CAUCHEMAR LA NUIT, ALLIÉ LE JOUR

Tomber dans un puits sans fond, courir sans avancer dans un immense champ, être poursuivi par un monstre hideux…

Les rêves désagréables ou angoissants nous visitent régulièrement.  Ils sont un signal d’alarme pour nous informer que quelque chose ne va pas : une peur à neutraliser, une attitude à changer, un geste à poser.

À part de nous faire peur, ces mauvais rêves ont-ils une utilité?  Pouvons-nous apprendre quelque chose d’eux?  Oui, il est possible de voir les cauchemars comme des alliés qui ont pour but de nous aider dans notre vie éveillée.

Différentes situations provoquent les mauvais rêves.  Parmi celles-ci en voici quatre qui vous aideront à comprendre l’utilité des cauchemars.

Refléter : en mettant en lumière une angoisse intérieure importante à neutraliser.  Exemple : rêver de manquer l’autobus pour se rendre au travail et se sentir dépourvu peut refléter la peur de perdre son emploi.

Avertir : nous indiquer un danger potentiel pour mieux y faire face.  Exemple : rêver de tomber dans un piège bien caché dans le sol peut nous avertir que quelqu’un tente de nous piéger dans une situation particulière.

Libérer : faire sortir une peur pour ensuite retrouver l’harmonie intérieure.  Exemple : rêver de se voir nu devant une foule qui rit à gorge déployée peut mettre en évidence notre peur du ridicule.

Pratiquer : tenter différentes possibilités devant un scénario difficile jusqu’au moment où on se sent enfin à l’aise.  Exemple : rêver d’être prisonnier dans une grotte sombre et lugubre et tenter sans relâche d’en sortir par différents chemins peut démontrer que la persévérance est importante à ce moment-ci et le rêve permet de la mettre en pratique.

Devant les multiples changements que la vie nous sert parfois à profusion, ce qui dérange le plus c’est la part d’inconnu que cela représente.  Que ce soit des changements à la maison (départ d’un enfant devenu adulte), au travail (changement de responsabilités) ou dans les loisirs (arrivée d’un nouveau co-équipier), le futur peut paraître menaçant.  Il se produit alors une peur inconsciente devant le défi de s’adapter à la nouvelle situation.

La menace que représente l’inconnu peut diminuer si on avance vers elle.  La nuit, durant le sommeil de rêves, le subconscient peut recréer des scénarios semblables à la situation actuelle, inquiétante, afin de nous permettre de pratiquer notre capacité d’adaptation.  On rejoue alors la scène nuit après nuit.  Tant et aussi longtemps que nous avons besoin de faire des essais, les rêves répétitifs sont une opportunité de pratiquer.

Le phénomène de cauchemars récurrents est très fréquents chez les personnes qui ont subi un stress post-traumatique (accident d’automobile, tentative de meurtre, viol, etc.).  Les cauchemars post-traumatiques sont une tentative du mental pour neutraliser le sentiment d’impuissance et le transformer en sentiment de victoire.  C’est pourquoi les victimes font des rêves reliés au drame vécu.  La répétition en rêve offre une occasion exceptionnelle de reprendre le contrôle de la situation traumatisante.

Tout comme le pilote de ligne qui s’entraîne sur un simulateur de vol et se pratique à faire face à toutes sortes de problèmes sur son appareil virtuel, nous avons aussi notre simulateur de vie qui nous fait pratiquer dans un monde virtuel (le rêve) pour solutionner différentes situations problématiques.

L’auteur américain, Robert Moss, a dit ceci un jour : « un cauchemar est un rêve non terminé ».  Dans cette optique, tout cauchemar mérite de recevoir notre attention car on peut oser lui ajouter une finale heureuse.  Pour transformer un cauchemar en beaux rêves, la technique consiste à visualiser une fin heureuse au scénario dérangeant, dès qu’on est éveillé :
· Une poursuite infernale se termine avec l’arrivée de Superman;
· Une chute vertigineuse se transforme en vol plané;
· La perte d’un objet précieux est résolue par la découverte d’un trésor inestimable;
· Une situation d’abandon se transforme en retrouvailles joyeuses;
· La panique devant la perte de dents se change en extase de retrouver une nouvelle dentition plus saine et plus puissante;

Pour les plus audacieux, remplis d’imagination, il est possible de changer le scénario à notre guise pour en devenir pratiquement le héros.  En voici des exemples :
· Lors d’une poursuite épuisante, nous devenons soudain le poursuivant qui donne une bonne raclée au personnage menaçant;
· Une forêt sombre aux allures inquiétantes se transforme en lieu magique avec Harry Potter qui nous enseigne à faire de la magie;
· Un patron exigeant devient soudain une petite souris prisonnière d’une cage camouflée dans le coffre-fort de la compagnie.

En conclusion, le rêve, fidèle compagnon de nos nuits, est un allié inestimable.  Même les cauchemars sont nos alliés pour améliorer notre vie d’éveil.  Soyons des observateurs consciencieux pour y déceler des indices précieux et apprenons de nos rêves, même les plus terrifiants.

Brigitte Langevin est une animatrice certifiée de l’École de Rêves Nicole Gratton, elle donne des conférences et anime des ateliers sur l’étude des rêves et la gestion du sommeil partout au Québec. Elle est l’auteur d’un deux ouvrages :

Rêves & Créativité
Édition Le Dauphin Blanc

S.O.S. Cauchemars
Flammarion Québec

Pour plus d’information : [email protected]
Ou visiter son site web : www.brigittelangevin.com