Respirer avec la Terre

Impliqué comme architecte depuis plus de trente ans dans le développement de constructions écologiques (bio-climatiques) j’ai eu l’occasion de suivre et de participer au développement des technologies alternatives et j’ai pu mesurer le risque de tomber dans le piège de la fascination technologique. Comme psychothérapeute, j’ai acquis la conviction que la solution au mal-être de notre civilisation, mal-être qui se traduit notamment par une augmentation inquiétante des maladies liées au stress (dépression, burn-out), ne peut consister uniquement à réaliser des maisons à haute efficacité énergétique, même si elles représentent un progrès important dans la bataille pour la diminution des gaz à effets de serre.

On prendra connaissance ici des chiffres révélateurs avancés par l’organisation mondiale de la Santé: d’après le Dr Benedetto Saraceno, directeur du département de santé mentale de l’OMS, la dépression est actuellement la cinquième cause de mortalité et de handicap dans le monde et, elle devrait atteindre la deuxième place d’ici 2020.

Aussi je regarde le développement mondial d’initiatives, généralement collectives, menant à la création d’éco-villages, d’écohameaux et d’éco-quartiers, comme témoin de la recherche d’une façon de vivre et d’une façon d’être épanouissante. Cette recherche place dans les gestes du quotidien le souci de la santé mentale et physique en lien avec celui de la relation à soi et à son environnement.

À travers le concept de « Maison Vivante », mis en œuvre pour la première fois à Alma en 1993, j’ai développé la création d’un espace favorisant la relation intime avec soi-même et répondant au besoin essentiel de se (re)construire à partir d’un où plusieurs centres. Ainsi, dans la lignée des bâtisseurs de lieux sacrés, je réalise des constructions qui ne sont rien d’autre que le reflet de la façon dont on s’habite soi-même et qui accueillent les transformations successives qui jalonnent une vie.

Dans cet article je vais aborder ces thèmes, sur lesquels, de par mon double métier d’architecte et de psychothérapeute, je suis de plus en plus souvent amené à donner des explications et des précisions, puis je présenterai un projet auquel je travaille activement pour illustrer mon propos.

1. Qu’est-ce qu’un écovillage?

Tous s’entendent pour dire que « c’est une petite communauté de personnes unies vers un but commun, basé sur des valeurs écologiques ». Un écovillage est avant tout un aménagement territorial qui réalise concrètement le développement durable.

Théoriquement, il peut se construire autant en ville qu’à la campagne. En pratique, toutes les initiatives sont situées à la campagne, quoique des projets de maisons écologiques existent dans certaines villes. Le concept met l’emphase sur : « La construction écologique, les systèmes d’énergies renouvelables, la production locale d’aliments biologiques, une économie viable, un processus décisionnel collectif. »

Un écovillage est donc un regroupement de personnes qui ont choisies de vivre ensemble sur un territoire pour l’occuper et le développer de façon durable, dans un esprit de conservation et de protection.

Les écovillages constituent la réflexion la plus achevée à ce jour pour mettre en oeuvre des pratiques de conservation et d’utilisation durable de l’environnement (1).

(1) Monographie exploratoire par : Marco Silvestro / 23 mars 2004
Publié dans: Leblanc, Jérôme, Yanick Noiseux, Marco Silvestro et collaborateurs (2005)
Pratiques solidaires dans la relation d’échange. Monographies d’initiatives québécoises,
Montréal, Cahier du CRISES, UQAM, no ES0506, 151 pages.

La co-fondatrice du projet d’éco-village de Montcalm « Terra Vie », fonds foncier communautaire à Saint-Sauveur, abonde dans ce sens. Pour elle, un écovillage sert principalement à réduire les coûts de la vie, à réduire l’utilisation de matériaux polluants, à se donner des services communautaires et à « vivre plus simplement, plus près de nos racines ».

Terra Vie, fonds foncier communautaire poursuit deux buts principaux: 
– acquérir des terres d’intérêt écologique en vue de les protéger et d’en mettre une partie à la disposition de collectivités viables;
– par la sensibilisation et l’éducation, favoriser l’adoption d’un mode de vie durable dans l’ensemble de la population.
En fonction de ces objectifs, et pour répondre à la problématique écologique dans sa globalité, Terra Vie propose donc la réalisation du Centre éducatif écologique du lac du Brochet. Le projet de la réserve naturelle et du Centre éducatif écologique a pris son envol en mars 2006 et a reçu le Phénix de l’environnement 2007. Les phases de construction, de préparation et de démarrage des activités suivront leur cours jusqu’en 2009.

2. Que recouvrent les mots utilisés par les spécialistes des constructions écologiques et eco-énergétiques: maisons saines, maisons bio-climatiques, maisons R2000, maisons Novoclimat, maison à basse consommation énergétique, maison à consommation zéro et la dernière née la maison à énergie positive.

Ces appellations recouvrent deux directions majeures :

– La réduction de la consommation d’énergie dans l’habitat

Exemple : 31 maisons « Passivhaus »
15 kWh/m2/an de besoins de chauffage
ZAC des Hauts de Feuilly
à Saint Priest (69) France
BASTIDE BONDOUX Ingénieurs Conseil

– La mise en œuvre de matériaux non polluants, tant au niveau de leur fabrication que de leur utilisation

Exemple 1 : les matériaux sans formaldéhyde ou très peu, sans composés organiques volatils (COV) ou très peu, et/ou sans émanations d’autres produits chimiques pour 85 % des surfaces intérieures du bâtiment (soit, la totalité des revêtements de plafonds, des revêtements muraux et de peintures et des revêtements de sol).

Exemple 2 : Le rôle des forêts cultivées dans la réduction de l’effet de serre par le stockage du CO2

La récolte rationnelle du bois d’œuvre régénère la ressource forestière : la pousse d’un kilogramme de bois au sein d’une forêt en pleine croissance permet d’absorber 1.467 kg de gaz carbonique de l’atmosphère et de produire 1.067 kg d’oxygène nécessaire à la vie.
Source : ‘‘Conseil Canadien du Bois’’

Dans la direction de la réduction de la consommation d’énergie un progrès décisif a été franchi récemment grâce à une idée audacieuse: celle d’envisager la réalisation de bâtiments à énergie positive, c’est à dire des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’il n’en consomment sur un bilan annuel.

Cette avenue est devenue possible grâce à la spectaculaire croissance du secteur de l’énergie solaire et plus encore de celui de l’énergie éolienne, couplée à l’utilisation du chauffage/climatisation par géothermie capable d’économiser près de 75% des besoins en énergie.

L’avenir est donc de mettre en œuvre des maisons capables de faire plus que de subvenir à leurs besoins énergiques en combinant au moins deux de ces trois technologies.
 
Il restait cependant une difficulté importante qui a été résolue dernièrement : le stockage de l’énergie. Les batteries, malgré les progrès réalisés, restent en effet onéreuses et surtout ont une durée de vie limitée. La solution élégante qui a été trouvée consiste à remettre sur le réseau les surplus d’énergie produite par le solaire ou par l’éolien. D’une certaine façon, dans le cas québécois, le stockage se fait dans les retenues d’eau des barrages hydroélectriques.

3. Le projet du domaine écologique « Au Cœur du Monde » à Saint Alexis des Monts.

Concept : 
– Créer un regroupement de gens conscients de la fragilité croissante de l’écosystème et voulant intervenir par leurs gestes au quotidien.
– Offrir aux nouveaux propriétaires de terrains le support nécessaire pour construire des maisons bio-climatiques à basse consommation énergétique.
– Mettre en place des structures favorisant la préservation de l’environnement et l’économie d’énergie (charte écologique). 
– Favoriser le recours à l’expertise régionale, provinciale, nationale et internationale.

À proximité immédiate du Lac Sacacomie, le projet est situé dans une zone montagneuse occupée actuellement une forêt jeune (30 à 50 ans) et diversifiée qui sera préservée et entretenue.

Les 38 terrains ont une superficie moyenne de 1,5 acre (65 000 pi2) et les propriétaires auront accès à la totalité du Domaine en utilisant les sentiers pédestres; des postes d’observation pédagogiques seront implantés aux différents lacs et dans les montagnes avoisinantes.

Au cœur du Domaine, les zones humides seront bonifiées et une partie des lacs ainsi crées sera aménagée spécialement pour permettre la baignade relaxante et tonifiante dans des bassins ou circulera une eau purifiée naturellement et dynamisée.

En complément de ces aménagements qui commenceront dès le mois d’octobre, un centre de santé et de ressourcement sera construit à l’entrée du Domaine de façon à établir la relation avec les habitants du village et la clientèle des auberges de la région. Celui-ci comportera des salles de conférences et de réunion, des salles de massothérapie, une piscine, 2 saunas, un bain tourbillon, un bain froid et une salle à manger servant des repas-santé.

Que ce soit un refuge de fin de semaine ou une demeure permanente, le Domaine « Au Cœur du Monde » vise d’abord à satisfaire le besoin de respirer qui amène à rechercher un endroit calme, en retrait de l’agitation stressante de la vie urbaine. Se recentrer et exister davantage dans l’ici et maintenant sont favorisés par une insertion harmonieuse dans la nature et par le contact avec sa quiétude profonde.

En partenariat avec la Municipalité de Saint Alexis des Monts,
le projet sera présenté aux salons Chalets & Maisons de campagne
à Québec du 31 janvier au 4 février
et à Montréal du 15 au 18 février 2008.

Par Christian Collignon
Architecte DESA et Thérapeute en Relation d’Aide^MC

1266, rue James Lemoine
Québec   (Québec)
Canada
G1S 1A2
Téléphone : 418 527 0220
Courriel : [email protected]
Site : www.maisonvivante.ca

Pour en savoir plus sur l’auteur, nous vous invitons à visiter sa fiche sur Alchymed.