Comme un arbre …
Comme un arbre …
Comme un arbre j’ai besoin de lumière.
Si je suis fermement attachée à mon sol,
Toujours mariée à la terre,
Je grandis néanmoins vers le ciel
Et je croîs en noblesse et en beauté.
Certains jours noirs et sombres d’hiver
Ou certains jours noyés de pluie,
Je travaille à l’intérieur et j’attends patiemment
Le secours avec incertitude mais grande espérance.
Je ne commande pas la nature,
Je collabore avec elle.
Comme un arbre j’ai mes saisons,
Mes forces et mes failles.
Continuer comme un arbre,
ce n’est pas maudire les intempéries,
mais les accueillir.
Dormir une courte nuit
pour recommencer le lendemain.
Apprendre à mourir
pour renaître.
Continuer comme un arbre,
C’est me lever chaque jour
avant le jour,
Prêt à affronter les coups du sort,
Prêt à faire alliance avec la vie.
Je connais misère et grandeur,
Le passage de la nuit au jour,
La fraîcheur de la rivière à mes pieds,
Et le fruit du labeur de mes bras.
Que sais-je encore ?
J’ai appris à m’incliner,
À écouter l’Amour
Dans le murmure du vent.
Parfois, ma parure
Cache mon écorce fragile.
Parfois encore, je me dépouille
Pour mieux me révéler.
J’ai l’orgueil
De donner de l’ombre au passant,
Puisque j’ai la fierté
De mes racines.
Les marques de mon passé
Trahissent mon âge,
Mes peurs et mes pensées.
Voyez mes nœuds d’anxiété,
Mes blessures comme
Des branches cassées.
Pourtant je m’élève malgré tout,
Je parfume l’air à ma façon.
Le temps me couronne de fleurs
À l’occasion.
En vieillissant,
Je me souviens avec émotion
De l’oisillon que j’ai bercé
Et du refuge que j’ai offert
Aux jeunes de mon quartier.
Mes prières deviennent contemplation
Car je commence à voir de loin
L’horizon du lendemain.
Si l’arbre est fort,
Il craint toujours le feu et le bûcheron.
De même,
Je frémis devant le mal, la guerre
Et plus que tout
Devant l’indifférence.
Certains arbres deviennent bois de chauffage,
Panier de bois,
feuilles de papier,
Bois d’ébéniste,
copeaux, gîtes, balai neuf ou lambris.
Je parie que la vie fera de moi
Une petite feuille de papier fleuri …
Et j’espère qu’on y écrira
Un vers ou deux de poésie.
D’ailleurs, je connais un homme
Qui, pour avoir vécu pleinement
Un temps d’agonie et de mort,
Est à jamais ressuscité.
Auteur : Lysette Brochu