Spiritualité et sexualité
L’écart est gigantesque entre ce qu’intellectuellement nous trouvons juste et plein de sens et ce qu’émotionnellement nous arrivons à accepter.
Mes parents sont issus de la dernière génération de Québécois qui a été complètement soumise à la religion catholique. Dès l’âge de la majorité atteinte, ils ont tous deux choisi de jeter la religion et ses abus de pouvoirs par-dessus bord. Avant même ma naissance, ils étaient donc devenus non pratiquants. Sans être athées, ils se sont surtout complètement désintéressés de toute spiritualité, qui était inconcevable, à l’époque, en dehors de la religion officielle.
Pourtant, malgré cet environnement familial sans vie spirituelle apparente, très jeune j’ai été extrêmement attirée par la religion et la spiritualité. J’accordais beaucoup d’importance à ma première communion et, le soir avant de me coucher, je récitais avec passion les prières apprises à l’école durant les cours de catéchèse. Comble de l’ironie, je demandais à mes parents la permission d’aller à la messe le dimanche avec les parents de mes amies. J’imagine qu’à l’époque mes parents devaient être plutôt étonnés de cette piété qui ne me venait certainement pas d’eux!
À l’adolescence, je suis allée dans une école secondaire privée, appartenant à une communauté religieuse. Là, en m’approchant de plus près, j’ai découvert les revers du catholicisme et j’ai commencé à déchanter. Les comportements abusifs de nombreuses religieuses, aussi éloignés qu’on peut l’être de la charité chrétienne, les regards lubriques et les tripotages du curé, les doubles discours (ceux mielleux faits aux parents, et les autres, cyniques et cruels faits aux jeunes élèves dès que leurs parents avaient le dos tourné)… Désenchantée, j’ai tourné ailleurs mon besoin d’exprimer cette immense ferveur qui m’habitait. J’ai donc commencé à lire sur les autres religions, mais aussi sur l’ésotérisme, les sciences occultes, le spiritisme. J’étais de plus en plus fascinée par l’univers immense que je découvrais et, vers l’âge de 14 ans, je me suis mise à affirmer que je voulais faire des études en histoire des religions, à la grande perplexité de mon entourage. Nous n’étions plus à l’époque ou l’appel de la religion donnait l’assurance d’être pris en charge à vie par une communauté ou une autre. Quel genre de métier allais-je bien pouvoir pratiquer avec de telles études? Mais je ne me suis pas laissée arrêter par ces considérations. Il me semblait que si j’arrivais à faire une synthèse de toutes les religions existantes je trouverais enfin La vérité ultime. J’ai donc, envers et contre tous, complété mon DEC en histoire comparée des religions. Hélas, je n’avais toujours pas trouvé la réponse ultime à mes questionnements existentiels et spirituels. J’ai pensé que c’était parce que je n’avais pas exploré encore toutes les approches religieuses. Il devait en manquer quelques unes pour compléter mon casse-tête et avoir, enfin la vue d’ensemble que je cherchais. J’ai donc continué mon exploration et me suis dirigée vers toutes sortes de groupes ‘Nouvel Âge’.
Pendant ce temps, j’ai, comme tout le monde, traversé les aléas de l’adolescence et du passage à l’âge adulte. C’est-à-dire que je faisais face à une énergie sexuelle intense et troublante. J’étais d’autant plus troublée que cette énergie sexuelle débordante entrait en conflit avec ce que je savais de la spiritualité. Je me jugeais et m’auto censurais énormément. J’étais extrêmement tiraillée entre le plaisir intense apporté par la sexualité et son côté « bas instinct » qui n’allait pas du tout avec l’idée que je me faisais d’une personne hautement évoluée spirituellement. Je jugeais superficiels mes élans sexuels et amoureux et ressentais de la colère de me sentir esclave des besoins exprimés par mon corps. Je n’arrivais pas à trouver la paix entre ces deux extrêmes en moi.
J’aurais voulu ne ressentir que la passion mystique, que je jugeais supérieure. Mais mon corps refusait de me laisser en paix. J’ai baigné dans ce conflit intérieur pendant plus de 25 ans, jusqu’à tout récemment. En effet, il y a environ deux ans, j’ai été gravement malade pendant plusieurs mois. L’un des symptômes de cette maladie a été une perte presque complète de ma libido. Ce n’est que lorsque j’ai cru avoir perdu mon feu sexuel que j’ai compris à quel point il m’était précieux. C’est sur ces entrefaites que la vie a remis sur mon chemin une amie qui était partie à l’aventure dans le vaste monde depuis plus d’un an. Ses pérégrinations l’avaient menée à Hawaii où elle avait découvert le tantra. De retour à Montréal juste au moment où je sortais de ma maladie et je cherchais à retrouver mon énergie sexuelle, je l’ai accueillie avec enthousiasme et passion. Elle m’apportait exactement ce que je cherchais et j’ai décidé d’entreprendre une démarche intensive dans cette voie.
J’avais déjà lu sur le sujet. La philosophie de base me plaisait beaucoup, mais lorsque j’en arrivais à la partie pratique, je ne rencontrais qu’une forme légèrement modifiée de yoga. J’avais déjà essayé le yoga et ça ne me convenait pas du tout comme approche. Je n’étais donc pas allée plus loin dans mon exploration du tantra. Mais l’école dont mon amie me parlait semblait très différente. Cette école était située à Hawaii, ce qui ajoutait un attrait non négligeable à mon envie d’aller suivre cette formation. Bien sûr, Hawaii est réputé être un lieu magnifique, mais mon attirance était aussi due à ma connaissance historique de la culture polynésienne, extrêmement libre et ouverte vis-à-vis tout ce qui regarde la sexualité. Je m’y suis donc inscrite avec enthousiasme, accompagnée de mon compagnon de vie et de 3 autres personnes de mon entourage dont ma mère.
Ce que j’ai vécu lors de ce voyage littéralement initiatique a été d’accepter de mettre de côté les idées toutes faites que j’avais sur le tantra et, en choisissant d’explorer ce chemin, j’ai découvert tout un monde insoupçonné.
Par exemple, je me suis rendue compte à quel point nous connaissons mal notre propre corps, autant les hommes que les femmes d’ailleurs, contrairement à la croyance populaire qui dit que les hommes connaissent bien la partie sexuelle de leur corps puisque qu’elle est extérieure, ce qui est absolument faux. J’ai rencontré plusieurs hommes au cours de ma démarche qui ignorent des choses essentielles sur eux-mêmes. C’est aussi le cas, bien entendu, d’une très grande proportion de femmes.
Nous sommes aussi terriblement handicapés sur le plan de la communication dès qu’il s’agit de la sexualité. Malgré la fameuse révolution sexuelle, la plupart des gens que je croise sont extrêmement mal à l’aise d’en parler. Soit ils sont complètement muets sur le sujet, soit ils sont incapables d’en parler autrement qu’en faisant des blagues. Sans parler de la montagne de tabous et de préjugés entourant cet aspect pourtant fondamental de notre être.
Beaucoup de personnes sont comme je l’étais auparavant : ils associent le tantra ou la sexualité sacrée à une série de techniques et d’exercices. Le tantra est pourtant tout sauf ça. À la limite, certaines personnes peuvent vivre totalement l’esprit tantrique à chaque instant de leur vie sans jamais pratiquer un seul exercice. Car le tantra est une façon d’envisager la vie et non une méthode. Et cette façon de voir la vie est la plus ouverte et la plus intégrante que j’ai rencontrée jusqu’à présent dans toutes mes recherches sur les diverses religions et écoles spirituelles. J’ai parfois même la sensation, pour la première fois de ma vie, d’avoir trouvé une approche qui est capable de répondre à ce que je cherche depuis mon enfance : une voie globale qui intègre uniquement ce qui est fondamental dans toutes les voies spirituelles et mystiques.
Cependant, le tantra n’est pas que cela. Il existe pratiquement autant de façon de voir le tantra qu’il existe d’écoles. La plupart de celles que j’ai croisées, soit directement, soit par mes lectures, mettent surtout l’emphase sur la pratique et les rituels. Nous vivons dans une culture qui, depuis des millénaires sépare le corps et l’esprit. La réunification n’est pas facile et, sans une démarche spirituelle profonde et intensive, nous ne touchons que la partie superficielle du tantra. Le véritable esprit du Tantra est de dire ‘oui’ à tout. Cela signifie qu’il dit oui aussi corps et à toutes ses expressions, y compris sexuelle. Cela signifie aussi qu’il dit ‘oui’ non seulement à la sexualité sacrée mais aussi à celle qui est profane : le jeu, la légèreté, l’amusement, l’érotisme…
Lorsque je mentionne le terme de Tantra, j’observe une multitude de réactions. Les plus fréquentes sont soit la gêne et l’embarras, soit encore une excitation intriguée. Quoi qu’il en soit, la plupart des gens qui ont déjà entendu ce mot l’associent au sexe. Est-ce que le Tantra accorde réellement tant d’importance au sexe? La réponse est à la fois oui et non. En fait, le sexe n’y a pas plus d’importance que tous les autres aspects de la nature humaine. Mais pas moins non plus.
Mes études en histoire m’avaient appris que beaucoup de cultures de l’Antiquité avaient des prostituées sacrées. Des hommes et des femmes formées à l’art de faire l’amour mais aussi à l’art d’utiliser l’énergie sexuelle pour entrer en contact avec le divin. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il existe encore des prostitués sacrés de nos jours. C’est ce chemin que j’ai choisi. Un magnifique chemin de guérison et de réunification de tout l’être.
En plus de mes formations mentionnées ci-haut, j’ai aussi accumulé un important bagage alternatif dont, entre autres, des formations en rebirth, en guérison énergétique et en créativité. La démarche de réunification et d’intégration, que j’enseigne en compagnie de mon partenaire de vie, inclus tous ces outils. Pour en savoir plus, visitez notre site Internet : www.stretchingplus.com/tantra/index.htm
Nous vous invitons à venir assister à une de nos prochaines conférences :
– À Québec : dimanche le 22 avril de 18h30 à 20h30, au 1001 de l’Église
– À Montréal : jeudi le 3 mai de 19h à 21h au Centre Seva Re-source, 110 Laurier Ouest
Vous pouvez aussi communiquer avec nous par téléphone ou par courriel au 450-834-6846 ou à [email protected] .
Pour en savoir plus sur l’auteure, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.