L’énergie vitale et la santé
Les chinois ont étudié depuis plus de 4000 ans la circulation du qi (énergie vitale) chez l’être humain ainsi que son interaction avec les saisons, le temps et les variations selon les heures de la journée. Deux méthodes ont été développées pour maintenir une bonne circulation du qi dans le corps. La première minimise la dégénérescence des organes et augmente la longévité. La deuxième soigne les maladies. Les méthodes curatives du qigong utilisent des techniques qui consistent à contrôler la circulation du qi afin de guérir progressivement le désordre qui affecte l’organe malade ou de soigner une blessure.
La culture chinoise se caractérise par sa manière de penser introspective et intuitive. C’est cette philosophie qui a servi de théorie de base au qigong. C’est elle qui a façonné la structure et les caractéristiques du qigong dont le principe fondamental est l’harmonie et où l’essentiel réside dans l’introspection. Dans le qigong, c’est la coexistence du yin et du yang qui forme le mouvement alors que dans l’entraînement simultané du corps et de l’esprit réside le but.
La durée et la qualité de la vie constitue un des thèmes éternels des êtres mortels que nous sommes. Depuis la genèse, les êtres humains savaient comment se protéger et s’entraîner, car un corps en bonne forme est indispensable pour la survie. « Bouger pour chasser le froid et s’abriter pour fuir la chaleur », telles sont les réactions les plus simples de la conscience archaïque. La naissance du qigong en Chine est redevable au progrès et au raffinement de cette conscience. Lu Buwei, ministre d’état des Qin (221-206 av, J.-C.) mentionne dans son ouvrage La Chronique de Lü : « … Chez l’homme, le qi (énergie vitale) était inerte, et que les muscles et les os étaient contractés. La danse fut alors inventée afin de renforcer les premiers et détendre les seconds ». Ces mouvements très simples avaient pour but d’assouplir les articulations, de faire circuler le qi et de nourrir les organes interne. Ces exercices marquèrent la naissance du daoyin (art de la «conduite») et les débuts de la pratique du qigong pour se maintenir en bonne santé.
Le daoyin (la plus ancienne forme de qigong) joue un rôle très important dans le développement du qigong. On entend par dao : diriger mentalement les mouvements pour faire circuler le qi à l’intérieur du corps. Et par yin la conduite du qi à travers tous les organes et viscères.
La respiration constitue une technique importante du qigong car elle est en relation avec le fonctionnement physiologique du corps. Le principe de base de la respiration (ou tuna) consiste donc à réguler l’inspiration de l’air pur et le rejet de l’air vicié dans le but d’améliorer le fonctionnement des organes internes. Mettre l’accent sur la respiration abdominale est important parce qu’au début de la vie, la croissance de l’embryon se fait par le cordon ombilical, situé au niveau de l’abdomen, qui l’alimente en nourriture et en oxygène. Durant les premières années de sa vie, l’enfant concentre sa respiration dans la partie abdominale. Progressivement ce centre s’élève vers le torse. Et, en grandissant il respire davantage avec la poitrine. Alors que nous croyons respirer naturellement avec la poitrine, nous avons en fait, perdu petit à petit le contrôle de nos muscles abdominaux.
Dans le qigong, on retrouve trois sortes de respiration. La première : la respiration par la bouche et le nez; inspirer doucement par le nez et expirer lentement par la bouche. C’est la façon de respirer la plus usuelle. Par contre, dans la méditation profonde, la respiration se fait uniquement par le nez. La deuxième : la respiration abdominale. On se concentre sur le gonflement et la diminution du ventre. Cette façon de respirer se divise en deux. D’abord, la respiration abdominale normale : Relâcher le ventre à l’inspiration et le contracter à l’expiration; c’est une respiration qui amène la détente. Ensuite, la respiration abdominale inversée : Contracter le ventre à l’inspiration et relâcher le ventre à l’expiration, celle-ci donne de la puissance au mouvement et elle est utilisée dans le wushu (kung fu). La troisième : la respiration « pénétrante ». Il s’agit de la régulation de la respiration dirigée par l’esprit. La répartition mentale du qi «pur» dans tout le corps se fait au moment de l’inspiration tandis que le corps expulse le qi «usé» à l’expiration.
Au niveau de la pratique du qigong, nous pouvons distinguer deux catégories de travail. Le premier appelé travail externe (wai gong) et le second travail interne (nei gong). Le travail externe s’exécute par le mouvement des membres qui déclenchent la circulation du qi (énergie vitale) à travers des vaisseaux appelés «méridiens». Il ouvre les portes énergétiques du corps et accélère la circulation de l’énergie contenu dans les articulations. C’est l’ensemble de toute cette action qui permet au qi de se construire et s’activer plus abondamment dans le corps.
Le travail interne consiste à engendrer le qi dans le dantian (situé à 3,5 cm environ au-dessous du nombril) puis à le guider mentalement à travers le corps. Le dantian est considéré comme la source originelle de l’énergie d’un être humain. Et, la respiration focalisée dans celui-ci est estimée comme la source de la circulation du qi dans le corps. Avec le travail interne, on apprend à diriger le qi avec la puissance de notre intention dans le but de renforcer le système immunitaire et régulariser le système endocrinien. Enfin, c’est un moyen thérapeutique puissant qui agit sur les maladies chronique, grâce à ses effets positifs sur le métabolisme.
Cependant l’ensemble de notre qi n’est pas uniquement respiratoire. Une partie de cette énergie résulte de la nourriture ingérée, et une autre que nous avons hérité de nos parents. L’énergie originelle est transmise par les parents aux enfants au moment de la conception. Cette énergie décroît au fil des années suivant le phénomène physiologique du vieillissement et ce de façon irréversible. Toute fois grâce aux exercices de qigong on peut apprendre à conserver le plus longtemps possible ce type d’énergie, ralentissant ainsi le processus de déchéance organique.
Afin de bénéficier d’un esprit calme et concentré pour guider le qi, on doit d’abord commencer par apprendre à réguler notre esprit émotionnel. Cela n’est pas une tâche des plus aisées. Dans la pratique du qigong, l’esprit émotionnel est l’obstacle principal au progrès. Selon les concepts traditionnels chinois, nous possédons deux cerveaux. L’un est appelé « xin » (cœur ou esprit émotionnel), et l’autre, « yi » (logique, rationnel et clairvoyant). Réguler l’esprit mental revient à dire qu’il faut utiliser l’esprit rationnel «yi» pour réguler les perturbations émotionnelles (xin). Ainsi lorsque vous pratiquez le qigong vous devez être patient et procéder petit à petit afin de régler les problèmes. Un programme de régénération naturelle de la santé tel que le qigong est un art bénéfique à quiconque le pratique avec assiduité.
Les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire constituent un ensemble de fonctions étroitement liées et interactives. Au quotidien, Ils sont constamment agressés par la volonté que nous avons de leur imposer des demandes qui ne correspondent pas à leur programmation fondamentale. La pratique du qigong aide à l’approvisionnement adéquat de nos cellules en oxygène, à la récupération ou au maintien de l’élasticité de nos artères aussi bien que de nos muscles et tendons ainsi qu’à la bonne circulation du sang et de l’énergie dans tout notre organisme.
Il n’y a pas d’âge pour se mettre à la pratique du qigong. Si on apprend à utiliser judicieusement notre énergie vitale (qi) on vivra plus longtemps et en santé. Pour mieux comprendre et faire l’expérience des bienfaits du qigong, vous pouvez participer au séminaire de deux jours qui sera donné au Centre d’Arts du Mont Orford du 22 au 24 mai 2009, ou prendre part à un voyage en Chine en mai 2010. Pour informations www.mytaiji.ca
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