Vous êtes ici: Accueil » ARTICLES » APPRENDRE À DÉVELOPPER LA QUALITÉ DE SON ATTENTION

APPRENDRE À DÉVELOPPER LA QUALITÉ DE SON ATTENTION

Dans quelle mesure est-il nécessaire d’arrêter de respirer, de contracter ses muscles, de focaliser étroitement son regard, pour prêter attention ?

L’ESPRIT ET LE CORPS? LE CORPS-ESPRIT? OU TOUT SIMPLEMENT LE SOMA?

De plus en plus de gens s’entendent à propos du changement de paradigme que vit notre civilisation. Le corps et l’esprit n’apparaissent plus comme des réalités séparées. Certains,
marqués par une tradition dualiste, s’intéressent encore à chercher les liens et les influences réciproques entre l’un et l’autre.

Pour la plupart d’entre nous, il apparaît désormais clairement que ces concepts, au bout d’un long parcours philosophique et religieux, renvoient à une seule réalité. Ce corps senti et vécu par un sujet capable de percevoir tout être vivant dans sa dimension non seulement objective, mais également subjective, les éducateurs somatiques le nomment le soma.

Tout un nouveau champ disciplinaire s’est en effet établi, dans la lignée de Thomas Hanna,  depuis le milieu des années ‘70, le domaine de la somatique. Au Québec, nous vivons un phénomène unique où un ensemble de méthodes d’apprentissage se sont réunies au sein d’un Regroupement pour l’éducation somatique depuis le début des années ‘90.

Elles oeuvrent même ensemble au niveau universitaire pour établir les frontières du domaine de l’éducation somatique et dispenser depuis peu, une formation de qualité au sein du Programme d’Études Supérieures Spécialisées en éducation somatique au département de danse de l’UQÀM.

Chargée de cours au sein de ce Programme, je me préoccupe principalement des Fondements théoriques de l’éducation somatique. Un des thèmes majeurs qui suscite mon intérêt depuis plusieurs années, est celui de l’apprentissage expérientiel caractéristique de l’éducation somatique.

Cet apprentissage, axé sur la prise de conscience du corps en mouvement en relation avec l’environnement, met en premier lieu en lumière l’importance de l’attention. Celle-ci est fondamentale au sein de ce processus où  j’observe ce que je fais pour apprendre à clarifier ce que je veux faire. Telle est l’exploration à laquelle convie l’éducateur somatique.

L’ATTENTION AU MOMENT PRÉSENT, LA CLÉ DE L’APPRENTISSAGE EXPÉRIENTIEL

Existe-t-il une autre réalité que le présent? Si nous sommes déjoués par nos facultés dites «supérieures» qui nous rendent capables d’actions complexes, de réflexions, de mémoire et de projets à long terme, nous oublions souvent que ces mêmes facultés se sont développées et continuent à le faire sur une base plus primitive.

Nous admirons chez l’animal, chez le jeune enfant, mais aussi chez l’artiste, le sage, le méditant, cette conscience immédiate, cette mémoire immédiate, source de tout pouvoir et de tout savoir: la faculté d’être là, de vivre le moment présent comme une expérience étrange.

Ce qui fait d’une expérience vécue un moment étrange, c’est le fait d’être totalement présent avec l’ensemble de soi-même à ce qui se passe, et en même temps d’observer le processus du mouvement en nous et autour de nous. Cette  forme de «concentration» n’est pas associée à une focalisation étroite. Elle nous «réunit en un centre» tout en nous permettant d’explorer, de sentir de fines différences, de promener notre attention sur de petits détails sans quitter une focalisation plus large. Cette focalisation large prend la dimension de tout notre soma en mouvement, dans une tension relationnelle appropriée avec son environnement.

Ce moment de prise de conscience du corps en mouvement au présent, c’est la seule réalité qui existe, et la seule «conscience» dont nous nous privons bien souvent tout en la cherchant dans un passé ou un futur illusoires.

Ma présence au monde est à la fois tout mon passé et tout mon avenir, dans ma seule qualité d’être maintenant. C’est la somme de mes habitudes et mon potentiel de liberté, à travers l’observation de l’expérience de mon mouvement, moteur de création.

L’ACTION, LE MOUVEMENT FAMILIER ET L’ESPACE DU CHANGEMENT

On ne peut pas faire ce qu’on veut, si on ne sait pas ce qu’on fait. Or l’important est d’agir, car la pensée en dehors de l’action est inutile, voire dangereuse. Nos habitudes compulsives, voire obsessives, sont inscrites dans les structures mêmes de notre corps, dans l’organisation de nos mouvements et de nos schèmes de pensée.

Rien de plus normal. C’est le domaine de notre monde familier, celui qui s’est construit tout au long de notre histoire, de nos découvertes créatrices, comme de nos traumatismes. C’est le domaine de nos réalisations bonnes et mauvaises, l’expression d’une vie dont nous nous souvenons parfois et aussi d’une autre que nous préférons reléguer à notre «inconscient».

C’est le domaine où nos somas entretiennent leur santé, se recréent sans cesse et régularisent leurs fonctions. C’est l’espace où nous intégrons nos apprentissages en créant du changement, en acquérant de nouvelles «habitudes» potentielles.

C’est  le domaine du «corps», où organiser différemment  son mouvement, c’est aussi organiser différemment son action. Car organiser différemment son mouvement, c’est aussi organiser différemment sa pensée.

L’INTENTION, LE CORPS OUBLIÉ ET LE TEMPS DES DÉCISIONS

On ne peut pas faire ce qu’on veut, si on ne sait pas ce qu’on fait. Mais comment sait-on ce qu’on veut? La réponse tient de l’évidence: en observant ce qu’on fait! Est-ce que ce que je fais, c’est bien cela que je veux faire?

L’enfer est pavé de bonnes intentions, disait-on par les siècles passés. Le siècle présent se sortira-t-il de l’enfer des bonnes intentions? Il est prouvé maintenant par les sciences exactes que l’action précède l’intention consciente.

Pour apprendre à déjouer les automatismes parfois vicieux de nos schèmes de pensée, qui se traduisent par des actions robotiques, «inhabitées», voire dangereuses, un seul remède nécessaire. Prendre le temps d’aller si lentement que l’on puisse prendre conscience assez tôt de ce que l’on est en train de faire, pour réajuster le mouvement et explorer d’autres directions.

C’est pourquoi toutes les méthodes d’éducation somatique privilégient la lenteur dans l’apprentissage et l’initiation du mouvement, plutôt que son déploiement dans l’espace extérieur, un déploiement souvent en force musculaire, qui diminue la sensibilité. Car autrement, c’est le passé que nous répétons, et non pas le futur que nous créons.

Ce que je veux, c’est ce que j’ai oublié que je sais, ou peut-être même ce que je n’ai jamais encore exploré. C’est le domaine de «l’esprit», celui du corps oublié, de mon «identité» qui ne demande qu’à s’épanouir.

C’est le domaine de l’inconnu, qui fait peur parce qu’il n’est pas encore familier. La peur, c’est l’une des plus grandes émotions primaires qui paralyse généralement toute action. Celles-ci aussi, on les a oubliées et elles nous jouent des tours, les émotions.

L’émotion n’existe pas ailleurs que dans l’organisation du mouvement, celle de la respiration et de l’expression. Les émotions ne volent pas dans les airs. Elles ne nous tombent pas dessus à bras raccourcis. Elles aussi, on peut apprendre à les différencier et à mieux les utiliser pour faire vraiment ce que l’on veut faire.

La clarté de l’intention, la faculté de réaliser ce que l’on veut, c’est le domaine des choix, qui ne sont pas que rationnels. Un processus de sélection n’est pas un processus initié par les facultés dites «supérieures».

Pouvoir établir des distinctions fines entre différentes possibilités de mouvement, c’est de nouveau faire appel à une qualité de présence à soi et à l’environnement. Cela implique en tout premier lieu, une grande qualité d’attention.

APPRENDRE À APPRENDRE PAR L’ÉDUCATION SOMATIQUE

Apprendre à apprendre, c’est prêter attention au processus du mouvement que l’on fait. C’est développer une fluidité dans le mouvement de son attention. L’observateur en nous accroît son potentiel, à la fois de focalisation étroite et de focalisation large. C’est ce qu’on apprend à faire à l’occasion de toute leçon d’éducation somatique.

Comédienne, metteure en scène et professeure de théâtre depuis le milieu des années ‘70, puis chercheuse et directrice de théâtre, j’ai fait une thèse de doctorat au milieu des années ‘80 où je découvrais le domaine  émergent de la somatique.

Praticienne de la Méthode Feldenkrais d’éducation somatique depuis le début des années ‘90, j’ai fondé par la suite une école, AUTOPOÏÉSIS, qui dispense surtout de la formation continue aux acteurs professionnels intéressés à découvrir ce que la pratique de l’éducation somatique peut apporter comme changements de perspectives, mais aussi peut donner comme outils de travail complémentaires. Depuis l’an dernier, je poursuis une formation en Alba Emoting, une méthode fort compatible avec la pratique du Feldenkrais, axée sur l’expression émotive.

Travaillant actuellement comme professeure à l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe, comme chargée de cours au département de danse de l’UQÀM, comme directrice et animatrice principale d’AUTOPOIÉSIS, parfois comme comédienne et comme metteure en scène, l’essentiel de mes activités est fondé sur ma pratique de la méthode Feldenkrais, également offerte au grand public.

J’aurais grand plaisir à partager une leçon d’éducation somatique avec vous!

Odette Guimond, Ph.D., professeure certifiée de la méthode Feldenkrais MD
www.oguimond.com
[email protected]  
514-522-8027
1012, avenue du Mont-Royal est, bureau 107,
Montréal, Québec H2J 1X6

A propos de l'auteur

Alchymed réunit des centaines de spécialistes oeuvrant dans le domaine du développement personnel, des thérapies alternatives, des médecines douces, pour la santé et le bien-être global de ...

Nombre d'entrées : 4140

© 2016 Copyright - Les Productions Alchymed inc.

Retour en haut de la page