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Ne trichez plus avec vous-mêmes et avec les autres

Comment éviter le mensonge, l’agressivité, la bouderie ou la séduction pour se sortir d’une situation difficile ? Thierry Gaubert propose sept clés permettant d’entretenir des rapports transparents au quotidien pour être plus vrai.

Mon expérience et celle de mes nombreux patients m’ont permis de dégager un certain nombre de conditions permettant d’aiguiller l’homme « stratégique » vers son devenir vrai. Après avoir analysé les raisons et le fondement d’un certain nombre de stratégies, je vous propose, dans la deuxième partie de ce livre, sept clés indispensables pour amorcer un changement. Sept clés pour sept portes postées sur le chemin de la vie. Cette démarche permet de dépasser les stigmates du passé et d’ouvrir le royaume de la connaissance de soi :

Désapprendre en reconditionnant ses croyances erronées et en dépassant l’histoire vécue. Il n’y a pas d’âge pour changer d’angle de vue, la neuroplasticité de notre cerveau l’atteste.

Utiliser des mots justes avec le bon ton, au bon moment et face à la bonne personne. Cette trilogie est essentielle même si je reconnais qu’elle n’est pas toujours simple à mettre en place !

Trouver un équilibre entre soi et les autres car nous ne pouvons vivre seuls. Robinson Crusoé sait non seulement qu’il ne fait pas bon d’être seul, mais en plus qu’il est lui impossible d’être seul !

Choisir sa vie et non celle que la société nous propose ou que les autres ont souhaité ou souhaitent pour nous. Le meilleur ne se situe pas dans une boulimie d’avoir et de faire au point de s’en rendre malade, pas plus que dans le rêve d’une vie de célébrité ou de star. Il consiste dans la joie de se sentir à sa place.

Faire appel à la sensorialité et à l’intuition afin de sortir du tout ou rien, du noir et blanc, et de percevoir le spectre des couleurs. La vibration de nos sens dépendra de notre capacité à voir la vie avec fantaisie et créativité.

Prendre soin de notre cerveau et de ce corps qui nous porte en leur offrant une vie faite de sens et de découvertes. Que notre corps soit moche ou beau, gros ou maigre, grand ou petit, il mérite qu’on le traite avec dignité et bonté sans tomber dans les abus de l’esthétique et de l’apparence.

Tout cela ne sera possible qu’avec un minimum de courage, de volonté, de curiosité, d’originalité créative, de flexibilité et de persévérance.

Voilà, le changement est à ce prix ! Nous sommes tous des « Petits Princes » à l’état embryonnaire, et nous pouvons modifier nos croyances, nos connaissances et notre savoir à tout instant. Nous ne pouvons passer toute une vie écartelés entre hier et demain, déchirés, déformés, voire anéantis par des stratégies qui travestissent la réalité de ce que nous sommes vraiment. Pendant que nos peurs de l’inconnu nous poussent dans les bras de la superficialité, de la facilité et du manque d’humilité, le changement sommeille au fond de nos entrailles en attendant que nous le réveillions.

Certes, nous ne pouvons gommer nos erreurs, nos faux pas et nos semblants de vie. Mais des études le montrent : nous apprenons souvent mieux si nous essayons de ne pas toujours tout contrôler et tout réussir du premier coup ! Alors essayez. Ouvrez le livre de votre devenir…

Les principales tentatives de solution de l’homme moderne

L’enfant arrive dans une famille existant avec une histoire transgénérationnelle et avec l’histoire individuelle de chaque figure d’attachement. Erich Fromm a écrit : « Nos motivations, nos idées, nos passions conscientes sont un mélange de fausses informations, de partis pris, de passions irrationnelles, de rationalisations, de préjugés, où des parcelles de vérité surnagent çà et là, donnant la certitude (cependant fausse) que l’ensemble du mélange est vrai et réel. Le processus de la pensée tente d’organiser ce magma d’illusions selon les lois de la logique et de la vraisemblance. »

Déjà, les premiers gestes et les premiers mots soufflés par « Papa » et « Maman » sont imprégnés de sens et orientent l’histoire de l’enfant, qui commence. Les croyances sur soi et les autres déclencheront des émotions, qui elles-mêmes déclencheront des comportements, le langage verbal et non verbal devenant l’expression et le liant de tout ce processus.

Ainsi, tout au long de notre vie, nous préférons répondre aux croyances erronées que nous avons apprises plutôt que de tenir compte de nos aspirations profondes et des choix que nous aimerions faire. Englués dans ce processus Pensée-Émotion-Comportement, qui nous fait oublier la personne que nous pourrions être, nous risquons fort de devenir la proie de toutes sortes de symptômes, de blessures et de pathologies.

La seule issue envisagée le plus souvent : recourir à des stratégies d’adaptation nous permettant de sortir faussement de nos certitudes invalidantes. Certains soumettent leur communication à l’attitude de l’autre en se taisant ou en fuyant. D’autres contre-attaquent en amplifiant le conflit, en contrariant ou en bloquant l’échange. Qui ne connaît cette phrase : La meilleure défense, c’est l’attaque ! Michel Lacroix affirme : « Le philosophe anglais Hobbes remarquait que, d’un point de vue morphologique, les êtres humains sont dépourvus de moyens d’exercer de la violence. Ils ne sont pas équipés de griffes, de cornes, de carapaces… Ils ne sécrètent pas de venin… Mais à y regarder de près, il apparaît qu’ils ne sont pas totalement démunis d’instruments d’attaque. Leurs pulsions agressives ont à leur disposition une arme naturelle d’une redoutable efficacité, une arme qui permet à l’homme d’être un “loup pour l’homme”, cette arme c’est la langue. »

Je ne vais évidemment pas analyser toutes les stratégies existantes mais seulement les plus importantes, celles qui, au-delà de nos histoires personnelles, sont stimulées par nos sociétés du 21e siècle. Ainsi, nous rencontrerons l’Homme qui parle dans sa tête, partisan de la capitulation ou de la fuite, l’Homme qui parle au hasard et l’Homme qui parle en habit de paillettes, ces deux derniers étant plutôt orientés vers la contre-attaque. L’un boude ou soliloque, l’autre ment ou agresse. L’un séduit ou parle plus que de raison, l’autre vit dans un monde imaginaire ou bougonne. L’un ironise exagérément, l’autre est adepte des textos… Assujettis et narcissiques, ces personnages émergents du 21e siècle revêtent ces carapaces comportementales qui ne sont que des tentatives de solution ne solutionnant rien, bien au contraire !

Étonnamment, il nous est plus facile de subir ou de couper des liens interactionnels que de nous libérer de nos croyances, qui se renforcent de mauvaise expérience en mauvaise expérience avec une régularité déconcertante ! Absents ou abondants, imprécis ou agressifs, les mots sont l’alerte que quelque chose est perturbé, brouillé à l’intérieur de nous. Nos croyances dysfonctionnelles nous empêchent de penser, de nous émouvoir et de nous comporter avec justesse et en toute liberté. Elles contrôlent nos vies et s’imposent à ceux qui nous entourent.

Les principales stratégies d’adaptation de l’homme moderne s’appuient sur trois certitudes solides comme un roc :

Celui qui m’aime pense comme moi. C’est le principe d’unicité de la pensée. Il est plus aisé d’imaginer que l’autre pense comme moi et que, par conséquent, il me comprendra, me respectera plus que je me respecte, franchira avec moi les montagnes de l’impossible, m’aimera plus que je m’aime… Bref, l’autre dira ce que je veux entendre. Mais tout cela n’est qu’illusion. L’illusion d’un monde unique pour tout le monde, un monde de contes de fées qui rend nos rêves inatteignables.
  
L’autre est différent de moi. Il peut ne pas avoir les mêmes goûts, les mêmes envies, les mêmes idées parce qu’il n’a pas la même histoire, sans pour autant que l’interaction soit impossible. Accepter qu’il soit différent de moi, c’est accepter qu’il ne pense pas comme moi. Un bon apprentissage de l’autonomie permet de vivre avec les autres sans vouloir faire un avec eux.

L’autre est là pour faire mon bonheur. La quête du bonheur est personnelle même si l’on ne peut pas nier que notre environnement interagit avec notre vie et peut nous rendre encore plus heureux ou, inversement, encore plus malheureux. Tant de personnes parlent pour accuser ou critiquer, rendant systématiquement les autres responsables des situations dans lesquelles elles se trouvent. Beaucoup de patients se présentent en thérapie comme étant victimes d’un entourage despotique ou indifférent. Je ne peux alors m’empêcher de leur rappeler qu’ils ont une part de responsabilité : au moins celle de laisser faire ! Je connais trois types de patients formant ce que j’appelle les TGV : les Touristes, qui ne savent pas très bien pourquoi ils se retrouvent en face de moi ; les Gémissants, qui ont pour unique besoin de dire et de redire toutes les misères que le monde leur fait subir sans jamais se remettre en question ; et enfin les Volontaires, qui font preuve de beaucoup de courage et de volonté pour changer les choses.

Plus je contrôle ce qui gravite autour de moi, plus je maîtrise ma vie. Et plus je maîtrise ma vie, plus je crois me sentir bien. Contrôler les autres et être incapable de faire confiance est épuisant. Manque l’imprévu, donc l’inconnu, si bien que l’ennui s’installe et que l’anxiété se met en embuscade dans les replis du corps, empêchant la légèreté.

Les stratégies d’adaptation cachent une demande d’amour et de reconnaissance qui se fait plaintive, fuyante ou agressive, selon le cas, et cherche désespérément une réponse rassurante dans le regard ou sur les lèvres de l’autre. Les mots sont alors tour à tour ambigus, étouffés, inhibés, explosifs… exprimant parfois l’inverse de ce que la personne veut. Tout est faussé ! Personne n’est à sa place et personne n’y trouve son compte. L’arrosé est tenté de prendre à son tour la place de l’arroseur : la victime devient le bourreau. Dans Le Besoin d’amour, Paul Diel affirme ceci de l’individu qui se comporte de cette manière : « Son espérance se transforme en désespoir, son élan en paresse, son aimance en révolte. » L’issue est donc sans issue. La cohérence est absente et les émotions sont envahissantes et dévastatrices. Ces stratégies offensives ou défensives ne sont pas sans dommages psychologiques et physiques. Au lieu d’élever la personne, elles la font régresser dans le repli de sa vie. Il y a destruction du lien à l’autre et autodestruction de soi. La relation à l’autre devient traumatisante et la relation à soi, écœurante. L’amour ne parvient plus à unir. On finit par détester et par se détester.

Ces stratégies relèvent d’une forme de légitime défense. L’échec est une évidence, et nous nous en voulons à nous-mêmes mais aussi aux autres de cet échec. Don Miguel Ruiz affirme ainsi : « Au cours du processus de domestication, notre système de croyances devient le livre de la loi qui gouverne notre vie… Notre système de croyances devient donc notre grand juge intérieur, mais aussi notre plus grande victime, puisqu’il commence par nous juger, puis nous punir. »

Didier Pleux écrit quant à lui : « Dès que la pensée cesse d’être souple, formelle (pour reprendre la terminologie piagétienne), des automatismes de pensée, des idées toutes faites, des illogismes, des distorsions cognitives émergent et nous empêchent d’évaluer notre propre système de réflexion devant un quelconque événement25. » Être désillusionné, c’est ne plus croire au père Noël en comprenant que l’amour et le respect commencent à l’intérieur de soi et non dans le regard des autres. Être désillusionné, c’est ne plus croire aux contes de fées qui nous mettent dans la peau de héros ou de tyrans et nous rendent esclaves d’une histoire qui n’est généralement ni juste ni vraie.

Nous verrons plus loin que modifier ses croyances est une des clés fondamentales du changement. C’est accepter de désapprendre. C’est oser braver l’inconnu ; c’est oser se perdre. Modifier ses croyances, c’est avoir l’espoir de mourir un jour en ayant le sentiment (encore mieux, la certitude) d’avoir accompli ce pour quoi on est né. Le changement demandera un nouveau langage. Les mots permettront de dire ce qui va et ce qui ne va pas afin de soigner les blessures de la route et de trouver l’équilibre plutôt que l’oubli de soi.

Les sept clés du « devenir vrai » au 21e siècle

Reconsidérer ses croyances
Des mots justes pour dire vrai
L’équilibre entre individuation et socialisation
Avoir ou être ? Choisir son camp
Des qualités à développer
Des sens au service du sens de la vie
Prendre soin de notre cerveau et de notre corps

 
« Ne trichez plus, avec vous mêmes et avec les autres », par Thierry Gaubert, publié aux Éditions de l’Homme
224 pages
ISBN : 9782761936583
Date de parution : 3 avril 2013
26,95$

Pour en savoir plus, cliquez ici

www.editions-homme.com



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