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L’ÉDUCATION SOMATIQUE, POUR S’EXERCER À QUOI ?

En éducation somatique, je ne fais pas d’exercices, ce n’est pas la souplesse du corps qui m’intéresse. Cela peut sembler paradoxal. Et pourtant!

L’ÉDUCATION SOMATIQUE

«Être ou ne pas être… Rêver, dormir peut-être?» se demandait Hamlet, en pleine période de bouleversements, entre le Moyen âge et la Renaissance. Nous aussi, nous sommes en pleine période de transition. Mais nous ne savons pas vers quoi!

L’éducation somatique, ce ne sont pas des cours pour apprendre à dormir, même s’ils peuvent contribuer à améliorer la qualité de son sommei! Et si c’était des cours pour apprendre à s’éveiller? Pour explorer une autre façon de passer à l’action que celle que nous connaissons déjà?

Comme de plus en plus de gens le savent, l’éducation somatique est un nouveau champ disciplinaire qui regroupe des méthodes développées depuis plus d’un siècle et orientées vers l’apprentissage de la conscience du corps en mouvement, en relation avec l’environnement.

Une méthode d’éducation, cela ne consiste pas à dire aux gens ce qu’il faut faire, c’est enseigner, s’approprier une manière d’apprendre et d’inventer comment s’y prendre pour devenir plus compétent. Le mot «soma» vient du grec et depuis Hésiode, signifie «corps vivant». Peut-on développer sa compétence à devenir un «corps» plus «vivant», à devenir plus libre dans ses choix?

Un peu à la manière de Matthias Alexander à la fin du XIXe siècle (à l’origine de la Technique Alexander), Moshe Feldenkrais disait souvent: «quand on sait ce qu’on fait, on peut faire ce qu’on veut.» L’apprentissage de la liberté passerait donc par celui d’un mouvement senti et vécu de l’intérieur?

Je n’ai pas connu cet homme décédé en 1984, qui a été le créateur de la méthode d’éducation somatique que je pratique, développée à partir des années ‘40. Moshe Feldenkrais, juif russe d’origine, a passé l’essentiel de sa vie en Israël et en Europe. Polyglotte, il détenait un doctorat en génie mécanique et en sciences physiques. Il a travaillé en recherche nucléaire avec Frédéric Juliot et Irène Curie. Il fut le premier européen à obtenir une ceinture noire en judo et accumula une longue expérience dans l’enseignement des arts martiaux.
 
La synthèse de ces expériences antérieures mêlée d’une grande curiosité pour la linguistique, la biologie, la neurophysiologie, la psychologie, le développement périnatal et les sports, lui permit de réapparendre par lui-même à marcher à la suite d’une blessure au genou. Incident insignifiant, n’est-ce pas? Les voies de la création sont parfois impénétrables! Combien de fois ne passons-nous pas à côté de possibilités d’inventer du nouveau, plutôt que de nous lamenter sur notre sort?

Cette découverte personnelle le mena à cette démonstration originale que l’organisation du mouvement corporel était le meilleur indicateur non seulement des processus mentaux, mais du fonctionnement global du système nerveux. Depuis lors il n’a cessé de poursuivre ses recherches, comme le font de nos jours les  milliers de praticiens formés à cette méthode à travers le monde.

Sa curiosité l’a même amené à s’intéresser au travail des acteurs, ce qui fait qu’il a donné des stages chez Peter Brook. C’est par le biais de ma pratique de comédienne, puis de metteure en scène et de professeure, que je suis entrée en contact avec cette méthode. Mais les acteurs ne sont pas les seuls êtres humains munis d’un système nerveux, de processus mentaux intimement liés à leur mouvement corporel, non?

C’est en réfléchissant, dans ma thèse de doctorat en études françaises, sur les liens à rétablir entre le mouvement et la parole au théâtre, en m’interrogeant sur les esthétiques à la mode dans les années ‘80, que j’ai commencé à m’intéresser au champ global de la somatique, aux nouvelles théories sur la biologie de la connaissance, et à mettre en chantier un travail pour les acteurs, particulièrement à partir des principes et statégies que j’ai appris à mieux indentifier à travers ma formation à l’enseignement de la méthode Feldenkrais.

La plupart des créateurs de méthodes d’éducation somatique, venus d’horizons différents (du domaine des sciences comme de celui des arts), se sentaient handicapés par une maladie ou suite à un accident quand ils ont commencé à élaborer ce qui est bien plus que des «techniques» ou des «trucs». Ils ont  souvent vécu dans des périodes et des environnements difficiles.

Moshe Feldenkrais, tout comme Lily Ehrenfried  par exemple (à l’origine de la méthode de Gymnastique holistique), ont oeuvré en pleine guerre mondiale. Il est clair que leur intention n’était pas de faire de la relaxation, d’améliorer leur image corporelle, ni même de guérir quoi que ce soit. Ils ont pris position non seulement du côté de la survie, de l’amélioration de la qualité de la vie, mais de l’écoute de soi et des autres. Comment aider les gens à devenir plus libres, à développer leur potentiel d’action, même à l’intérieur de conditions de vie très contraignantes?

On ne crée pas, en général, dans le confort ni sur commande! La quête est toujours plus urgente et plus profonde. Mais on peut apprendre, dans des conditions confortables, à devenir plus fort lorsque celles-ci ne le sont plus. Il est très important, en éducation somatique, de travailler dans des environnements protégés et sécuritaires, comme devraient le faire les enfants, afin de développer une sécurité intérieure qui permette d’augmenter sa tolérance et sa compétence à explorer l’inconnu et l’inhabituel!

S’EXERCER À LA CONSCIENCE, PAR LA CONSCIENCE DU MOUVEMENT

Ce sont les paroles de Moshe Feldenkrais que je m’approprie quand j’affirme à ma façon: «Ce que je recherche, ce n’est pas la souplesse du corps, mais la souplesse de l’esprit. Ce que je recherche, c’est à restituer à chaque personne sa dignité humaine.»

Il n’y a pas de prérequis pour s’inscrire à des cours d’éducation somatique. Le prérequis, c’est que nous sommes des vivants et que notre façon de bouger témoigne de notre histoire. La méthode Feldenkrais permet d’apprendre aux nouveaux-nés tout comme aux personnes âgées, aux personnes à mobilité réduite, tout comme aux athlètes de pointe ou aux artistes, aux acteurs, ces «athlètes affectifs»! Il y a  évidemment des modalités différentes pour s’adresser à ces différents apprenants!

Il existe des leçons de groupe de Prise de Conscience par le Mouvement. Je guide alors les participants à l’aide de directions verbales dans des explorations de mouvements qui impliquent de penser, sentir, bouger et imaginer. L’accent est mis sur l’apprentissage des mouvements les plus adaptés à une meilleure utilisation de la gravité: assis sur une chaise, debout, dans différentes configurations au sol… Le but est de favoriser une utilisation minimale d’effort, une perception maximale des sensations kinesthésiques et une efficacité de l’action dans l’environnement.

Dans les leçons individuelles d’Intégration Fonctionnelle, je guide l’apprentissage dans des séquences de mouvements, non seulement à l’aide de la parole, mais aussi du toucher. Je construis une leçon spécifique dans le but de répondre aux besoins de l’élève. Je lui propose par un contact manuel, dans une sorte de dialogue non verbal, de nouvelles alternatives, qui lui permettront de s’organiser de manière plus efficace dans le mouvement, et dans l’ensemble de son comportement.

La Prise de Conscience par le Mouvement, tout comme l’Intégration fonctionnelle, s’adressent à la globalité du système nerveux, donc à l’ensemble de la personne, tant au plan sensoriel, qu’émotif et intellectuel.

Il est important pour moi, en tant qu’artiste et éducatrice somatique, de m’inscrire dans une société qui valorise la liberté et la dignité humaine, c’est-à-dire la prise de conscience et le développement du potentiel humain. Je favorise le développement de technologies de pointe, peu coûteuses et extrêmement performantes: le cerveau humain demeure la plus grande merveille inventée à ce jour par la nature. Est-ce pour nous détruire? Pour régresser?

On ignore encore beaucoup trop que l’esprit naît du corps, et que la conscience naît du mouvement. Complexité et simplicité vont toujours de pair. Nous accordons peu d’importance à ce qui semble évident. C’est pourtant en apprenant à observer différemment  ce qui semble évident que sont nées de grandes découvertes scientifiques, comme de grandes oeuvres d’art. Pourquoi pas notre propre liberté? La survie de l’humanité en nous?

Si vous voulez prendre des vacances à Montréal cet été, venez donc faire l’essai d’une leçon d’éducation somatique! Si vous envisagez un automne différent, pourquoi ne pas vous intéresser dès maintenant à intégrer cette pratique à votre quotidien? Venez découvrir un autre type d’exercice!

Pour en savoir plus, visitez le site: www.oguimond.com;
ou contactez Odette Guimond
à l’adresse suivante: [email protected],
au 514-522-8027
ou au 1012, avenue du Mont-Royal est, bureau 107,
Montréal, Québec, H2J 1X6.

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