Et si la mort m’aidait à vivre ?
La peur de la mort
La peur de la mort reste très certainement la réaction la plus universellement connue, c’est une constante à travers les âges. Les répondants de mon enquête, mais également les personnes que j’aide dans ma pratique privée, sont conscients de leur condition de mortel et, contrairement aux animaux, ils savent qu’ils auront à faire face tôt ou tard à la fin de leur vie terrestre. La majorité d’entre eux affirment que la mort demeure la véritable inconnue et, sans qu ils le disent toujours clairement, qu’elle leur fait peur. Ce qui rejoint la pensée de Michel Vovelle : “ Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un temps où la mort humaine a pu être “ naturelle ”, acceptée sereinement sans crainte ni appréhension ”*.
Ce qui rejoint ma propre expérience. En tant que chargée de cours dans différentes universités québécoises, on m’a offert un jour la possibilité de donner un atelier aux 50 ans et plus dans le cadre de la formation continue.
Après avoir précisé le syllabus de ce cours au programme officiel, il s’est avéré que trop peu d’étudiants s’y étaient inscrits pour que je puisse donner l’enseignement. Peut-on penser que seul le manque d’intérêt était en cause ? On pourrait aussi supposer une peur omniprésente même chez un groupe d’âge qui, “ normalement ”, devrait se préparer à l’éventualité de sa mort ?
J’ai également aidé une de mes jeunes clientes à vivre le deuil de son père mort du sida. Alors que le mal avait été diagnostiqué depuis plusieurs années et qu’il en avait souffert très longtemps, il a été incapable de s’ouvrir sur le sujet à ses quatre enfants, par crainte du jugement, mais ne serait-ce pas aussi par peur de sa propre mort ?
*Michel Vovelle, La mort en Occident de 1300 à nos jours, Paris, Gallimard, 1983, p. 9
Le livre : Et si la mort m’aidait à vivre ?
ISBN 2-89436-081-9
Éditeur : le Dauphin Blanc. 418-845-4045
Diffusion : Raffin