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TOUT EST DANS L’OEIL DE CELUI QUI VOIT !

Ce vieux proverbe amérindien révèle avec justesse à quel point les apparences peuvent être trompeuses.

Il arrive qu’une situation ne soit pas aussi pénible qu’on le croît au premier abord ou encore qu’une personne n’entretienne aucunement les intentions que nous lui prêtons à notre égard. Tout est une question de perception. Or, il est possible de modifier notre vision des choses pour le meilleur à condition d’apprendre à dédramatiser au quotidien et à déjouer les pièges d’un mental ayant parfois tendance à « prendre ça personnel ». Une invitation à voir la vie autrement… et faire la paix en soi-même.

Ça arrive à tout le monde. Vous avez un conflit avec quelqu’un, des paroles un peu dures sont échangées et voilà que cela crée un froid, un fossé insurmontable entre vous. Vous prenez pour acquis que la personne est fâchée contre vous – ou a été  déçue par vous – et qu’elle en est restée là depuis. Pourtant, vous-même, êtes-vous demeuré exactement dans le même état d’esprit que lorsque l’événement s’est produit ? Entretenez-vous toujours en vous la même colère, tristesse ou culpabilité que cette journée-là ? Allons, soyez franc, est-ce vraiment vrai ? Les émotions vont et viennent, il se peut que celles-ci refassent surface lorsque vous repensez à ce qui s’est passé, mais est-ce que cela vibre réellement en vous avec la même intensité qu’autrefois ?

La douleur qui subsiste n’est-elle pas plutôt liée à la déception et aux regrets de ne plus être en bonne relation avec cette personne ? Il est possible que ce soit plutôt VOUS qui soyez fâché et fermé envers cette personne. C’est normal : vous avez été blessé et désormais, vous vous méfiez, vous souhaitez vous protéger contre cette personne afin qu’elle ne puisse plus vous atteindre. Or, c’est tout à fait le contraire qui se produit. Elle continue de vous atteindre, même à distance, de par les rancoeurs et les malaises que vous entretenez à son sujet.

Aveuglé par la douleur ?
Si vous êtes rongé par la douleur, paralysé par la peur ou fermé à toute possibilité de réconciliation, à qui cela fait-il le plus mal ? A vous ou à elle ? Et si vraiment cette personne est malveillante, mal intentionnée, le fait de lui accorder du « pouvoir » sur votre vie ne fait-il pas qu’empirer les choses ? Et si ce n’était pas cette personne qui vous torturait à distance, mais vous-même, de par les pensées que vous entretenez envers elle ? Ces pensées sont-elle réalistes, ou ne sont-elles pas plutôt des « histoires » que vous vous racontez ?

Vous croyez qu’il ou elle vous en veut, qu’il ou elle ne veut plus rien savoir de vous, que la crise que vous avez traversé à laissé une cicatrice qui ne se refermera peut-être jamais. Est-ce la vérité ? Vraiment ? Avez-vous des preuves ? Avez-vous vérifié ? Mais surtout, comment vous sentez-vous en dedans lorsque vous nourrissez ces pensées limitatives ? Est-ce votre blessure passée qui vous fait souffrir et vous emprisonne ou, au contraire, seulement des « perceptions négatives » que vous entretenez et qui vous rongent de l’intérieur ?

Vous êtes-vous déjà demandé ce que cette personne pense VERITABLEMENT de vous ? Se pourrait-il qu’elle ait été affectée par la même déception, souffre des mêmes blessures que vous, et qu’elle soit paralysée par les mêmes peurs de rétablir le contact ? Le problème  avec les histoires que l’on se raconte pour se protéger, c’est qu’elles ne font qu’entretenir la douleur. Comme la femme qui n’ose pas quitter son mari qui la bat, par peur de ce qui arrivera si elle se retrouve seule. L’angoisse face à l’inconnu la paralyse au point où elle préfère accepter de vivre dans un enfer quotidien que de prendre le risque de le quitter. Même chose pour l’homme qui continue d’aller travailler dans un bureau où le climat est épouvantable, juste parce qu’il craint de ne pouvoir se trouver quelque chose de mieux ailleurs. Si les peurs empêchent d’avancer, les tourments quotidiens, eux, génèrent pourtant bien plus d’inconforts et de malaises !

Voir au-delà des apparences
Mais l’être humain semble ainsi fait : il s’assoit sur ses convictions et ne bouge que s’il y est obligé, lorsqu’il n’a pas d’autre choix. Pourtant, de l’extérieur, il est si facile de juger : cette femme a de nombreux frères et sœurs qui ne demanderait qu’à lui donner un coup de pouce pour refaire sa vie, pourquoi ne leur demande-t-elle pas de l’aide ? Cet homme a de bons diplômes et une expertise  indéniable dans son domaine, pourquoi ne se cherche-t-il pas autre chose au lieu de se rendre malheureux et de se plaindre continuellement ? Et vous, pourquoi n’avez-vous fait aucune démarche pour renouer contact ou tenter une réconciliation avec la personne qui vous a blessé ?

Le pardon, c’est un cadeau que l’on se fait bien davantage à soi-même qu’aux autres proprement dit. Il ne s’agit pas de juste « tourner la page » et « passer par-dessus » les événements du passé, mais bien au contraire, d’aller voir plutôt ce qui se cache derrière la douleur « apparente ». Qu’est-ce qui vous a fait le plus mal lors de cette dispute ou de ce conflit ? Repensez à ce que cette personne vous a dit : ses paroles blessantes vous ont-elles offensées parce qu’elles n’étaient pas vrai du tout ou plutôt parce qu’elles l’étaient TROP ? N’y aurait-il pas une partie de vous-même qui croyait « mériter » de se faire dire de telles choses ? Peut-être même vous êtes-vous déjà dit la même chose à votre sujet : que vous êtes un-e bon-ne à rien, que vous rêvez en couleur, que vous n’êtes pas assez ouvert aux autres ou tout autre critique vous vous pouvez vous faire en silence dans votre tête…

Pourquoi vous êtes-vous senti attaqué ? Si vraiment il n’y avait aucune parcelle de vérité dans ce que cet individu vous a dit, vous ne l’auriez pas pris aussi « personnel ». Vous auriez trouvé ça tellement gros, tellement incongru, que vous en auriez ri. Et vous vous seriez dit : « Non, ce n’est pas vrai. Je ne sais pas de qui il-elle parle, mais ce n’est pas de moi. Il doit y avoir quelque chose qui cloche dans sa vie et il-elle se cherche un bouc émissaire. Ça ne m’appartient pas. » Et vous auriez passé par-dessus. Vraiment. Pensez-y, ça vous est sûrement déjà arrivé : un inconnu qui « pète une coche » devant vous et vous agresse verbalement sans raison. Que vous êtes-vous dit alors ? « Il a vraiment un problème, ce gars-là. » Et vous avez poursuivi votre route sans donner prise à ses paroles.

Ce qui fait mal, ne serait-ce pas quand les paroles lancées ont une portée en dedans de vous ? Quand elles « résonnent » en dedans de vous, se pourrait-il que ce soit parce qu’elles ont « réveillé » quelque chose qui était déjà présent Ce ne sont pas les mots dits qui vous blessent, mais bien la douleur qu’ils « ravivent » à l’intérieur. Et comme personne n’aspire à éprouver des malaises émotionnels, plutôt que de les accueillir comme faisant partie de soi, il est bien plus facile de les « bloquer » et de se fermer envers celui ou celle qui les a « ramenés à notre conscience »…

Et si cette personne vous avait offert le plus merveilleux présent qui soit : l’occasion de prendre conscience de ces jugements, de ces auto- critiques que vous nourrissez en vous-même afin de vous en libérer une fois pour toutes ?!? Songez-y un instant. Replacez-vous dans vos propres intentions envers la personne concernée : cherchiez-vous délibérément à lui faire du mal dans vos propos, à la blesser et à la torturer ? Pourtant, n’avez-vous pas vous-même utilisé des paroles offensantes ? Ne cherchiez-vous pas seulement à lui faire entendre raison ?

Entendre raison…
Quelle est la voix de la raison ? Celle qui, silencieusement, pernicieusement, prend plaisir à vous dénigrer, à vous critiquer et à vous rabaisser en dedans de vous ? Ou n’est-ce pas plutôt celle de l’ami-e, du parent ou du collègue de travail qui vous invite à considérer que vous êtes PLUS que ces limites et ces faiblesses qui vous habitent ?

Ce sont souvent les personnes que vous aimez le plus qui vous font le plus mal. Pourquoi ? Parce que vous vous arrêtez aux mots, aux broutilles et aux critiques, sans prendre le temps d’aller voir l’intention qui se cache derrière leurs interventions maladroites. L’autre ne cherche pas seulement à avoir raison, à prendre le dessus sur vous ou à se montrer supérieur : il croit déceler en vous une faille qui risque de vous faire du mal à long terme et, bien maladroitement il est vrai, tente de vous en faire prendre conscience pour que vous puissiez changer.

Changer non pas qui vous êtes ou comment vous êtes, puisque vous savez que c’est quasiment impossible de changer l’autre, mais changer plutôt votre façon de vous percevoir là-dedans. Il met en lumière votre propre tendance à vous dénigrer et à vous rabaisser. Gauchement et empêtré dans ses propres vulnérabilités, son « âme », son « cœur » vous invite à considérer que vous êtes bien davantage que ces défauts que vous vous attribuez, que ces « bêtises » que vous-même vous vous racontez.

Ce n’est peut-être pas facile à accepter mais… et si la seule façon de se guérir de ces blessures du passé consistait tout simplement à admettre que cette personne a pu dire vrai à votre sujet. Elle a peut-être exagéré, mais dans le fond, ce n’était que le reflet des pensées que vous entretenez à votre propre sujet, comme si elle avait « lu » dans votre tête une information que vous auriez vous-même écrit sur une pancarte : « Je ne suis pas bon-ne », « Je rêve en couleurs », « Je n’ai pas confiance en moi. » Et si l’histoire que vous vous racontez était : « Je ne mérite pas la confiance des autres » ? Cela expliquerait peut-être pourquoi un conflit est survenu dans votre vie : l’autre a « perçu » inconsciemment cette vulnérabilité et a tenté de vérifier si c’était vrai.

Il vous a tout bonnement demandé (peut-être avec un ton agressif) : « Mérites-tu la confiance que j’ai en toi ? Es-tu à la hauteur de mes attentes ? Crois-tu en notre relation ? » Et vous, vous sentant attaqué, vous avez riposté avec les mêmes questions, formulées elles aussi sous forme de critiques et de doutes envers l’autre.

Vous avez le choix !
Comment se sortir d’une telle impasse ? Il n’y a qu’une solution : revenir au moment présent. Pour se défaire de toute la charge émotive qui a été entretenue et qui a créé ce fossé entre vous, il vous importe de prendre le temps de réfléchir sur l’INTENTION réelle cachée derrière les paroles de l’autre et de vous ramener dans l’instant présent pour vous demander quelles pensées et quelles attitudes vous choisissez d’adopter ICI et MAINTENANT.

Il n’est pas nécessaire de revenir sur le passé et de vouloir tout reprendre du début : juste d’ACCEPTER de voir les choses autrement, avec d’autres yeux. Vous avez prétendu savoir ce que l’autre pense de vous et vous vous êtes construit une forteresse pour vous protéger contre ses attaques, mais qu’en était-il vraiment dans la réalité ? Juste le fait de vous ouvrir à aller au-delà des apparences ne peut que CHANGER l’éther de votre relation à l’autre.

En vous pardonnant votre propre aveuglement, vous ouvrez la porte à la possibilité de vous percevoir VRAIMENT tel que vous êtes. Avec vos défauts, soit, mais aussi avec vos innombrables qualités, avec vos forces et vos talents. Vous êtes plus que ces critiques qui ont été formulées en dedans comme à l’extérieur de vous-même ! Peut-être est-il trop tard pour renouer votre relation à l’autre, mais néanmoins, en vous libérant du poids de ce conflit, vous ne pouvez que vous en sortir gagnant, à tous les niveaux.

Et, qui sait, vous pourriez être bien surpris de vous rendre compte que l’autre personne nourrit à votre sujet des pensées bien plus agréables que vous ne l’imaginez et qu’elle ne vous veut, au fond, que du bien. Même si elle ou il s’est laissé emporter par son propre aveuglement, il n’est jamais trop tard pour revenir dans de meilleurs dispositions, si les sentiments d’amour ou d’amitié sont encore présents entre vous…

Texte de Diane LeBlanc disponible aussi sur www.intermonde.net/BiancaGaia

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