Vous êtes ici: Accueil » ARTICLES » Cette violence qui dort en nous.

Cette violence qui dort en nous.

Il suffit de regarder les nouvelles à la télévision et de lire le journal du matin pour sentir que la violence semble dominer les relations entre les individus, et les peuples.

Dans les années 70, j’avais été bouleversée par  les premières images du film Odyssée 2001. Un troupeau de grands singes est rassemblé et vaque paisiblement à ses occupations. Apparaît alors une immense pierre qui surgit du sol ; elle symbolise la pierre philosophale, un moment important dans l’évolution de la connaissance humaine. Le chef de la tribu saisit un bâton, l’observe, une lueur d’intelligence illumine son regard. Il prend le bâton et se met à frapper ses congénères pour leur dérober quelque chose dont je ne me souviens plus. Au travail, à cette époque, je me trouvais  déchirée par un conflit de pouvoir qui opposait deux femmes formidables que j’admirais beaucoup. Chacune me paraissait habitée d’une façon à peine déguisée de la même violence que celle de l’animal du film.

Je me posais cette question qui demeure encore d’actualité lorsqu’on voit tous les jours les atrocités dont se rendent coupables les humains les uns envers les autres : qu’est-ce qui nous pousse à tant de cruauté? Le premier instinct de l’homme serait-il celui de tuer? L’humanité a-t-elle évolué depuis la préhistoire?

   Je ne sais pas si on peut trouver une réponse à ce questionnement, mais mon expérience clinique m’a mise en contact avec les nombreuses manifestations de cette énergie de violence dans les relations.

  De toutes les pulsions qui mobilisent l’humain, la pulsion de destruction est l’une de celles qui suscitent le plus de controverses et de réprobation. Pourtant, cette puissante énergie est essentiellement associée à l’instinct de survie que Freud a nommé pulsion d’auto-conservation. Dès le  moment de sa naissance, le bébé mobilise toute son énergie et sa force pour sortir du corps de la mère par un passage étroit. Pour lui, l’enjeu est vital et déjà les traces de cette violence sont présentes. Cette même énergie l’anime dans les étapes ultérieures de son développement. L’éducation sert entre autre à canaliser cette violence pour la mettre au service de la vie en  société.

Malheureusement, le processus se fait souvent dans la répression de cette force de la nature humaine. Combien de parents répondent par des cris ou des mouvements brusques à la violence exprimée dans les pleurs de leur tout jeune bébé qui ne sait comment dire autrement sa souffrance ou son mal être! Paradoxalement, on interdit toute manifestation d’agressivité ou de colère en utilisant souvent des moyens violents. Qu’arrive-t-il alors de cette énergie?

Très souvent, elle se retourne contre nous et les mots qui ne peuvent se dire ou les cris qui ne s’expriment pas prennent la voie du corps pour se transformer en « maux » Parfois, cette violence est détournée de son objet et est dirigée vers plus faible que soi ou vers un ennemi qui sert d’exutoire aux frustrations ou au besoin de pouvoir C’est elle qui se cache derrière les raisons politiques d’auto-protection mises de l’avant par les chefs d’état pour justifier les guerres. La peur, la vengeance, le besoin de dominer pour ne pas être soumis sont de puissants mobilisateurs de violence pour chacun de nous aussi bien que pour les politiciens, les militaires ou les chefs de bandes délinquantes. N’est-il pas paradoxal de constater la violence de certains manifestants pacifistes?

 Que faire alors pour prévenir les explosions destructrices? Chacun de nous peut en premier lieu travailler à reconnaître et à apprivoiser sa propre violence. C’est à mon sens le premier pas à faire pour que quelque chose change réellement. Apprivoiser sa violence demande beaucoup de patience, d’humilité et nécessite du temps et parfois une aide thérapeutique. Apprivoiser sa violence veut dire entrer en contact avec des peurs anciennes enfouies depuis l’enfance. Reconnaître la violence et les pulsions primitives en chacun de nous afin de les mettre au service de la vie est la seule façon de devenir de véritables éducateurs pour nos enfants et de prévenir l’émergence de conflits meurtriers. Sandor Ferenczi, le fondateur de la bio-analyse, l’exprime de façon éloquente par ces mots : « S’il est possible de vaincre la guerre quelque part, c’est sans doute dans les chambres d’enfants. » 
     
Andrée Thauvette-Poupart
Psychothérapeute en bio-analyse
Membre associée de l ‘Institut montréalais de psychothérapie corporelle (IMPC)
 

A propos de l'auteur

Alchymed réunit des centaines de spécialistes oeuvrant dans le domaine du développement personnel, des thérapies alternatives, des médecines douces, pour la santé et le bien-être global de ...

Nombre d'entrées : 4140

© 2016 Copyright - Les Productions Alchymed inc.

Retour en haut de la page