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Approfondir la Communication Nonviolente

Bien que simple à résumer, la CNV mérite qu’on y accorde un second regard, car elle recèle des subtilités permettant de lui donner toute sa puissance.

Si vous lisez le bulletin Alchymed depuis au moins un an, vous connaissez déjà Marshall Rosenberg, ce docteur en psychologie qui a élaboré l’approche de Communication Nonviolente (CNV) il y a plus de 40 ans, aidant des milliers de gens à communiquer de manière bienveillante et empathique. Cet homme qui a œuvré pour la paix dans des endroits aussi «chauds» qu’Israël, le Rwanda et le Kosovo, forme des personnes à son approche qui, plus qu’une simple technique, se révèle à la fois un art et une philosophie. L’adepte de cette approche apprend à observer sans juger, à lier ses sentiments à ses besoins et à formuler des demandes claires, ouvertes et positives qui invitent ses interlocuteurs à l’aider à combler ses besoins, si le cœur le lui dit. Bien que simple à résumer, la CNV mérite qu’on y accorde un second regard, car elle recèle des subtilités permettant de lui donner toute sa puissance. C’est par étapes qu’on arrive à l’intégrer en profondeur. Suivons Ginette dans cette démarche…

L’apprentie girafe

Ginette a suivi un atelier d’initiation à la Communication Nonviolente en 2002 et elle en est sortie ravie, enthousiaste, pleine de vie. Elle a réalisé qu’en se coupant de ses besoins fondamentaux, elle se coupait également de sa vitalité. Un nouvel éclairage tombait sur sa colère et les déprimes occasionnelles qui la minent : à l’instar de la honte et de la culpabilité, ses sentiments expriment tragiquement ses besoins inassouvis. Les émotions dont elle avait honte prenaient un nouveau visage en pointant vers ce qui était vivant en elle : ses besoins. Ginette a beaucoup aimé les métaphores de la girafe et du chacal, respectivement employées pour parler du langage non violent et de la communication aliénante, empreinte de jugements et de comparaisons à laquelle nous sommes conditionnés. En revenant de l’atelier, elle a commencé à jouer à la girafe avec son conjoint, Gilles, le reprenant quand il émettait des critiques : «Tu parles en chacal !» ou «Ça c’est un jugement caché», disait-elle fièrement. Un jour, Gilles lui a lancé : «Je trouve ça violent, la Communication Nonviolente». C’était le comble ! Ginette s’est demandé en quoi il pouvait penser un tel paradoxe. En y réfléchissant, elle a réalisé que sa façon de le sensibiliser comportait des reproches, au fond. Sans le dire, elle lui reprochait de ne pas parler en girafe, comme elle croyait le faire. Cette prise de conscience l’a amenée à une autre étape.

Le chacal déguisé en girafe

En fait, Ginette  a commencé à se percevoir comme un chacal déguisé en girafe. Régulièrement, elle se surprenait en flagrant délit d’auto-jugements et elle se sentait coupable d’émettre des critiques. Elle aurait voulu parler girafe tout de suite, malgré une vie de programmation chacale. Elle a lu un livre de Rosenberg et a suivi un autre atelier. C’est ainsi qu’elle a appris à prendre plaisir à ses propos chacals au lieu d’en avoir honte. «Une vie de conditionnements ne s’efface pas en criant ciseau», se plaisait-elle à répéter à cette époque. Son discours chacal s’avérait un bon spectacle auquel elle était conviée de temps à autre. Ginette était contente de sa nouvelle conscience qui lui permettait de se voir en train de se juger ou de juger les autres, mais sans se culpabiliser outre mesure.

À l’été 2003, Gilles et Ginette ont entamé la rénovation de leur terrasse et il y avait une dizaine de membres de la famille qui étaient venus leur donner un coup de main. Ginette préparait les repas et s’occupait de la vaisselle de tout ce beau monde. Elle n’avait pas le temps de ramasser les jouets des enfants et, comme elle l’avoue : «C’était le bordel dans la maison». Pour couronner le tout, le lave-vaisselle est tombé en panne. Cela faisait une heure qu’elle lavait la vaisselle à la main pendant que sa fille de dix ans, Émilie, s’amusait dans le salon. Gilles a commencé à passer la balayeuse, mais Émilie a continué de jouer au lieu de ramasser ses jouets. Excédée, Ginette a dit à Émilie qu’elle et son père avaient besoin d’aide. Émilie a continué son jeu et sa mère lui a lancé : «Tu ne fais rien pour aider ton père». Du tac au tac, Émilie a répliqué : «Toi non plus». Ginette a vu rouge et lui a asséné une claque derrière la tête de manière impulsive en pestant : «Ça fait une heure que je le lave la vaisselle toute seule». Émilie est sortie dehors en boudant. Ginette se sentait honteuse et coupable d’avoir été violente et impulsive. Elle n’avait jamais frappé son enfant. Bouleversée, Ginette a appelé Martine, une amie girafe qui lui a donné de l’empathie et l’a invitée à se joindre à un groupe de pratique de CNV.

La girafe empathique

Pendant le jeu de rôle, Ginette a d’abord reçu de l’empathie. Sa partenaire l’a aidée à reconnaître ses nombreux besoins non comblés ce fameux jour où la coupe a débordé : besoin d’ordre, de propreté, de sécurité (on aurait pu trébucher sur un jouet), d’aide, de collaboration, de repos et de respect de son rythme (une heure de vaisselle sans répit, après la préparation du repas pour dix personnes). Besoin aussi de connexion avec sa fille. Elle n’avait pas pris le temps de révéler à Émilie à quel point le désordre la perturbait, qu’elle était tellement fatiguée et aurait tant aimé que la maison soit en ordre. Rejouant ensuite le rôle d’Émilie, elle a saisi que sa fille avait besoin de jeu, de détente et de liberté. Émilie n’a pas senti que sa mère tentait d’établir une connexion avec elle et a perçu sa demande d’aide comme une exigence. Ginette a réalisé que c’était effectivement le cas puisqu’elle a puni sa fille en la frappant. Pour la première fois, elle a pu éprouver de l’empathie et de la compassion pour Émilie au lieu de la juger comme étant arrogante et paresseuse. Ginette a ainsi commencé à ouvrir ses oreilles de girafe pour entendre les besoins inassouvis qui crient derrière les insultes et les jugements. Elle a partagé ses découvertes avec Gilles et il a émis le souhait de suivre un atelier. Ginette était tellement contente, car c’était ce qu’elle espérait, mais son conjoint avait l’habitude de résister à ses propositions insistantes. Gilles lui a avoué en souriant : «Tu voulais tellement que je sois initié à la CNV que je ne me sentais pas libre».

Les girafes plongent !

Depuis qu’il a suivi son premier atelier de Communication Nonviolente (sans Ginette) au printemps 2005, Gilles veut approfondir l’approche de Rosenberg et la transmettre autour de lui. Il vient d’apprendre que Marshall donnera une formation intensive de neuf jours dans la région de Montréal et il ne veut pas rater sa chance d’expérimenter la CNV dans une communauté de girafes empathiques et d’aller plus en profondeur. Bref, il a décidé de plonger. «Marshall a tout ce qui est requis pour obtenir un prix Nobel de la paix et c’est surprenant qu’il ne l’ait pas encore. J’ai la chance de le côtoyer durant plus d’une semaine et de m’imprégner de son approche. J’ai besoin de paix et je veux contribuer à la paix autour de moi», explique-t-il. Ginette a un peu hésité, quant à elle, devant faire son deuil de son désir de confort, et de ses besoins de liberté et d’intimité. Mais ses besoins de connaissance, de partage, d’échange et de contribution ont été plus forts et elle a décidé de s’inscrire elle aussi.

Une formation intensive avec Marshall

Il reste de la place, si vous voulez vous joindre à Gilles et Ginette. En effet, Marshall animera un atelier intensif de CNV du 25 septembre au 5 octobre 2006. Cette formation internationale intensive (IIT) est une expérience d’immersion de neuf jours en communication non violente. Il s’agit d’une formation résidentielle dont le but est d’offrir aux gens une opportunité de vivre le processus de la CNV en communauté durant une période prolongée, afin de développer leurs connaissances, leurs habiletés et leur conscience du processus. La formation aura lieu au Manoir d’Youville, un monastère situé près de Montréal sur l’île St-Bernard, encerclée par la rivière Châteauguay et le lac St-Louis. Il n’y a pas de préalable, mais il est toutefois recommandé d’avoir déjà suivi au moins un atelier d’introduction à la CNV.
par Marie-France Cyr

Pour ceux qui se sentent appelés, mais n’ont jamais suivi d’ateliers, vous pourrez le faire d’ici septembre. Veuillez consulter le site du Réseau Girafes pour connaître les dates et lieux des prochains ateliers  (www.reseaugirafesquebec.com). Pour plus d’information, vous pouvez communiquer avec Caroline Gauthier au [email protected] ou au (450) 834-6720. Les inscriptions en anglais se font directement auprès du Center for Nonviolent Communication (http://www.cnvc.org/iit-schedule.htm#iitapps).

Pour en savoir plus sur l’auteur, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.

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