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Claudia Rainville

«La vie est faite pour être célébrée à tous les jours et les êtres»

Depuis plusieurs années, j’anime des séminaires de psychothérapie. Tout au long de ces ateliers, j’ai rencontré un nombre important de personnes qui ne se donnent pas le droit d’être heureux. Je vous présente quelques histoires relatant les situations les plus fréquentes.

Noëlla m’avoue avoir tout pour être heureuse. Pourtant, elle passe sa vie à saboter son bonheur. Elle n’en comprend pas la raison. Noëlla a une soeur qui est handicapée. Elle a eu pendant des années et a même encore aujourd’hui le sentiment qu’elle a tout et que sa soeur n’a rien. Elle considère cette réalité bien injuste. C’est ainsi qu’elle se fait juge vis-à-vis d’elle-même, et qu’elle ne s’autorise pas à être heureuse avec ce qu’elle a ou dans ce qui lui est offert.

Pour sa part, Louis a une soif de vivre, de mordre dans la vie à belles dents. Pourtant, il constate toutes les limites qu’il s’impose. Il travaille sans arrêt et lorsqu’il s’offre du bon temps ou des vacances, il y a toujours quelque chose qui survient pour lui gâcher une partie de son plaisir.

Louis a vu ses parents travailler très fort et faire bien des sacrifices pour lui offrir à lui, ainsi qu’à ses frères et soeurs, une bonne éducation. Louis croit donc que dans la vie, il faut travailler fort, et que le plaisir est pour les autres. De plus, il considère que par rapport à ses parents, il est injuste que lui ait beaucoup de plaisir dans la vie, alors qu’eux se sont tant privés pour leurs enfants.

Robert passe sa vie à aider les autres. Lui aussi a tous les éléments pour être heureux, mais il attend que tout son entourage le soit pour se donner le droit de l’être. Dans sa jeunesse, Robert était l’enfant modèle, presque toujours premier de classe. Il était le plus souvent cité en exemple. Si le fait d’être valorisé le remplissait de fierté, cela le rendait triste pour celui ou celle qui était dévalorisé. Il n’avait alors plus qu’une idée, celle de l’aider pour que son succès ou sa réussite ne soit pas cause de dévalorisation pour l’autre. C’est ainsi qu’il chercha avec le temps à démolir l’image du bon gars ou de l’homme parfait, pour ne plus éprouver ce sentiment. Il oscillait alors entre le désir de réussir et la peur de créer chez l’autre un sentiment d’infériorité. Il attendait que celle qu’il aimait règle ses problèmes ou réussisse pour se donner le droit de déployer son plein potentiel.

Pour sa part, Marthe n’arrive pas à être heureuse. Elle se sent étouffée et redevante envers sa mère, qui ne cesse de lui rappeler tout ce qu’elle a fait pour elle. Veut-elle prendre un peu de distance que sa mère se met à pleurer, à déprimer et à la culpabiliser. Alors, elle revient et sa mère recommence de nouveau à l’étouffer avec toutes ses attentes. Marthe n’en peut plus. Elle explose. Après s’être fâchée avec sa mère, elle se sent bien méchante et se punit en sabotant son bonheur dans son travail, dans sa relation de couple ou dans sa relation harmonieuse avec ses enfants.

Jacques est le petit dernier d’une famille de trois garçons. Enfant, chaque fois que Jacques voulait prendre une initiative, sa mère l’en empêchait. Elle lui répétait constamment: «Fais comme tes frères». Jacques grandit avec le sentiment qu’il n’avait pas le droit d’être lui-même, d’avoir des idées ou de prendre des initiatives. Cela fit naître en lui de la rage vis-à-vis de sa mère.

À l’adolescence, il commence à s’enivrer pour finalement devenir alcoolique. Autant sa mère l’incite à faire des études universitaires, autant il perd son temps. En agissant ainsi, c’est comme s’il disait à sa mère : «S’il n’y a rien dans ma vie qui réussit, c’est de ta faute. Tu as détruit la confiance que j’avais en moi. Et bien, subis-en les conséquences; je ne te donnerai pas la joie d’être fière de ton fils.»

Nous pouvons nous empêcher d’être heureux non seulement par culpabilité, mais également pour nourrir une rancune ou encore pour vouloir punir la personne que nous tenons responsable de nos échecs ou de notre souffrance.

Culpabilités, rancunes, sentiment d’injustice d’avoir reçu plus que les autres ou encore croyances que le bonheur n’est pas de ce monde, que nous ne pouvons tout avoir, que la vie est un tas de merde que nous mangeons un peu à chaque jour, voilà autant de raisons qui nous empêchent d’être heureux.

Comment en sortir pour enfin se donner le droit d’être heureux ?
Il y a trois étapes essentielles à tout changement. La première est la prise de conscience. La seconde est la reconnaissance de nos mécanismes. La troisième consiste en l’action transformatrice. J’ajouterai que nous pouvons faire une prise de conscience en une seconde, mais que nous pouvons mettre des années à transformer ce dont nous avons pris conscience.

Comme beaucoup de personnes en cheminement, j’ai cru pendant longtemps qu’il s’agissait de prendre conscience de la cause d’un problème, de le reconnaître et de prendre la décision ou l’action appropriée pour que le changement s’opère. Cela s’avère exact pour certaines difficultés, et c’est ce qui entretenait ma croyance. Je dois toutefois reconnaître que, dans certains aspects de ma vie, bien que j’étais consciente de la cause, je n’en continuais pas moins de répéter mes vieux mécanismes.

C’est alors que j’ai compris que lorsque nous avons utilisé un mécanisme pendant des années, une habitude s’est créée. Ce n’est donc pas une nouvelle décision qui va faire cesser cette habitude. Il faut plutôt remplacer l’ancienne habitude par une nouvelle. Par exemple, si nous avions l’habitude de saboter notre bonheur pour l’une des raisons mentionnées plus haut, il nous faudra maintenant développer l’habitude d’être heureux, mais cette fois, sans interdiction. Comment ? En devenant attentifs à ces moments où nous sommes heureux. Prendre conscience de ce qui nous rend heureux et s’en donner le droit pendant que nous le vivons. On peut se dire : «J’ai droit à ce bonheur»; «Mon bonheur n’enlève rien à personne»; «Plus je m’autoriserai de bonheur, plus je rayonnerai de joie autour de moi» ou d’autres phrases de ce genre.

Nous serons également attentifs à ces moments où, malgré notre bonne volonté, nous réalisons que nous avons encore saboté notre bonheur. Que s’est-il passé avant notre sabotage? Avons-nous vu l’un de nos proches triste, traverser des difficultés ou encore des personnes faisant pitié? Nous nous pardonnerons alors d’avoir détruit notre bonheur et nous dirons merci cette fois d’en être conscients.

Nous reconnaîtrons que ces personnes avaient à apprendre à être heureux avec peu ou qu’ils avaient besoin de leurs difficultés sur la voie de leur évolution. Pour notre part, nous avons peut-être à apprendre à être heureux avec beaucoup ou encore, à se donner le droit d’être heureux sans se sentir coupables.

Nous recommençons alors à se rendre heureux sachant maintenant ce qui contribue à notre bonheur et en s’y donnant de nouveau pleinement droit, pour enfin arriver à prendre l’habitude d’être heureux sans restriction.

Il nous faudra peut-être aussi nous dégager de cette croyance d’être redevables à nos parents si cela engendre chez-nous de la culpabilité. Tout ce que nous devons à nos parents, c’est le respect, et c’est tout ce que nos enfants nous doivent. Ce que nos parents nous ont donné, ils l’avaient reçu de leurs parents et nous le redonnons à nos enfants. Ainsi va la vie!

En se libérant de cette croyance d’être obligés, nous nous dégageons par ricochet du sentiment d’être égoïstes, sans coeur, ingrats ou méchants. Ainsi, nous cessons de nous autopunir ou de nous interdire le droit d’être heureux.

Enfin, si nous détruisons notre vie et tout ce qui pourrait nous rendre heureux pour punir ou culpabiliser la personne que nous tenons responsable de notre souffrance, il serait sage de nous demander qui en paie le prix et ce que cela représente. si nous réalisons que ce prix est trop cher à payer, nous pourrions remplacer notre désir de nous venger par la sérénité que pourraient nous procurer une nouvelle compréhension et le pardon.

Il ne nous restera plus que nos vieilles croyances à éliminer. Si nos parents ont travaillé aussi fort, cela était dû en partie aux conditions économiques de leur époque, mais surtout au condionnement que la vie est un combat et qu’il faut gagner son pain à la sueur de son front.

Et si maintenant nous, nous entretenions la croyance que la vie est faite pour être célébrée à tous les jours et que les êtres sont nés pour être heureux, nous arriverions sûrement avec le temps à développer l’habitude d’être heureux.

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