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Le Maître

Définir ce qu’est un Maître n’est pas une tâche facile, car les mots ne peuvent exprimer adéquatement la magie émanant d’un tel Être. Tenter de le comprendre est aussi difficile que de gravir l’Everest.

En effet, seul celui qui, comme lui, a su conquérir sa nature divine est apte à percevoir le divin dans cet Être, un Maître n’étant véritablement reconnu et compris que par un autre Maître. Ainsi restera-t-il toujours un mystère pour ceux qui l’entourent, aussi longtemps qu’ils ne deviendront pas, eux-mêmes, ce mystère.

Nous cherchons à expliquer ce que nous vivons à travers notre propre vision. Il nous est souvent impossible de saisir véritablement les actions que pose un Maître, chaque Maître étant unique dans sa façon d’agir et d’utiliser l’énergie.

Les actes et les pensées d’un Maître diffèrent des nôtres. Il agit comme catalyseur de prises de conscience, et sa tâche principale est de préparer et de soutenir tout individu désirant éveiller cette nature divine qui sommeille en chacun de nous. Bien que la vie du Maître soit parsemée de difficultés, de douleurs et d’obstacles créés par la nature égoïste de ses étudiants, il poursuit inlassablement sa tâche. Un Maître s’incarne toujours dans le but de servir l’humanité, et ses étudiants sont sa raison d’exister, même s’ils demeurent, par leur comportement inconscient, sa plus grande source de souffrance.

Le monde de la forme n’exerce plus d’emprise sur le Maître, grâce à sa vision des choses. N’étant plus assujetti à l’ego, il peut ajuster son énergie de façon à ce que ses propos et gestes stimulent la progression de l’étudiant sur la Voie. Ce travail, dont la profondeur est invisible au regard du profane, est souvent incorrectement interprété par l’ego de l’étudiant qui blâme le Maître pour la souffrance vécue. Ce n’est jamais le comportement du Maître qui complique les situations, mais celui de l’étudiant qui, déchiffrant faussement les intentions du Maître, bâtit un scénario dramatique dont il est la vedette.

Le Maître tient à ce que son étudiant demeure actif, toujours prêt à travailler sur sa transformation intérieure. L’une de ses armes les plus efficaces est l’effet de surprise. En saisissant à l’improviste l’ego de l’étudiant en pleine action, il est en mesure de le travailler plus profondément. L’ego n’a plus d’autre choix que de se dévoiler, obligeant l’étudiant à affronter certains aspects bien cachés de sa personnalité. Un tel comportement de la part du Maître est souvent source d’incompréhension pour l’étudiant.

Devenir disciple n’est pas aisé, être Maître encore moins. Le Maître sacrifie son énergie vitale par Amour pour ses étudiants. Alors, il risque non seulement de détruire sa santé, mais encore de perdre l’étudiant qui, n’ayant pas su comprendre la vérité cachée derrière ses paroles et ses actions, le quittera sans scrupules dès que l’entraînement deviendra plus sérieux.

Un Maître prenait son repas du soir dans la salle commune d’un monastère. Il avait, depuis maintenant deux ans, le même cuisinier qui s’enorgueillissait des repas qu’il lui préparait. Le Maître, sachant cela, attendait le moment propice pour lui faire prendre conscience de son attitude. Ce soir-là, il sut que le moment était venu. Il décida donc d’agir comme seul un Maître sait le faire : il allait obliger le disciple à s’auto-analyser, espérant que ce dernier s’attarderait davantage à l’énergie injectée derrière ses paroles plutôt qu’aux paroles prononcées.

Lorsque le disciple lui servit son repas, le Maître en prit une bouchée qu’il recracha aussitôt.
— Rapporte cette assiette à la cuisine et prépare-moi autre chose, lança-t-il, sans même un regard pour le disciple.
Contrarié, le disciple retourna à la cuisine et revint quelques minutes plus tard avec un nouveau plat qu’il présenta au Maître. Une seule bouchée suffit pour que le Maître rejette à nouveau l’assiette du revers de la main.
— Rapporte ce plat : il est trop cuit ! Mon chat n’en voudrait même pas !
Le disciple reprit le plat, puis rappliqua avec un nouveau mets qu’il tendit au Maître. Celui-ci y goûta, mais refusa de nouveau l’assiette.
— Je n’ai plus faim ! Je vais me coucher. Tes plats m’ont coupé l’appétit.

Le Maître se leva et quitta la pièce, laissant le disciple seul et désemparé. Au bord des larmes, il s’en retourna piteusement à la cuisine, rapportant l’assiette que le Maître avait à peine touchée.

Le lendemain matin, le Maître reprit la même attitude au grand désespoir du disciple qui, trop centré sur lui-même, ne pouvait percevoir ce que le Maître tentait de lui démontrer. Dirigeant toute son attention sur le rejet de ses plats, il interprétait cette attitude tel un rejet de lui-même, au lieu de percevoir l’énergie se cachant derrière le geste. Passant de la tristesse à une colère profonde, le disciple quitta subitement le monastère sans fournir un mot d’explication au Maître.

Il marcha longtemps avant d’atteindre un village. Affamé et sans argent, il dut, après trois jours, se résoudre à mendier pour survivre. Lorsqu’il tendit la main pour la première fois, il crut mourir de honte tant sa souffrance était grande. Mais il persévéra.

Au fil des semaines, il apprit beaucoup en observant les gens : certains donnaient du bout des doigts, avec un air hautain, ce qui l’humiliait grandement, tandis que d’autres offraient avec gêne, ce qui l’humiliait encore davantage. Toutefois, quelques personnes lui faisaient l’aumône avec respect et bonté, ce qui provoquait en lui un regain d’espoir, éveillant un sentiment de gratitude envers la vie et l’énergie qu’elle véhiculait.

Graduellement, le disciple remarqua que l’attitude des gens influençait l’énergie des dons qu’il recevait. Des questions surgirent dans son esprit. L’attitude intérieure est-elle si importante ? Est-ce cela que le Maître tentait de me faire comprendre ? Mon attitude pouvait-elle nuire à l’énergie du repas que je préparais ? Après avoir longuement médité sur le sujet, le disciple reprit finalement la route du monastère. S’en approchant, il vit un homme venir à sa rencontre : c’était le Maître.

— Tu en as mis du temps. Je t’attends depuis trois jours, lui dit-il.
Étonné, le disciple ne sut que répondre…
— Alors, qu’as-tu fait durant cette absence de huit mois ?
— Je suis allé apprendre ce que je refusais de comprendre, Maître.
— Ah oui ! Et qu’as-tu appris ?
— Que mon manque d’humilité teintait mes plats d’insipidité et que l’attitude dans l’offrande est plus importante que l’offrande elle-même !
Le Maître, paraissant réfléchir, ajouta :
— Maintenant que tu sembles avoir compris la leçon, tu devras me prouver que tu l’as bien intégrée. La compréhension sans intégration est comme une plume qui s’envole au moindre coup de vent.

Le Maître fit une pause et poursuivit en ces termes :
— Ta présence m’a beaucoup manqué, plus que ta nourriture ! ajouta-t-il en riant.
Entourant de son bras les épaules du disciple, il marcha en sa compagnie vers le monastère.
— Viens, nous t’attendions tous !

Tiré du livre « Le Rugissement du Lion de Montréal » par Klaire D. Roy aux Éditions Paume de Saint-Germain.

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