Mourir à nos illusions
L’illusion peut être considérée comme un biais cognitif. En d’autres termes, il s’agit d’une erreur dans la prise de décision et/ou le comportement adopté face à une situation donnée résultant d’une faille ou d’une faiblesse dans le traitement des informations disponibles. Les travaux en psychologie ont identifié de nombreux biais cognitifs propres à l’esprit humain et ce à travers de multiples domaines. Ces biais cognitifs ne sont généralement pas conscients. Regardons ensemble, les biais les plus courants qui conduisent à l’illusion. Pour débuter, ceux reliés à la mémoire: “je le savais depuis le début”, mieux se souvenir des dernières informations auxquelles on a été confrontées, sélectionner ce qui me convient de restituer …
Les biais de jugement ont également toute leur importance, par exemple: l’influence laissée par la première impression, la façon d’attribuer la responsabilité d’une situation à soi ou aux autres, se croire à l’origine de ses réussites mais pas de ses échecs, ne pas voir ses propres erreurs, se juger sous un meilleur jour qu’en réalité, une caractéristique positive identifiée chez une personne rend positifs ses autres traits, avoir préalablement été exposé à quelqu’un ou à une situation le/la rend plus positive, illusion de savoir déjà …
Les biais de raisonnement, quant à eux, sont plus pernicieux, par exemple, préférer les éléments qui confirment plutôt que ceux qui infirment une hypothèse, considérer certains éléments comme représentatifs d’une population, ne pas chercher d’autres informations que celles immédiatement disponibles, se focaliser sur les éléments contenus dans l’énoncé d’un problème, la façon de présenter une situation influençant la façon dont elle sera interprétée, ré-interpréter une situation pour éliminer les contradictions. Percevoir à tort des coïncidences dans des données au hasard, y voir des symboles et des synchronicités qui n’en sont pas ! Les biais reliés à la personnalité, c’est à dire à notre structure de fonctionnement sont conséquents, par exemple: le fait d’appartenir à un type de culture donné, chercher à ressembler à la majorité, en d’autres termes la pression ou l’attrait de la conformité.
En tout état de cause, retenons qu’il y a toujours interférence inconsciente ou consciente de facteurs émotionnels ou instinctifs avec ce qui précède. En fait, certaines illusions résultent de biais émotionnels qui perturbent le processus cognitif, de l’information. Il s’agit alors d’une distorsion de la connaissance et de la prise de décision en raison de facteurs émotionnels : peur, colère, tristesse …
Cette réaction émotionnelle inadaptée à la situation perturbe, alors, toute prise de décision. Cela peut émaner de l’individu lui-même, être un effet de la relation entre deux ou plusieurs personnes ou encore être conditionné par la dimension d’un groupe. C’est pour cette raison que le travail de croissance personnelle, de thérapie ou d’évolution doit toujours être approché avec le plus grand soin et avec un regard conscient. Le groupe peut nourrir l’illusion. Raison pour laquelle, on peut parler d’addiction à la participation à des groupes.
Cette introduction réalisée prolongeons la réflexion sur l’illusion du changement. Nous changeons tous et toutes et ce naturellement … pourquoi alors, aller chercher des recettes à l’extérieur ? Pour cette raison, j’exhorte tous les intervenants en ressources humaines à l’humilité ! A force de vouloir briller au soleil dans ce que nous croyons être, nous contribuons à la superficialité et à la fermeture de ce qui est essentiel, la disparition des illusions. Nous ne sommes rien, juste des êtres humains présents à d’autres, dans le nettoyage de nos blessures, trop souvent embarqués dans les illusions du changement humain, de la toute puissance que nous concédons à l’ego et aux outils d’intervention qui ne font qu’entretenir ces illusions.
Pour conclure, la plus grande illusion est celle qui touche notre vie affective ou amoureuse. Trop souvent, nous sommes dans l’attente de … et non disponible au moment présent. Le moment présent, n’est pas cette “ tarte à la crème “ du lâcher prise, mais simplement être totalement présent à vous. C’est en étant totalement présent à vous que vous commencerez à être présent à l’autre. Tout donne un sens et le danger est à cet endroit. Le plus souvent nous donnons le sens que l’on veut donner. Nettoyons nos illusions pour rencontrer l’autre dans l’espace correct !
Une phrase glanée qui a retenu mon attention : si l’amour est quelque part, j’aurais envie d’aller où ? Nulle part, serait ma réponse. Trop souvent, nos réponses viennent du mental et non du senti ! Nous devrions faire le contraire. Et à partir de là, il y a pas de recettes. Trop de personnes ne l’ont pas encore compris. Il s’agit d’apprendre ou ré-apprendre à s’ennuyer. La passion n’est pas dans la relation mais dans être. On ne peut pas vivre la passion dans l’autre. En occident, l’autre doit trop souvent la réveiller ou la réveille tout simplement, mais c’est une erreur, c’est l’endroit piégeant dans les relations ! Alors que c’est l’inverse qui conduit à la sortie de l’illusion.
Mourir aux illusions, c’est en quelque sorte, accepter de ne plus rien savoir pour plonger au milieu du vide … L’atelier-rituel du 18 & 19 septembre est le début .. ou la continuité du voyage !
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