La retraite : le bonheur est dans l’action
Cette citation de Simone de Beauvoir, trouvée dans son livre intitulé «La vieillesse» et qui se continue ainsi : «dévouement à des individus, des collectivités, des causes, travail social ou politique, intellectuel, créateur», résume bien l’objet de cet article.
En fait, je vous propose ici des extraits d’une conférence que je donne régulièrement à des groupes de futurs retraités, ainsi qu’à des personnes à la retraite depuis quelques années qui, après une période de lune de miel où tout leur semblait possible, se demandent ce qu’elles vont bien faire dorénavant de leur vie. Elles en ont assez de passer la majeure partie de leurs journées assises dans un fauteuil, à s’ennuyer, devant leur télévision, à regarder les autres vivre à travers leur écran. Ces personnes qui n’avaient jamais pensé que cela leur arriverait se sentent plutôt démunies et ne demandent qu’un petit coup de pouce pour… se remettre en orbite!
Je vais partager avec vous le fruit de mon expérience et de mes connaissances, mais bien sûr, vous le savez, il y a autant de types de retraite qu’il y a de personnes et chacun a le droit de vivre la sienne comme il l’entend. Ce que je vous donne ici, c’est surtout ma propre vision de la vie et de la retraite. Pour moi, c’est seulement dans l’action qu’il est possible de donner du sens à sa vie. Bien sûr, pas dans l’activisme et encore moins dans l’action telle que nous l’avons connue au travail, mais bien dans l’action faite sur mesure, par nous-même, pour nous-même, rien que pour nous rendre heureux, mais aussi pour rendre heureux ceux qui nous sont chers.
Je vais simplement vous donner quelques pistes de réflexion et d’action pour donner à votre vie davantage de saveur, de plaisir et de valeur, surtout en vieillissant, et accroître ainsi votre bien-être physique et psychologique. Si vous le souhaitez, bien entendu. Mes conseils devraient aussi vous éviter de tomber, comme bien des retraités dans certains pièges qu’ils n’ont pas vus venir. Par exemple : l’achat du véhicule récréatif de leurs rêves qui était plutôt le rêve du voisin ou du cousin. Plusieurs n’ont pas pris le temps de vérifier si ce genre de vie leur convenait et se sont donc retrouvés dans une impasse. Un autre de ces pièges est la passion dévorante pour leur ordinateur, au point d’en oublier le monde, bien vivant autour d’eux. Un autre encore est la fuite inconsciente dans un travail qui gruge tout leur temps et un autre encore le repli sur soi ou sur son couple et sa famille, dans une bulle confortable à tel point que, peu à peu, la volonté et même le désir d’entrer en relation avec autrui s’estompe.
Aujourd’hui, je vous parle de l’agenda de la retraite et du temps et je vous présente mes postulats. Dans un prochain article, je tenterai d’expliquer pourquoi l’agenda de certains retraités est trop rempli, au point de les épuiser, alors que celui d’autres retraités est carrément vide… à leur grand étonnement. Par la suite, je donnerai des indications sur la façon de «remplir» votre agenda de retraite pour qu’il apporte bonheur et sens à votre vie, par exemple, quelles questions vous poser, quel type de bilan de vie réaliser et où aller chercher des activités toutes aussi emballantes les unes que les autres.
1. La métaphore de l’agenda
L’agenda de la retraite, c’est une image pour illustrer le temps. Le temps, c’est celui qui nous reste à vivre, avec la lente évolution vers la vieillesse et le grand âge, donc, probablement la réduction des activités, la baisse de la vitalité et la perte d’êtres chers. C’est en ayant en tête ce temps là qui, avec l’allongement de l’espérance de vie peut durer une trentaine d’années, que je suggère d’aménager le temps présent. L’emploi du temps d’aujourd’hui; l’horaire de la semaine, du mois, de l’année. En fait, je vous propose de vivre pleinement le moment présent tout en anticipant et en préparant l’avenir. Car sachez que la façon dont vous vous adaptez aux changements de la retraite, aujourd’hui, conditionne aussi votre vieillesse et votre façon de l’aborder. Si vous prenez le contrôle de votre vie aujourd’hui, vous prendrez aussi le contrôle de votre vieillisse. Évidemment, cela suppose que vous ayez aussi pris le contrôle de votre vie bien avant de penser à la retraite et que vous ayez développé une bonne capacité d’adaptation. C’est pourquoi, je rencontre aussi dans mes ateliers/coaching de fin de semaine, des personnes dans la quarantaine qui commencent à se poser des questions sur le sens de leur existence et sur ce qu’elles deviendront une fois à la retraite.
2. Le temps : l’occuper ou le savourer?
Le temps, on peut tout faire avec lui : On peut le passer, c’est-à-dire ne rien faire du tout. On peut le perdre et le gaspiller en étant actif inutilement, en s’éparpillant, en allant dans toutes les directions afin, probablement, de combler un vide. Ce vide qu’ont pu créer la fin des activités professionnelles et l’absence de liens affectifs et sociaux puissants. On peut aussi perdre son temps et le gaspiller parce qu’on ne sait pas vraiment de quoi on a besoin pour être heureux et aussi parce qu’on n’a pas pris le temps de faire un bilan de vie.
Le temps, on peut aussi le sauver et l’économiser pour pouvoir faire plein de choses passionnantes avec toutes les heures que l’on a récupérées et on peut aussi le prendre, c’est à dire mordre à pleines dents dans la vie, profiter pleinement de tout ce qui nous est offert, faire durer le plaisir, l’instant.
Mais on peut aussi exploiter le temps en poursuivant plusieurs objectifs avec une même activité comme le montre bien l’exemple qui suit. Vous aimez faire du sport et vous aimez aussi être en compagnie d’autres personnes et vous sentir utile. Vous êtes aussi un excellent organisateur. Alors, vous ne choisirez pas un sport à pratiquer en solitaire et préférerez peut-être devenir entraîneur sportif pour les jeunes. Dans cette seule activité vous parviendrez à combler en même temps tous vos besoins fondamentaux puisque, à la fois, vous vous occuperez de votre santé, vous renforcerez votre sentiment d’appartenance, vous recevrez de la reconnaissance d’autrui et vous renforcerez ainsi votre estime personnelle. Vous vous réaliserez aussi en contribuant à aider les plus jeunes à avancer, à évoluer et à grandir. C’est cela, le bonheur et le sens de la vie.
Pour revenir au temps, bien sûr, il y a des moments où l’on peut éprouver du plaisir à ne rien faire du tout et même à perdre son temps. D’ailleurs, dans mes cours de préparation à la retraite, je dis toujours à mes participants que la meilleure recette pour s’y préparer, c’est la paresse! Ce qui signifie ralentir afin de pouvoir affronter tous les changements du passage à la retraite et se donner le temps de prendre les bonnes décisions pour leur avenir. Mais quand cela devient un mode de vie parce qu’on n’a pas mieux à faire, le risque est grand de tomber dans l’ennui, puis la solitude, le sentiment d’isolement, la dépression avec tout son cortège de problèmes physiques et psychologiques. Un agenda bien pensé, bien aménagé évite tout cela.
3. Quelques postulats à propos de l’agenda de la retraite
Revenons à notre agenda de la retraite et à son contenu. Voici les postulats sur lesquels je m’appuie. Un postulat est une sorte de principe non démontré mais qui semble intuitivement non contestable. La plupart des postulats sont des marques de bon sens, des appuis sur l’expérience. À vous de les tester, de les confirmer ou de les infirmer. Êtes-vous d’accord avec moi? En voyez-vous d’autres?
– Premier postulat. Depuis notre naissance notre vie a surtout été structurée, organisée, gérée et encadrée par les autres. Notre agenda aussi. Alors, à la retraite, certaines personnes ont tendance à naviguer au gré des vents sans véritable direction, sans phare pour les guider, sans même savoir, souvent, si ce qu’elles font et ce dans quoi elles s’engagent, leur convient vraiment. Elles ont oublié le sens de leur vie; leur mission.
– Deuxième postulat. À la retraite, notre agenda doit nous permettre de passer de l’emploi de notre temps structuré et serré à du temps de qualité bien employé.
– Troisième postulat. Pour être significatifs, nos projets et nos activités doivent être étroitement liés à nos besoins, à notre personnalité et à nos valeurs.
– Quatrième postulat. Si notre agenda n’est pas rempli d’activités qui nous ressemblent profondément et qui donnent à notre vie un sens, une direction, nous risquons de tomber en panne, c’est-à-dire de ne plus avoir envie de nous engager dans des activités et des projets, nous ennuyer profondément et peut-être aussi, à la longue, devenir dépressif et même malade.
À nous, donc, maintenant, de diriger notre vie à notre façon, en commençant par faire connaissance avec nous même, par un bilan, mais aussi en prenant le temps d’explorer tout ce qui est mis à notre disposition, dans ce grand terrain de jeu de la retraite où tout est encore possible.
Suite à cet article : le bien fondé et le contenu d’un bilan de vie, l’exploration de l’agenda de retraite trop rempli (que se passe t-il?) et de l’agenda vide (que s’est-il passé?) et comment sélectionner les activités de retraite qui nous conviennent parfaitement.
Mes prochains ateliers/coaching de vie
Samedi 24 novembre 2007 : Les choses ne changent pas aussi vite et aussi bien que vous le souhaitez : qu’est-ce qui manque?
Samedi 26 janvier 2008 : Le couple à la retraite, 24 h sur 24 ensemble : bonheur retrouvé ou péril en la demeure?
Renseignements sur les ateliers et les conférences :
www.marie-paule-dessaint.com
[email protected]
Pour en savoir plus sur l’auteure, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.
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