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Aller vers soi… allez, courage !

Le «connais-toi toi même et tu connaîtras l’univers et les dieux» de Socrate a été tellement galvaudé qu’on ne sait plus à quel saint se vouer, pour avoir accès à la conscience de soi.

Mais qu’est-ce que la conscience ? La neuropsychologie montre aujourd’hui que la conscience n’est pas d’abord la conscience de quelque chose, mais une présence à soi-même. Alors pourquoi cette présence à soi-même est si difficile à réaliser? Pour y avoir accès, on doit conscientiser ce que l’on porte tous : des névroses, des souffrances plus ou moins conscientes qui sont les gardiens de ce «soi» si recherché. Un retour aux sources dans la simplicité, la solitude et le silence autorise l’accès à la compréhension de soi-même. Allez, courage!

Une retraite permet de sortir de ses habitudes et de ses compulsions, c’est-à-dire de ses systèmes de défenses et de compensations. Ces systèmes refoulent les souffrances, mais peuvent aussi provoquer dysfonctionnalités, frustrations et maladies dont on peut se soulager ou guérir reposer dans et par la solitude et le silence. En sortant ainsi de ses habitudes qui protègent de la conscience de son « moi réel » et douloureux, on entre dans son intériorité. On y rencontre la souffrance de son « moi réel » au sens où l’entend Arthur Janov, « moi réel » que Jung nomme « l’ombre », Freud « l’inconscient », et le chamane « l’invisible ». Telle est la condition essentielle pour la régénérescence, la guérison.

Au-delà de ses souffrances

Le moi réel n’est pas que souffrance et névrose. On y rencontre certes tout cela, mais bien plus encore. Nos souffrances, nos démons, nos névroses indiquent les limites à dépasser, les barrières à défoncer pour accéder à la jouissance, aux dieux, à l’épanouissement, aux esprits bénéfiques. Libérer nos souffrances permet de dynamiser nos ressources, notre créativité, notre génie propre, notre identité. On y parvient en cessant de les refouler par nos habitudes quotidiennes compulsives et dysfonctionnelles, par nos valeurs et nos croyances, par nos dépendances affectives, alimentaires, alcooliques, tabagiques, etc.

 Si les habitudes et compulsions, valeurs et croyances constituent les systèmes de défenses qui refoulent les souffrances (démons ou névroses ou esprits maléfiques) et, ce faisant, interdisent le déploiement des ressources (dieux ou esprits bénéfiques ou réalisation de soi). Aussi l’ermitage crée-t-il les conditions propices à la conscientisation et à la libération de ses souffrances d’une part, et d’autre part à la dynamisation et conscientisation de ses ressources (identité, génie propre).

Valeurs et croyances refoulent douleurs et carences

 L’ermitage, qui est ascèse et privation des habitudes et compulsions, et même des valeurs et croyances, favorise non seulement l’effondrement des systèmes de défenses, mais encore le surgissement de ses ressources propres jusqu’alors paralysées et inconscientes.

 C’est à travers ces systèmes de défenses qu’on voit et goûte la vie, sa vie, les autres, les choses, le monde et qu’on finit toujours par s’en lasser et parfois même s’en dégoûter. Nos habitudes deviennent monotones et insipides et nos compulsions nous rendent malades physiquement et psychologiquement. Cependant nos valeurs et nos croyances, elles, se renforcent, se durcissent, se crystallisent, pour nous convaincre que nous sommes dans la bonne voie alors même que notre vie dégringole. Nos valeurs refoulent nos douleurs, nos croyances cachent nos carences, douleurs refoulées et carences cachées qui ne continuent que mieux à miner notre vie.

L’effondrement des mécanismes de défenses pour l’avènement de la jouissance

 En rompant radicalement avec notre système de défenses (habitudes, compulsions, valeurs…) par l’ermitage et en permettant ainsi à nos souffrances de se dégager, nous pouvons alors dynamiser nos ressources les plus intimes, les plus vivantes et vibrantes, les plus sensibles et « intelligentes », les plus espérantes et aimantes. C’est pour ainsi dire le « divin » en nous qui s’éveille à nos sens et à notre esprit et qui éveille nos sens et notre esprit.

L’ascèse des sens et de l’esprit

 Par l’ermitage, on expérimente une ascèse des sens (privation des habitudes, des compulsions) et de l’esprit (renoncement à nos valeurs et croyances). Il ne s’agit pas d’anéantir l’ « ego » et d’éliminer nos désirs pour arrêter de souffrir tel que nous le proposent les grandes mystiques traditionnelles. Il s’agit plutôt, tel que le suggère saint Jean de la Croix, de « se débarrasser de tout le temporel [habitudes, compulsions] et ne s’embarrasser pas avec le spirituel [valeurs, croyances] et demeurer en souveraine nudité et liberté d’esprit, laquelle est requise pour la divine union ».

 Au sujet de l’ascèse des sens, plutôt que de l’élimination de l’ego et des désirs, de la « destruction des puissances sensibles », l’ermitage, qui provoque distance et détachement (dé-fusion), permet le développement « d’une connaissance et d’une jouissance des créatures qui sont le fait d’une sensibilité désormais purifiée. Il semble qu’on doive parler d’un affinement de la sensibilité. L’âme se découvre des subtilités, des délicatesses dont elle ne s’était jamais avisée jusque là, des modes nouveaux et délicats de jouir, de souffrir et d’aimer ».

 Par l’ermitage, peut s’initier ou s’approfondir un grand détachement du « temporel » que Jean de la Croix nomme « objets terrestres » que sont les biens matériels et les êtres humains faisant corps avec nos habitudes et compulsions, ainsi que du spirituel, les « objets célestes » que sont nos valeurs et nos croyances. Selon lui, « le détachement des objets terrestres [et célestes] donne de ces objets mêmes une connaissance plus claire qui permet d’en bien juger. Il met à même d’en jouir d’une manière toute autre que ne le fait celui qui y est attaché. L’homme détaché a sur celui qui ne l’est pas de manifestes supériorités. Il goûte les objets selon ce qu’ils ont de véritable, l’autre selon ce qu’ils ont de mensonger. Le premier, selon ce qu’ils ont de meilleur; l’autre selon ce qu’ils ont de pire. L’esprit pénètre la vérité et la valeur des choses. »

Mieux désirer et mieux jouir 

L’ermitage n’est pas l’élimination du désir pour l’arrêt du souffrir, mais une quête de dépouillement et de liberté pour que la personne « trouve son repos » afin de mieux désirer et de mieux jouir. En effet, « celle-ci ne convoitant rien, rien ne la fatigue vers le haut [objets célestes : valeurs et croyances], et rien ne l’opprime vers le bas [objets terrestres : habitudes, compulsions] car elle est dans le centre de son humilité » (Jean de la Croix),  c’est-à-dire de sa vérité (« l’humilité, c’est la vérité » -Thérèse d’Avila).

 La mystique chrétienne, en ce qu’elle a de meilleur, celle de Jean de la Croix ou de l’Imitation de Jésus-Christ, est l’archétype de la pensée d’Arthur Janov qui pense aussi que pour qu’advienne le moi réel, la vérité-humilité de la personne, celle-ci doit être privée de ses systèmes de refoulement. Mais bien avant Janov et les mystiques, le chamane avait compris que l’isolement en forêt ou au désert était essentiel pour s’approfondir et se guérir.

La rencontre amoureuse

 C’est en côtoyant l’autre intimement qu’on apprend à l’aimer, que la relation amoureuse se construit. Ermiter, c’est se côtoyer soi-même intimement, c’est se donner les conditions propices pour apprendre à s’aimer soi-même, à construire le rapport amoureux avec soi-même; c’est donc se diviniser puisque Dieu = amour. Mais l’amour sans compréhension n’est que mièvrerie. Se comprendre, c’est se conscientiser, c’est accéder à sa vérité au-delà de ses faussetés (compulsions, croyances, etc.). Et comprendre le monde, la vie, l’autre ne peut être que la projection de la compréhension ou amour de soi-même dans les autres, dans les objets. Pour parvenir à cet amour-conscience, il faut que je me fréquente intimement en me retirant dans la solitude et le silence « afin que je bannisse de mon cœur toutes les sollicitudes vaines qui le tourmentent et que je ne sois emporté par le désir d’aucune chose ou précieuse ou méprisable, mais plutôt que j’apprécie [désire] toutes choses pour ce qu’elles sont » (Imitation de Jésus-Christ).

Conclusion de l’ermitage

 C’est ainsi « qu’on ne saurait goûter que Dieu seul [amour de soi, de son centre le plus intime, le plus profond, le plus sympathique], et qu’on le goûte en toutes choses [projection de l’amour de soi] quand on l’aime véritablement » (Imitation de Jésus-Christ).

 Ce que l’ermite apprécie le plus à la fin d’un ermitage, c’est l’affinement de sa sensibilité, la profondeur de son intelligence et la jouissance inconnue jusqu’alors qu’il découvre dans sa relation à lui-même, à l’autre, à la vie.

L’équipe de Clair-Obscur

Note : ce texte est un extrait d’un recueil accessible en totalité sur notre site www.ermite.org, à la fin de la section « Information ».

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