CES PEURS NOMMÉES AMOUR
« Je t’aime! » Papillons dans l’estomac, attirance presque incontrôlable à l’égard d’une autre personne, chimie évidente, et voilà que rapidement, la fameuse déclaration surgit spontanément des lèvres… Partout dans le monde, dans toutes les langues, le mot « amour » se conjugue à tous les temps, à toutes les passions. Mais à la lumière des drames passionnels qui se multiplient, il est légitime de se demander quelles émotions se cachent derrière…
Aimer, c’est se réjouir profondément du bonheur de l’autre et compatir à sa souffrance, avec le moins d’attentes et de conditions possible. Souhaiter que l’autre s’épanouisse en toute liberté. Apprécier le vol gracieux d’un oiseau plutôt que de le garder jalousement pour soi en cage… Le Petit Robert définit l’amour comme une « disposition à vouloir le bien d’une entité humanisée et à se dévouer pour elle ». Cependant, un seul coup d’œil à la majorité des relations dites « amoureuses » nous convainc rapidement que ce noble principe ne tient pas la route dans la réalité.
L’AMOUR VIDÉ DE SA SUBSTANCE
Que s’est-il passé pour que le mot « amour » en soit arrivé à signifier le désir charnel, l’attirance, la possessivité, le territoire et l’exclusivité imposée, la peur de perdre, la dépendance affective, la méfiance, la jalousie, voire la violence, ces drames qu’on qualifie d’amoureux? D’où ce cri du cœur de Nadine Trintignant : « Aimer, ce n’est pas tuer! » À mon avis, le mot « amour » a été non seulement vidé de sa véritable substance, mais il est utilisé à des fins contraires à son essence, du type « Je suis jaloux parce que je t’aime ! ». En vérité, la jalousie n’est rien d’autre que de la peur. Bref, les peurs ont revêtu le manteau de l’amour… Et tout plein de gens qui se sont un jour déclaré leur « amour » s’entre-déchirent à qui mieux mieux au terme d’orageuses ruptures. Si l’amour véritable ne meurt jamais, mais que la passion est éphémère, peut-on affirmer qu’ils se sont déjà « aimés »? Selon mon point de vue, le mot amour a fini par désigner la peur qui l’a dénaturé.
LE PHÉNOMÈNE DE L’ATTIRANCE
Ce que beaucoup de gens appellent l’amour, c’est avant tout une attirance. D’abord physique. Presque un envoûtement, à la limite. « Je l’ai dans la peau ! », entend-on souvent. Est-ce vraiment désirer le bonheur de l’autre ? Bien souvent, c’est une affaire d’hormones, de phéromones, bref, de la fameuse et si mystérieuse chimie. Et à ce propos, la perception de bien des spécialistes de la croissance personnelle veut que l’attirance mutuelle ait pour but premier de nous permettre, à travers le miroir qu’est l’autre, de mieux nous connaître en identifiant nos facettes, surtout celles qui échappent à notre conscient. En d’autres termes, si tout part de soi, notre longueur d’onde — la somme de nos pensées — attire littéralement, par le jeu des polarités, une vibration qui convient parfaitement à notre façon de nous percevoir et d’appréhender le monde qui nous entoure. Et au fond, encore heureux que l’attraction soit si forte, sinon nous éviterions volontiers et facilement certaines expériences fondamentales de notre vie. D’autres diront que nous devenons amoureux d’une autre personne lorsque nous percevons chez elle ce que nous aimons le plus en nous-mêmes… Sorte de narcissisme au miroir!
L’ILLUSION DU BONHEUR À L’EXTÉRIEUR DE SOI
Cela dit, que se produit-il lorsqu’il y a attirance, qu’elle soit unilatérale ou réciproque? Tout dépend de l’autonomie émotionnelle des êtres en cause. Je me souviens de mes premiers coups de foudre… J’arrêtais presque de respirer, l’essentiel de mes pensées convergeaient vers cet être extraordinaire! Et cette sensation, tenant à la fois du plein et du vide, de l’exaltation et du manque, cet état second, euphorique, ce désir immense d’être avec l’autre, de fusionner avec l’autre. Que se produit-il donc?
Si nous sommes malheureux, et que nous croyons, comme beaucoup de nos semblables, que l’amour se trouve à l’extérieur de soi, il y a fort à parier que l’être aimé en deviendra le pilier, la condition sine qua non. Et dans bon nombre de cas, la bouée de sauvetage. Et que fait le nageur en difficulté avec une veste de sauvetage, seul au cœur de la mer immensément vide de sa vie? Il s’y accroche désespérément, car elle est devenue son salut, il se l’approprie, elle fait corps avec lui. Pour rien au monde il ne voudrait s’en séparer, quitte à se battre farouchement avec quiconque voudrait l’en priver. C’est le vieux cliché de la douce moitié, sans laquelle nous sommes irrémédiablement incomplets.
PEUR ET MÉFIANCE
Pareille perception de « l’amour » induit inévitablement la peur. Et attire par le fait même des vibrations similaires. Selon moi, les couples formés sur de telles fondations sont voués à l’échec, à court ou moyen terme. Et on observe souvent la perpétuation des patterns, surtout lorsque les ac-teurs en présence n’en sont pas conscients, lorsqu’ils croient que c’est normal d’avoir peur dans une relation. En vérité, beaucoup de couples acceptent comme allant de soi un climat de méfiance qui serait intolérable entre deux associés d’affaires, par exemple.
Un jour, un comédien québécois bien connu me confia à quel point sa conjointe était jalouse chaque fois qu’il apparaissait à la télévision. Devant mon air étonné, il ajouta que c’était comme ça dans la vie… Je conclus par une question : « Lorsque ta partenaire doute à ce point de toi (et d’elle-même), comment te sens-tu? Si une bonne crise de jalousie te remplit de joie et te rassure sur les sentiments de l’autre, alors tant mieux pour toi! » La plupart du temps, la peur et la souffrance proviennent du fait que l’on veut s’approprier un autre être, contrôler sa vie, l’assujettir à nos besoins et désirs. Je crois qu’une personne s’appartient d’abord, et que l’amour respecte cette souveraineté individuelle.
LA CRAINTE DE MANQUER D’AMOUR
La recherche de la douce moitié, de la bouée de sauvetage ou du pilier de son bonheur (ou de son malheur) naît du manque d’amour de soi, sentiment lui-même issu d’une piètre connaissance de son potentiel intérieur et des règles du jeu de la Vie. Quelqu’un qui est convaincu de ses imperfections et qui met continuellement l’accent sur elles développe inévitablement la peur de ne pas être aimé. Sur terre, aucune peur n’est plus forte que celle-là. Et cette impression de vide, on nous a appris à la combler de l’extérieur. Alors, sitôt qu’un autre être vous dit « Je t’aime », compensant ainsi pour le manque d’amour de soi, voilà qui devient rapidement une drogue dont on ne peut plus se passer.
Toutefois, ce baume n’est qu’un sparadrap sur la blessure. À son tour, cette crainte de manquer d’amour génère le besoin de se valoriser à tout prix, par toutes sortes de moyens. Par conséquent, si nous valons peu à nos yeux, nous n’imaginons pas que les autres vont agir différemment. La peur sera omniprésente et notre bonheur ne tiendra, à nos yeux, qu’à un fil… Surtout que la société entretient la pensée que le ciel peut nous tomber sur la tête à tout moment. N’oublions pas que tout élément externe composant notre bonheur peut disparaître du jour au lendemain. Le bonheur intérieur, lui, est inatteignable.
PRENDRE LES COMMANDES DE SA VIE
Déjà, la conscience de notre responsabilité dans la conduite de notre vie accroît d’un cran l’estime de soi. Nous cessons d’êtres des pions sans importance pour prendre les commandes de notre destin. Et lorsque nous constatons qu’effectivement, à tout changement de cap intérieur correspond une transformation du portrait extérieur, nous prenons progressivement confiance en nous. Je suis convaincu que la Vie est un immense jeu virtuel par lequel nos pensées les plus pro-fondes finissent par se matérialiser… Il est certain qu’un individu qui croit que tout ce qui lui arrive est la faute d’autrui ne pourra jamais s’aimer, ne connaîtra jamais le bonheur de connaître sa capacité à intervenir dans la conduite de son destin, à le façonner presque à sa guise. Dans mon cas, le seul fait d’avoir pris conscience de l’immortalité de l’âme a radicalement transformé ma vie. Du jour au lendemain, j’ai cessé d’avoir peur de la mort, sachant désormais qu’elle est une illusion en tant que fin, qu’elle n’est qu’une porte vers une autre dimension.
LA FORCE DE L’AMOUR INTÉRIEUR
Lorsque l’amour prend sa source de l’intérieur de soi, cette énergie ne meurt jamais. Et la peur disparaît graduellement. Comme nous ne craignons plus de perdre l’amour, notre instinct de pro-tection du territoire relationnel disparaît, nous ne nous sentons plus menacés de quoi que ce soit. Au contraire, l’amour ne demande qu’à s’expansionner! Ce qui ne veut nullement dire qu’il n’y ait plus d’exclusivité; celle-ci cesse seulement d’être imposée, et devient le fruit d’un accord mutuellement consenti.
Fiction que tout cela? Impossible, direz-vous? De fait, jamais je n’aurais osé parler d’amour véritable si je ne l’avais pas rencontré à l’intérieur de moi et concrétisé dans ma vie. Sans l’expérience, le verbe n’est que pure spéculation. voici le récit de ma transformation face à l’amour…
« JE SUIS AMOUREUSE D’UN AUTRE HOMMME… »
Septembre 1993. Ma femme adorée, avec qui je suis en couple depuis 1978 et avec qui j’entrevois passer le reste de mon existence, m’apprend qu’un autre homme occupe continuellement ses pensées depuis quelques mois. Surprise totale. Comment réagit-on dans pareilles circonstances? Fondamentalement, de deux façons : par peur ou par amour. Parallèlement, un autre choix s’offre à moi : suivre le « relationnellement correct » édicté par la société ou écouter mon cœur. J’ai opté pour la seconde voie. Et je m’en suis toujours félicité.
RÉAGIR PAR PEUR…
Si j’avais eu peur de perdre l’amour de Marie et de me retrouver seul, je me serais aussitôt senti menacé dans mon territoire conjugal. Si j’avais craint de perdre le contrôle de notre union, je me serais cabré, rebellé. Si j’avais considéré ma conjointe comme ma propriété, j’aurais pu réaffirmer ce droit, en utilisant la force ou les menaces au besoin. Et comme notre société me l’avait enseigné, j’aurais pu pousser Marie à un choix déchirant : lui ou moi. J’aurais pu partir sur-le-champ, ou lui demander de le faire.
…OU AGIR PAR AMOUR
Il n’en fut rien. En effet, selon mon expérience, l’amour véritable ne se conjugue d’aucune façon à la possessivité, à la jalousie et au contrôle, des émotions qui relèvent essentiellement de la peur, causée principalement par un manque de confiance en soi reporté sur l’autre, souvent issu de bles-sures de trahison ou d’abandon vécues dans l’enfance. Je savais déjà que l’amour véritable ne meurt jamais, ce que ma conjointe a aussitôt confirmé par un « Je t’aime encore! » Perdre l’amour de Marie étant pour moi une pure impossibilité, j’ai pu conserver ma neutralité devant ce surprenant aveu, qui reflétait tout son désarroi. Au fond, elle me demandait de l’aider, me laissant toute latitude dans la poursuite des événements. Profondément ému de sa confiance (l’amour n’est-il pas confiance?), j’ai résolu de l’appuyer inconditionnellement dans l’expérience qu’elle vivait, poussé par un intense désir de voir de nouveau le sourire réapparaître sur son beau visage.
Lorsqu’elle est revenue de son premier rendez-vous avec Denis, une immense tristesse dans les yeux, car il avait refusé de répondre à son amour, j’ai assisté, pendant de longs mois, à l’impossible défi de l’oubli que tentait de relever Marie. Pour respecter son engagement à mon endroit, elle s’était jurée de sortir cet homme de sa mémoire. Après mûre réflexion, j’ai décidé que la négation de son destin n’était pas digne de l’amour que nous nous témoignions. Le fait de voir ma conjointe penser malgré elle à un autre était une perspective que je n’avais nullement envie de vivre, même si cela m’aurait permis de la « garder » pour moi seul. Ma perception est que les êtres sont beaux lorsqu’ils s’expriment au meilleur d’eux-mêmes dans la liberté.
Aussi l’ai-je poussée à reprendre contact avec cet homme, qui est finalement entré dans notre vie, devenant instantanément mon meilleur ami, sans aucun effort de ma part. J’ai choisi consciemment de leur laisser l’exclusivité sexuelle, étant moi-même libre d’exprimer ma sexualité en dehors de mon couple. J’étais devenu un célibataire en couple, car notre couple existait toujours, l’amour entre Marie et moi s’étant intensifié. Un amour pur, de celui qui unit les âmes, et non une amitié, comme beaucoup se plaisent à croire, quoique je crois désormais que l’amitié, telle que perçue dans notre société, est ce qui se rapproche le plus de l’amour véritable. Mieux, la présence de Denis faisait ressortir des facettes d’elle qui m’étaient inconnues, ce qui la rendait encore plus belle à mes yeux. Je voyais l’amour se multiplier autour de moi et surtout à l’intérieur de moi. Jamais dans ma vie je n’avais ressenti pareille harmonie. J’ai alors compris que j’avais choisi la voie de l’amour. Dire que si j’avais su à l’avance ce qui approchait, j’aurais refusé net! Je n’étais nullement conditionné à cela : dans mon esprit, nous étions deux pour le reste de nos jours! Même qu’un an avant l’entrée en scène de Denis, je m’étais mis en furie devant une voyante qui m’avait spontanément révélé, lors d’un salon de l’ésotérisme, que Marie aimerait un autre homme. « Je vois que tu n’es pas prêt à entendre ces choses », avait-elle conclu.
UN TRIANGLE HARMONIEUX
Depuis 17 années maintenant, Denis, Marie et moi partageons notre quotidien, nos joies, nos rêves et notre amour, qui ne cesse de grandir. N’est-ce pas d’ailleurs là le propre de l’amour? L’amour multiplie et se dilate, la peur divise et se contracte. Ramenez tout geste de votre quotidien au plus petit dénominateur commun, et vous y retrouverez toujours la peur et l’amour comme motifs profonds. Constater tout l’amour qui unit Marie et Denis n’enlève non seulement rien à la force du lien qui m’unit à elle, mais ajoute à mon bonheur. Quoi qu’il en soit, toute relation entre deux êtres est unique et exclusive, peu importe le cadre. Et j’avais le pouvoir d’empêcher cette extraordinaire complicité, l’une des plus belles qu’il m’ait été donner d’observer dans cette vie, cinéma inclus!
Ceux et celles qui estiment que j’ai beaucoup perdu et qui pensent que je flirte probablement avec le masochisme ou une piètre étanchéité de mon territoire relationnel ne savent pas que cette histoire m’a permis de retrouver qui je suis, qu’elle a été le déclencheur de la découverte du sens profond de ma vie : rappeler aux gens que seule la peur fait souffrir, et que l’amour véritable n’est que joie. Je sens encore qu’une autre femme croisera un jour ma route, et que l’énergie du triangle se fera quadrature. Si c’était déjà facile à deux et tellement plus simple à trois, un quatuor sera la manifestation ultime du partage, de la fraternité et de l’amour. Mais je n’y tiens plus à tout prix, car qui je suis me suffit déjà amplement.
LE VÉRITABLE SENS D’AIMER
Si aimer consiste vraiment à se réjouir profondément du bonheur de l’autre et à tout mettre en œuvre pour amoindrir ses souffrances, sans attentes ni conditions, cela doit pouvoir se vivre concrètement. Je le répète, ce ne sont pas là de vagues concepts lancés en l’air pour bien paraître. Je ne témoignerais pas si je ne ressentais pas cette énergie quotidiennement. Non seulement aucune dispute sérieuse ne vient assombrir notre relation, mais tout n’est que joie en notre demeure, simple et profond désir de voir l’autre heureux. Et les gens sont étonnés d’apprendre que nous dormons dans trois chambres séparées, toutes portes closes. En effet, l’amour commence d’abord par le fait de nous sentir bien dans notre individualité, d’où le désir de chacun de profiter de son espace vital.
Difficile de bien comprendre ce que nous ressentons sans le vivre soi-même. Récemment, quelqu’un me disait : « Qui te dit que ça ne finira pas par tourner mal entre Marie et toi, que tout se terminera dans la dispute, comme pour bien d’autres? » « Cela fait 32 ans que tu nous vois heureux ensemble et tu crois encore que ça pourra mal tourner? De quelle preuve encore as-tu be-soin? », ai-je répondu. J’ai alors compris que pour beaucoup de gens, être en couple, c’est vivre avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête. Et que bien des conjoints sont prêts à douter spontanément de l’autre à la moindre occasion.
Pour notre part, nous nous heurtons à l’incompréhension chaque fois que nous affirmons notre certitude que si nous sommes toujours incarnés dans 20, 30 ou 50 ans, nous vivrons toujours cette même harmonie, et plus encore. Voilà l’essence de l’amour : confiance absolue, joie ultime de constater le bonheur de l’autre et le sien. La méfiance n’est rien d’autre que de la peur, qu’on camoufle volontiers sous le masque du réalisme, du c’est-comme-ça-dans-la-vie. Je ne suis pas ici pour suivre le courant, mais pour écouter mon cœur.
Cette réflexion nous amène à la croyance qu’en « amour », rien ne doit être acquis. Qu’à partir du moment où le dévouement de l’autre est assuré, on se laisse aller… jusqu’à la rupture! « Que reste-t-il lorsque l’amour est acquis?, m’écrivait une internaute. Il n’y a plus rien à gagner… » « L’amour n’est pas un état à gagner ou à perdre, le cas échéant, ai-je répondu. Il EST, tout simplement, il ne meurt jamais, il ne peut que croître. À partir de cette fondation inébranlable, on peut commencer à construire la maison, pas avant. Comment est-il possible de bâtir son couple en croyant que la base peut se fissurer à la moindre secousse? » Voilà pourquoi la complicité que nous vivons au sein de notre trio est de plus en plus forte.
QUAND ON AIME SANS PRENDRE
Je vous propose ici un extrait du témoignage d’un de mes correspondants français, qui vit lui aussi au sein d’un trio depuis de longues années. « Quand ma compagne, avec qui j’avais passé onze ans de vie commune, aima un autre homme, écrit-il, sur le coup, j’ai réagi bêtement, avec mes conditionnements. Mais très vite, je me suis repris, j’ai sincèrement cherché au fond de moi ce qui me faisait souffrir, et j’ai découvert que ce n’était pas moi qui souffrais, mais ce faux moi conditionné, habillé sur mesure à la dernière mode par la société! Alors, j’ai commencé à me débarrasser de ces vêtements devenus de plomb. Et je me sens beaucoup plus léger, tout est devenu bien plus clair! Quand on aime sans prendre, sans cette notion du « c’est à moi », ce contexte territorial, on ne désire que le bonheur de l’autre, et cela nous nourrit et nous remplit de joie. Oh!, combien tout ceci est vrai! »
LE BONHEUR, UNE AFFAIRE D’ÉVOLUTION
« À la base, peut-on lire dans le livre Vu d’en haut, de Daniel Meurois-Givaudan, on pourrait simplifier les choses en disant que c’est votre conception du bonheur qui est fausse. Elle est perver-tie par une vision statique et égoïste des lois qui régissent l’univers. Vous vous imaginez que le bonheur représente l’absence de difficultés et la suppression de toutes les interrogations. Pourquoi donc? Être heureux n’a jamais signifié ne pas se trouver confronté à des obstacles, mais savoir prendre de la hauteur par rapport à ceux-ci. Comprends-moi, la Vie est, par définition, une dynamique qui pousse tout ce qui se place dans son courant à aller de l’avant. Et aller de l’avant, c’est bâtir, c’est se métamorphoser, donc se trouver régulièrement confronté à des portes à franchir, à des rapports à redéfinir, à réinventer, à des ponts à lancer. Cela signifie l’inverse de l’action de tourner en rond, le contraire d’un ronronnement. C’est la volonté du dégagement de la léthargie des habitudes… »
L’AMOUR MULTIPLIE
J’aimerais conclure en disant que lorsqu’on me répète que Marie s’est divisée en deux, je réponds qu’au contraire, elle s’est multipliée par deux! Cela dit, mon témoignage ne se veut d’aucune manière un exemple à suivre. Je prône sans retenue l’importance du libre arbitre de chaque être. Mais si notre expérience peut apporter un éclairage nouveau sur l’amour et le couple, ne serait-ce que chez quelques personnes, notamment celles à qui ce genre d’histoire arrive, j’aurai atteint mon but ultime : servir mes semblables dans leur quête du bonheur.
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