LES YEUX DU COEUR!
Les yeux du cœur comme dans ÊTRE…
ÊTRE comme dans rester disponible à être touché, ému, stimulé, enthousiasmé et passionné…
Cet été…
Je fais une exposition de peinture
À la Galerie d’Art du Vieux Presbytère de Ste-Flavie.
Cette exposition aura lieu du 15 au 27 juillet.
Ensuite, le 1er août, je donnerai une démonstration de peinture gestuelle à l’occasion d’une exposition pluridisciplinaire "Artistes en Fête" à Ste-Flavie également.
Ste-Flavie du Bas du Fleuve, porte de la Gaspésie.
Si je fais ainsi la nomenclature de cette activité estivale, c’est non seulement pour vous inviter à venir me rencontrer; mais aussi pour vous préparer, s’il y a lieu de le faire évidemment, à apprécier les multiples oeuvres d’art que vous fréquenterez en empruntant la Route des Arts qui sillonne la 132 à travers le village de Ste-Flavie…
Sinon, je souhaite que ces mots vous inviteront à teinter vos activités estivales de milliers de regards sur notre beau pays … avec les yeux du cœur.
Permettez pour ce faire que je vous raconte une rencontre avec une œuvre d’art qui, pour moi, s’est avéré marquante. Cette rencontre… comme un révélateur, un activateur de flux créateur en moi fut déterminante, non seulement dans ma démarche d’artiste, mais aussi dans ma démarche d’être humain dont les gestes, les paroles et les pensées sont motivés par une variété d’émotions, comme autant de formes et de couleurs sur la palette du peintre.
Quelle extraordinaire expérience que cette rencontre avec l’art abstrait. Je me souviendrai toujours, il y a de cela 25 ans, du jour où empruntant un escalier mobile de l’aéroport de Mirabel, une immense toile a sollicité mon regard. Non seulement mon regard, mais aussi mon intérêt au point de descendre et de remonter cet escalier à plusieurs reprises, ce, afin de me permettre de saisir l’ampleur de l’oeuvre et surtout l’ampleur de l’émotion qui en ressortait et qu’elle générait en moi.
Cette oeuvre toute en larges traits verticaux noirs et bruns me suggérait des hommes venant vers moi sous la pluie. Des hommes fiers, des hommes forts. L’émotion que je ressentais au creux de ma poitrine en était cependant une de vulnérabilité. Je me pris à imaginer leur quotidien, leur travail à l’usine, leur retour à la maison, leur vie quoi! Je me pris à ressentir leur propre vulnérabilité à travers la mienne. Ce jour-là fut pour moi et malgré moi "une véritable initiation" à l’art abstrait. Cette rencontre fut pour moi et malgré moi "déterminante" dans mon cheminement émotionnel et créateur.
Au sortir de cette expérience, je me suis mise à peindre différemment, à fréquenter les ateliers de peinture, à courir les expositions, à lire les livres d’art et à prendre le temps de regarder autour de moi.
Le savez-vous? Nous sommes entourés d’oeuvres d’art… peintures, sculptures, architectures… abstraites bien souvent. Nous les côtoyons régulièrement. Nous les voyons évidemment, mais les regardons-nous réellement? Prenons-nous le temps de les apprécier? Prenons-nous le temps de nous laisser émouvoir par elles? Ces oeuvres, tout en améliorent sans contredit notre paysage urbain, s’expriment. Elles nous interpellent, à nous d’en saisir toute la profondeur et l’émotion qui s’en dégagent… n’est-ce pas?
À titre d’exemple, le hall d’entrée de Radio-Canada à Montréal est un musée en soi, un musée d’oeuvres d’art abstrait pour la plupart. Les oeuvres du frère Jérôme y ont une place privilégiée. Je ne les avais pas vraiment regardées avant mon expérience de Mirabel; mais après, oh oui, après… celles-ci m’ont fait vivre une gamme d’émotions et d’expériences créatrices incomparables… mais surtout, elles m’ont mise sur la piste de la peinture gestuelle, voie royale de l’expression picturale intuitive et de l’apprentissage de l’abstrait.
Ce qu’il y a de merveilleux avec l’art, c’est que le monde intérieur de l’artiste provoque chez celui qui regarde une telle stimulation de son imaginaire, que le regardant se retrouve lui-même en pleine créativité.
L’intérêt, le goût, la connaissance de l’art… abstrait de surcroît, se développe avec la fréquentation.
Le premier défi à relever, consiste donc à se permettre de jeter un regard, puis un autre, puis encore un autre sur ces oeuvres afin de faire tomber la barrière de l’inabordable et de l’incompréhension.
L’intérêt, le goût, la connaissance de l’art… abstrait de surcroît, se développe avec la contemplation.
Le deuxième défi à relever, consiste donc à mettre l’analyse, le besoin de signifiance et de correspondance à un sujet ou à un thème de côté, pour se laisser happer par l’esthétisme, la couleur, le langage et l’émotion de l’oeuvre.
L’art visuel est encore un art à découvrir…
Je dirais même un art à courtiser, à fréquenter, à contempler…
L’art visuel…
se regarde et s’apprécie avec le ressenti, avec l’expérience émotive de chacun, avec le cœur et l’âme.
Mettons à profit l’artiste en chacun de nous et laissons-nous stimuler, happer même par le propre univers émotif, créateur et animique de l’artiste.
Les Borduas et Riopelle de ce monde nous ont ouvert la voie.
Certains les ont précédés, d’autres les ont suivi et les suivent encore.
Découvrons-les, fréquentons-les, contemplons-les, courtisons-les,
ressentons-les et permettons-nous d’aimer ou de ne pas aimer…. mais n’oublions pas que: L’art se regarde et s’apprécie avec les yeux du coeur!