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Être homme…Être soi-même

Est-ce vraiment facile et simple d’être soi-même, d’être avec soi, particulièrement quand on est un homme? Est-ce si évident?

Mon expérience personnelle et celle des hommes que j’accompagne depuis plusieurs années me montre que cela n’est ni facile, ni simple, mais est-ce insurmontable?

ÊTRE SOI-MÊME

Ces trois mots tout simples semblent parler d’eux-mêmes, comme s’il s’agissait d’une évidence.  Mais est-ce vraiment simple et facile d’être avec soi, d’être soi-même?

Mon expérience personnelle me démontre que cela n’est jamais acquis une fois pour toutes. Cette réalité se vit et se construit au quotidien, comme une œuvre toujours en devenir.  C’est aussi ce que me révèle mon expérience auprès des hommes que j’accompagne depuis 10 ans en thérapie individuelle, en animation d’ateliers et de groupes d’hommes.

J’aimerais d’abord définir ce que j’entends par être soi-même.  Si je résume, cela signifie « s’habiter », « s’appartenir », être conscient d’exister, être conscient de soi, à travers toutes les dimensions de sa personne.  De façon plus précise, c’est vivre en étant conscient de son corps, de ses sensations, de sa respiration, de son ressenti (émotions et sentiments), de ses pensées, de ses besoins et de tout ce qui constitue son imaginaire (inconscient, rêves et désirs).  Finalement, c’est être conscient d’une dimension plus profonde en soi, que j’appelle la Présence ou l’Être.  C’est un grand défi et le programme de chaque instant et de toute une vie.

MON EXPÉRIENCE DU RETOUR À SOI

Avec le recul, quand je m’arrête à mon expérience, je constate que pendant longtemps je ne m’appartenais pas et que je n’étais pas avec moi, ni vraiment moi-même.  J’étais captif des images et des stéréotypes « attendus » d’un fils et d’un homme : réussir, être capable, être à la hauteur en essayant surtout de ne pas montrer ma peur, ma peine, mon désarroi ou mon impuissance pour ne pas être « disqualifié » en tant qu’homme. Je cherchais à être le fils ou l’homme idéal qui serait enfin reconnu un jour et dont on serait fier. J’ai souvent été en quête de cette reconnaissance à travers mes expériences professionnelles et le regard des autres.  Dans mon lien avec les femmes, j’ai aussi cherché l’amour et la reconnaissance. Je tentais de leur faire plaisir et de répondre à leurs attentes en espérant l’amour en retour.  Ma quête était encore à l’extérieur de moi,  ce qui m’évitait d’avoir à me rencontrer en cherchant véritablement qui j’étais. 

Heureusement au fond de moi, l’appel à être moi-même, à être de plus en plus vivant, libre et vrai était et est toujours plus fort que tout le reste. Cet appel intérieur m’a amené à revenir à moi par l’attention à mon corps, la conscience de la respiration, des sensations, des tensions guidé par différentes approches : tai-chi, massage, bio-énergie.  Par la thérapie et l’exploration assidue de mes rêves, j’ai pu entrer davantage en contact avec mon ressenti et mon inconscient.  Finalement, la méditation, le contact avec la nature, les moments de silence et les lectures spirituelles m’ont donné accès à une conscience plus vaste et à une écoute plus profonde.

Le plus important fût de faire ce chemin en groupe.  C’est au contact des autres, par l’effet de miroir, que j’ai appris le plus à me connaître et que je continue d’apprendre. C’est une expérience et un chemin qui se vit et se poursuit d’instant en instant et c’est ce que je souhaite au plus grand nombre d’hommes possible. Pourquoi ?

Je constate au contact des hommes que j’accompagne que leur chemin est différent du mien dans la forme mais pas sur le fond.  Je les vois aux prises avec des enjeux et questionnements semblables aux miens, mais aussi et surtout  avec cet appel au fond d’eux-mêmes à s’écouter, à être davantage ce qu’ils sont vraiment, en relation, en famille, au travail et dans tous les aspects de leur vie.

ÊTRE SOI-MÊME : UN DÉFI POUR LES HOMMES

Les hommes qu’ils soient ou non en démarche sont confrontés pour une grande majorité aux mêmes défis.

D’une part, ils se débattent avec un relent archaïque du stéréotype : un homme c’est fort, c’est invulnérable, capable de réussir et de s’arranger tout seul ou devrait être capable de … en opposition avec : être vulnérable, sensible, tendre, affectueux égale être féminin, « tapette », homosexuel et donc menacé dans son image de soi et de sa masculinité.  Ce combat intérieur est dépassé heureusement pour de plus en plus d’hommes, mais il trouve encore écho chez plusieurs d’entre eux dans l’auto-jugement face à leur sensibilité et leur peur d’être jugé par les autres hommes.

D’autre part, les hommes de par leur énergie naturelle (les études démontrent que les jeunes garçons et adolescents ont besoin de s’exprimer par les jeux et l’activité physique. W. Pollack, De vrais gars) sont souvent attirés par l’action, l’activité physique, les sports, l’exploration du monde extérieur, par le savoir qui fait appel à l’intellect et à la raison.  Ils aiment régler des problèmes, trouver des solutions et ils mobilisent souvent leurs facultés mentales au détriment de leurs corps et de leurs sentiments.  Ou encore, quand ils exercent une activité physique ou un sport c’est souvent avec l’idée de compétition, de performance, de développer une image virile au détriment de ressentir son corps, habiter son corps, avoir du plaisir dans son corps, écouter ses sensations et son propre rythme.

L’invitation à ce retour à soi lancée aux hommes est très attirante mais elle peut aussi leur faire peur parce qu’elle représente l’inconnu, un monde inexploré, irrationnel.  Alors que la majorité des hommes sont occupés à se construire un nom, une renommée dans le monde extérieur et concret, ils sont conviés ici à une rencontre avec eux-mêmes, à une descente en eux-mêmes qui comporte sa part de mystère.

Pour les raisons énoncées ci-dessus, le retour à soi peut s’avérer un grand défi.  Être à l’écoute de toutes les sensations – agréables et moins agréables – ressentir toutes les émotions – celles qu’on aime et celles qu’on aime moins ou qu’on juge – voir et être conscient des pensées et des images qui nous habitent et qui créent notre vie et notre vision du monde, c’est finalement s’accueillir et apprendre à s’aimer dans tout ce qu’on est et dans tout ce qu’on porte en soi.

Il s’agit d’un processus qui se fait sans qu’on ait à trouver ou à chercher une solution immédiate, sans avoir à régler le problème une fois pour toutes, ce en quoi les hommes excellent habituellement.  C’est plutôt une invitation à accepter et accueillir ce qui est et à faire confiance au processus et à la force de la vie en soi.  Cela demande de la patience, de la compassion, et une bonne dose de courage et d’abandon.  C’est une attitude et une disposition beaucoup plus passive qu’active.

LE PRIX À PAYER POUR NE PAS ÊTRE SOI-MÊME

Le prix à payer pour ne pas être soi-même est élevé pour de nombreux hommes.  Il prend toutes sortes de formes : stress, épuisement professionnel, malaises physiques, maladie, compensations ou compulsions dans l’alcool, le jeu, la drogue, le sexe, la consommation matérielle à outrance pour combler le vide, les échecs relationnels à répétition, la dépression inavouée, la solitude, le suicide, etc…

La conscience d’un déséquilibre ou d’un malaise est déjà une opportunité ou un appel de la vie en soi, à s’arrêter pour voir ce qui ne va pas, pour écouter son besoin.
 
ÊTRE SOI-MÊME ET SE SENTIR VIVANT

J’expérimente de plus en plus qu’être vivant implique d’embrasser tous les aspects de ma personne et des expériences que je vis d’instant en instant en me faisant face, en acceptant le bon, le beau comme le plus difficile et le plus sombre en moi, chez l’autre et dans la vie.

Je vois de plus en plus chez les hommes que j’accompagne ce désir d’être eux-mêmes, d’être authentiques et de se laisser ressentir.  Je constate que plus ils acceptent de se rencontrer dans toutes leurs facettes – forces ou vulnérabilités, joies ou peines, peur ou  courage, sensibilité ou force d’affirmation – plus ils s’ouvrent au contraire et plus ils sont vivants, équilibrés et capables d’être en relation.

Je fais le souhait en terminant, que de plus en plus d’hommes aient le désir et le courage d’entreprendre ce chemin du retour à soi pour être pleinement eux-mêmes.

La véritable force des hommes et du masculin  a tout son impact et toute sa puissance quand elle prend appui à l’intérieur d’eux-mêmes.

Julien Blackburn
Thérapeute et animateur d’ateliers et de groupes d’hommes

Date du prochain atelier : 8 – 9 – 10 avril 2011
L’Arc-en-ciel
Tél. : (514) 335-0948

http://www.larcenciel.org/autres-ateliers/entrhommes



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