Prière d’un père de famille
Prière d’un père de famille
Ah ! Seigneur, quel métier que le métier de père !
Je me lève le matin, la chambre de bain est prise par la belle Françoise. Huit ans et ça lui prend plus de temps que sa mère pour faire sa toilette.
Je viens pour lire mon journal en déjeunant, Denis y a découpé la moitié d’une page où se trouvait la photo de son athlète préféré. Ma femme, quand elle a vu cela, s’est servie du reste de la section sportive pour éponger le lait que Joël, le plus jeune, a renversé sur le plancher. Ils se sauvent à l’école, je me sauve à l’ouvrage, je cours toute la journée et je rentre le soir fatigué. Mais Joël, lui, s’est ennuyé, il m’accroche une jambe en criant pour que je joue avec lui. Denis me tire le bras pour que je pose la radio sur sa bicyclette et Françoise me rappelle au plus haut de sa voix que je lui ai promis de poser une tablette dans sa garde-robe. Ah ! Seigneur, quel métier que celui de père ! Quelque fin de semaine, Seigneur, je vais t’inviter à venir garder les enfants. Je pense qu’ils viendraient à bout, même de ta patience à toi.
Mais comment se fait-il, Seigneur, que je ne changerais pas de place pour tout l’or du monde ? Comment se fait-il qu’après tous les mauvais coups qu’ils me font, malgré tous les soucis qu’ils me causent, je les aime plus que moi-même ? Quand Joël s’endort sur mes genoux pendant que je lui raconte le Petit Poucet pour la millième fois, je le regarde et je suis heureux. Quand Denis vient marcher avec moi dans le bois, quand Françoise m’embrasse tout d’un coup, comme ça, pour rien, je suis heureux, très heureux.
Seigneur, donne-moi la patience, l’amour, la sagesse qu’il faut, pour être un bon père.
Tu sais, Seigneur, je te remercie, car je l’aime mon métier de père. C’est le plus beau métier du monde, car après tout, c’est ton métier à toi, Dieu notre Père.
Révérend Georges Madore