Les cheveux, des pistes de réflexion sur soi-même
« Les cheveux veulent vraiment dire quelque chose? » demandent-elles. Certainement! Ils ont même un éventail de significations symboliques acquises tout au long de l’histoire. Pourquoi devrions-nous y attribuer de l’importance? Parce que ces symboles résident encore en nous, souvent de manière inconsciente, dans nos rêves ou dans les émotions qui entourent les événements importants de notre vie.
Rappelons l’histoire de Samson, qui perd toute sa force une fois ses cheveux coupés par sa Dalila bien-aimée. On dit que la force physique de Samson résidait dans ses cheveux. Nous pourrions facilement établir un parallèle avec ce qu’il advient des cheveux de personnes très malades : leurs cheveux perdent de leur vigueur. La santé des cheveux est de fait étroitement liée à la santé physique et émotive. Certaines personnes perdent beaucoup, voire toute leur chevelure après un choc émotif comme une peine d’amour; d’autres souffrent de pelade (chute des cheveux par plaques) en période de grand stress; d’autres, encore, répondent par la trichotillomanie (c’est-à-dire qu’ils s’arrachent les cheveux) à leur détresse émotive. En plus de véhiculer une symbolique de force, les cheveux ont été reliés à la virilité, à la fertilité, aux rayons solaires, à des capteurs de vibrations divines, à l’identité et à la force de séduction. On les a utilisés dans plusieurs rituels, notamment ceux de fertilité, de faiseur de pluie et d’initiation, et ils ont fait l’objet de pratiques de magie.
Regardons de plus près le symbole d’attrait sexuel, associé surtout à la chevelure féminine. Il a eu beaucoup de répercussions sur les mœurs et coutumes des peuples et il en a encore aujourd’hui. Dans la Grèce antique, les jeunes filles portaient les cheveux longs, signe de leur virginité et de leur vigueur sexuelle. Lorsqu’elles se mariaient, elles coupaient leurs cheveux et les offraient à la déesse de la fertilité; c’est comme si elles redonnaient à la déesse ce qu’elles incarnaient dorénavant dans tout leur corps. Du côté de la religion catholique, les ecclésiastiques devaient porter la tonsure, c’est-à-dire se raser le sommet de la tête en signe de renoncement aux plaisirs charnels et à leur sexualité. Les femmes pratiquantes, elles, devaient se couvrir la tête avant d’entrer à l’église, afin de ne pas provoquer l’envie des anges. Encore aujourd’hui, les musulmanes doivent cacher leur chevelure.
Il est indéniable qu’une belle chevelure possède un grand pouvoir de séduction. D’ailleurs, il est courant qu’une femme amèrement déçue de ses relations amoureuses réagisse en se coupant les cheveux très court, comme pour renoncer aux jeux de séduction. Je me souviens d’une cliente qui avait rêvé s’être retrouvée la tête rasée et en tirer grande satisfaction. Sur le plan symbolique, ce rêve révélait un désir de liberté dans son rapport avec son conjoint (notamment face à ses attentes sexuelles), vécu à une période de sa vie.
Sur le plan physique, la santé de nos cheveux dépend de nos hormones et de notre alimentation; or, sur le plan psychologique, nos cheveux sont le reflet direct de nos états émotifs. Ils sont directement affectés par les événements marquants de notre vie : le cheveu est le fil de l’âme. C’est d’ailleurs là le sous-titre d’un beau livre écrit par Michel Odoul et Rémi Portrait : Cheveu, parle-moi de moi (Albin Michel). Ces deux auteurs intègrent dans cet ouvrage leurs connaissances de la médecine traditionnelle orientale et du domaine de la coiffure.
Les fils de notre âme est aussi le titre d’un atelier que j’offre et qui a pour but de faire découvrir l’importance que vos cheveux jouent dans votre vie. Cet atelier couvre les dimensions à la fois symbolique, projective (un exercice vise à valider les projections relatives aux coupes de cheveux) et personnelle des cheveux. Un des exercices consiste à identifier l’histoire de vos cheveux, à travers les événements marquants de votre vie et les différentes coiffures que vous avez adoptées. Tout ceci vous permet de vous réapproprier d’une partie, souvent rendue inconsciente, de votre histoire personnelle et de voir sous un œil différent la couronne qui repose sur votre tête.
Françoise A. Cloutier est psychanalyste jungienne, diplômée de l’Institut C.G. Jung de Zürich, et détentrice d’un MBA. En plus de sa pratique privée à Montréal, Françoise est conférencière et anime de nombreux ateliers.
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