L’auto-sabotage & la pulsion de mort inconsciente
… et il est aussi un concept de base du mouvement de la Respiration Consciente et Connectée. Nous, êtres humains, vivons une dualité et ce n’est pas surprenant de découvrir que d’un côté nous voulons être ici, sur cette planète, dans nos corps particuliers, et de l’autre que nous préférerions ne pas être ni sur cette planète, ni dans notre corps. Ceci produit la grande ambivalence qui domine les pensées, les sentiments et les actions de la plupart des gens. L’effet ‘yo-yo’ qui s’en suit nous cause beaucoup de souffrance et sabote nos succès dans la vie.
La pulsion de mort a plusieurs façons de se manifester :
quand quelqu’un est ‘partie’, ‘n’est pas là’, a des pensées suicidaires, se retrouve en dépression ou en épuisement (burnout), se sauve de ses responsabilités, avorte ses relations, avorte ses bébés, a des ‘accidents’, fait faillite, etc. Toutes ces indications démontrent un désire de ‘ne pas être là’. Quand quelqu’un prend l’engagement d’être complètement vivant et conscient et commence à travailler sur ses problèmes, la pulsion de mort remonte avec une force renouvelée pour un certain temps. Ça semble être un phénomène naturel. Nous trouvons un fait parallèle avec la guérison physique. Par exemple, quand quelqu’un commence à se guérir du cancer, sa condition peut empirer, devenir beaucoup plus épeurante, avant de s’améliorer. Comme le dit ce vieil adage : « Le moment le plus sombre est toujours juste avant l’aube ».
Quand nous nous engageons à quelqu’un ou à quelque chose, notre pulsion de mort monte à la surface. L’engagement est l’opposé de l’ambivalence. Quand nous disons que nous nous engageons, c’est comme si nous disions qu’il n’y a pas de ‘revenez-y’, que nous avons ‘tué les alternatives’. Ceci rend fou notre esprit réactif, inconscient et apporte une résistance puissante qui abîme notre esprit au niveau conscient. C’est notre pulsion de mort non-résolue qui nous cause d’abandonner nos projets, nos relations, et même nos rêves les plus profonds; ça nous garde pris dans des vies routinières, sans créativité et ennuyeuses. Ayant échoué à manifester les plus profonds désirs de notre cœur dû à l’ambivalence puissant produit par notre pulsion de mort, nous abandonnons et réglons cette situation en optant pour le status quo. Comme l’a écrit l’écrivain américain Henry David Thoreau : « La plupart des hommes mènent des vies de désespoir tranquille ». Sans le savoir, Thoreau écrivait à propos de la pulsion de mort.
Regardons maintenant le côté positif. Dès que nous reconnaissons que nous avons une pulsion de mort, alors il devient plus facile de s’en occuper. C’est toujours difficile, mais maintenant nous ne sommes plus dans le mystère quant au pourquoi nous voulons nous sauver des choses que nous voulons le plus. Ça ne nous prend plus par surprise. Nous pouvons la voir commencer à se manifester et nous pouvons nous engager à ‘sentir les sentiments’ de la pulsion de mort et de NE PLUS BOUGER jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Au lieu de se sauver de fortes envies de se suicider en abandonnant nos projets et nos relations, nous pouvons nous tourner et leur faire face. Nous la guérirons en la regardant directement et en SENTANT LES SENTIMENTS QUI Y SONT RELIÉS DANS NOTRE CORPS. Ceci est la technique d’auto-guérison – spirituelle, mentale, émotionnelle et physique. En restant conscient de nos états intérieurs et en les sentant au lieu de leur réagir, nous transformons, relâchons et intégrons les énergies négatives qui constituent notre pulsion de mort. Ceci est l’approche du yoga. En ‘étant avec’ la douleur, la résistance et l’inconfort, nous les surmontons. En portant notre conscience sur le problème, il commence immédiatement à se ranger et à se résoudre par lui-même. Donc, pour la plus grande partie, guérir relève de l’ÊTRE et non du FAIRE.
L’univers tout entier est construit sur un principe de polarité : vie/mort, contraction/expansion, amour/haine, plaisir/douleur, ad infinitum. Les êtres organiques (c’est-à-dire les entités ayant une conscience, de la cellule, jusqu’à l’humain et au-delà) sont dominés par une polarité principale : la loi de l’attraction et de la répulsion. En tant qu’humain, tout ce que nous devons faire, c’est regarder ce qui motive l’entière portée de nos actions ordinaires et nous découvrirons cette polarité en action. Nous évitons une chose et en cherchons une autre; nous sommes repoussés par une chose et attirés par une autre. En fait, c’est TOUT ce que nous faisons.
Existentiellement, la pulsion de mort est le pôle négatif, ou de répulsion, associé à l’Être. Nous souffrons, alors nous attendons avec impatience la fin de notre incarnation; l’existence nous répugne. Ou nous sommes heureux et nous attendons avec impatience encore plus de la vie; nous sommes attirés par l’existence. Ça c’est notre pulsion de vie. Le flux quotidien de douleur et de plaisir, combinés à nos mémoires submergées d’expériences du passé, se combinent pour fournir autant de moment pour la pulsion de mort que pour la pulsion de vie. Si notre souffrance a été grande, la pulsion de mort prédominera sûrement.
Même si nos vies sont relativement plaisantes, d’anciennes mémoires douloureuses enterrées peuvent nous donner une puissante pulsion de mort qui l’emporte sur notre état heureux des choses. C’est la source du pattern ‘d’auto-sabotage’ qui tourmente plusieurs d’entre nous. Les choses vont bien et nous sommes sur le point d’atteindre un grand succès, et tout à coup nous faisons quelque chose de stupide qui emmène notre projet à l’échec. Comment ceci est-il expliqué ? La réponse se trouve dans la pulsion de mort. À la surface, tout paraît bien. Par contre, sous la surface, des forces négatives cachées nous emmènent inconsciemment à saboter nos projets. La pulsion de mort prend plusieurs formes et peut être très subtile et insidieuse.
L’Inconscient est un véritable océan de mémoires enfouies, d’envies, de peurs et de ressentiments. En fait, c’est tellement vaste, que nos cerveaux linéaires limités sont complètement inadéquats pour s’en occuper. Les maîtres du Yoga ont reconnu ce fait il y a de ça 5 000 ans et ont trouvé d’autre moyens de guérir la pulsion de mort et de renforcir la pulsion de vie. Ils ont découvert qu’en focusant leur attention directement sur le sens ou le sentiment du ‘je suis’, ils arrivaient à surmonter la mort. Par la méditation soutenue et l’auto-investigation, ils ont réalisé leur identité avec la ‘Conscience du Je’ (Soi) suprême, laquelle est la fondation réelle qui se trouve sous toute expérience.
Ils ont réalisé que la cause ultime de leur souffrance est l’ignorance de leur vraie nature. L’esprit non-illuminé de manière ignorante et exclusive, identifie le soi avec le corps, ceci crée une fausse dualité entre ‘centré sur moi et centré sur les autres’. Perçant cette illusion, les yogis ont vu que le monde objectif donne l’apparence d’être séparé du soi. En fait, ce que nous appelons le ‘monde extérieur’ est une apparence qui existe à l’intérieur et par vertu d’une Conscience sans limites ne pouvant être divisée.
À travers des méditations continues sur le sens du ‘Je suis’, les yogis ont joint le corps-esprit et le monde extérieur à la pure-conscience (cit-ananda). N’étant plus frappé à propos de la loi de la polarité, ils n’étaient plus affligés par la pulsion de mort. À la place, les yogis sont devenus des amoureux de cet univers délicieux remplie de polarité et de paradoxe. Ils dansèrent et jouèrent en lui. Ne souffrant plus de la douleur naissant de l’ignorance du soi, ils ont banni la pulsion de mort de leurs vies.
Duart Maclean
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