Les étoiles écoutent toujours quand on leur parle
Depuis l’enfance mais je dirais surtout depuis l’âge de 18 ans où je me suis engagé consciemment sur le chemin de l’éveil, la possibilité de réaliser par ma propre expérience la vraie nature de la vie était devenue l’axe principal autour duquel tournait toute mon existence. Je crois qu’il est nécessaire d’avoir ce genre de passion pour arriver sur ce que les traditions spirituelles appellent « l’autre rive » et que personnellement, je préfère simplement appeler la réalité. Cette passion consumante, incluant tout de la vie et n’excluant rien, est comme le vent qui pousse notre embarcation d’une rive à l’autre, du monde de l’ego et du mental vers la réalité plénifiante qui se cache derrière les apparences et qui pourtant n’est pas différente d’elles.
Lors de ce voyage, il nous faut parcourir bien des étapes qui se résument finalement toutes à parcourir ce que l’on est, c’est-à-dire à marcher sur son territoire intérieur, à descendre aussi bas que la plus grande peine, s’ouvrir davantage que la plus profonde blessure, devenir plus large que notre côté le plus obscur, bref tout voir, tout embrasser dans l’amour non jugeant de la conscience. Souvent on pense que ce chemin va nous amener au loin et on espère peut-être puisqu’on l’a lu dans les textes sacrés et que la vie fait mal, que ce chemin nous mènera au-delà de la souffrance, au nirvana des Bouddhas. Quelle erreur ! En vérité il n’y a pas « d’autre rive » ni de « paradis perdu », ce que l’on découvre lorsque l’on s’éveille à la vérité de la vie, c’est tout simplement la vie telle qu’elle est, une réalité une et insécable, dont il n’y a rien à enlever et rien à retirer.
Il ne s’agit pas d’aller plus loin, plus profond ou plus haut, ni de rencontrer les anges – ce qui est souvent agréable – ni de se booster à la lumière comme on peut bouffer du chocolat. C’est l’ego séparé, ce sens aigu et séparé du moi qui se sent autre et spécial qui disparaît et avec lui, l’identification au mental, aux pensées, aux sensations, aux émotions, même aux mondes et aux énergies subtiles. L’identification disparaît et avec elle, les branches sur lesquelles l’ego séparé parvenait à se maintenir. Alors on voit, on découvre qu’on est la Réalité, telle qu’elle est, ni plus ni moins. Pourquoi vouloir plus quand la réalité contient tout ? Des étoiles aux galaxies emplies de vide intersidéral, à nos rêves les plus fous et au sourire du matin de l’être qu’on aime. Il n’y a qu’une réalité éveillée à elle-même, une seule conscience se souriant à travers une infinité d’elles-mêmes. Donc la conscience s’éveille à ce qu’elle est, c’est-à-dire tout ce qui est. Quelle beauté, quel vide ! Une distance infinie entre deux moments, un vide si profond que l’eau des océans ne pourrait pas le remplir et en même temps, un plein, un plein de vie, d’êtreté, de légèreté, d’intelligence, de conscience… une douceur simple et discrète. À l’opposé de l’ego qui se voit devenir quelque chose ou veut pour lui-même.
Donc ce livre, ce conte, je l’ai écrit avec des images, avec des mots choisis, pas comme ceux que j’ai utilisés ici, pas des mots aussi explicites, mais des mots simples et passe-partout ; ce qui fait que ce conte, «Les étoiles écoutent toujours quand on leur parle », peut être lu comme on lit un livre d’images. Il se peut, selon la lecture qu’on en fait, qu’on ait l’impression qu’il ne s’y passe pas grand-chose ou au contraire qu’on referme le livre, le regard nouveau, ouvert et limpide, voyant en tout et partout ce miracle unique qui se sourit à lui-même, cette simple, belle et pure présence d’être, celle qui gonfle les nuages et fait briller les étoiles.
« Les étoiles écoutent toujours quand on leur parle » mais elles nous répondent en silence et cela les hommes ne peuvent pas le comprendre, dit un des personnages du livre. Mais moi je vous le demande à vous, lecteur de cet article, qui avez eu le courage de me lire jusqu’à cette ligne : que leur dites-vous aux étoiles ? Quelles sont les histoires que vous murmurez à votre propre esprit ? Qui parle et qui écoute ?
Michael Szyper
Éditions ATMA internationales
www.atma.ca
Disponible à partir des librairies, distribué par Québec-Livres.