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Rejet et abandon : comment les différencier ?

Force est de constater que pour nombre d’entre nous, ils s’avèrent difficile de distinguer le sentiment de rejet de celui d’abandon. Pour plusieurs, ils sont similaires et, à la limite, identiques.

Or, ils se caractérisent par des particularités propres à chacun. Par cette chronique, j’espère vous les présenter de façon à ce que vous n’ayez plus d’ambigüité à ce sujet.

Voici donc en premier lieu le sentiment d’abandon

Pour qu’une personne éprouve un sentiment d’abandon, un préalable est nécessaire, notamment celui de croire au fait d’avoir été abandonnée lorsque celle-ci était encore un tout jeune enfant ou préadolescente…… mais pas par n’importe qui. Il s’agit ici de l’adulte du sexe opposé en qui elle avait placé sa confiance quant à sa capacité de combler ses besoins vitaux et, tout particulièrement, ses besoins physiques, puisque sans nourriture ni vêtements, sa survie était réellement en danger. Or, pour des raisons que cet enfant ne contrôlait pas, cet adulte est sorti de sa vie, soit suite à un décès ou à un divorce, ou encore quand l’enfant a été donné en adoption. Comme le cerveau rationnel de l’enfant n’a pas encore terminé son développement, la dimension émotionnelle prévaut et celui-ci vit l’événement comme un abandon, ce qui déclenche en lui la peur du manque car il se sait incapable, à ce stade de sa croissance, de combler ses besoins lui-même. Une partie de lui se croit réellement en danger car il lui est impossible de savoir que d’autres personnes autour de lui prendront la relève du parent décédé ou du parent qui a quitté volontairement le foyer sans plus donner de ses nouvelles. Il ressent une profonde insécurité parce qu’il a la sensation d’avoir perdu son « poteau » en la personne disparue ou partie.

Mais, quelles que soient les circonstances entourant le départ du parent, un lien a été rompu. De quel lien s’agit-il ? Celui de la confiance. Une cassure a eu lieu qui aura des répercussions importantes sur la façon dont ce futur adulte établira des liens avec les autres, et surtout avec le sexe opposé. Avec l’immaturité propre à ce stade de développement et à son irrationalité, l’enfant tire la conclusion – erronée-, que son parent l’a quitté parce qu’il ne l’aimait pas. Non seulement grandit-il; avec la croyance – comprendre sensation -, que personne ne l’aime, mais que personne ne peut l’aimer. Et, c’est bien là tout le drame ! Si ce parent du sexe opposé n’a pu rester (ici, comprendre aimer) pour s’occuper de lui, qui le fera. Cela lui prendra des années à se défaire de cette croyance et façon de percevoir les choses.

L’enfant qui grandit avec la croyance qu’il ne peut être aimé développe l’un ou l’autre des comportements suivants : soit qu’il recherche à être aimé à tout prix, voire à n’importe quel prix, et qu’il devient soumis à ceux qui prennent soin de lui même quand il est hautement insatisfait du milieu dans lequel il grandit, soit qu’il déclare à qui veut l’entendre qu’il n’a pas besoin des autres, qu’il est capable de faire s’arranger tout seul. Son entourage est porté à croire qu’il est indépendant mais ceci n’est pas un signe d’autonomie. Loin de là ! Ce n’est que de la poudre aux yeux. L’enfant devient adulte, certes, mais en lui sommeille l’enfant en manque de sécurité. Une anxiété profonde l’habite quant à sa capacité de voir lui-même à ses besoins. Sa plus grande peur est de se retrouver seul dans un milieu qui ne lui est pas familier. Il se sent tout à fait démuni devant l’inconnu. Il en perd tous ses moyens. D’ailleurs, il entretient un dialogue intérieur qui tourne autour de :

– Mais qu’est-ce qui va m’arriver si telle ou telle chose survient ? 
– Je ne suis pas capable….. Je ne serai jamais capable. Je n’y arriverai jamais tout seul. 
– Si je ne fais pas ce qu’il ou elle demande, il (elle) me quittera et je vais me retrouver seul avec toute la charge…….

La personne s’étant sentie abandonnée a constamment peur de perdre l’autre sans trop savoir pourquoi cette peur l‘habite.

Elle recherche le soutien des autres et peut même se mettre en situation précaire pour prouver à son entourage qu’elle a réellement besoin d’eux. Elle se sent en sécurité en présence de ses proches et recherche leur compagnie. Par conséquent, elle va difficilement vers des étrangers car cela lui rappelle l’angoisse d’avoir eu à faire face à l’inconnu quand elle a dû être prise en charge par quelqu’un autre que son parent du sexe opposé. Elle s’accroche à ses proches et est peu aventureuse seule. Par contre, en bonne compagnie, comprenons ici en sécurité, elle peut se révéler le clown du party.

Cette personne développe un caractère dépendant pour s’assurer que les autres continuent de s’occuper d’elle. Elle peut même aller jusqu’à dramatiser  – comprendre ici exagérer les faits -, quand elle sent que l’attention des autres n’est plus centrée sur elle. Inventer des histoires pour se rendre intéressante aux yeux des autres est aussi dans la gamme des choses possibles. Bien que la personne soit consciente de mentir, son intention consiste plutôt à s’assurer que les autres lui soient attentifs.

Sa plus grande peur étant de vivre isolé, solitaire, coupé des autres et se sentant impuissant, démuni et incapable de faire quelque chose pour lui-même et par lui-même, la personne aime bien s’occuper des autres car c’est sa façon de se rendre indispensable. Une fois y être parvenu, elle se sent en sécurité parce qu’elle se dit à elle-même que l’autre ne pourra plus se passer d’elle. Mais comme ce sentiment de sécurité passe par le bon vouloir de l’autre (ou des autres), celle-ci se place dans une situation précaire car, dès le moment où l’autre donne des signes de vouloir s’éloigner, son bouton panique s’active et commencent la valse des reproches, des tentatives de culpabilisation ou autres manœuvres de chantage. Bref, tous les comportements visant à contrôler la situation sont utilisés dans l’espoir que l’autre ne le quitte pas. Sans le savoir, la personne dépendante agit exactement de manière à ce que l’autre la quitte car ce dernier atteint un point de saturation tel qu’il n’en peut plus de répondre à de telles attentes. Il se sent étouffé et finit par quitter épuisé !

L’adulte souffrant de la blessure émotionnelle d’abandon cherche à se sécuriser en tentant de se donner une stabilité matérielle et, surtout, monétaire. Les dépendants sont les plus aptes à faire de économies toujours par peur du manque parce qu’ils y croient. Ils sont aussi portés à demeurer dans des relations dysfonctionnelles parce qu’ils n’ont pas la force intérieure de partir puisque, pour eux, cette décision est synonyme d’abandonner l’autre. Or, ayant tellement souffert d’avoir été abandonné – du moins, selon leur perception des faits -, ils n’oseront certainement pas faire à quelqu’un ce dont ils ont eux-mêmes souffert.

Maintenant, regardons ensemble le sentiment de rejet

Le sentiment de rejet découle de la sensation que personne ne veut de soi. « On sait bien, personne ne veut de moi » sont les mots les plus fréquemment pensés ou prononcés par une personne se sentant rejetée. En effet, elle croit être rejetée à cause de ce qu’elle est.

Cette impression de rejet vient de l’expérience d’avoir été ignoré (et non rejeté) durant sa tendre enfance par le parent du même sexe, très préoccupé qu’il était par sa carrière, par exemple. Peut-être même ignorait-il le besoin de nourrir le sentiment d’appartenance de l’enfant envers la cellule familiale. Quelle qu’en soit la raison, ce dernier a grandi avec l’impression que sa présence n’affectait que très peu les personnes en charge de lui. Il en a tiré la conclusion qu’il comptait peu pour les autres, d’où la croyance qu’il n’est pas important. Adolescent, Il devient soit le rebelle qui revendique le respect des autres à hauts cris ou le taciturne qui garde tout à l’intérieur de lui-même. D’ailleurs, ce dernier est le plus susceptible de se suicider du fait qu’il se convainc que sa présence ne compte pour personne. Enfant sage en apparence, étant peu dérangeant, personne ne soupçonne la profondeur de son désespoir.

Mais avant d’atteindre ce niveau de détresse, et pensant se prémunir de la souffrance d’être ignoré, donc du sentiment de rejet, l’enfant développe ce qu’on peut appeler un comportement fuyant. Devant toute situation comportant un potentiel de conflit, sa réaction primaire consiste à fuir. D’ailleurs sa plus grande peur est d’être témoin ou pris à partie dans un conflit puisque, pour lui, toute situation tendue est synonyme de rejet. Lors d’un différend, il ne reste pas longtemps dans les parages pour savoir s’il sera ou rejeté ou pas. Dès que la tension monte, il n’est déjà plus là car il panique à l’idée d’être impliqué dans une chicane ! Ce choix lui permet de se sentir mieux sur le coup mais, à plus long terme, cette décision lui sera préjudiciable car il n’apprend pas la manière de régler les conflits quand ceux-ci font surface. Et l’on ne peut fuir durant toute une vie puisque ce que l’on fuit nous suit !

Une autre réaction propre à la personne souffrant de la blessure de rejet consiste à vouloir disparaître, à se faire toute petite espérant ainsi passée inaperçue parce qu’en devenant invisible, elle croit ne plus s’exposer à aucune critique, de n’être donc plus l’objet de rejet. De façon générale, on observe que le corps d’une telle personne est filiforme, mince, voire maigre, avec un teint plutôt blafard. Possédant peu de charisme ni présence, elle est le genre à passer inaperçue dans un groupe, tellement son désir est grand de ne pas faire de vague. Bien qu’on puisse la voir, l’attention qu’on lui prête est si peu prononcée qu’on en oublie sa présence. Bien qu’une partie d’elle désire ardemment appartenir au groupe, elle arrive difficilement à s’intégrer à cause de sa très forte croyance en sa nullité. D’ailleurs, son dialogue intérieur tourne autour de phrases du genre :

– On sait bien, moi, je ne suis pas importante.
– Je ne compte pour personne. Mes besoins ne comptent pas.
– Personne ne veut de moi. 
– Je suis nul(le), je ne vaux rien.

Mais quand on y regarde de plus près, cette personne est en fait elle-même son pire ennemi tellement elle se rejette. Elle n’a pas besoin de l’aide de quiconque dans ce domaine ! Elle le fait déjà très bien par elle-même en entretenant sans cesse des pensées d’autocritique, se diminuant presque sans arrêt; elle s’enlise de la sorte dans un véritable enfer intérieur. Quand la souffrance devient trop pénible à supporter – il est question ici d’une stratégie de survie -, elle se déconnecte autant de ses propres émotions que des autres.

Qu’il s’agisse du sentiment d’abandon ou de rejet, les deux sont des états émotionnels grandement douloureux qui découlent de dialogues intérieurs entretenus par la personne elle-même. Tant que sa perception demeurera à l’effet que ce sont les autres qui l’abandonnent ou la rejettent, il s’avérera impossible pour elle d’arrêter de souffrir car cette perception en est la cause même ! Dès que la personne devient consciente du fait que ses dialogues intérieurs sont activés par une perception d’abandon ou de rejet, il est très important de remettre cette dernière en question immédiatement afin de ne pas y accorder davantage de crédit car elle ne correspond pas à la réalité.

Parce que la personne a perçu une potentialité d’abandon ou de rejet, elle croit qu’elle le sera et, peu à peu, elle élabore un scénario intérieur à travers duquel elle interprète les faits et gestes des autres. À partir d’une possibilité, elle conclut à un abandon ou à un rejet. Parce qu’elle prête des intentions aux autres sans vérifier avec les personnes concernées – bien sûr ! -, dans sa tête, la marge entre la fiction et la réalité s’estompe peu à peu pour finalement disparaître. Elle se convainc elle-même du bien-fondé des ses perceptions. Et tout ceci se passe en circuit fermé dans ses pensées.

Quand une personne accorde du crédit à ce genre de scénario en croyant ce qu’elle se dit à elle-même, ses pensées finiront par avoir une emprise telle sur elle qu’elle souffrira de plus en plus. Parce qu’elle croit être rejetée, elle devient rejetable par le fait même. Et voilà comment elle s’embourbe et piétine dans un cercle vicieux qui peut durer des années, voire des vies entières.

Heureusement qu’une telle situation n’est pas irrémédiable. Il est possible de s’en sortir par le biais d’une bonne thérapie, par exemple, ou par d’autres moyens. Par contre, force est de constater que de s’en sortir par soi-même se révèle tout un défi car comment prendre du recul par rapport à quelque chose que l’on croit réel ? Habituellement, le regard impartial d’une personne neutre s’avère nécessaire pour renvoyer à la personne une vision différente des faits et de l’amener à se repositionner intérieurement et spirituellement vis-à-vis ce vécu de souffrance.

Avant de terminer, j’aimerais vous laisser avec les deux pensées suivantes sur lesquelles je vous invite à réfléchir :
Tout est le résultat de quelque chose qui nous habite.
et
Qui sait mieux fait mieux !

Si vous avez des questions ou commentaires, vous trouverez mes coordonnées ci-dessous.

Que l’amour de Dieu vous recouvre de son manteau de tendresse et douceur,

Odette Pelletier
Auteure du livre «Refaire les connexions»
Thérapeute en relation d’aide – Membre de l’A.N.N. (reçu pour assurances disponible)
Conférencière – Ateliers de développement personnel

Adresse :
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Courriel : [email protected]

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