Le véritable symbolisme du Yin-Yang et du Qi
Pa r Myriam Massé-Yang
La médecine chinoise vient du DAO. L’organisme humain est un reflet de l’Univers. Ces
connaissances et leur mise en pratique sont le Dao (ou Tao, traduit plus ou moins justement par voie du
milieu ou voie de l’équilibre).
Les concepts de Qi, Yin-Yang et des cinq dynamismes constituent les fondements de la médecine
traditionnelle chinoise.
Ces concepts plus ou moins connus sont souvent vulgarisés par la société occidentale, qui tend à
véhiculer des notions vagues et des symbolismes réducteurs, nous éloignant ainsi de leur sens profond.
Le symbole du Yin-Yang notamment, s’affiche aujourd’hui un peu partout, le plus souvent inversé,
spolié et incompris. Quelle est sa signification, au delà de son apparente image de dualité?
Comprenons-nous le sens profond du mot Qi, traduit le plus souvent, et incomplètement, par énergie?
Le Ciel, la Terre et les rapports de l’Homme avec le Ciel et la Terre
Pour les anciens chinois, l’Univers est un amas de souffles sans formes, sans limites précises, qui n’ont
pas de consistance matérielle définie. Dans la formation du Ciel et de la Terre, les souffles subtils se
sont séparés des souffles épais, puis entre les deux, les êtres ont pris forme et structure.
L’apparition des souffles, c’est la création en plusieurs actes du Ciel et de la Terre, puis du vide médian
entre le Ciel/Terre, générateur de la vie (les 10 000 êtres).
Il existe une certaine unité de la Pensée Traditionnelle. La Bible débute ainsi: « au commencement,
Dieu créa le CIEL et la TERRE. » Mais un ciel et une terre indifférenciés, puis apparaissent
successivement les luminaires (ciel différencié), les continents (terre différenciée) et enfin l’Homme.
Ces concepts de Ciel et Terre sont des concepts-clés de la Tradition chinoise.
Le concept du Ciel, Tian, induit tous les phénomènes de croissance et décroissance (jour et nuit), de
dualité des aspects (l’ombre et la lumière), de rythmes (les saisons).
La Terre, Di, est bien évidemment le symbole de l’espace. Quant à l’Homme, Ren, il est
l’interpénétration du Ciel et de la Terre. Il se tient entre Ciel et Terre, dans un monde lié au temps
(Ciel), et à l’Espace (Terre), dans un Ici (Terre) et Maintenant (Ciel)…
Le QI : ‘Souffle’ ou ‘énergie dynamique’.
La traduction du mot Qi (prononcez tchi) par ‘énergie’, est incomplète car ce dernier renvoie à l’énergie
par opposition à la matière. Or dans la pensée traditionnelle chinoise, le couple énergie/matière forme
un continuum. Le Qi possède en effet à la fois des propriétés de l’énergie et des propriétés de la matière.
Dans le langage chinois, le sens du mot Qi est souvent précisé par le contexte et d’ailleurs presque
toujours associé à un autre terme qui renvoie à une substance ou une structure matérielle : par exemple,
le terme ‘Qi Gong’ traduit par travail du Qi, ou ‘Zang Qi’, traduit par énergie dynamique des organes
vitaux.
Le terme « Souffle » prend tout son sens lorsqu’on en étudie l’idéogramme QI
Dans cet idéogramme QI, il y a d’une part les vapeurs qui montent de la terre et vont former les nuages,
donc quelque chose de très subtil et d’autre part un épi de céréale, donc quelque chose de très
manifesté. Le riz plus manifesté (matériel) par rapport à la vapeur moins manifestée (subtile) sont les
deux faces d’une même réalité: la mutation énergétique. Cette notion est très importante car toutes les
mutations du corps humain, tant macroscopiques que microscopiques vont se faire sur ce modèle.
Energie vitale universelle, le Qi correspond à l’ensemble des énergies et substances présentes dans la
nature et l’être humain. Totalement insaisissable et variable, il se manifeste partout par le mouvement,
l’instabilité, la non-fixation.
Le QI est tantôt le souffle cosmique universel, tantôt l’énergie vitale de l’individu, tantôt l’émanation, la
manifestation, l’impulsion d’un viscère, tantôt c’est l’air qu’on respire.
Dans la conception ancienne, il est un élément fondamental dans la constitution de l’univers, capable de
produire chaque chose par ses mouvements et ses transformations. Il est indispensable à la constitution
de l’organisme et à l’entretien de son activité vitale.
Le QI, Souffle ou Énergie dynamique à l’origine du mouvement de la vie, est la base de toute la
médecine chinoise.
Le YIN-YANG
La théorie du Yin /Yang découle de celle du Qi et en est le prolongement direct.
L’éphémère des phénomènes et leur transformation, découlent des perpétuels changements d’état du Qi.
Le YIN-YANG exprime la Totalité, l’Unité de tout ce qui arrive, rythmée par deux emblèmes
indissociables, parce que impensables l’un sans l’autre. Yin n’est ni l’inverse, ni le contraire de Yang et il
représente beaucoup plus que sa partie complémentaire.
Yang exprime la croissance, la profusion, la décroissance, le retour, mais ce déploiement-repliement qui
est l’expression même du Qi, ne peut s’inscrire que sur la toile de fond Yin.
De la même façon, le jour n’implique pas que la nuit disparaisse, puisque la lumière du soleil rayonne
sur fond obscur, voilant les étoiles toujours présentes. Lorsque la nuit « tombe », il s’agit en fait de la
disparition du soleil qui laisse progressivement apparaître la nuit et les étoiles toujours présentes.
Il n’y a d’énergie que Yang. Ce que nous nommons par commodité l’énergie Yin, est en réalité Yang
décroissant sur fond Yin. L’énergie Yang est l’expression du Yang croissant sur fond Yin. La phase
montante du Yang du nord au sud est inconcevable sans la phase descendante du Yang du sud au nord.
Le Yin-Yang n’exprime ni des énergies différentes ni des substances. Il ne peut en aucun cas être
enfermé dans des concepts selon le mode occidental.
« Ainsi le Ciel et la Terre sont le haut et le bas de la création. Le Yin et le Yang sont le sexe du sang et
du souffle. La gauche et la droite sont les chemins du Yin et du Yang. L’Eau et le Feu sont les
manifestations symptomatiques du Yin et du Yang. La création commence avec le Yin-Yang. Le Yin est à
l’intérieur le gardien du Yang. Le Yang est à l’extérieur le serviteur du Yin. » Su Wen, chap. 5
LES CINQ DYNAMISMES
La loi des cinq « éléments », ou plus exactement des cinq dynamismes ou mouvements, découle du
Yin-Yang. Elle permet de classer et de décrire ce qui forme et structure le monde.
Quatre dynamismes (Bois, Feu, Métal, Eau) régissent l’ensemble des activités célestes, terrestres,
humaines, biologiques, psychiques, etc. Ils possèdent leur saison propre où leur activité est
prépondérante et où ils font leur plein d’énergie.
Le cinquième mouvement est représenté par la terre, point de référence du système et lien des quatre
dynamismes. Il apparaît là où les autres mouvements se manifestent un peu moins.
Les cinq mouvements du Bois, du Feu, de la Terre, du Métal et de l’Eau, sont en correspondance avec
les caractéristiques liées à la nature, à l’homme, aux organes vitaux et tissus organiques, aux saisons,
aux couleurs, aux sons, aux sens, aux odeurs, aux saveurs, aux émotions et jusqu’à l’organisation de la
société.
L’Homme est placé comme un trait d’union entre la Terre et le Ciel, entre le dense et le subtil.
La tradition chinoise a toujours admis que rien n’existe qui soit séparé. L’être humain y est conçu
comme une totalité, en lui-même comme dans son dialogue avec l’Univers.
Pour mieux comprendre et appréhender les lois de l’énergétique chinoise, l’Institut ISHA
offre des formations de base en MTC (médecine traditionnelle chinoise) à Montréal.
Info lien direct : www.institut-isha.com
• Cours de base (45h), début de la session hiver, le 12 janvier 2014 ou automne, le 21 septembre
2014
• Cours de niveau II (45h), début de la session hiver, le 2 février 2014 ou automne, le 28
septembre 2014
Informations et inscriptions sur le site web www.institut-isha.com
Ou par courriel à [email protected]