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Intelligence émotionnelle ? Vraiment ?

Pourquoi pas une présence émotionnelle totale !

Depuis quelques années, on parle abondamment d’intelligence émotionnelle.  Plusieurs livres traitent du sujet et des ateliers sont offerts autour de ce thème.  Mais il me semble cependant exister une certaine ambivalence – en fait une ambivalence certaine – entre ces deux termes car on ne peut que comprendre ses émotions sur le strict plan intellectuel et rationnel grâce à un livre.   Selon moi, il faut aussi et surtout ressentir nos émotions, les accueillir, les accepter, les exprimer, les laisser couler et les vivre dans leur totalité, avec nos trippes et en toute humanité.  Il faut créer des espaces dans lesquels tous et toutes peuvent laisser être leurs émotions, dans un climat «émotionnellement fluide».  La compréhension intellectuelle, si elle est requise comme point de départ, me semble nettement insuffisante à elle seule.  Car si les émotions relèvent en partie du mental – par exemple la simple idée d’un être cher disparu depuis peu va certainement susciter de la tristesse en nous ou encore la pensée d’un(e) nouvel(le) amoureux(se) génèrera probablement un grand flot de bonheur – les émotions sont liées tout autant sinon plus au niveau physiologique, au corps,  En fait, c’est dans notre ventre que se vivent les émotions, c’est dans nos trippes qu’on ressent notre vitalité émotionnelle. Et cette vitalité émotionnelle émanera dans tout le reste du corps, ce qui fera de la personne un être totalement vibrant, diffusant une qualité émotionnelle radiante et contagieuse.

Le terme «É-motion» signifie Énergie (É) en mouvement (motion).  Pourtant, dans notre société où l’intellect et le rationnel dominent largement, les émotions sont la plupart du temps perçues comme des mouvements internes dérangeants, comme des pulsions hors de notre contrôle, en fait, comme quelque chose de négatif, dangereux et néfaste, que l’on voudrait souvent éteindre et mettre de côté.  L’intellect veut demeurer en commande.  Demandez par exemple aux gens autour de vous de vous nommer quelques émotions.  Vous constaterez que le registre émotionnel est flou et qu’il suscite beaucoup de confusion.  On vous nommera probablement diverses émotions telles la peur, la tristesse, la joie, l’anxiété, la colère, l’angoisse, le bonheur, le dégoût, la honte et je vous laisse ici quelques secondes pour continuer la liste vous-même à partir de votre propre expérience.  Mais en général, pour avoir personnellement poser la question à un grand nombre de participants(e)s dans mes ateliers au cours des quinze dernières années, une vague saveur de négativité se dégage quasi inévitablement d’une telle question.  Pas surprenant donc que dès qu’une émotion émerge en nous, on veuille la faire taire ou s’en détourner.  Mais comment une émotion peut-elle être négative en tant que telle, sans qu’on ne lui impose un jugement de valeur ?  Est-ce qu’un enfant est trop émotif s’il pleure de douleur ou parce que sa couche est pleine ?  Est-ce qu’une amoureuse est trop émotive si elle est délaissée et qu’elle exprime sa douleur par des pleurs ?  Et à partir de combien de larmes est-ce trop ?  Est-ce malsain, émotionnellement parlant, qu’une injustice sociale flagrante nous mette en colère ?  Existerait-il par hasard une croyance qui sous-tend qu’il ne faudrait pas que nous soyons des êtres d’émotion ?

En fait, nous sommes dans une quête incessante et presque exclusive de sentiments positifs, d’émotions de joie, de bonheur et de légèreté (pensons notamment au succès immense des humoristes québécois, aux publicités humoristiques ou encore aux films américains qui «finissent toujours bien»).  Nous fuyons presque automatiquement tout ce que nous interprétons comme des émotions négatives, soit les émotions plus difficiles à vivre mais qui sont cependant souvent les plus riches et les plus susceptibles de nous aider à grandir, individuellement et socialement.  Là comme ailleurs, c’est la loi du moindre effort et l’évitement absolu du déplaisant.
Swami Anand Veeresh, le fondateur de la thérapie Humaniversity  et un pionnier dans le domaine du travail émotionnel, a identifié quatre principales émotions humaines, qu’il appelle aussi les émotions de survie, soit l’amour, la souffrance, la colère et la peur.  Nous les verrons ici brièvement.

Premièrement, dès la naissance, tous les êtres humains recherchent l’amour et le bonheur.  Pour les besoins de la cause, nous utiliserons ces deux termes alternativement car lorsque nous sommes heureux, on se sent comblé et il est alors possible d’aimer et d’accepter le monde entier. Lorsqu’on est en amour, la vie coule sans heurt et les petits travers de la vie nous importent pas ou peu.  En fait, tout être humain normalement constitué est à la recherche de l’amour et du bonheur, c’est là que réside notre élan naturel et fondamental pour la vie et il est sain qu’il en soit ainsi. L’amour et le bonheur sont légitimes.

Mais à cause de diverses blessures affectives, certaines vécues notamment durant l’enfance, le besoin d’amour ou l’état amoureux devient souvent associé à la souffrance, la douleur et la tristesse.  Et on sait tous très bien que la vie nous a tous offert de nombreuses occasions d’expérimenter une souffrance émotionnelle suite à des aventures amoureuses.  En effet, qui n’a jamais connu au moins une peine d’amour au cours de sa vie ?  L’enfant qui veut être aimé inconditionnellement et en tout temps de ses parents sera souvent déçu par ceux-ci et son besoin d’amour deviendra graduellement lié à une déception, à une attente qui ne peut être comblée totalement.  Et dans bien des cas, peu importe ce qu’il fera, cet enfant souffrira de ne pas être aimé à la hauteur de ses attentes.  Même dans les familles saines, tous les besoins d’amour et d’affection ne peuvent être comblés, ce qui suscite inévitablement une souffrance intérieure variable selon les individus.  Nous pouvons rationaliser, expliquer et justifier le manque d’amour mais il demeure néanmoins que sur le plan de l’instinct, au niveau affectif et inconscient, ce manque suscite inévitablement douleur et souffrance.  Et comme nous transportons inévitablement nos carences affectives de l’enfance dans notre vie adulte, on en arrive souvent à les enfouir dans notre inconscient et à les oublier afin de survivre.  Mais les émotions ressenties ne disparaissent pas avec les temps, elles ne font que se loger en nous, s’infiltrant dans notre structure corporelle et émotionnelle, et elles se ravivent lorsque des événements actuels semblables aux événements initiaux surviennent plus tard dans notre vie.

Si on gratte sous la couche de souffrance et de douleur qui se loge derrière le manque d’amour et d’affection, on peut découvrir une autre émotion qui s’y loge, soit la colère.  Car si l’enfant pouvait exprimer en totalité et en toute liberté le registre complet de son monde émotionnel, il ne ferait pas que s’attrister de son manque d’amour, il crierait sa frustration, sa colère et sa rage.  La colère est la face active de la tristesse.  Regardez les bambins à qui l’on retire un jouet ou un objet qui leur est cher : sans égard à la personne qui leur fait face, ils pourront exprimer sans retenue et avec totalité surprenante une colère du tonnerre ou encore une crise de larmes carabinée. Voilà ce qu’on appelle une vitalité émotionnelle.  Ce n’est que plus tard qu’il apprendra la dynamique des réactions politiquement correctes.  Par exemple, si l’enfant veut obtenir ce qu’il désire, il devra calculer ses réponses et réprimer les débordements d’émotions fortes afin de ne pas trop déranger les adultes.  Cela fait partie de l’éducation sociale.

Finalement, la dernière émotion de survie, qui «enrobe» en quelque sorte toutes les autres, est la peur.  La plupart d’entre nous vivons dans un carcan de peur d’intensité variable.  On ressent vaguement cette peur en nous à divers moments précis mais on ne l’identifie pas toujours clairement : peur de mourir, peur de la folie, peur d’exploser de rage, peur du désespoir, peur d’être blessé(e) de nouveau par un rejet ou une déception amoureuse, peur de manquer d’argent, peur du public, peur de souffrir, peur d’avoir peur, peur de finir sa vie seul(e), etc…  Et cette peur vient parfois nous paralyser totalement, nous maintenant dans des conditions de vie routinières, sans excitation mais connues et confortables.  On attend que ça passe.  Bref le quotidien devient un long fleuve tranquille… mais si ennuyant !  Nous vivons superficiellement en ressentant bien toutefois que si l’on gratte un peu la couche de peur, tellement d’émotions peuvent surgir.  Ce qui fait que l’on finit par vivre en soufflant insuffisamment sur le feu de notre passion.

Je soulignais précédemment que la colère et la tristesse étaient les deux côtés d’une même médaille.  Si chaque humain possède sa propre dynamique émotionnelle, traditionnellement, dans notre société, les femmes ont en général beaucoup de difficultés à exprimer leur colère, une émotion qui pourtant, si elle n’est pas exprimée, est alors contenue et retournée contre soi et se manifeste sous forme de tristesse, pouvant mener même jusqu’à une dépression importante. Au contraire, les hommes sont souvent incapables d’exprimer leur tristesse, émotion que certains d’entre eux canaliseront malheureusement par des comportements violents envers leurs conjointes ou leurs enfants, ou encore par de l’agression entre eux.  Même si ces deux grandes empreintes sociales sur le plan émotionnel sont encore très présentes, les choses commencent heureusement à changer.

En fait, pour retrouver la capacité d’aimer (émotion fondamentale), qui consiste autant à donner et à recevoir de l’amour à soi et aux autres, il faut oser explorer et vivre la gamme entière des émotions qui nous habitent, individuellement et dans nos relations avec les autres.  Il faut reconnaître nos vieilles blessures qui nous font vivre dans la peur et dans la souffrance, pour éventuellement s’en dégager et ainsi vivre sur une base plus fraîche et actuelle.  Il faut être capable d’exprimer librement nos émotions, autant notre tristesse que notre colère, car si on ne peut les exprimer, elles resteront en nous et bloqueront le chemin de l’amour et de l’amitié.  Il faut non seulement nettoyer le bagage émotionnel antérieur mais aussi garder la forme émotionnelle sur une base actuelle.

Les émotions sont au coeur de la vie de tous et toutes et pour la plupart d’entre nous, elles représentent une source constante d’interrogation et de questionnement avec laquelle on doit apprendre à naviguer.  Pourtant, elles sont une richesse et constituent même l’épice de la vie !  Les émotions sont un moteur primordial qui font de nous des êtres uniques et vivants, parfois irrationnels et incohérents, mais totalement humains.  Humains et du même coup divins.

Émotionnellement vôtre !

Ati Dion

Pour explorer le monde émotions avec conscience dans un contexte protégé et sécuritaire, vous pouvez participer à l’atelier «L’art et la maîtrise des émotions» animé par Ati Dion qui aura lieu à l’auberge du Lac Carré du 16 au 18 septembre prochain. 

Info : (819) 688-6932 ou [email protected]

Visitez notre site web : www.aubergedulaccarre.qc.ca

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