Zahir
L ‘écrivain brésilien au succès planétaire Paulo Coelho a lui-même confirmé jeudi 12 mai que son dernier roman, "Le Zahir", était interdit en Iran, un millier d’exemplaires ayant été saisis lors du Salon du livre de Téhéran qui se tient actuellement.
L’annonce de la saisie avait été communiquée peu avant par son éditeur iranien.
"Le livre est interdit" même s’il avait reçu auparavant le feu vert du gouvernement pour sa publication, a dit Paulo Coelho dans un courrier électronique reçu notamment par son éditeur français Flammarion.
"Maintenant, mon éditeur iranien, Arash Hejazi, est préoccupé pour sa sécurité", a-t-il ajouté en estimant que la seule façon de l’aider est de "répandre" au maximum l’information.
L’éditeur iranien a précisé à l’écrivain : "Des agents des services de renseignement ont fait irruption lundi au Salon et ont demandé combien d’exemplaires nous avions en stock" puis ils ont prévenu que, "dorénavant, la vente du livre était interdite". Les fonctionnaires ont saisi les 1.000 exemplaires restants – 2..000 avaient préalablement été vendus – et informé l’éditeur qu’il serait prochainement convoqué pour s’expliquer.
Editeur inquiet
"J’ai demandé si le livre était interdit totalement ou seulement durant la durée du Salon. On m’a dit ne plus poser de questions", a poursuivi l’éditeur. "Je suis inquiet pour ma famille. L’élection présidentielle approche. Ils font tout pour tout mettre sous contrôle", selon lui.
"Ils ont peur de l’immense popularité de Paulo. Des milliers de gens s’étaient rassemblés devant le stand (de la maison Caravan) pour acheter le livre et regarder un documentaire sur sa visite en Iran en 2000", a-t-il dit.
L’ouvrage raconte l’histoire d’un écrivain célèbre qui remet en cause tous les principes qui ont gouverné sa vie lorsque sa femme disparaît sans laisser de traces. Le livre, qui se déroule en partie au Kazakhstan, traite de la liberté de conscience des humains, se veut un hymne à l’amour conjugal, évoque aussi des relations extra-conjugales.
L’idée centrale est de montrer que "l’inattendu se produit et que nous n’y sommes pas toujours préparés", selon l’auteur.
"Le mot "Zahir", avait-il expliqué au moment de la parution de son livre, provient, selon l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, de la tradition islamique" signifiant "visible", présent", "qui ne peut passer inaperçu". Dans le cas du roman, il s’agit d’une "obsession".
"Le Zahir peut être une personne, un travail, un objectif qui, au lieu de nous donner la joie de tenter de l’atteindre, nous détourne vers une obsession maladive. Malheureusement, tout le monde passe par cette expérience", avait indiqué Paulo Coelho.
Le livre a été édité en 42 langues pour être vendu dans 83 pays. L’Iran a été le premier pays à commercialiser le livre. Il est sorti en France le 4 mai avec un premier tirage de 120.000 exemplaires.
Best-seller de la littérature avec plus de 65 millions de livres vendus dans le monde entier, Paulo Coelho, né en 1947, est notamment l’auteur de "L’alchimiste".