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Le conflit du mouton de Noël

Aux alentours de Noël, dans la Provence des santons, un petit mouton s’est égaré. N’écoutant ni les chansons ni le son des tambourins, il a perdu la raison et s’est retrouvé sous la nuit étoilée au milieu de nulle part.

L’étoile de Bethléem dans le ciel brillait mais pas pour lui, du moins le croyait-il. Dans sa cervelle de mouton, il est un animal grégaire ne pouvant vivre sans ses frères et il ne pense pas une seconde avoir en lui une solution lui permettant de retrouver la maison. Alors, appliquant à la lettre son programme séculaire de mouton, il se couche dans un coin en attendant qu’on vienne le chercher. Il bêle un peu, histoire de soulager son chagrin puis reste étendu sans autre issue que de croire que quelque part, quelqu’un s’apercevra de son absence. Seule la certitude qu’il fait partie d’un troupeau peut le tenir en vie jusqu’à ce que les secours viennent le retrouver dans la nuit.

Mais à cette époque de l’humanité, les bergers sont débordés. Qu’ils soient chefs politiques, terroristes masqués, gourous ou leaders sportifs, tous ont beaucoup de moutons à gérer et aucun ce soir là ne se rend compte que le petit mouton dans la Provence des santons a disparu. La nuit est toujours noire, elle pénètre de plus en plus dans l’âme de l’animal. Le doute s’installe : ” si personne ne se rend compte de mon absence, c’est que je ne dois pas être génial. Ni fondamental. Les autres dans la campagne continue de chanter, de festoyer et moi écrasé à terre, je n’ai d’autres horizons que les souvenirs et les leçons de ma mère qui m’assurait que je ne pourrais jamais vivre seul. ” Se soumettre à la loi du groupe est la seule solution et en attendant faire le mort pour ne pas être mangé par les loups alentours. Les prédateurs n’aiment que la viande fraîche et ne sauraient s’attarder sur un cadavre surtout en ces temps de fêtes.

Les heures passent, son énergie diminue, il ne peut plus bouger. Sa vie lui semble tout à coup stupide : tant de promenades dans les herbes de Provence, tant de caresses dans sa peau bouclée et de belles odeurs qui venaient se nicher dans les mains de son berger lorsqu’il cueillait lavande et romarin. Tout cela ne serait que souvenir, vie passée et sans futur, simplement parce qu’il s’est soudainement trompé de direction?
La vie a un sens certes, mais faut-il mourir parce qu’on le perd? N’y a-t-il pas dans cet univers étoilé un petit prince qui voudrait un mouton pour de vrai et qui de sa voix forte l’appellerait pour le guider dans l’obscurité de son esprit ? Le petit mouton est soudain pris d’une colère humaine, du genre qui hurle et crie à l’injustice, accusant tous les bergers de la terre d’insouciance et d’incompétence et montrant même Dieu du doigt accusateur. Tout à coup il sent en lui, la désillusion de la promesse d’une terre dont les herbes chanteraient sous le Mistral, la joie d’une vie utile et solidaire avec d’autres animaux grégaires. Il sent surtout l’abandon, la solitude, les rêves qui s’écroulent comme lui, face contre terre dans la nuit, sans entendre le moindre souffle de Dieu pour lui dire quoi faire. Silence total, désert auditif, pas même une seule hallucination auditive pour lui faire croire à un miracle. Seul, isolé loin des siens, perdu dans une campagne que les lumières de Noël ont transformé en Disneyland, il ne sait plus bien qui il est et quel sens donner à tout cela.

S’il avait été un homme, il aurait au moins pu se rebeller, crier très fort et montrer le poing dans des manifestations organisées ou bien sans se soucier de personne, soliloquer dans la rue où des troupeaux entiers affairés par les cadeaux de fin d’année, n’auraient même pas vu sa détresse déguisée en courroux de Noël.
S’il avait été un homme, il aurait pu être affalé dans un caniveau ou dans un canapé de son salon, enfoncé en lui-même sous des tonnes de haine ignorée. Beaucoup de moutons, même quand ils sont grands, préfèrent adhérer à des troupeaux qu’ils appellent famille ou démocratie, club ou parti qui sont toujours la cause de leurs maux. Il est impossible de vivre seul et pour ne pas mourir, ils préfèrent mettre leur colère dans cette petite poche qu’on appelle vésicule biliaire. Les Chinois de la Vieille Chine y mettait aussi leur courage, preuve qu’amertume et cœur à l’ouvrage ne sont peut être que deux facettes d’une réalité. Oser lever la tête et sentir sur le visage, le vent dessiner la direction de la destinée.

Si le petit mouton de Provence avait été le petit Jésus, fœtus divin arrivé à terme, ses surrénales auraient sécrété dans le ventre de sa mère, du cortisol qui telle l’hormone du message à Marie aurait annoncer son désir de naître. Ainsi attendu et entendu, devant tant d’accueil, il serait venu au monde avec le sens clair de ce qu’il avait à faire. Dans la crèche de Bethléem, il n’y aurait pas eu de gynécologue pressé de partir en congés ni de perfusion de PITOCIN pour faire venir avant l’heure des bébés déjà soumis aux désirs des autres. Ceux là apprendront très tôt à devenir des moutons, qui rimeront avec les mots confusion et direction sans savoir vraiment à quoi sert tout ce scénario. Égarés dès leur naissance, ils oublieront leur mission et chercheront dans leur alter ego les bribes de leur mémoire et de leurs passions.

Heureusement, la nature est bien faite et le petit mouton, malgré tous les rôles possibles que cette fête de Noël lui offrait, avait finalement accepté celui que Dieu lui avait donné. Après s’être perdu, écroulé dans la noirceur de son désespoir tandis que la raison quittait peu à peu son esprit, l’appel des siens se fit à nouveau entendre. Un léger murmure dans le vent de décembre, porté par les galoubets de son enfance apportait tel un roi mage, l’aube d’une nouvelle essence. Chacune de ces cellules sentit la certitude de la direction à prendre. ” c’est parce qu’il ne savait pas où il allait qu’ Abraham savait qu’il était sur la bonne voie car il était sûr ainsi de ne pas se laisser conduire par les lumières de sa propre intelligence mais d’être conduit par la volonté de Dieu “.

Le petit mouton ne savait pas qui était Dieu mais il n’avait plus de doute sur ce qu’il avait à faire. Sauter des barrières pour endormir des humains qui croient être des moutons…

PS : chaque mouton peut être remplacé par une brebis et chaque homme par une femme.

ISABELLE BURNIER
DÉCEMBRE 2005
www.consciencecellulaire.com

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