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André Harvey

Un des plus persistants souvenirs de mon enfance est celui de mes enivrantes sorties astrales qui survenaient presque tous les soirs au moment de m’endormir.

Un des plus persistants souvenirs de mon enfance est celui de mes enivrantes sorties astrales qui survenaient presque tous les soirs au moment de m’endormir. Ma naïveté d’enfant me permettait alors de ne pas trop me poser de questions sur ce que je croyais alors être un phénomène normal vécu par tous les humains. Mais, au seuil de mon entrée dans le monde adulte, je déchantai rapidement. À l’adolescence, ces expériences de sorties hors du corps prirent de l’ampleur et je sentis le besoin d’en parler. Mais, on me fit vite comprendre que le voyage astral «conscient » n’était le lot de beaucoup de gens et que le silence était mon meilleur allié. Heureusement, aujourd’hui, tout a changé. Afin de démystifier ce phénomène de plus en plus vécu par les authentiques chercheurs de vérité, je vous propose de me suivre au cours de l’un de mes plus révélateurs voyage astral…

… À peine aie-je déposé ma tête sur l’oreiller que je sens une étrange vibration secouer tout mon être. J’en capte même très clairement le son dans mes tympans. Cette curieuse quoique agréable sensation est suivie d’une forte détonation qui résonne avec fracas dans mon crâne. Mais, à ma grande surprise – car souvenez-vous, je suis toujours pleinement conscient de ce qui m’arrive – aucun effet néfaste n’accompagne cette explosion ; même que la sensation est plutôt agréable. Puis, c’est au tour de mes mâchoires de se crisper. Après quelques instants, elles semblent si serrées l’une contre l’autre que j’ai la désagréable impression que je ne pourrai jamais les séparer. Suis-je en train de mourir, me crie mon mental cherchant à semer en moi la panique ? Je n’y porte même pas attention…

Étonné puis inquiet devant ces manifestations qui échappent à mon entendement, j’ai soudainement la nette impression que mon corps de chair s’éleve dans les airs, sans que ma volonté n’intervienne d’aucune façon. Puis, comme un astronaute dans sa capsule spatiale, je me surprends à flotter au-dessus de mon corps physique, et ce, de façon tout à fait consciente. Je peux maintenant me déplacer au gré de ma pensée, dans un monde nouveau où tout est extraordinairement calme. Et le plus merveilleux, c’est que je SAIS que je ne rêve pas. Tout est si réel, comme si…

Au-dessous de moi, gisant sur le lit, ma carcasse endormie m’apparaît comme un amas de chair sans vie. Un cordon argenté me rattache à ce corps, comme un cordon ombilical reliant l’enfant à sa mère. Quelle sensation de liberté et de légèreté je ressens, malgré certaines peurs qui cherchent à me faire réintégrer ma prison de chair ! Je m’habitue graduellement à mon nouvel environnement, et je m’y laisse bercer.
Des images se mettent alors à défiler sur l’écran de ma conscience… Je me souviens avoir vécu ce type d’expérience au cours de mon adolescence durant mon exploration du monde des drogues. Les plus douces m’avaient d’abord fait connaître une l’euphorie comparable à ce que je vivais actuellement. Puis, j’expérimentai le LSD – pour la seule et unique fois de ma vie d’ailleurs, vous allez comprendre pourquoi…

J’avais alors cru perdre la raison, mais aujourd’hui, je comprenais pourquoi ! Je m’étais retrouvé projeté littéralement hors de mon corps physique. La détente initiale s’était vite transformée en cauchemar quand j’avais commencé à voir apparaître autour de moi des êtres d’une laideur repoussante. Ils étaient si près de moi que je pouvais presque les toucher et sentir leur odeur nauséabonde. Plus ma peur grandissait, plus les hallucinations exerçaient leur emprise sur moi. Ce voyage cauchemardesque dura plus de six heures, après quoi, à bout de forces et frôlant le désespoir, je perdis conscience. Au réveil, je m’étais juré de ne plus jamais retoucher à ce genre de poison, promesse que j’ai d’ailleurs tenue sans problème…

En cet instant, il devenait clair à mon esprit que j’avais expérimenté une sortie hors du corps, comme maintenant, à la différence que le LSD m’avait projeté dans le bas-astral, cette dimension où ne règnent que les passions et où se retrouvent les Esprits n’ayant pas réussi à se détacher de la Terre. (On m’expliqua plus tard que l’alcool et les drogues fortes ouvraient la porte sur ces mondes dits inférieurs. Les êtres y évoluant étant des personnes désincarnées qui, de leur vivant, croyaient qu’après la mort il n’y avait que néant. Ils errent pendant un certain temps entre deux mondes, prenant parfois un malin plaisir à faire peur à ceux qui s’aventurent chez eux…, mais ça c’est une toute autre histoire…)

Mais aujourd’hui, ce n’était surement pas le cas et je flottais comme Superman en des sphères beaucoup plus élevées. Une fois acclimaté à ce nouveau monde qui s’ouvre à moi, je me laisse prendre au jeu et exécute quelques pirouettes que mon état d’apesanteur me permet de faire avec facilité. J’ose même traverser le mur qui me sépare de la chambre voisine et j’en reviens tout aussi facilement, fermant les yeux de temps à autre, par réflexe, de peur de me faire mal. Je constate alors avec étonnement que mon corps de lumière prend la même densité que le mur, ce qui lui permet de le traverser sans la moindre friction.
Quelle aventure!

Et voilà que je «me » regarde dormir à poings fermés sur le lit, quelques mètres plus bas, portant mon attention sur le ridicule petit filet de salive qui s’échappe de ma bouche entrouverte. C’est alors que je prends conscience d’une vérité qui allait désormais changer ma conception de la vie : j’étais beaucoup plus qu’un corps physique, mais animé d’une âme et d’un Esprit. Après ma mort, c’était cette carcasse qui allait rester sur terre. Tandis que mon Esprit, ce que j’«étais » actuellement, allait continuer à vivre dans le monde de liberté à la porte duquel je me trouvais. Tout ce qui me rattachait à mon corps physique se résumait à ce mince cordon de lumière qui prenait naissance dans mon ombilic. À mon décès, ce lien allait se couper et mon esprit pourrait alors poursuivre sa route dans l’au-delà. Quelle merveilleuse découverte j’étais en train de faire, moi qui venait tout juste de cesser de croire au paradis et à l’enfer !
Le temps semblait s’être arrêté dans cette dimension où je me trouvais. En ce monde, il n’avait plus d’importance, tout était figé dans le présent. La théorie selon laquelle le présent, le passé et le futur se déroulaient en même temps dans le monde de l’âme prenait ici toute sa signification. Le cerveau humain ne pouvait adhérer à cette hypothèse irréaliste puisqu’il était lui-même restreint dans sa compréhension des choses, limité par un espace-temps nécessaire à son développement.
Je saisis alors la portée d’une phrase que j’avais entendue des années auparavant: «S’ouvrir au monde de l’âme, c’est également détruire toutes les limites qui nous empêchent d’avancer à l’infini… » Ayant goûté à ces instants d’éternité, je ne pourrais plus jamais voir la vie de la même façon. C’eût été de faire un pas en arrière, et, à cela, je ne pourrais jamais me résoudre.

De plus en plus à l’aise dans mes déplacements, je stabilisai mon corps de lumière à quelques centimètres du plafond. Je me laissai baigner dans cette sérénité indescriptible ressentie après avoir assimilé une grandes loi universelle. Ne venais-je pas de ressentir dans toutes mes cellules la différence entre l’âme, son Esprit et son corps ? Des centaines de lectures et de cours sur le sujet n’auraient jamais réussi à me l’enseigner aussi bien. Maintenant que je «savais» même les arguments les plus scientifiques, contradictoires ou dérisoires, ne pourraient avoir d’emprise sur moi et me faire oublier l’objectivité de mon expérience astrale. Enfin, je n’aurais plus à me fier sur l’expérience des autres, mais sur la mienne, ce qui fait toute une différence, si vous y pensez bien…

Combien de fois avait-je jugé et taxé d’imposture certaines personnes relatant leurs sorties hors du corps à la suite d’un accident, d’un coma ou d’un arrêt cardiaque ? Maintenant que j’avais goûté à la coupe du savoir acquis par l’expérimentation, je ne doutais plus.
Le reste du temps, je me souviens avoir baigné longuement dans une aura de gratitude, avoir fermé les yeux et m’être exclamé : «Merci, mon Dieu, de me permettre de vivre cela! C’est le plus beau cadeau que Tu m’aies jamais offert. Je Te rends grâce. Je Te serai toujours reconnaissant de m’avoir fait vivre ces instants magiques.»

Puis, tout redevint noir ; je fus brutalement sorti de mon extase et aspiré par mon corps qui s’éveilla en sursaut, comme si la Vie l’avait oublié quelques instants et venait de se souvenir qu’il restait encore du boulot à exécuter, sur le plancher des vaches…

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