« 300 religions, un Dieu »

Dès six heures le matin par une belle journée de samedi au mois d’août 2007, se préparait une étrange effervescence dans le beau et grand Parc Maisonneuve de Montréal.

Camions remorques, autos amenaient le matériel et une petite foule de gens s’affairaient tranquillement à monter chapiteau, kiosques et système de son pour l’activité qui allait se dérouler pendant la journée.

En soi, rien d’exceptionnel. Il y a souvent des activités qui se déroulent dans ce parc empreint d’une rare beauté. Nous sommes vraiment privilégié d’avoir un tel site à Montréal. Un endroit de verdure où il fait bon de prendre contact avec la nature. Mais ce matin une atmosphère sereine et tranquille y régnait tout particulièrement comme si la nature même se réjouissait de ce qui allait s’y passer.

Vers la fin de l’avant midi tout fut enfin prêt pour recevoir les gens.

L’invitation avait été lancée, telle une main tendue, à plusieurs mouvements spirituels de différentes communautés à venir se rencontrer dans un but commun d’échange et de partage à travers des conférences, de la musique, des chants, de la danse, des gestes sacrés ainsi que l’utilisation des cristaux ou simplement le recueillement par des exercices méditatifs pour tous.

C’est donc dans le cadre naturel enchanteur du Parc Maisonneuve et dans une atmosphère amicale et inspirante que plusieurs ont répondu à l’appel et que des traditions spirituelles et religieuses telles que bouddhiste, hindoue, soufie, chrétienne et autochtone sont venues partager  leur approche à la spiritualité devant une foule de plusieurs centaines de personnes.

Ce qui étonnait par dessus tout était ce calme palpable qui y régnait et ce sens de partage entre les représentants de ces différentes communautés culturelles. On y voyait le meilleur au dedans de l’homme, le cœur unique qui bat dans chaque être, l’amour du prochain et l’unité de la belle grande famille humaine.

Le spectacle était assez surprenant pour le néophyte. Les couleurs chatoyantes des habits des soufis, où les rouges, les jaunes et les verts resplendissaient, contrastaient avec l’habit ocre des moines zen et de ceux des chrétiens.

Ainsi, la Fondation Poorna-Jnana Yoga (initiateur du projet), avec l’aide du Centre Soufi Naqshbandi/Fondation Haqqani, l’Abbaye de St-Benoit, l’Association Zen de Montréal, le Centre Shambhala, Le Temple Hindu Mandir ainsi que Monsieur Louis Cormier, bouddhiste, et Madame Nicole O’Bumsawin, autochtone, tous ont mis la main à la pâte pour faire lever cette journée. Comme pour faire du bon pain, il faut mélanger les bons ingrédients, avoir le bon dosage ainsi que la bonne technique pour que tout fonctionne. Assurément tout était présent pour assurer le succès de cette journée. Il y a toujours un ingrédient mystère que nous ne parvenons pas à identifier, qui rehausse la saveur du plat. Appelons le, la grâce divine.

Les personnes qui se présentaient sur le site pour la journée se voyaient offrir gratuitement une bouteille d’eau. La journée commença par un exercice méditatif d’adoration et de révérence pour l’étape du jour qui correspond à l’étape du lever du soleil, une merveilleuse façon « d’éveiller » et de préparer le corps entier pour la journée, pour les activités à entreprendre; c’est en quelque sorte un éveil des différents corps et en même temps une demande de protection. Pendant que sur scène, une classe de jeunes étudiants de la Fondation PJY exécutent attentivement les enchaînements de mouvements, les gens du public, foulent le gazon et se regroupent devant la scène et synchronisent leurs mouvements avec ceux des enfants, sous l’œil fureteur de la caméra de télévision. La journée était lancée !!!

Suivirent trois conférenciers expérimentés dans des domaines différents du bouddhisme. D’abord Louis Cormier, premier conférencier de la journée, originaire du Nouveau Brunswick, nous raconte son parcours personnel qui l’a amené à étudier et pratiquer le bouddhisme depuis plus de 36 ans tant à Montréal, Toronto, Vancouver et aux États-Unis auprès de plusieurs Maîtres de traditions diverses, particulièrement la tradition Tibétaine mais également le Zen du Japon, le Ch’an/Tripitaka de la Chine et le Théravada du Sri Lanka. Son témoignage rappelle les nombreux obstacles rencontrés et les remises en question tout au long de ses recherches, mais également les découvertes et  la joie éprouvée à intégrer les principes bouddhistes dans ses actions quotidiennes.

La journée se poursuivit avec Philippe Robillard du Centre Shamballa de Montréal. La tradition du bouddhisme Shamballa fut introduite en occident par Chögyam Trungpa Rinpoche. Monsieur Robillard nous a entretenu du « pourquoi de la méditation » en nous racontant les nombreuses  fois où il a dû répondre aux interrogations de sa grand-mère qui lui demandait à chaque visite : mais pourquoi fais-tu cela ? Qu’est-ce que cela t’apporte de plus ? Avec la même détermination, il lui expliquait les principales motivations de sa démarche, sans attente d’une possible approbation. Le public se sentit interpellé et commença à poser des questions: Où peux-t-on pratiquer ? Je suis handicapé et en chaise roulante, est-ce qu’il y a une accès pour des gens comme moi? Ceci amena un échange serein entre le conférencier et le public.

Le soleil était particulièrement torride cette journée là, et l’eau distribuée gratuitement s’avéra tout de même une excellente décision.

Par la suite, le moine Myoshin Roberto Di Giacomantoneo de l’Association Zen de Montréal nous enseigna l’importance de la posture en méditation. Pendant que son collègue était confortablement assis en méditation, assis en Zazen doit-on préciser, on nous a expliqué que la pratique de Zazen est considérée comme la porte d’entrée au monde du Bouddha, et que celle-ci constitue la principale réalisation de l’enseignement.

Ensuite, nous avons eu l’immense privilège de recevoir Madame Nicole O’Bumsawin, anthropologue de formation. Celle-ci nous mentionne que nous en connaissons très peu au sujet de l’expression de la spiritualité chez les autochtones Abénaquis. Et cela pour la bonne et simple raison, qu’il n’y a aucun écrit disponible. Tout se transmettait oralement ! Les Abénaquis devaient se déplacer constamment au gré des saisons pour assurer leur survie et ces fréquents déplacements les contraignaient à ne transporter que les objets jugés essentiels. Peu de place pour les archives ! Cependant, ce mode de vie favorisait un contact direct et leur a permis de vivre en constante symbiose avec la Nature.

Les représentants du temple Hindu Mandir  nous ont fait part de leur objectif principal de contribuer à satisfaire les besoins spirituels, rituels, cérémoniaux et sociaux des Hindous. En plus d’être un endroit de culte et de guidance spirituelle, ce Mandir est un point focal pour leur communauté et un endroit de congrégation. Ils nous rappellent que l’hindouisme est la plus vieille des principales religions du monde. Des chants traditionnels hindous, appelés bhajans furent entonnés par une chœur d’enfants et de grandes personnes.

Nous avons accueilli par la suite Madame Kristiane Roy, de la fondation PJY et  lithothérapeute à l’Institut Mandala du Bouddha de la Médecine. Depuis quelques années, elle porte un intérêt grandissant au merveilleux monde des pierres et des cristaux. L’influence d’une pierre ou d’un cristal s’exerce à plus d’un niveau. Une pierre ou un cristal peuvent soulager une douleur physique, diminuer un mal-être existentiel, ou encore nous guider dans notre cheminement spirituel. C’est donc à partir de ce monde de découvertes qu’elle nous a présenté les caractéristiques du quartz Stupa comme un portail à l’intérieur de l’essence primordiale de la Conscience. Une véritable exploration des mystères des cristaux dans la pratique spirituelle.

Pour compléter le programme de l’après-midi, le Cheikh Omar Koné nous a résumé la mission du Centre Soufi et de la Fondation Haqqani au Canada qui consiste à transmettre les enseignements du Soufisme sur la fraternité de l’Humanité et l’unité de la croyance en Dieu présent dans toutes les religions et voies spirituelles. Les efforts déployés par la Fondation visent à créer une harmonie dans la grande diversité des religions et des voies spirituelles afin de mettre l’accent sur la responsabilité de l’Humanité envers cette fragile planète et envers son prochain. Les enseignements reposent des principes universels d’amour, de respect et de partage. La présentation n’aurait pas été complète sans l’accompagnement de chants, de musique et la prestation des toujours exceptionnels Derviches tourneurs.

Arrive le temps où il faut s’accorder une pause pour l’esprit attentif, mais aussi pour le corps qui désire se sustenter quelque peu. Fidèles à l’un de leurs principes fondamentaux, le Centre Soufi et leurs bénévoles servent  gratuitement le souper à tous les participants, public compris. Une légère brise transporte alors le parfum des aliments jusqu’aux tables à pique-nique où les gens savourent cette nourriture au son d’une musique inspirante sur fond d’écran de coucher de soleil qui commence déjà à descendre.

Et place à la musique ! Que pouvons-nous espérer de mieux pour terminer cette journée qu’un concert de Dom Dominique Minier de l’abbaye Saint-Benoit-du-lac, accompagné des ses musiciens. Le répertoire  de la musique sacrée recèle des trésors infinis et  nous transporte dans un univers de paix et d’harmonie.

Hélas, la noirceur nous rejoint et l’arrivée du camion des préposés du parc Maisonneuve nous rappelle qu’il faut mette un terme à cette merveilleuse journée et qu’il est temps de récupérer tout le matériel et démonter la scène principale ainsi que les kiosques de la technique et des différents groupes participants.

Le bilan. Mieux que tous accommodements raisonnables, cette journée nous permis d’en apprendre un peu plus sur l’AUTRE qui semble si différent en apparence  mais qui est si près en son essence. Nous savons que de plus en plus de gens démontrent un intérêt grandissant pour les diverses traditions spirituelles. L’évènement « 300 religions, un Dieu » fut une occasion unique d’en faire l’expérience, de découvrir de nouveaux horizons, d’amorcer un dialogue et de travailler à bâtir des ponts entre différents mouvements spirituels.

Pour une troisième année consécutive, cet événement aura lieu à nouveau le 27 juillet 2008 prochain au Parc Maisonneuve à partir de 10h jusqu’à la brunante. C’est un rendez-vous à ne pas manquer.

Pour plus d’informations, consulter le site internet : www.fondationpjy.ca ou le calendrier des activités Alchymed.

Réginald Gamache
Fondation PJY

Pour en savoir plus sur la Fondation Poorna-Jnana Yoga, nous vous invitons à visiter leur fiche sur Alchymed.