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LA BEAUTE DES FEMMES

Une terre granuleuse, rouge et sèche comme on en trouve en Arizona. On est poussiéreux. On prend un thé. C’est le cinquième jour de l’expédition. On a développé ce type d’intimité un peu artificielle mais intense

— parce qu’on la sait sans suite —, coutumière dans ce genre de groupe. Midi immobile. Sarah a décidé de nous montrer sa danse de pouvoir secrète, trois ou quatre mouvements répétitifs, très lents, qu’elle fait depuis le début de son adolescence. Elle est en short, addidas et T-shirt. On est une quinzaine assis par terre. Quand elle se dresse parmi nous, elle devient géante. Regardez-la.

Grande et blonde. D’immenses yeux verts. Des lèvres si ourlées et si charnues qu’on les croirait en silicone. Une poitrine, dirait la Bible, «fièrement dressée comme deux jeunes montagnes» — et c’est exactement cela. Des cuisses hautes et fermes. Mains fines et cheveux soyeux. Son expression dénote l’ouverture. Sarah est d’origine allemande. À 23 ans, elle est top mannequin quelque part dans les Amériques. Silencieux, nous assistons au déploiement d’Aphrodite. L’atmosphère change et le souffle devient court. Si vous voyiez mes trois amis, appuyés contre un même rocher: un grand six-pieds narcissique qui travaille avec les délinquants, un bel intellectuel ténébreux, et l’ingénieur rationnel, plutôt macho. Les yeux ainsi levés vers elle, ils ont l’air de trois jeunes chatons à mi-chemin entre la peur et la fascination. Il y a aussi Manuel, le plus jeune, qui garde les yeux rivés au sol. Et nous, les femmes, on a le souffle plus court aussi, ou bien on ne sait trop où regarder, avec cette ambiguïté des femmes devant la beauté d’une autre femme, mais saisies quand même par la danse de la déesse. Devenant ainsi le centre de notre attention, le corps de Sarah s’illumine, ses formes parfaites relèvent de l’évidence. En fait, elle n’a pas besoin d’être particulièrement gracieuse, comme s’en efforcerait une femme moins jolie, la chair parle par elle-même. Une douceur sans bon sens nous pénètre tous devant cette incarnation de la beauté féminine, et je suis étonnée du pouvoir qu’elle a sur moi et de l’attachement qui s’ensuit.

Certains enseignements ésotériques rapportent que si vous dites à une femme qu’elle est belle, vous éveillez immédiatement son centre lunaire qui se met à tourner doucement. Et voyez, elle se transforme sous vos yeux, elle irise de l’intérieur et devient belle. Laquelle d’entre nous ne s’est ainsi transformée, à un moment ou à un autre, à être vue par le bien-aimé?

Récemment, dans un sauna façon amérindienne, nous nous sommes retrouvées une douzaine de femmes, accroupies et nues comme il se doit. À la lueur de la lune, il y avait ces corps bleuâtres, toutes mamelles dehors. Moment puissant, archétypal. Grosses, vieilles, jeunes, maigres; ce n’était pas particulièrement joli ou esthétique, mais l’impact de ces poitrines et de ces corps féminins sur la psyché était immense. Irrésistibles formes féminines! À travers notre corps, qu’il soit beau ou laid, s’expriment mille déesses, mille sorcières, mille mères tendres ou affamées, mille amantes dangereuses ou mille vieilles rusées. Dommage de l’oublier!

Un ami m’a montré, dernièrement, une photo de moi il y a 20 ans, un peu dénudée. «Wow!» ai-je dit en riant. «Pas pire!» C’est vrai! Ce visage qui sort à peine de l’enfance, ces formes douces et parlantes, cette ferveur… Où étais-je à ce moment-là? Je me souviens de cette espèce de confusion face à ce corps haï et aimé. C’était l’époque où toute une génération de femmes émergeait de la dichotomie maman-putain. On ne voulait plus être des «mamans», mais on était aussi drôlement puritaines face à la séduction, voire à la beauté des femmes. Notre féminisme était fringant, mais les magazines féminins avaient toujours sur nous une influence hypnotique, eux qui nous voulaient plus rondes, plus minces, plus grandes, moins… moins…, jamais parfaites telles que nous étions. Étonnant! La plupart des femmes que je connais aujourd’hui s’aiment plus ou moins physiquement et ont souvent carrément peur de l’immense pouvoir féminin qu’est la séduction. Le pouvoir de séduction est, je crois, un sacré cadeau. Il nous appartient d’en profiter et de faire fleurir ce cadeau.

Je contemple avec vous la beauté de Sarah et je médite sur le mystère de mon propre corps. «Le temps passe vite, ma cocotte. Ne le perds plus à questionner la beauté de ce corps», murmure à mon oreille Bawawa la Grande Déesse — celle qui a un million d’années.

«Ton corps est le lieu de passage de quelque chose de beaucoup plus vaste que ce que tu es. Contente-toi de décorer ce temple et laisse la forme faire son travail. Que tu aies 20, 40, 50 ou 60 ans, jouis de chaque étape, quelle qu’elle soit, parce qu’elle est éphémère et unique. Crois-en une mémé dix mille fois
re-née.»

Paule Lebrun
Directrice de l’école HO rites de passage

Extrait de son livre « La déesse et la panthère », aux éditions du Roseau

Chroniqueuse et journaliste de grand reportage – notamment à la revue Châtelaine et à la télé et la radio de Radio-Canada –  , rédactrice en chef de magazines qui ont marqué leur époque –Mainmise , Le Guide Ressource, Réseau – enseignante, thérapeute gestaltiste et auteure du livre  La déesse et la panthère ,  une série de chroniques inspirées de ses aventures en Orient et dans le Sud-Ouest américain – que le Devoir a décrit comme « costaud, intéressant et souvent audacieux »- , Paule Lebrun s’intéresse depuis toujours aux cultures autochtones et  orientales.  Fascinée par la diversité et la puissance des rituels de ces traditions millénaires, elle les a analysés en profondeur pour en saisir l’essence et elle s’est donnée  pour mission de les réactualiser et les réintroduire peu à peu dans la culture occidentale. Depuis plus de 15 ans, au sein de son organisme HO rites de passage,  elle offre des conférences,  anime des ateliers et guide des voyages où elle communique et partage sa passion. Elle dirige aussi une formation en travail rituel pour  les professionnels désireux d’intégrer cet outil supplémentaire d’intervention dans leur pratique

PROCHAINES ACTIVITÉS DE HO

Rites de passage pour femmes
Date :
15 au 18 août 2008
Lieu : Auberge l’Autre Versant (Mille isles, QC)
Guide : Agnès Arrhigi (Ma Premo)

Quête de vision sur les îles
Date :
18 au 27 juillet 2008
Lieu : St-Michel des saints, Québec
Guides : Paule Lebrun et Gordon Robertson

Quête de vision en forêt
Date :
1er au 10 août 2008
Lieu : Charlevoix, Québec
Guides : Joanne Bédard, Serge Ouellet, Marlène Sohier

Quête de vision dans les canyons
Date :
17 au 30 septembre 2008
Lieu : Canyon de Chelly (sud-ouest américain)
Guides : Gordon Robertson et son équipe

Pieds nus, terre sacrée : voyage initiatique dans le sud-ouest américain
Date : 26 août au 5 septembre 2008
Lieu : Arizona
Guides : Paule Lebrun et Jean-Marie Delacroix

Voyages réalisés en collaboration avec l’agence SPIRITOURS
Détenteur d’un permis du Québec

Infos et réservations : (514) 990-0319 / 1-877-990-0319

Pour en savoir plus sur l’auteure, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.

 

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