Entretien avec Daniel Meurois-Givaudan
Il vient juste de publier son tout dernier-né, qui aborde courageusement la question existentielle par excellence : Qui est Dieu ? Douze questions et réponses sur un sujet aussi passionnant qu’impalpable…
Par Marie-Johanne Croteau
Q. — Daniel Meurois, c’est un immense plaisir de nous entretenir avec vous de cet ouvrage qui risque d’ébranler bien des perceptions et des habitudes de lecture de par son audace. D’abord le titre, Comment dieu devint Dieu. Vous dites que ces mots vous sont venus spontanément. Comment avez-vous réagi en intitulant ainsi votre manuscrit ?
D. M. — Oui, effectivement, il s’agit d’un titre qui s’est imposé d’emblée à moi et qui m’a surpris de par son côté, a priori, je le reconnais, un peu prétentieux… Comment, en effet, s’attaquer de cette façon à un tel sujet ? J’ai cependant résolu de conserver tel quel mon titre initial parce que son côté provocateur me semblait intéressant… Et, de fait, mis à part les théologiens, qui pense à se poser la question de l’identité ou encore de la Nature de Dieu ? Il me semble qu’il s’agit là de la question la plus fondamentale qui soit et pourtant… on ne s’y confronte jamais, ou presque. Bien évidemment, mon livre n’a pas la prétention de résoudre le problème ! Quel livre ou quelle forme d’expression humaine le pourrait, d’ailleurs ? Non, je l’ai simplement rédigé afin d’apporter un éclairage différent, totalement hors dogme et certainement hors norme sur un sujet majeur, tout en étant conscient des limites de ma propre perception des choses et aussi de celles de mon outil de travail. Pour moi, il s’agissait véritablement d’un défi en ce sens que je me suis trouvé confronté à des concepts soit difficilement explicables, soit, à ma connaissance, vraiment nouveaux. Il me fallait donc sauter dans le vide en faisant fi de l’inévitable controverse que cela pourrait susciter et tout en reconnaissant aussi l’imperfection obligatoire du témoignage et de la réflexion que je m’apprêtais à offrir. J’ai surtout été habité par la nécessité absolue d’avoir à mener à bien un tel travail. Il y avait comme une sorte d’urgence à devoir le faire…
Q. — En quoi ce livre diffère-t-il de tous ceux que vous avez écrits jusqu’à maintenant ?
D. M. — Il est différent dans la mesure où il s’agit d’un livre consacré à un enseignement métaphysique au sens pur et strict du terme. C’est un livre de travail de la première à la dernière page. Dans la plupart de mes précédents ouvrages, le lecteur pouvait se laisser guider par une trame narrative au sein de laquelle il trouvait matière à réflexion. Ce n’est pas le cas ici. Le témoin que je suis n’intervient jamais, il devient la simple courroie de transmission d’une importante masse d’informations. Il n’est jamais présent avec sa propre sensibilité. Le ton du livre change donc de celui des précédents. Je crois que c’était indispensable pour un sujet de cette ampleur. Il fallait laisser chaque lecteur le plus possible face à lui-même, c’est-à-dire face à ses propres réactions, voire face à ses incompréhensions. Personnellement, je vois ce livre comme un apprentissage du vertige face à soi-même et face à l’Infini. Il n’a pas été écrit pour « faire plaisir » à tel ou tel type de sensibilité humaine, mais bien pour labourer la conscience, tenter de l’ensemencer avec d’autres concepts et donc d’en faire exploser les frontières conventionnelles.
Q. — Vous dites que le contenu de cet ouvrage est essentiellement un enseignement de nature métaphysique. Quelle est la source de cette information et comment y avez-vous eu accès ? S’agit-il de vos processus habituels ?
D. M. — La source de l’information que je propose au lecteur ne change pas, quant à elle, de celle de mes précédents livres dans la mesure où je témoigne du contenu d’une expérience faisant appel à mes capacités suprasensibles. En bref, je capte constamment mes informations lorsque ma conscience se trouve hors de mon corps physique. C’est ma façon de travailler, c’est l’outil dont je dispose. Par contre, en raison de la nature de mon sujet, je n’ai fait que suggérer rapidement les circonstances qui m’ont amené à rédiger ce livre. Je ne voulais pas que le lecteur puisse s’attacher à un décor ou à des personnalités, mais vraiment plonger au cœur de la réflexion dès les premières pages. Il s’agit d’une aventure mystique totale au sein de laquelle il n’y a pas la moindre place pour une sorte de tourisme spirituel. « Comment dieu devint Dieu » est un livre dont la fonction est d’ébranler les conditionnements, puis de proposer de nouvelles pistes de croissance.
Q. — Quel est le message global de cet ouvrage, que vous qualifiez vous-même de « biographie collective… » ? Comment dieu devint Dieu renferme une telle diversité d’informations (notamment par l’aspect Dieu planétaire, solaire, galactique et cosmique) qu’il peut être difficile de s’y retrouver…
D. M. — De façon globale, on pourrait dire que ce livre est là pour faire sauter les frontières mentales de ceux qui veulent vraiment réfléchir au sens de leur propre existence et à la nature de la Vie. Certains croiront à tort que la somme des informations qu’il contient et que le mode d’écriture qui s’est imposé à moi nourrit essentiellement l’intellect et fait appel à la capacité de mémorisation du lecteur. Je crois cependant qu’il n’en est rien. Il s’agit, à mon sens, d’un ouvrage qui demande à ce que le mental décroche et à ce qu’on se laisse porter par une sorte d’onde incitant à sauter dans le vide. Si quelque chose doit être touché c’est ce qu’on appelle la capacité supramentale de l’être, celle qui fait que notre atome premier entre en relation avec chacune des cellules de notre corps et précipite leur métamorphose. Le cœur est bien sûr constamment présent dans une telle entreprise…
Q. — S’agit-il d’une sorte de fil conducteur vers l’Ascension ou la Libération ?
D. M. — L’enseignement que je retransmets avec ce livre évoque le schéma d’ensemble de l’évolution des consciences dans notre cosmos, il brosse ses grandes lignes. Il trace aussi des chemins possibles relativement à certaines sensibilités d’âme. En ce sens oui, on peut le voir comme une sorte de fil conducteur pour tenter de se révéler davantage à soi-même. Notre tâche, en tant qu’êtres humains, est de réaliser la nécessité d’une divinisation volontaire et consciente de tout notre être et à chacun des niveaux de celui-ci, de ses cellules les plus apparemment insignifiantes jusqu’au soleil de son esprit. Pour cela, la nécessité d’abolir toute forme de frontière est incontournable. En fait, c’est le devoir de dépassement de l’état congénital de dualité dans lequel nous sommes qui est ici décrit comme une priorité à accomplir, voire une urgence à régler si nous voulons vraiment aller vers ce qu’il est convenu d’appeler la Libération.
Q. — Un autre thème a aussi attiré mon attention, celui de l’émergence des cellules, au sujet duquel vous parlez même du défi d’incarner un nouveau schéma d’évolution. De la « cellule principielle » à la « cellule maîtresse », que doit-on en retenir mis à part que vous prévoyez que nous allons perdre tous nos repères ?
D. M. — Il ne s’agit pas, je crois, d’incarner un nouveau schéma d’évolution, il est plutôt question de prendre conscience de celui dans lequel nous sommes inclus. Le problème est de nous réintégrer à notre juste place au sein de l’Évolution en tant qu’êtres participant constamment à la Nature de Ce qu’est Dieu. En tant qu’être conscient de lui-même, chacun de nous est un dieu pour les cellules de son corps, un dieu qui doit mener celles-ci vers un réel état d’éveil et donc de divinisation. De la même façon, chacun de nous est semblable à une cellule participant à une Réalité supérieure qu’on appelle globalement Dieu, mais qui n’est aussi qu’un stade vers « autre chose » d’infiniment plus grand. La loi de l’analogie est certainement, comme vous le voyez, une clé majeure pour la compréhension du schéma d’expansion de la Vie ou, si on préfère, du Divin… Dieu n’est certainement ni une Présence ni une Force définies et stables une fois pour toutes, c’est un inimaginable Champ de Conscience qui nous invente et nous construit en permanence, mais que nous construisons et nourrissons constamment. Il est indissociable de Sa Création, tout comme celle-ci Lui est indispensable pour être et s’expanser. C’est pour cette raison que le titre de mon ouvrage prive le premier « dieu » de son D majuscule. C’est l’idée d’expansion et d’invention constante de la « réalité du Vivant » qui prime.
Q. — Daniel Meurois, je cite un passage de votre dernier chapitre sur « l’émergence des cellules » : Accoucher un peu plus de Soi, un peu plus de Dieu en Soi, fait vivre immanquablement des contractions. Le secret de la cessation de celles-ci ne sera pas ailleurs que dans l’Abandon. Abandon de la lutte puis observation sereine des vieux réflexes de protection et de rétraction corporels. Le lâcher-prise constituerait donc l’outil ultime pour réaliser ce changement de paradigme ?
D. M. — Je suis effectivement persuadé que la notion de lâcher-prise est une clé extrêmement importante dans la prise de conscience qui nous est demandée aujourd’hui. Elle sous-entend la cessation de tous les réflexes d’appropriation par lesquels nous souffrons depuis des temps immémoriaux. En fait, elle demande une prise d’altitude qui nous oblige à modifier radicalement notre rapport aux autres et à la Vie, en général. Nous n’avons pas encore compris dans nos sociétés humaines que le besoin de posséder et de contrôler ne faisait pas de nous des hommes et des femmes en état de maîtrise, mais, au contraire, des individus tributaires de leurs réflexes d’appropriation et de contrôle. Cette attitude que nous manifestons tous à différents niveaux relève d’un mécanisme très subtil qui nourrit en nous un continuel état de peur et de lutte. Et comme la peur entraîne l’agression…
Q. — Et en page 17 de votre livre, on peut lire cette question directe : Qu’est-ce qui fait de vous, amis de la Terre, ces boules de souffrance en épuisante errance au fil des âges ? Croyez-vous qu’il soit possible de nous libérer une fois pour toutes de cet état de dualité dans lequel nous pataugeons depuis des millénaires ? Et pourquoi cet enseignement, ici et maintenant ?
D. M. — Il est certain que nous vivons à une époque qui se montre particulièrement propice aux changements radicaux. Pour qui veut se donner la peine de regarder le monde et de réfléchir sans tricher, tout est là, aujourd’hui, pour nous pousser à modifier nos attitudes mentales et nos comportements. Alors oui, je crois qu’il est plus que jamais possible, de par la multitude des types d’épreuves auxquelles nous sommes confrontés actuellement ainsi que par la masse énorme des informations qui viennent simultanément vers nous, d’accomplir un grand pas pour sortir du conditionnement de la dualité. Nous devenons de plus en plus responsables de l’état dans lequel nous vivons… tandis que ce que j’appelle « l’Intelligence du Divin », prenant la forme de nos destins, nous place de plus en plus face à ce qu’il y a à réformer en nous afin de nous extraire petit à petit de la dualité.
Q. — Comment anticipez-vous l’accueil qui sera réservé à un contenu aussi audacieux, voire présomptueux, pour reprendre votre expression ?
D. M. — Il est toujours très difficile pour moi de me prononcer quant à l’accueil qui sera réservé à un livre que je viens juste de publier. Dans le domaine de la propagation des idées et, à plus forte raison lorsque celles-ci touchent les zones les plus profondes de la conscience individuelle et collective, tout demeure imprévisible. J’estimais avoir écrit une œuvre assez difficile d’accès avec « L’Évangile de Marie-Madeleine »; or, il s’avère de plus en plus que ce livre suscite l’engouement d’un nombre sans cesse croissant de lecteurs. Ce que me paraît certain, c’est que « Comment dieu devint Dieu » risque de secouer beaucoup d’idées reçues et de provoquer des réactions de tous ordres. Mais après tout, n’est-ce pas ce qu’il convient de faire aujourd’hui : nous ébranler dans nos pseudo certitudes et remettre en question une vision de nous et de l’univers qui, avouons-le, n’a pas su faire de nous des êtres heureux et équilibrés. Pourquoi nous cramponner encore aux vieux repères souvent dogmatiques d’un monde qui n’a jamais su générer la paix ?
Q. — La citation finale de votre ouvrage est extrêmement dense et inspirante. Par exemple : Le Un est multiple dans son expansion mais le multiple ne récite que l’Un. Il inspire ce qui lui est expiré et expire ce qui lui est inspiré. Il est Respiration. Il est l’acte d’aimer. (…) Innombrables sont les projets du Divin mais unique est leur but en Soi. Que peut-on ajouter à cela ?
D. M. — À vrai dire, ce texte qui encadre la totalité de l’enseignement dispensé ici en est également un résumé tant dans son fond que dans sa forme… Il peut paraître complexe si on tente de l’analyser à l’aide de notre seul bagage intellectuel, mais il s’éclaire rapidement de lui-même si on le laisse tranquillement nous pénétrer, sans vouloir le forcer par une sorte de dissection mentale. Il est à lui seul un exercice de lâcher-prise.
Q. — En terminant, Daniel Meurois, que resterait-il encore à écrire par votre plume après semblable enseignement ? Il me semble qu’il y a là un programme pour des siècles…
D. M. — Ce qu’il me reste à écrire ? À la fois tout et rien dans la mesure où, dans le domaine de la quête de l’Esprit, tout a déjà été dit et où tout reste pourtant à dire. Tenter de traduire et de raconter l’Infini, c’est le motif récurrent de toutes nos vies. Dieu, l’univers et nous, ce mystère insondable qu’on appelle aussi l’UN, tout cela est en perpétuelle dilatation, alors il est bien évident que nul n’aura jamais bouclé la boucle d’un tel pèlerinage. Fort heureusement, d’ailleurs ! Si l’Infini se montrait soudainement fini, toute forme de vie cesserait dans une absurdité sans nom…
Merci infiniment Monsieur Meurois pour cet entretien que vous avez eu la gentillesse de nous accorder. J’invite le public à se procurer Comment dieu devint Dieu, un ouvrage majeur aussi enseignant qu’inspirant !
Nous vous invitons à visiter la fiche de Daniel Meurois-Givaudan sur Alchymed en cliquant sur ce lien.