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Le point de bascule

J’ai vécu des relations difficiles avec les hommes et plus particulièrement avec mon père. Cela a duré pendant plus de 37 ans. Puis, un bon matin, un événement déclencheur a fait en sorte que j’ai décidé de me prendre en main.

Voilà l’essence de mon expérience me permettant de vous présenter en toute intimité ce qu’est pour moi le point de bascule…

L’apprivoisement de ce père
Mes parents se sont divorcés, je venais tout juste d’avoir huit ans. C’était en 1977. Ce fût pour moi une période très difficile. Premièrement, parce qu’avant le divorce, je les avais vus se battre. Même la police est venue réglée l’un de leurs conflits. Je ne comprenais pas que deux personnes qui s’aimaient pouvaient se déchirer autant ! Deuxièmement, c’est ma mère qui quitte la maison. Je n’ai même pas été préparé à son départ. Je venais de revenir d’une fête en l’honneur de mon anniversaire ! Et vlan, elle s’en va ! Quel choc ! Je reste avec un inconnu que l’on nomme mon père !

Suite au départ de ma mère, je n’arrive même pas à pleurer… Mon père fait tout pour nous occuper et surtout faire en sorte que l’émotion n’éclate pas au grand jour ! De toute façon, je ne pourrais pas pleurer, je suis complètement abasourdie ! Je ne réalise pas, du haut de mes huit ans, toute l’ampleur de ce qui arrive.

La nouvelle vie de famille monoparentale masculine s’installe peu à peu. J’apprivoise tout en douceur cet homme qu’on appelle mon père. C’est que je le connais à peine… Il n’a jamais été vraiment présent dans la vie de famille.

Convaincu qu’il a pris la meilleure décision de sa vie, mon père nous offre une présence réconfortante et aimante. Il suit même de nombreux cours afin de s’outiller pour être un parent efficace ! Nous participons même à des séminaires de familles efficaces. Je conserve d’excellents souvenirs de cette période : grande tendresse, fous rires, jeux familiaux, discussions, consensus, respect mutuel… Bref, la famille idéale !

L’arrivée de la nouvelle conjointe
Mon père a vécu des amourettes jusqu’à l’âge de mes douze ans. Là, c’est devenu du sérieux. J"ai vu mon père se transformer au contact de cette femme au prénom de Georgette. Il avait cet éclair dans les yeux que seul l’amour peut faire naître. J’aimais bien cette femme et surtout elle était très disponible et à notre écoute.

Un an plus tard, il nous offre, mes frères et moi, de déménager chez elle. Sur le coup, j’ai pensé à mes amies proches et au fait que j’allais les perdre. Mais il me rassure en me disant qu’il sera toujours possible de les voir. Nous aménageons en 1982 dans une ville qui m’est totalement inconnue.

La cohabitation avec cette nouvelle personne fut extrêmement difficile. Premièrement, elle vivait seule depuis quelques années et était habituée à sa routine. Nous devions donc répondre à ses nombreux critères afin de laisser sa vie avec le moins de bouleversements possibles.

Deuxièmement, le fossé des générations est énorme. Georgette a été éduquée par sa mère qui elle-même a été éduquée par sa grand-mère. Alors, la conception de la vie n’est vraiment pas la même et surtout la place de la femme.
Mais finalement, ce qui m’a fait le plus de peine, c’est l’absence de mon père. Depuis que nous habitons avec cette femme, il n’existe plus, il ne participe plus à la vie familiale et nous devons toujours obéir aux ordres de sa nouvelle conjointe. Mes frères et moi, ont a fait souvent la farce qu’on était dans l’armée sans même s’être engagés !

Mon départ de la maison
J’ai enduré ce régime jusqu’à l’âge de mes dix-huit ans ! J’ai profité de leur départ pour un week-end pour emménager avec mon chum, Sylvain. Nous avions eu une forte querelle Georgette et moi à propos de ma relation avec cette personne. Elle ne voulait plus me parler et pensait même quitter mon père parce que cela ne se faisait pas de côtoyer un gars à mon âge.

J’avais beau demander l’avis de mon père, lui demander de l’aide, lui expliquer que j’étais majeure. Rien n’y faisait… C’était le mutisme total ! Alors, quitter ce lieu fut pour moi la seule alternative valable. Mon plus jeune frère pleurait lors de mon départ : "Laisse-moi pas tout seul avec eux ! Qu’est-ce que je vais faire ? Ça me tente pas de vivre leurs disputes et leurs chicanes !"

Mon père a essayé de venir me chercher. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas vivre encore dans un tel contexte. C’était trop dur ! Mon choix était fait ! Il est reparti bredouille…

Nous ne nous sommes pas parlés pendant de longs mois. À chacune de ses tentatives de reprendre contact, il me demandait d’appeler Georgette et de m’excuser. En plus, il m’invitait à partager un repas avec eux sans mon chum. Je lui ai répondu non pendant un long moment jusqu’à ce qu’il accepte que mon chum soit présent. J’ai finalement présenté mes excuses à cette femme. Aujourd’hui, je sais que je n’avais pas à m’excuser mais bel et bien me respecter. J’ai fait ce geste uniquement pour préserver l’amour envers cet homme qui est mon père !

Une rupture
Suite à mes études universitaires à Québec, j’ai compris que ma relation avec Sylvain ne me convenait pas. Tout au long de mes études, j’ai travaillé pour le faire vivre et payer ses factures. D’ailleurs, il vantait les mérites de son copain qui s’était trouvé la femme idéale pour être un gigolo. J’ai mis du temps à comprendre le message. Il s’est rendu à mon coeur qu’à la suite de la mort de ma grand-mère.

La journée de sa mort, j’apprends que mon chum a utilisé l’argent du loyer pour se gâter et se payer du bon temps. Résultante : les propriétaires ne sont pas contents et réclament leur argent. Je suis tellement déçue et en même temps en colère d’avoir été trahie ainsi. J’appelle les propriétaires et je prends entente avec eux concernant ma part du loyer. Je communique avec Sylvain et je mets fin à la relation. Je déménage à Québec en juin 1992 chez mon oncle de façon transitoire.

En novembre de la même année, j’emménage avec deux colocs. Nous développons ensemble une belle complicité et une belle chimie. Nous avons de bons soupers, bien arrosés et nous nous amusons follement sur la piste de danse d’un bar tout près de chez nous. Ce fût une période très agréable de ma vie.

Une nouvelle relation
Ma coloc déménage temporairement à Montréal, le temps d’un contrat. Je me retrouve seule avec mon coloc, Martin. Ce qui devait arriver, arriva. Martin m’a déclaré son amour… J’en demeure estomaquée ! Mais mon coeur sait qu’il doit préciser qu’il n’est pas disponible à l’amour pour le moment… Peut-être plus tard…

La vie a mis sur la route de Martin une autre femme. La jalousie s’est installée en moi, tellement fortement que j’ai tout fait pour qu’il tombe en amour avec moi. Résultante : nous avons emménagé ensemble en juillet 1993. Pourtant, mon coeur sentait que l’appel était ailleurs.

En décembre 1994, j’ai été infidèle à cet homme. Je lui ai avoué ouvertement et lui ai expliqué que pour moi c’était un signe que j’avais besoin de me retrouver, d’être seule avec moi-même. Sa réponse : je t’aime malgré tout ton passé et je suis prêt à t’accompagner dans ce cheminement. Ma réaction : j’ai poursuivi la relation. Je n’avais pas le courage de me retrouver seule avec moi-même.

J’ai malgré tout entrepris une longue thérapie de deux ans et demie. Convaincue que cette thérapie me permettrait de m’aimer et par le fait même d’aimer cet homme, Martin. Pendant cette période, j’ai coupé les liens avec mon père et sa conjointe. Encore là, j’avais besoin de recul envers leur énorme emprise sur moi.

À travers cette thérapie, je découvre que j’ai été effectivement violée à l’âge de huit par mon cousin. Que cet abus a eu beaucoup d’impacts dans ma vie notamment mon besoin énorme de tout contrôler. Je ressens alors le besoin immense de parler à mon père de ce viol et par le fait même à sa conjointe. Lors de l’annonce, mon père sort du restaurant fumer sa pipe. Il ne m’en n’a jamais parlé par la suite. Ça m’a jeté à terre ! Il a toujours tout nier en bloc ! Georgette a essayé de me rassurer, mais rien ne pouvait me faire aussi mal que sa réaction. C’est comme s’il me disait que j’étais coupable ! Comment un père peut accuser sa fille ainsi !

Une nouvelle rupture
En septembre 2000, après un week-end tumultueux, Martin m’annonce qu’il part en raison de notre incompatibilité de caractère. Je tombe à la renverse ! Tu viens de le remarquer ! Je le sais depuis le début ! C’est toi qui m’as demandé de rester et c’est toi qui pars ! Belle trahison ! Mais la plus belle trahison fut celle que je me suis offerte pendant ces sept années de relation : ne pas être à l’écoute de moi-même et de mon âme !

J’avise mon père de cette rupture amoureuse et il réagit tellement fortement : "Comment veux-tu que quelqu’un t’aime ? T’es tellement contrôlante ! T’avais un bon gars, tu n’a pas su l’apprécier à sa juste valeur ! Tu n’as ce que tu mérites." J’ai tellement de peine suite à ce commentaire. Il y a du vrai quant à mon besoin de tout contrôler mais je crois que ce n’était tout simplement pas la bonne personne pour moi ! D’ailleurs, cela fait deux mois qu’on est séparé et je ne lui en veux plus. La personne à qui j’ai le plus de difficultés à pardonner, c’est moi !

Puis j’apprends lors d’un appel téléphonique que la conjointe de mon père ne désire plus me parler. Il ne peut me dire pourquoi et je dois attendre qu’elle soit prête pour me le dire. Après six mois d’attente, j’avise mon père que je mets fin à cette relation en raison de la douleur de l’attente et que c’est inhumain de poser un tel geste. Il me mentionne : " Si tu ne veux plus voir cette femme, alors tu ne me verras plus !" Ça vous rappelle quelque chose ?

Au cours de l’été 2001, je reçois un appel de mon père me disant qu’il avait quinze minutes à me consacrer. Je lui mentionne que si c’est le seul temps qu’il a pour sa fille, je ne suis pas disponible. Je ne lui plus reparlé au téléphone pendant un an et demi.

L’escalade
Mais les courriels n’ont pas cessé. Il faut dire que nous avons un penchant pour l’informatique dans notre famille. Il a eu une tentative d’une de ses soeurs de nous remettre en contact ensemble près d’un an plus tard. Les conditions ont resté les mêmes. Alors, il n’y a pas eu de rencontres.

Au début 2003, je l’ai appelé pour lui annoncer que je me mariais. J’étais très émotive, je pleurais beaucoup. Sa réponse : "Pourquoi j’irais à un mariage qui te rend malheureuse ? Normalement, tu devrais déborder de joie ! " J’ai malgré tout eu le courage de lui dire que j’accepterais que sa conjointe soit présente même si je ne désire plus avoir de contact avec elle.

Sa réponse fut très véhémente et par le moyen le plus facile, le courriel ! Il m’a accusé de lui avoir volé ainsi qu’à sa conjointe 20 ans de sa vie. Et que sa présence au mariage impliquait un discours de vingt minutes pour chaque année manquée ! Tout ceci devant l’audience. Ma réponse fut rapide ! Si tu veux régler nos comptes qu’il en soit ainsi ! Mais ce ne sera pas le jour de mon mariage par respect pour mon amoureux et tous les gens présents. Par le fait même, je lui ai dit de ne pas se présenter ! Plus aucun téléphone depuis cet événement.

Le point culminant
J’ai reçu d’autres courriels toujours aussi véhéments et provocateurs ! Mais le point culminant fut en novembre 2006. Mon père s’est carrément défoulé ouvertement et a exprimé toute sa colère ! Et dans cet acte de colère, il a clairement écrit qu’il regrettait de m’avoir mis au monde ! Normalement, j’aurais été à terre pour quelques mois voir un an… Et c’est tout l’effet inverse que cela a eu sur moi !

Il y a une grande force qui est sortie de moi ! Enfin, je suis libre. Ce n’est plus le père que j’ai connu, ce n’est plus mon père, alors je ne suis plus obligée d’endurer ou même encore oser espérer que tout s’arrange… Enfin, mon père est mort ! Vive mon père !

À partir de ce moment, j’ai repris contact avec moi, avec qui je suis vraiment. J’ai osé dire vraiment qui je suis à qui souhaitait l’entendre. Grâce à ce geste de cet homme, j’ai repris contrôle de ma destinée. Certes, j’ai eu de la peine suite à sa mort… Mais cette peine fut toute une délivrance ! Chaque jour, je remercie le ciel d’un tel cadeau.

J’ai fini d’espérer ou de tergiverser avec l’idée de reprendre contact avec ce père que j’ai connu de huit à douze ans. Il est bel et bien mort et enterré derrière son amertume, sa souffrance et sa colère. Tous ces sentiments lui appartiennent… Ce sont ses propres sentiments et je n’en suis nullement responsable…

Les lettres d’adieu
Dans un de ses courriels, mon père m’avait fait la demande de ne pas se présenter à ses funérailles tout en me mentionnant que je ne méritais pas son héritage. Il ne voulait surtout pas que je prenne la parole pour dire quoi que ce soit sur lui. Alors, rassemblant tout mon courage, j’ai écrit des lettres d’adieu que l’on écrit quand quelqu’un nous quitte.

J’ai d’abord écrit cette lettre à cette femme avait qui il a partagé sa vie, Georgette. Cette lettre, remplie d’amour, expliquait que j’acceptais que nous n’ayons jamais pu trouver de point de rencontre pour être bien ensemble. Malgré tout, je savais mon père heureux et c’est ce qui importait le plus.

Wow ! Ça m’a libéré d’un poids et rendue libre d’être femme comme mon âme souhaite l’être. J’ai retrouvé la femme en moi et surtout je lui ai permis d’exister. Plus besoin d’être à l’image de cette femme pour être aimé de mon père !

Par la suite, j’ai écrit la lettre d’adieu à mon père comme si c’était le jour de ses funérailles. Mon coeur battait la chamade, j’avais des sueurs froides mais je l’ai fait ! J’ai remercié la vie d’avoir connu, pendant une très courte période de quatre années, la bonté et la tendresse de mon père. J’ai tout fait pour être en mesure de revivre cette période mais ce n’était pas ce qui était prévu sur ma route et la tienne.

Cette lettre, il l’a reçu par courriel en décembre 2006 juste avant le changement d’année ! Mes frères ainsi que ma mère en ont reçu une copie. Cette lettre était remplie d’amour et de respect. Et à défaut de ne pas lui avoir dit de vive voix et de ne pas pouvoir le faire le jour de ses funérailles, j’ai préféré devancer les échéances.

Les bienfaits du point de bascule
Maintenant, je sais et je ressens profondément que mon père est mort. Que si jamais la vie nous remet en contact, ce ne sera pas mon père mais bel et bien un nouvel homme à connaître tout comme il aura à me connaître. Pour moi, mon vrai père est mort. Alors, cet homme que l’on dit mon père est un pur inconnu et je ne suis pas "sa" fille.

Je suis enfin libre de son amour conditionnel, libre de toute relation impliquant l’amour conditionnel. En fait, je suis libérée ! Je suis vibrante et rayonnante de qui je suis. Ce qui devait s’avérer un coup fatal pour me mettre à terre m’a permis de me relever, de me remettre sur mes rails. Sur les rails de cette vie que je souhaite tant, que je chéris tant !

J’ai appris à dire non à tout ce qui va à l’encontre de mon être. Non à tout ce qui n’est pas moi dans l’instant présent. Je déçois, je choque parfois, mais je suis fière d’être enfin moi ! Ce n’est pas parfait ! Je suis en apprentissage et je suis fière de ce que j’apprends et de la manière dont je l’apprends !

Mes frères ont accepté mon geste avec le temps. Ils me respectent dans ce que je suis et comprennent le pourquoi. Avant le dernier courriel où mon père remettait en cause ma naissance, ils croyaient que je fabulais, que j’inventais des histoires. Ils ont dû se rendre à l’évidence !

Mon frère le plus jeune remet en cause sa relation avec son père depuis cet événement. Il ne comprend pas pourquoi il a agit ainsi et surtout il n’accepte plus d’être manipulé. Je le laisse vivre à sa façon ses apprentissages… Quant à mon frère le plus âgé, il a préféré ignorer le tout. Il fait comme si rien n’était. Je comprends que remettre en cause une relation aussi importante que celle avec notre père est très dérangeant voir même déstabilisant.

Au début, j’étais en colère contre lui, contre son inertie et surtout son manque de sympathie. Maintenant, je me dis qu’un jour ou l’autre lui aussi connaîtra son point de bascule amenant le respect de soi dans sa totalité et son intégrité. Je lui souhaite que ce moment lui arrive le plus doucement et le plus simplement possible. Et je n’ai aucun contrôle sur sa vie et sa destinée. Alors, je lâche prise !

En conclusion
Je vous souhaite de connaître les points de bascule nécessaires à votre cheminement dans la simplicité et la facilité. Je vous souhaite aussi d’avoir la conscience de les reconnaître quand ils se présenteront sur votre route ! Plus vous les acceptez, plus vous en retirez les bénéfices rapidement et plus l’énergie coulera librement en vous et tout autour de vous !

Vous souhaitez en connaître davantage sur le sujet ?
Je vous invite à assister à la conférence Le point de bascule le lundi 15 octobre prochain à 19h30 à l’École Réjean Déziel, 565 boul. Wilfrid-Hamel Est, Québec. Consultez la carte routière pour vous y rendre.
Le coût d’entrée
est de 15 $ par personne.

Au plaisir d’échanger avec vous !

Sylvie Asselin
Thérapeute de l’âme

Pour en savoir plus sur l’auteure, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.

A propos de l'auteur

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