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La Caravane Amoureuse

Marc Vella, pianiste itinérant, a parcouru plus de 120 000 Kms en 18 ans, à la rencontre des peuples et des musiques, avec son piano à queue, sur les routes du monde à travers « La Caravane Amoureuse ».

Une déclaration d’amour au monde et un appel urgent à la mobilisation générale.

Pour Marc, il s’agit d’exprimer l’émotion face à la beauté du monde, à la beauté des êtres… « La Caravane Amoureuse invite à la Rencontre avec les autres et avec soi-même, afin de s’émerveiller devant les miracles de la nature et de chaque être humain. » Marc Vella, prix de composition à Paris et prix de composition à Rome au TIM 1999 a enregistré à ce jour huit disques et forme les êtres à vivre la musique autrement en faisant prendre conscience à chacun de son talent spontané par l’improvisation musicale.

Il est auteur d’un récit autobiographique « Le pianiste nomade » et d’un conte mystique et poétique « Le funambule du ciel ». Un film a été tourné sur La Caravane Amoureuse « Le Pianiste des Sables ».

Voici l’un de ses plus récents écrits.
« Le dernier bain »
Permettez-moi de vous livrer maintenant une banale histoire de vie. Deux êtres s’aiment à en mourir mais ne peuvent vivre ensemble. Il n’y a pas de solution à ce triste constat. Quand il n’y a pas de solution, il faut aller résolument vers le silence, s’en retourner à soi-même, au jaillissant du soi… Pour ne plus entendre la douleur qui déchire, lâcher le cœur qui pleure et soupire, la tête lourde et obsédante de pensées qui vont, va et reviennent sans cesse… La folie est là, installée depuis trop longtemps en moi, à me grignoter l’âme… Alors, le jour de la treizième lune, j’ai dit stop…

Connaissez-vous l’histoire des deux oiseaux qui s’aimaient de R. Tagore ? L’un vivait dans une cage, l’autre dans la forêt. Celui de la cage disait à celui de la forêt : " Viens dans ma cage, tu y seras en sécurité " et l’autre de lui répondre ; " Dans ta cage, je me sentirais à l’étroit. Toi, viens plutôt dans ma forêt, je t’apprendrais à voler librement. " " Dans ta forêt, je me perdrais et j’aurais peur, rejoins-moi dans ma cage, là, je t’apprendrais des chants savants. " Et l’autre de dire : " Que m’importe tes chants savants, dans ma forêt, je t’enseignerais des chants secrets. " Ils s’aimaient mais ne pouvaient voler ailes à ailes… Moi, j’ai aimé un oiseau qui, quand je volais en haut, volait en bas et qui lorsqu’il volait haut, je me mettais à voler bas… "

Comment expliquer ce mystère ? Dans nos voyages verticaux de ludions, nous finissions toujours par nous croiser. Pendant de courts instants alors, nous nous aimions à en faire frémir les étoiles… à un moment donné, j’ai perdu toute joie, car je la cherchais en permanence. Quand j’étais dans les cimes, je scrutais les abîmes en espérant l’apercevoir et lorsque je volais près du sol, mon regard se perdait au zénith… Obsédé par son absence, j’étais perdu par l’amour… Partout où j’allais, j’étais plein d’elle et vide de moi… Il y a quelques jours, elle est venue… Nous avons pris un bain ensemble, elle s’est déshabillée devant moi avec cette grâce qui a souvent hanté mes nuits solitaires, puis s’est coulée contre moi amoureusement… Je n’avais qu’une envie, l’attraper, la caresser doucement, lui lisser ses cheveux, l’aimer…

Elle est tellement belle, avec son vol d’hirondelle, rapide et imprévisible, insaisissable et tellement voluptueux… Alors dans ce bain de la treizième lune, je lui ai dit non, nous ne volerons plus ensemble… Essayons encore me fit-elle, avec une fêlure dans la voix. Non, il n’y a pas de solution à cet amour. Te dire non m’est insupportable, mais quels réels partages se dessinent dans ces danses de vie qui ne nous rapprochent que trop rarement ? Ce que nous recherchons, nous ne savons le conjuguer au nous, et même si nous recherchons la même chose, nous ne le faisons pas au même moment.

Quand j’ai faim à midi, toi, tu manges à trois heures, quand je m’en vais dormir à vingt trois heures, toi tu t’éveilles… Nous sommes deux oiseaux magnifiques, et sommes émerveillés l’un de l’autre. Et pourtant, il y a un problème… Le problème vient des vents qui soufflent sur nous… Les vents ont toujours été des énigmes, on n’a jamais vraiment su d’où ils venaient et où ils allaient, c’est ainsi. En ce qui nous concerne, par un mystère incroyable nous ne sommes pas poussés par les mêmes vents alors que nous nous trouvons au même endroit, et lorsqu’il arrive qu’un même zéphyr nous emporte, nous ne ressentons pas ses caprices de la même façon… Comment voler ailes à ailes quand il en est ainsi, mon tendre amour ?

Combien de fois, durant ces dernières années, nous nous sommes attendus à en pleurer, nous nous sommes espérés à en tomber malade… Que faire, quand les vents voilant nos âmes eux-mêmes nous séparent ? M’en vouloir, t’en vouloir ? Mais de quoi ? O mon bel oiseau si tu savais comme je t’aime encore… Depuis ce terrible non, chaque jour et nuit, je te pleure jusqu’au tréfonds de mon être… Confrontés à nos contradictions et souffrances réciproques, nos liens ne pouvaient que casser. Dieu que ça fait mal quand ces attaches-là se brisent ! Toi qui me lis, si tu t’es séparé d’un être que tu as profondément aimé, tu comprends ce que je veux dire… C’est une souffrance horrible, tu ne manges plus, ne dors plus, tu rêves et penses tout le temps à cet autre, tes cellules crient famine de cet autre, ton âme, ton cœur, ton corps, tout ce que tu es se meurt de l’absence de cet autre que tu aimes à mourir… Mais là encore, cette douleur est cadeau. Je sais que ce non à dire était nécessaire, la réponse juste à cette épreuve formidable que le ciel m’a offert. Ce non m’offre à moi-même plus d’amour, un affranchissement de cette emprise jusqu’à l’envoûtement, un lâcher prise qui m’emmène vers le don de soi, celui d’imaginer l’autre heureux dans sa vie propre. Tu lui souhaites le meilleur, jusqu’à être en joie…

Oui, pour guérir de la douleur, il faut aimer plus encore. La douleur t’apprend l’amour avec un petit a. L’amour humble et silencieux, libéré de toute passion, touchant la sérénité, devenant pur accueil de ce qui est. Maintenant, il est temps pour moi de retrouver la paix. Pour cela, il me faut choisir le calme de la solitude, retourner à la création, au piano, me remettre au service de ma foi en l’humanité… Il me faut revenir à moi et rien qu’à moi, seul… Parce que je sais que mon ciel intérieur est plein de lumière joyeuse et mes ombres m’offrent de l’infini qui me fait respirer. Oui, je suis souverainement bien en moi. Dans le quotidien du monde, trop de bruit et trop de préoccupations futiles à mes yeux. Je ne sais pas parler pour rien dire et ni m’agiter pour remplir le vide.

L’exubérance me fait fuir, les conversations mondaines m’ennuient, je ne sais pas boire et la fumée des cigarettes me rend malade, les dîners qui n’en finissent pas m’exaspèrent. Une seule chose m’inspire : le fragile partagé. J’ai soif d’âmes fendues comme les robes des femmes, afin que transparaissent nos folles espérances pour le monde et nous-mêmes, j’ai soif de poésie et d’imaginaires qui se débrident dans la délicatesse. J’ai soif de profond libre. Et puis retourner à mes vieux amours, refaire de la musique afin de toucher de nouveau le silence. Réécrire au petit matin à la lueur d’un bâillement de Dieu. Ami, je vais te révéler un secret me concernant…

Quand je suis avec moi-même dans le silence, je plonge au plus profond de mon être, là où personne ne peut aller, au sanctuaire des sanctuaires, je retrouve une compagne incomparable : la solitude. Et tout d’un coup, comme par magie, dès que je suis dans ce cœur des cœurs, s’ouvrent de tout côté sur l’infini, des rideaux. Béance sur l’univers, je deviens réceptacle et je reçois l’inimaginable, l’impensable, l’éternel merveilleux.

Ceux qui ne connaissent pas cet état ne peuvent comprendre, ceux qui n’ont pas en eux cet appel de l’absolu, ne peuvent saisir ce besoin et très vite, on vous juge suffisant, arrogant, asocial, égoïste… Dans ces moments-là, je me sens très proche de tous ces grands artistes comme Bach ou Chopin en pleine création, inondés de grâce… Dans ces moments là, je me sens très proche de tous ces hommes et femmes qui ont choisi la vie monastique, reclus dans le silence et la prière. Dans ces moments là, je ne prie pas, je suis prière…

Pou mieux connaître Marc Vella par une entrevue :
http://www.routard.com/mag_invite.asp?id_inv=184

Ou pour en savoir plus au sujet de La Caravane Amoureuse :
http://www.marcvella.com

Pour en savoir plus sur Marie-France Giavarini et Gilles Colombel, nous vous invitons à visiter leur fiche sur Alchymed.

A propos de l'auteur

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