La Petite Souris qui décide de changer de Vie…

Les parents s’unissent et disent : Fais ce que tu veux, mais sois prudente. Audacieuse est un peu soucieuse de l’affirmation qu’elle a faite mais, en même temps, elle est fière d’elle-même.

Être capable de savoir ce qu’elle veut et, en plus, être capable de l’exprimer, quel changement d’attitude et de Vie !  Wow !

La famille commence à crier, car elle a faim.  Avec la discussion, papa et maman ne sont pas allés à la recherche de nourriture.  Ils demandent donc aux enfants de patienter car, à eux deux, ce ne sera pas trop long d’en ramener assez pour apaiser leurs petits estomacs d’oiseaux.

Audacieuse s’adresse à ses frères et sœurs.  Eux, très contents de l’avoir comme sœur, se placent tout autour d’Audacieuse pour qu’elle leur parle de la température, de la nourriture, des dangers.

Audacieuse, ce qu’elle trouve de plus merveilleux, c’est d’être revenue et d’avoir conservé toutes ces expériences, tout ce vécu, avec un corps si jeune, et d’en être consciente.  Elle sait qu’elle aurait pu revenir avec toutes les peurs, le stress, les tensions.  Mais elle a eu la chance, ainsi que saisi cette chance, de la merveilleuse Voix qui lui a enseigné avant la transition des corps.  Elle se demande si un jour elle aura la chance de la réentendre.  En pensant à cela, elle entend :
– Tu sais que je te vois, que je t’entends et que je suis toujours là et partout.  Si tu as besoin, tu n’as qu’à demander.  Ceci n’est pas uniquement pour toi, mais pour tous.  Je t’enseignerai, je ne ferai jamais le travail à ta place.  Si tu ne demandes pas, je ne t’expliquerai pas.

Un miracle se produit, car toute la famille a entendu la Voix, pas seulement Audacieuse.  Un de ses frères demande à Audacieuse d’expliquer ce qui vient de se produire dans cette belle petite maison à hirondelles.

– Vous savez qu’il existe une grande force dont chaque Être a été créé.  Peu importe que ce soit une fleur, une pierre, un arbre, un oiseau, un chien, un chat, un humain, etc.  Nous provenons tous de la Grande Source Divine.  Donc, nous avons tous le même Père.  Je crois que c’est notre Père du Ciel, qui s’adresse à nous.

– Audacieuse, pour naître sur terre, nous avons besoin d’un père et d’une mère.  Mais, pour la Grande Création, avons-nous uniquement un Père ?

– Nous avons une Mère aussi, c’est la Terre.  Elle nous nourrit.  Regardez maman et papa, où vont-ils chercher la nourriture ?  C’est avec tout ce que produit la Terre, tandis que notre Père nous apporte l’Air qui nous vivifie, qui nous apporte la chaleur, la fraîcheur.  Vous voyez que tout est important.

– Comment sais-tu tant de choses ?

– Vous le savez vous aussi mais, pour le moment présent, vous ne vous en souvenez pas.  Cela va vous revenir rapidement si vous le désirez.

– Tu as hâte de voler, Audacieuse ?

– Oui…  Si vous saviez comme mon petit cœur bat lorsque je pense à m’envoler.  Je ne peux pas vous expliquer ce qui se passe en moi, c’est difficile.  Très bientôt, je le ferai.

– Même si maman et papa ne veulent pas ?

– Papa et maman ne veulent pas, c’est pour me protéger.  Comme je suis responsable de ma Vie, de mes agissements, de mes réactions, de mes expériences, c’est moi qui déciderai lorsque je serai prête.  Vous n’avez pas à me suivre.  Lorsque votre cœur vous appellera, là, vous prendrez votre envol.  C’est certain que, parmi vous, il y en a peut-être qui hésiteront un long moment avant de se lancer dans l’aventure, car la peur peut parfois réussir à mener votre Vie.  Si vous attendez trop longtemps, peut-être que papa ou maman vous sortira de la maison.  Je ne sais pas… 

– Tu crois que papa et maman pourraient nous jeter en bas ?

– Je ne sais pas, je vous ai dit…  Vous savez que papa et maman doivent nous aider à nous réaliser.  Si nous devenons dépendants d’eux, nous ne pouvons pas nous réaliser.

– Cela ne semble pas être pour toi, même si tu dis nous, car tu n’as pas l’heur de vouloir dépendre des autres.  Peux-tu nous expliquer un peu plus sur les dépendances ?

Audacieuse ne répond pas à cette question puisque Papa et Maman Hirondelle arrivent pour nourrir toute la famille ;  ils essaient tous d’être les premiers, ils ont tellement faim.  Après avoir bien festoyé, chacun s’endort, les uns tous bien collés sur les autres.  Les parents sont très fiers de leurs beaux enfants.

Lorsque Audacieuse se réveille, elle visionne son ancienne Vie afin de pouvoir utiliser les forces qu’elle a acquises.  Cette Vie, qu’elle a tellement détestée lorsqu’elle la vivait, maintenant, elle la revoit avec la sagesse de comprendre que tout était expérience.  Elle se revoit lorsqu’elle apercevait un beau morceau de fromage dans la trappe.  Comment, dans un si petit laps de temps, a-t-elle su développer une stratégie pour aller le chercher ?  Comment, d’un simple regard, a-t-elle su par où passer, faire déclencher la trappe et, ensuite, aller prendre le fromage sans danger ?  D’accord qu’elle a perdu un petit morceau de queue…  Elle regarde l’image, prend le temps de se féliciter pour l’astuce, pour la rapidité d’esprit et de mobilité, pour la stratégie et l’exécution de son plan, pour la débrouillardise.  Audacieuse se dit : « Si petite et si rapide, maman a bien su me donner mon nom car, même avant, j’étais très audacieuse.  Je me diminuais dans tout ;  maintenant, je suis venue pour apprécier cette Vie ainsi que m’apprécier, me découvrir.  Merci ! »

Quelques jours passent.  Aujourd’hui, Audacieuse ne peut plus attendre.  En se réveillant ce matin, elle s’est dit : « Mon envol commence aujourd’hui. »

Maman est déjà partie.  Gros Chat, comme à tous les matins, est au pied du poteau de la petite maison des hirondelles.  Elle regarde en bas, voit l’ami de tous les jours et lui chante une petite mélodie avant de s’envoler.  «Hé !  Hop !  J’y vais !»  Elle se jette en bas en tentant d’agiter ses ailes, mais cela ne la fait pas voler, elle descend, Gros Chat est fier de voir arriver un repas si frais et si tendre qui lui sera servi dans quelques secondes.  Audacieuse n’a pas peur, car elle sait qu’elle va réussir.  Elle continue à agiter ses ailes rapidement et sans effort.  Enfin, voilà, elle vole.   Gros Chat vient de perdre l’espoir d’un repas tout chaud.  Elle est heureuse ;  elle virevolte, tourne, monte, baisse, fait des pirouettes, chante.  Ses frères et sœurs veulent tous la voir.  Ils ont peur pour elle, ils lui crient :

– Fais attention, tes ailes peuvent t’abandonner, tu peux devenir fatiguée.  Rentre à la maison !  Viens, car maman ne sera pas contente !

Audacieuse continue à voler jusqu’à un très bel arbre et s’arrête quelques instants sur une branche remplie de feuilles.  Elle prend le temps d’écouter la mélodie jouée par le vent, qui en est le musicien, dans les feuilles qui deviennent l’instrument de musique.  En écoutant, elle déploie ses petites ailes comme pour diriger ce gigantesque Orchestre.  Quelle audace !  Si petite, si jeune, et avec son beau coat-a-queue comme elle le dit si bien.  Le bonheur se dégage tout autour d’elle, cela a même un effet de luminosité qu’elle dégage dans sa simplicité.

Maman entend les petits qui crient à l’extérieur, elle devine très vite qu’Audacieuse a sorti sans permission.  Elle rentre à la maison.  Audacieuse voit passer sa mère à toute vitesse, elle sait qu’elle ne peut voler avec cette même rapidité, car il lui manque de l’expérience.  Elle décide de rentrer à la maison pour raconter aux membres de sa famille ce qu’elle vient de vivre.

Maman, arrivée à la maison, voit bien qu’il y manque une de ses filles.  Elle regarde chacun, ils restent tous silencieux, car ils savent que maman n’est pas contente.  Elle regarde en bas, mais un des garçons dit :

– Maman, Audacieuse est sortie.  Elle va bien.

– Où est-elle ?  dit-elle d’un ton ferme avec un peu de colère contrôlée afin que les enfants ne s’aperçoivent pas qu’elle est fâchée.

Mais, comment un enfant pourrait-il percevoir ce genre de type de comportement puisqu’il voit plus loin que le physique et l’apparence extérieure ?  À cet instant précis, notre belle Audacieuse rentre chez elle, heureuse.

– Maman !  J’ai réussi !  J’ai réussi…   Regarde, veux-tu que je te montre ? 

La mère n’ose pas parler tout de suite, car elle est tellement en colère de la désobéissance de sa fille. 

– Mais, maman, pourquoi es-tu si en colère ?

Cela choque encore plus la mère de voir que sa fille le sait, le voit, la ressent, cette colère, même si elle a tout fait pour que personne ne s’en rende compte.

– Audacieuse, tu aurais pu te faire manger par Gros Chat, tu aurais pu te blesser, te casser une aile, peut-être même rester handicapée.  Pourquoi l’as-tu fait alors que je te l’avais interdit ?

– Maman, je ne t’ai pas fait la promesse de ne pas m’envoler, ceci est la première chose.  Puis, aussi, pourquoi me disputes-tu ?  Je ne suis pas blessée.  Puis, si Gros Chat m’avait mangée, tu ne pourrais pas me disputer, je ne serais plus là.  Maintenant que j’ai réussi, que je suis fière de moi, j’ai le goût de partager mon bonheur  avec vous tous.  Maman, je t’aime !  Je suis venue vivre, mais non pas survivre cette fois-ci.  J’ai calculé mon risque et jamais je ne t’accuserai de ne pas être une bonne mère s’il m’arrivait quelque chose.  Au contraire, je saurais que j’ai eu une mère extraordinaire qui a su me laisser vivre mes expériences même si elle n’était pas d’accord ou ne comprenait pas, il en est de même pour mon père.  Maman, est-ce que cela va mieux ?

Audacieuse s’exprime avec tellement d’amour que sa mère ne peut qu’acquiescer à sa demande, avec une petite larme au bord des yeux. 

– Tu sais que tu as encore besoin de moi, ma grande.

– Bien sûr, maman !  Pourras-tu me montrer comment trouver et où aller chercher de la nourriture ?

– Demain matin, lorsque je partirai en chercher pour la famille, je te le dirai ; si tu en as le goût, tu n’auras qu’à venir avec moi.  Je vais te dire :  il y a quelques instants, j’étais très en colère contre toi mais, après t’avoir entendue, ce n’est pas contre toi que j’étais en colère, mais plutôt parce que tu n’avais pas eu peur de l’autorité des parents ;  car, moi aussi, j’aurais aimé faire comme toi, mais j’ai eu peur de l’autorité de mes parents.  Je croyais que si je ne leur obéissais pas, c’était que je ne les aimais pas.  Mais toi, tu as toujours les bons mots, au bon moment.  Tu es vraiment spéciale, je suis fière de toi.  Vous, mes autres enfants, je suis aussi très fière de vous.  J’ai tellement une belle famille. 

Maman est redevenue calme, elle apprécie tous ceux qui l’entourent, même s’il y en a qui n’obéissent pas toujours.  Chacun des membres de la famille va se coller à maman, prendre un câlin, une caresse.  C’est Super !

Chaque jour, Audacieuse va de plus en plus loin et développe davantage d’autonomie pour se nourrir.  Sa mère lui parle aussi de différentes expériences d’hirondelle, de comment faire un nid en fonction des lieux et du temps étant donné qu’à certains endroits il n’y a pas toujours de maisons.  Ses frères et sœurs vont rester un peu plus longtemps avec la famille, car ils ont moins le goût de l’aventure, de la découverte.

– Audacieuse, ainsi que vous tous, mes enfants, vous savez que les Êtres humains nous aiment énormément.  Ils nous donnent de la nourriture.  C’est bien de la prendre, mais tentez de ne jamais devenir dépendants d’eux pour vous alimenter car, eux aussi, peuvent déménager, changer et arrêter de vous nourrir.  Donc, ne perdez pas cet enseignement, que la nature pourvoit largement à nos besoins.  Vous avez tous appris comment reconnaître ce qui est bon pour notre espèce.

Chacun confirme qu’il a bien compris.

Papa Hirondelle ne parle pas beaucoup ;  il est observateur, il écoute, il surveille et protège en cas de besoin.  Audacieuse veut profiter de ce moment pour informer la famille de ses projets.

– Maman, papa, mes frères et sœurs, je vous remercie de m’avoir accueillie si gentiment.  Maintenant, j’ai le goût de partir à l’aventure.  Je ne sais pas si je vous reverrai un jour, car le monde a l’air tellement grand.  Je sais de toute façon que vous serez toujours à la place la plus précieuse, c’est-à-dire dans mon cœur.  Je vous aime…  Avec vous, j’ai su conserver une chose de plus que je n’avais pas réussi à atteindre dans ma Vie de souris, c’est l’Amour de Soi.  Maintenant, je sais que j’ai des rêves, je vais les réaliser au lieu de me laisser arrêter.  C’est sûr que cela implique que je vous verrai moins mais, quand même, soyez assurés que je ne vous oublierai jamais.

– Pourquoi désires-tu partir déjà ?  Tu es tellement jeune…  Tu pourrais attendre encore un peu, ton père et moi pourrions te montrer encore autre chose…

Maman se sent triste de perdre déjà une de ses filles, elle qui est tellement spéciale, on ne peut que s’y attacher lorsqu’on la connaît.  Ses frères et sœurs lui demandent :

– Est-ce aujourd’hui que tu vas nous quitter ?  Ou, plutôt, pourrais-tu attendre à demain ?

– Je peux attendre à demain mais, ensuite, je m’en vais.

Sur ce, elle part voler, elle va reprendre la direction de l’Orchestre sur le bel arbre.  L’Aventure l’appelle, c’est fort…

Ce qu’elle ne sait pas, c’est que ses frères, ses sœurs, papa et maman ont décidé de lui composer une chanson qu’elle pourra toujours fredonner en pensant à sa famille.  Cette chanson portera le nom de

¨ Audacieuse ¨

Audacieuse, toi, si jolie, si brillante
Tu as su faire briller tous les soleils à ton passage
Celui qui aura la chance de te rencontrer
Pourra prendre contact avec toute sa brillance
Son éclat pourra uniquement briller de plus en plus

(refrain)

Bon voyage, Audacieuse
Sois heureuse
Va et vole de toutes tes ailes
Va et brille dans le ciel
Va et parcours le monde…

Ce nom te va si bien, Audacieuse
Toi, avec ton coat-à-queue, qui te rend lumineuse
Audacieuse, reste comme tu es
Car tu es ce qu’il y a de plus précieux, lumineux
Ta joie de vivre, ta détermination sont un modèle

refrain

Nous avons eu la chance de t’avoir comme sœur
Merci à toi de nous avoir démontré l’amour
L’amour dans toute sa simplicité
Que, peu importe l’Âge, c’est la transparence
Et, cela, nous pouvons tous dire que tu es transparente

refrain

Continue !  Vibre de tout ton ÊTRE
Vibre de tout ton Amour
Car c’est cela qui fait de toi l’Être si exceptionnel
Va, vole de toutes tes ailes.
Va, Audacieuse, toi qui es si belle

Bon voyage, Audacieuse
Sois heureuse
Va et vole de toutes tes ailes
Va et brille dans le ciel
Va et parcours le monde…  (bis)

Le grand jour arrive.  C’est aujourd’hui qu’elle part à l’aventure, qu’elle découvre la Vie et que son apprentissage se poursuit.  Toute la famille se place autour d’elle et lui chante la chanson qu’ils lui ont composée la veille.  Même Gros Chat se mêle de la partie, car lui aussi a appris beaucoup avec cette jeune hirondelle.  À chaque refrain, Gros Chat chante ;  les feuilles s’agitent davantage pour amplifier le son des instruments de musique.  Que c’est beau et touchant !  Audacieuse pleure de joie.  Elle en gardera toujours les paroles et l’air dans son cœur.  Cela deviendra sa chanson qui l’aidera à ne jamais perdre de vue l’audace qui lui a permis de vivre cette Vie.

Merci à ceux qui fréquentent le centre, car ils m’inspirent des belles allégories. 

Thérèse Gagnon