Récit d’une constellation familiale
… ont demandé à vivre une constellation (les constellants).
(Les prénoms des intervenants sont changés pour des raisons évidentes d’anonymat.)
Cette carte, tirée à chaque début de constellation, permettra de désigner la personne qui viendra consteller. Le « hasard » fait souvent bien les choses.
Sont présents, en plus des constellants :
des substituts qui ont préféré prendre contact avec cette approche de systémie familiale en se mettant à la disposition du constellant pour représenter un membre de sa famille, sans vivre, à leur tour, une constellation durant ce séminaire.
Les assistants en demande de constellation et les substituts seront, tour à tour, substituts ou simplement observateurs.
Il est bon d’insister sur le fait que constellant, substitut ou observateur vivent tous dans la même énergie de groupe qui leur permet, à chaque niveau, de « gai-rire » des pans entiers des problématiques qui les ont amenés à venir chercher de l’aide.
Les participants sont assis en cercle et, après une courte pause et une relaxation installant l’énergie de ce groupe (accompagné des ancêtres de tous ses membres), la personne dont la carte a été pigée vient s’asseoir à côté de l’animatrice.
La première constellante, que nous nommerons Christelle, discute avec l’animatrice de son objectif : il doit être clair et positif (une suggestion de l’animatrice : « plutôt que dire : je ne veux plus être malade, dites : je voudrais vivre en santé » ). Christelle souhaite « vivre dans la joie et le plaisir », son visage fermé indique qu’elle est habitée par une profonde tristesse.
Une fois l’objectif éclairci, l’animatrice pose quelques questions sur les antécédents familiaux. Nous cherchons des faits : y a t’il eu des événements graves dans cette famille ? exclusion, bannissement, viol, assassinat, enfant mort, avortement, etc …
Sans trop de détails qui pourraient influencer les substituts à venir, Christelle parle du divorce de ses grands-parents maternels, fait rare à l’époque, et du remariage de sa grand-mère avec un homme brutal et malveillant envers les enfants du premier mariage de sa femme. Le grand-père biologique a quasiment disparu de la vie de la mère de Christelle. Sa mère est divorcée, elle vit seule.
Les grands-parents paternels sont morts accidentellement quand le père de Christelle avait 4 ans. Il a été élevé par la sœur de sa mère, mené durement à cause des conditions de vie précaires de cette famille. Il est remarié à une femme que Christelle compare au beau-père de sa mère : dure, malveillante. Elle voit peu son père pour ne pas être confrontée à sa belle-mère.
L’animatrice demande à Christelle de choisir dans l’assistance une personne pour son père, une pour sa mère, une pour chaque grand-parent (biologique et en secondes noces) et une pour elle-même (elle va ainsi pouvoir apprécier la composition familiale mise en place de l’extérieur et s’en imprégner).
Christelle choisit, un à un, en laissant faire son intuition, les substituts et les place dans l’espace selon son inspiration et non selon son mental comme cela lui a été demandé. Une première image de la composition familiale est donc mise en scène, elle est l’image de la croyance actuelle de Christelle.
Les parents se tournent le dos, la représentante de Christelle est proche de son père et lui cache la mère. Les grands-parents sont placés assez loin des père et mère, derrière eux. L’animatrice fait allonger les grands-parents paternels morts depuis très longtemps et de même le grand-père maternel mort jeune lui aussi. La grand-mère maternelle est debout, contre son deuxième époux.
L’animatrice, après avoir demandé à Christelle de reprendre sa place dans le cercle et de devenir observatrice de ce qui va se passer, propose aux représentants des membres de cette famille de se concentrer et surtout de quitter toute attitude intellectuelle et interprétative. Les substituts, en liaison avec l’inconscient familial de cette famille, ne seront qu’un canal, au service de Christelle et de son clan, et ils vont exprimer, sans réfléchir, ce qui leur vient spontanément.
L’animatrice demande, en premier lieu, à chaque membre représenté ce qu’il ressent à cette place.
Le père : je suis très triste et en même temps très en colère.
La mère : je voudrais que ma fille soit proche de moi et pas de son père, cela me gêne. Je ne vois personne, il n y a rien devant moi, je me sens seule.
Le grand-père paternel : je ne ressens rien, je suis en-dehors de tout çà.
La grand-mère paternelle : moi aussi, je suis ailleurs et cela ne me concerne pas.
Le grand-père maternel : cela m’agace qu’on me remette dans cette famille, je suis loin de tout çà, je n’ai pas envie de les supporter. Je suis furieux après ma femme.
La grand-mère maternelle : je ne veux pas voir cet homme allongé (son premier mari) et je n’aime que celui là (elle prend le bras de son deuxième mari) et je ne veux voir que lui.
Le deuxième mari de la grand-mère maternelle : (se serrant contre sa femme) : j’aime cette femme et je ne veux qu’elle, pas tout le reste, je veux qu’elle n’aime que moi (ils se regardent en souriant).
Christelle : je suis toute proche de mon père comme si je devais le protéger et je tourne le dos à ma mère, je n’ai pas envie de la voir, elle m’exaspère. Elle est pleurnicharde.
L’animatrice va faire se confronter les grands-parents maternels en les plaçant face à face, elle leur fera exprimer leurs souffrances et les leur fera reconnaître, ils pourront ensuite trouver la place qui leur convient en ayant chacun respecté l’autre. Il sera fait de même pour les parents de Christelle. Ils vont répéter des phrases « rituelles » qui leur feront prendre conscience de l’acceptation des souffrances de leur partenaire et donc de la compréhension de leur situation conflictuelle. Ils n’ont pas à se pardonner ou avoir des gestes l’un envers l’autre, ce sont les substituts qui expriment au plus juste la situation réelle, l’animatrice ne fera que suivre leurs indications. Par exemple, la mère pourra dire au père : « je suis désolée de t’avoir trompé, je ne pensais pas faire autant de mal ». Le père : « je comprends les souffrances subies par l’attitude de ton beau-père, je n’en avais pas conscience, je les reconnais mais je ne te pardonne quand même pas de m’avoir trompé, je te laisse à ton destin ».
Il devient vite évident que l’urgence pour Christelle est de remettre les fardeaux qu’elle porte pour sa famille maternelle, la famille paternelle étant quasi inexistante (il faudra sans doute revenir à une prochaine constellation à ce niveau).
L’animatrice déplace les figurants : Christelle est face à son père et à sa mère, derrière eux sont placés les grands-parents comme sur un arbre généalogique. Christelle est d’abord confrontée à sa mère : elle ne souhaite pas s’approcher d’elle, la tension est palpable. La mère manifeste sa tristesse, elle reconnaît qu’elle est envahissante et exprime le fait qu’elle est désolée d’avoir tellement pesé sur la vie de sa fille. Christelle déclare combien sa mère lui a manqué en tant que mère, elle reconnaît que sa mère a souffert elle-même d’un manque de mère, elle a du mal à aller vers sa mère. Un long échange a lieu pour aller vers plus de compréhension. Elle finit par accepter de remercier sa mère pour lui avoir donné la vie. Elle veut bien l’honorer en tant que mère mais tient à ce qu’elle sache qu’elle ne veut plus supporter toute cette souffrance ; l’animatrice lui donne un sac très lourd et lui propose de remettre cette charge qui représente tout le poids qu’elle a porté pour sa mère et dont elle ne veut plus. Christelle le fait et sa mère accepte le poids par amour pour sa fille mais elle exprime sa difficulté à le supporter, elle se tourne vers sa propre mère et lui donne cette charge, sa mère l’accepte (toutes ont retrouvé leur dignité en reprenant chacune les fardeaux qui leur appartiennent). Elles sont toutes les trois soulagées et le déclarent. Christelle peut alors faire un pas vers sa mère et la laisser la prendre dans ses bras ; la mère pleure de soulagement.
Un travail similaire est fait avec le père, l’animatrice indique à Christelle la possibilité d’honorer ses parents : elle met un genou en terre et s’incline devant eux en les remerciant de lui avoir donné la vie. Les parents sont invités à mettre leur main sur la tête de leur fille et de lui donner leur bénédiction. Tous semblent apaisés. Christelle peut alors les embrasser.
La vraie Christelle est maintenant invitée à remercier son substitut et à prendre sa place devant ses parents, elle honore à son tour ses parents en les remerciant pour lui avoir donné la vie. Ils sont invités à poser les gestes qui leur viennent.
L’animatrice lui indique qu’elle est désormais libre de ce qui l’encombrait jusque-là et qu’elle peut tourner le dos à son clan maintenant qu’elle n’a plus besoin de le contrôler. Sa famille est là pour la soutenir et l’encourager désormais, elle peut compter sur eux et leur bienveillance.
L’animatrice suggère à Christelle de partir vers son objectif, vivre dans la joie et le plaisir, en sentant la force de son clan qui la soutient, elle se dirige vers son destin, allégée de fardeaux qui ne lui appartenaient pas et l’empêchaient de parvenir à trouver des solutions à ses problèmes.
Les substituts tournent sur eux-mêmes pour reprendre leur identité et rendent dans leur cœur (ou en le nommant à la constellante) la personnalité qu’ils représentaient. La constellante les remercie tous. Elle garde en elle toute l’énergie qu’elle vient d’acquérir. L’animatrice prie l’assistance de ne plus faire de commentaires sur ce qui vient d’être vécu et qui appartient à la constellante. Cela fera son chemin, parfois un long moment…
Catherine Labbé :
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Galina Husaruk :
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Prochains séminaires :
12 et 13 mai 2007
16 et 17 juin 2007
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