Qui suis-je ? Mon expérience personnelle du Satori
Question qui, dans certains cas, m’interpelle poétiquement et me séduit, me cajole, m’entraîne, mais à d’autres moments, me décape jusqu’aux os, m’enrage, me peine, me jette par terre et m’irrite au plus haut point. Quelques mots composant une question répétitive, une structure rigoureuse et encadrante, la compagnie d’autres chercheurs et une guide et son équipe, dans un environnement propice à l’introspection. Voilà le Satori ! Des vacances totales au plus profond de son être.
Au début, il est plutôt facile de dire n’importe quoi, de ventiler ce très cher mental, trop plein de toute façon de toutes ces actualités, fantasmes et milles choses à faire. C’est très relaxant de pouvoir s’exprimer librement, cinq minutes à la fois, face à quelqu’un qui ne peut même pas vous répondre de toute façon. Mais plus on creuse et ce processus semblable au supplice de la goutte d’eau (sur l’âme et non sur le crâne dans ce cas-ci) s’intensifie, alors on ne peut plus s’éviter. On a beau passer sa vie à se divertir, à s’occuper, à vivre hors de soi, vient un temps où l’on doit faire face à l’inévitable. On est ainsi confronté à soi-même, à ses limites, à ses démons intérieurs, à ses conditionnements profonds, à tous ses mécanismes de protection, conscients et inconscients. Face à face avec tous ses jugements, sur soi-même bien sûr, mais aussi ceux des autres. Face à face avec son arrogance, sa confusion mentale et émotive. Et en même temps, graduellement, à-travers ce va-et-vient entre le mental et la conscience, en passant par toute la gamme des émotions, émerge un fil conducteur qui nous relie à quelque chose de plus grand. À une présence sécurisante et connue. À la source, notre source, qui est également notre destination finale et le point d’arrivée de notre existence.
Depuis des milliers d’années, grâce à a tradition du Zen, la formule du koan a amené les chercheurs de vérité à tourner autour du pot pour y tomber dedans, emmenant l’ego à se faire hara-kiri. Utiliser le mental pour qu’il se joue un tour à lui-même et s’extirpe d’un carcan trop petit, de sa boîte de Pandore. Pour donner à notre ordinateur central une porte d’accès à quelque chose de plus grand, à quelque chose de plus fondamental. Car le mental est une formidable machine qui peut soit étourdir et créer de la confusion, soit nous montrer la voie de l’au-delà et le ciel sans plafond. Si on apprend à en devenir maître, si on apprend à s’en distancier, le mental se veut une voie royale vers l’infini.
Dans le cadre du Satori, on peut passer 5 jours avec le même Koan, la même clé, ou en recevoir une autre après quelques jours si Chandrakala, la rigoureuse guide du processus, sent qu’un autre serait plus approprié, plus bénéfique pour nous. Ce n’est pas toujours facile. Mais la récompense est grande pour ceux qui osent franchir le pas de la porte.
À la fin du processus, je ne sais jamais qui je suis et ne veux pas vraiment le savoir. De toute façon, ça goûte très bon, simplement à être présent. Présent comme dans cadeau. Si je ne peux pas dire qui je suis, je sens et ressens par contre par le corps ce que je suis : une présence vibrante dissociée de l’ego, un témoin observateur de la réalité, hébergé dans un corps mais non identifié à celui-ci. Il existe une certaine distance entre ce qui se passe en moi et ce qui l’observe, entre le monde et son témoin. Comme une certitude de plus en plus concrète que lorsque je rendrai l’âme, lorsque mon corps rendra libre mon âme, c’est cette présence qui restera, qui perdurera. Un quelconque nuage qui flottera sans souci, au gré du vent.
J’avais déjà participé au Satori il y a 25 ans et ce fut la première expérience d’ecstase de ma vie, expérience qui m’avait marqué pour toujours. J’en voulais d’autre ! La première fois que j’avais pu prendre une distance face à mon mental et à mon quotidien. Et ça fait trois ans maintenant que je participe de nouveau religieusement au Satori annuel animé par Chandrakala à l’auberge. Cette expérience me rappelle tout simplement pourquoi je vis, le sens profond de mon existence, ce qui existe au-delà de la simple matérialité de mon quotidien. Et en même temps, cette distance me permet de vivre mieux ce quotidien, de risquer davantage, d’être moi-même totalement, sans compromis. Je me demande encore comment j’ai pu faire pour vivre aussi longtemps sans y goûter de nouveau.
Ceci est donc une invitation à venir vous asseoir avec moi et les autres chercheurs de vérité du 17 au 22 juillet à l’auberge pour que l’on investigue chacun pour soi mais ensemble qui l’on est.
Au plaisir
Ati Dion
Auberge du Lac Carré
450-224-8536
[email protected]