencer par nous dire ce que nous n’osons pas nous dire et aller au-delà, personnellement, intérieurement, de notre propre loi du silence ?
La loi du silence n’existerait-elle pas, que pour nous maintenir dans nos croyances, dans nos peurs ? Serait-elle l’apanage privilégié de la culpabilité ?
Un nouveau choix, une nouvelle vision est disponible maintenant, car pour briser la loi du silence il faut d’abord se le dire à soi-même…
PS prenez le temps cette semaine de dire ce qui vous plaît à quelqu’un qui vous plaît et aussi de dire ce qui ne vous plaît pas à quelqu’un qui vous dérange. Le problème n’est souvent pas de le dire mais de CHOISIR de le dire !
Bonne semaine,
Hélène Lavoie SATI
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