Comment bien vivre sa colère ?
La plupart des gens ne se croient pas colériques mais en réalité, tous les humains vivent de la colère à des degrés différents, de façon différente et pour des raisons différentes.
COMMENT VIVEZ-VOUS LES SITUATIONS SUIVANTES ?
Quelqu’un vous fait une promesse, s’engage à faire quelque chose et ne le fait pas.
Vous prêtez un objet ou de l’argent et l’autre ne vous le remet pas, ou vous remet l’objet endommagé.
Quelqu’un vous ridiculise ou vous humilie devant d’autres personnes.
Votre conjoint(e) oublie votre anniversaire.
Vous êtes sûr(e) d’avoir raison alors qu’une autre personne vous obstine.
Les situations précédentes impliquent au moins une autre personne. Que se passe-t-il en vous lorsque vous vivez une des situations suivantes ?
Vous oubliez quelque chose d’important.
Vous avez dit oui à quelqu’un alors que vous auriez voulu dire non.
Vous avez trop mangé de chocolat ou abusé de tout autre aliment ou substance.
Quelque chose que vous n’auriez pas dû dire revient contre vous.
Vous voulez exprimer quelque chose à quelqu’un et vous n’y arrivez pas.
Vous avez laissé quelqu’un profiter de vous.
La majorité des gens vivent de la colère face à eux-mêmes dans ces situations. Cette colère est plus ou moins consciente et vécue à des degrés différents par chacun.
POURQUOI VIVONS-NOUS AUTANT DE COLERE ALORS QUE NOUS PREFERONS LE CALME DANS NOTRE VIE?
À chaque fois que la colère prend le dessus, nous ne sommes plus nous-mêmes. Nous nous laissons envahir par une partie de nous qui souffre et qui est là pour nous indiquer une blessure non réglée. Cette blessure vient d’une situation douloureuse vécue étant jeune avec un parent et où le pardon n’a pas été encore fait.
Cinq blessures principales sont à la base de cette colère : La trahison, le rejet, l’abandon, l’humiliation et l’injustice. Tant et aussi longtemps que les blessures ne seront pas réglées par le pardon véritable, elles demeureront des plaies ouvertes qui feront mal à chaque fois que quelqu’un ou une situation viendra réveiller ou toucher cette vieille blessure. Plus la blessure est importante, plus la plaie est ouverte, et plus la colère est forte.
Lorsque nous croyons vivre de la colère envers une autre personne, c’est une illusion. En réalité, c’est toujours face à soi-même. Inconsciemment, nous nous en voulons de ne pas nous être occupé de nos blessures. Nous nous en voulons de nous être laissé avoir, de n’avoir pu nous exprimer ou faire nos demandes clairement ou de n’avoir pu nous affirmer sans accuser l’autre. Lorsque nous sommes dans notre cœur, nous n’accusons pas l’autre et nous pouvons nous exprimer calmement en nous plaçant dans la peau de l’autre. Au niveau de l’âme, nous savons que nous attirons ces personnes et ces situations pour nous aider à devenir conscients de ce qu’il nous reste à régler. En fait, nous sommes en colère parce que nous nous en voulons de ne pas demeurer dans notre cœur, c’est-à-dire d’être vraiment nous-mêmes. C’est seulement lorsque nous sommes réellement nous-mêmes que nous nous sentons bien.
Il est intéressant de constater que nous ne nous mettons pas tous en colère pour les mêmes raisons et dans les mêmes circonstances. Cela vient des croyances développées par chacun, par peur de souffrir, et selon la personnalité de chacun. Voici plusieurs exemples:
Le perfectionniste trop idéaliste veut tellement que tout soit parfait, qu’il est en général un perpétuel insatisfait. Il vit beaucoup de colère, mais surtout face à lui-même, car il se critique beaucoup. Il essaie de contrôler sa colère le plus possible car pour lui, colère est synonyme d’imperfection. Chez le perfectionniste, la colère se traduit par une attitude tendue, stressée et nerveuse. Le contrôle qu’il s’impose est très exigeant et néfaste pour son système nerveux.
Les personnes ambitieuses qui recherchent sans cesse le succès vivent de la colère lorsqu’il y a perte de temps. Elles ne se donnent pas le droit de perdre du temps et vivent donc de la colère envers elles-mêmes si cela se produit. Elles ne tolèrent pas non plus ceux qui leur font perdre leur temps et vivent de la colère envers eux lorsque cela se produit. Ces personnes manifestent leur colère par de l’impatience et de l’intransigeance. Elles ne s’arrêtent pas trop à leur colère car cela leur ferait perdre du temps.
Les personnes à caractère contrôlant vivent surtout de la colère envers ceux qui ne gardent pas leurs engagements et ceux qu’elles jugent irresponsables. Elles se permettent de montrer leur colère car elles aiment bien montrer leur force, leur pouvoir. Par contre, elles s’en veulent ensuite car elles voudraient être assez fortes pour ne pas se laisser déranger.
Les personnes plutôt rigides sont championnes pour se faire croire que tout va bien, que tout est merveilleux et qu’elles ne vivent pas de colère. Elles préfèrent ne rien sentir, ainsi elles évitent de souffrir. Ce sont des personnes à qui on a souvent demandé de performer étant jeunes et qui continuent de croire qu’en ne sentant pas, elles performeront mieux. En général, elles semblent au-dessus de tout, calmes et impassibles.
Les personnes dépendantes vivent de la colère surtout envers les autres. Elles recherchent de l’attention à tout prix. Elles vivent donc de la colère principalement avec ceux qui devraient, selon elles, leur donner de l’attention ou avec ceux qui semblent l’abandonner. Cette colère se manifeste surtout par des problèmes ou des maladies pour attirer l’attention. Elles jouent souvent à la victime. Toutes les maladies qui finissent par "ite" sont des manifestations de la colère. Le foie est l’organe le plus touché par le refoulement de la colère. On observe aussi des problèmes de blocage aux intestins lorsque la personne se retient trop, surtout au niveau de ses désirs.
Ceux qui se sentent facilement rejetés vivent une colère profonde mais choisissent de fuir plutôt que de montrer leur colère. Ils fuient la situation ou la personne en se réfugiant dans l’alcool, la drogue ou les médicaments.
Cette colère est une émotion indésirable qui bloque le corps émotionnel, c’est-à-dire le corps des désirs et de la capacité de sentir la joie, le bonheur et l’amour. C’est d’ailleurs la cause de toutes sortes de malaises et maladies au niveau du corps physique.
LORSQUE VOUS VOUS APERCEVEZ QUE VOUS VIVEZ DE LA COLERE :
1. Prenez trois bonnes respirations.
2. Ensuite – et le plus important – donnez-vous le droit de vivre cette colère. Acceptez l’idée que vous êtes humain, que certaines blessures intérieures ne sont pas encore réglées et que cette colère peut vous permettre de les découvrir pour enfin les guérir.
Ces deux premières étapes vous aideront à vous recentrer.
Reconnaissez ensuite que c’est en réalité envers vous-même que vous êtes en colère. La plupart des gens s’en veulent de ne pas avoir bien précisé ou bien communiqué quelque chose, de s’être laissés avoir, d’avoir agi sans réfléchir ou de ne pas avoir écouté leur intuition par exemple.
Lorsque votre colère implique une autre personne, il est important de lui exprimer ce que vous avez vécu en lui avouant la colère que vous vivez face à vous-même. Il ne doit y avoir aucune accusation envers l’autre.
Ne vous en voulez surtout pas car vous continueriez ainsi à entretenir cette colère envers vous-même. Sachez qu’il est tout à fait normal pour un humain de réagir lorsque quelqu’un vient toucher une de ses plaies, qu’elle soit physique ou psychologique.
Je recommande également de faire le miroir avec la personne concernée. Cette technique est formidable pour vous aider à vous connaître davantage et devenir plus conscient(e). Notez de quoi vous accusez l’autre d’être et ensuite vérifiez si ça vous arrive d’être comme ça des fois. Cet exercice n’a pas comme but de vous sentir coupable d’être comme ça mais plutôt pour vous aider à prendre conscience pourquoi vous êtes comme à certain moment. Ceci vous aidera à avoir plus de compassion pour vous-même et pour les autres.
Par la suite, allez encore plus loin et vérifiez à quel moment vous avez, dans le passé, accusé un de vos parents de la même chose. Ce parent est généralement celui du même sexe que la personne avec qui vous avez vécu une colère. Cela peut vous aider à faire le pardon avec votre parent.
Le mieux est de faire ce travail intérieur le plus vite possible. Si vous attendez, si vous refoulez la colère, la blessure s’en trouvera grossie et aggravée et il vous sera de plus en plus difficile de l’exprimer. Vous avez toujours le choix!
LORSQUE VOUS ETES CONFRONTE A LA COLERE DE QUELQU’UN D’AUTRE :
1. Prenez trois bonnes respirations.
2. Dites à l’autre calmement mais avec fermeté que vous n’avez pas l’intention de parler avec une personne qui n’est plus elle-même.
3. Préférez attendre qu’elle se ressaisisse et se recentre. Vous pouvez lui suggérer de prendre plusieurs bonnes respirations.
Il est dans votre plus grand intérêt de choisir de reconnaître et d’exprimer vos colères si vous voulez arriver à en vivre de moins en moins. Vous pourrez ainsi récupérer toute l’énergie qui vous était nécessaire pour entretenir cette colère et l’utiliser pour vous créer une vie de paix et d’harmonie plutôt qu’une vie remplie d’émotions désagréables telles que la colère.
Lise Bourbeau
www.ecoutetoncorps.com