LA PLUS EPOUVANTABLE HISTOIRE DU MONDE…
Ce magicien était très méchant et, presque chaque jour, venait à son troupeau, prenait quelques moutons, les emportait et les tuait pour en faire honneur aux gens qu’il invitait à sa table.
Or, ayant appris le sort qui les attendait lorsque le magicien s’emparait d’eux, beaucoup de moutons décidèrent de prendre la fuite et la prirent en effet.
Mais le magicien, voyant s’éclaircir les rangs de son troupeau, ne fut pas long à comprendre ce qui se passait.
— Ah oui, mes gaillards, fit-il, eh bien, on va voir !…
Et il fit garder son troupeau par des bergers.
Mais les bergers ne pouvaient avoir les yeux partout à la fois. Des moutons prirent encore la fuite. Et le magicien, furieux, donna des chiens à ses bergers.
Les chiens aboyèrent, montrèrent les dents, mordirent… Cela n’empêcha pas grand chose. Le troupeau continua à s’éclaircir, si bien que le magicien décida de l’encercler d’énormes barrières.
Il le fit. Et des moutons trouvèrent encore le moyen de disparaître, car les moutons, en ces temps-là, étaient futés, malins et finauds. De vrais singes…
Je crois même — bien entendu, je ne vous raconte pas l’histoire comme le faisait Gurdjieff — qu’ils marchaient debout et qu’ils n’avaient que deux pattes, les deux autres étant des mains…
Le magicien, de la tête aux pieds, tremblait de rage. « Cela ne peut pas durer, grinçait-il du matin au soir et du soir au matin, cela ne peut pas durer !… »
II finit par se retirer dans la pièce la plus secrète de son château. Il invoqua ses génies et reparut un beau jour le visage tout amène et détendu… Ses génies lui avaient donné une idée : celle de plonger ses moutons en état d’hypnose, de les endormir, quoi !…
VOUS ETES DES HOMMES LIBRES !…
Il vint donc parmi eux et leur dit, plein de grâce : « Finies les barrières, finis les chiens, finis les bergers ! Vous vous garderez vous-mêmes. Pour vous, une ère de liberté commence. Car vous n’êtes plus des moutons. Vous êtes des hommes… »
II les regardait les uns après les autres, bien dans les yeux, et il poursuivait :
— Toi, tu es un marchand !… Toi, tu es un juge !… Toi, une auteure !… Toi, tu es un seigneur !… Toi, tu es un poète !… Toi, tu es un général !… Toi, tu es une courtisane !… Toi, tu es une matrone !… Toi une ministre !… Toi, tu es un larron!…Toi un philosophe !…. Toi un prêtre !… Il conclut :
— Et maintenant, allez ! Jouez aux juges, aux seigneurs, aux courtisanes, aux poètes, aux larrons et philosophe. Allez ! Allez ! Et que la grandeur soit avec vous…
Dès lors, ce fut terminé. Le magicien put dormir sur ses deux oreilles. Promus à la dignité d’humains les moutons se mirent à jouer à l’infernal jeu des humains. Plus un seul ne songea à prendre la fuite.
Et le magicien, depuis ce jour béni, put à loisir emporter les meilleurs d’entre eux sans même qu’ils s’en émeuvent. Ils ne voient plus. Ils ne savent plus. Leurs yeux sont fermés à la réalité…
Un général disparaît ? C’est la guerre. Un poète rend l’âme ? C’est la maladie. Un larron est pendu ? C’est la justice. Une courtisane décède ? C’est l’amour. Un seigneur se suicide ? C’est le jeu…
Ils vivent dans leur rêve absurde. L’illusion nourrit leur esprit, le mensonge peuple leur cœur. Ils sont incapables de s’arracher à l’hypnose et, par delà les causes secondes, de remonter à la cause première de leurs maux… Il doit bien rire, le magicien! Il doit bien rire, le Prince ! Bien rire de nous : les humains…
Qu’en dites-vous de cette petite histoire ?
Elle est plus profondément vraie, encore, qu’on ne le perçoit à première vue. Plus on la tourne et plus on la retourne, plus on lui découvre de significations et de prolongements, de rapports et de concordances avec la condition humaine…
Il y a quelque part, par delà certaines limites, un pays de vie et de liberté. Mais un sortilège pèse sur nous et nous demeurons en notre vallée d’opprobre, hébétés et bêlants, assujettis à la souffrance et à l’erreur, promis à la mort…
Nous ne vivons pas. Ce que nous prenons pour la vie n’est qu’un mauvais rêve. Nous ne sommes que des automates, que des robots, que des somnambules dominés par un maléfice. Et voilà pourquoi saint Paul, qui avait compris et qui avait de la poigne, a passé le plus clair de ses jours à secouer les humains et à leur crier :
— Réveillez-vous ! Réveillez-vous !…
L’HUMAIN COMPTE-T-IL PLUS QUE LES CANCRELATS OU LES TAUPES ?
L’humain, nous en avons déjà parlé, pense volontiers qu’il est le terme et l’aboutissement, la plus fine fleur de l’univers, la couronne, le panache, qu’il n’y a rien au-dessus de lui et que tout se conjugue, de la terre au ciel, pour chanter son laïus et assurer sa gloire…
Il a beau se plaindre, juger la vie mauvaise et le monde mal organisé, il a beau se dire victime et, à l’occasion, proclamer sa faiblesse et sa misère, il porte au fond de lui cette certitude que, tout de même, un humain, c’est quelque chose…
Sait-il s’il compte beaucoup plus, au regard de la mécanique universelle que les cancrelats et les taupes ? Sait-il s’il n’est pas uniquement là, comme certains vers intestinaux, pour collaborer à une fonction qu’il ignore ?…
L’univers entier est bâti sur l’assimilation d’une catégorie par l’autre. Les végétaux vivent de la terre. Puis viennent des animaux qui vivent des végétaux, puis d’autres animaux qui vivent des animaux. Pourquoi le cycle s’arrêterait-il là ? Pourquoi l’humain, à son tour, ne serait-il pas mangé ?…
Eh bien, l’humain y passe, lui aussi. Son tour vient. Et il est mangé… Ce n’est pas son corps physique qui y passe. Mais il n’a pas que son corps physique. Il en a six autres. Et ce sont les uns ou les autres de ces corps-là qui servent de pitance au « magicien et à ses amis »…
Certaines croyances elles-même ne vous le disent-elle pas lorsqu’elles vous racontent que nos bonnes pensées sont la nourriture des anges et nos mauvaises pensées la nourriture des démons ?
Bien sûr, on croit à des images, à des façons de parler. Et les prêtres eux-mêmes, le plus souvent, ne pensent pas si bien dire… Cette image n’est cependant pas une imagination ! Elle correspond à la vérité stricte et doit être prise à la lettre… Que pensez-vous que soit une guerre ? Que pensez-vous que soit une épidémie ? Que pensez-vous que soit une révolution ?…
Croyez-vous qu’une révolution ou qu’une guerre soit uniquement conditionnée par des facteurs humains simplistes ? Les choses viennent toujours de beaucoup plus loin qu’on ne l’imagine ! Et tenez-le pour assuré : nous sommes en proie à des énergies que nous créons et qui nous dépassent, nous sommes assujettis à des forces que nous ignorons. Certaines croyances parlent de l’invisible comme peuplé de grouillements que nous sommes tentés de nier parce que nous ne les voyons pas. Mais ils existent ces grouillements « d’êtres » que nous ne pouvons ni concevoir ni nommer. Leurs formes ne sont pas les nôtres. Ils habitent des dimensions de l’espace qui nous sont interdites. Mais ils sont là et ils pensent, eux aussi, et ils veulent, et ils agissent… Nous les avons créés et nous les nourrissons.
Ainsi y a-t-il, dans les abîmes de mystère qui nous encerclent, des énergies ou des entitées qui déterminent, dans des buts qui nous échappent, des courants de forces bonnes ou mauvaises, lesquels courants nous atteignent au physique ou au mental, provoquant des épidémies ou des fièvres, créant les fatalités cycliques de démence ou de brutalité dont ils ont besoin à des fins cosmiques ou personnelles…
L’humain ne cesse d’être du bétail, l’humain n’échappe au déterminisme et à la mort qu’à partir du moment où il parvient à la deuxième naissance, où il naît à l’esprit et de l’esprit. Tant qu’il ne s’est pas éveillé ou réveillé, il appartient au magicien et fait partie de son cheptel.
Et c’est par la kundalini, nous le savons, que le maléfice pénètre et s’installe en nous. Une bien redoutable sorcière, n’est-ce pas ? J’avais raison de vous le dire. Et je crois même que je ne vous l’ai pas assez dit. Car elle fait mieux encore.
A quiconque la déclenche prématurément et réussit à échapper à la folie et à la mort, elle confère certains pouvoirs, le fait n’est pas niable. Mais attention ! C’est dans le domaine du Prince qu’elle les confère, c’est dans le périmètre du Serpent.
Or, de toute évidence, l’humain qui disposera de ces pouvoirs ne pourra pas résister, étant donné la puissance de ses instincts, à la tentation de s’en servir. Il les utilisera et, fatalement, s’engagera chaque jour un peu plus dans les ténébreuses régions d’où l’on ne revient pas. Songez à Hitler.
Et cependant la kundalini, qui est la pire des sorcières, peut devenir la meilleure des fées… Mais c’est uniquement lorsque tout est en place dans l’organisme humain, uniquement lorsque l’être est suffisamment orienté vers l’Absolu et suffisamment polarisé par lui… Là, alors, le déclenchement se produit de lui-même. C’est le ciel qui en donne le signal. Et la sève, au lieu de refluer, monte d’elle-même et sans à-coup, n’apportant que des bénédictions.
Toute la question, donc, se ramène à ceci : comment s’orienter, comment se polariser sur l’Absolu ?
LES ENNEMIS DES SCIENCES MYSTIQUES.
C’est à cet échelon qu’interviennent, inventées par des humains ou suggérées par des dieux propices, les mille et une méthodes de conquête du ciel et d’envahissement des nues. Et là arrivent une multitude de dangers :
I. FAUX SAVANTS.
Les faux savants prisonniers de leurs systèmes, ceux qui ne veulent pas admettre que le monde déborde leur horizon, qui prétendent enclore l’univers dans les limites de leur savoir et qui, en présence d’hypothèses qui durent six mois, de philosophies qui se démolissent les unes les autres et de théories « définitives » qui ne font qu’un petit déjeuner pour le soleil, tiennent à offense personnelle que les vérités mystiques demeurent inentamées depuis des siècles.
II. IGNARES…
Les vastes esprits qui triomphent et pensent, à quarante ou soixante ans, que rien n’est vrai hormis ce qu’ils ont appris ou cru apprendre au collège…
Pour ceux-là, le monde s’est arrêté à l’instant de la fin de leurs études.
Et ils n’hésitent pas un instant à condamner Einstein, qu’ils ne connaissent pas, au nom d’Euclide, qu’ils ne connaissent d’ailleurs pas davantage… ou crucifier un tel et louangeant un tel autre. Ou Ceux qui se croyant supérieur à vous parce que « eux » sont la spiritualité et vous vous ne pouvez pas l’être…
III. …ET FAUX PRETRES
Les faux prêtres que les dogmes encerclent, qui écrasent l’esprit sous la lettre, qui passent leur temps à condamner ou à utiliser la crédulité de l’humain à leur profit, l’enfermant à double tours dans un système de croyances.
Alors comment s’y retrouver ? Comment faire pour « Accrocher sa charrette aux étoiles», se « brancher », saisir l’une des perches que l’univers tend vers nous, ou, mieux, se débrouiller pour embarquer dans « l’ascenseur… ». Des mots, tout cela ? Bien sûr, des mots…
Reste qu’il y a quelque part un fil où passe un grand courant et que, si vous réussissez à découvrir ce fil, puis à y appliquer votre trolley, votre tramway filera le diable… Reste qu’il y a quelque part un grand courant d’harmonie et que, si vous réussissez à régler votre cœur sur ce courant, une immense joie s’emparera de vous
Et c’est en dernière analyse cela qu’il faut trouver : cette joie…
Comment il faut faire pour la trouver, cette joie ? Et je ne vous l’ai pas dit ?… Je vous le dirai, rassurez-vous.
COMPREHENSION ET PATIENCE.
Mais il faut encore que nous accomplissions un certain périple. Nos yeux ne sont pas suffisamment ouverts. Et vous allez tout de suite le comprendre…
Notre instrument, c’est nous-mêmes. Notre outil, c’est la compréhension par la conscience absolue. N’est-ce pas sur elle, d’abord, que nous devons travailler afin de la préparer, de l’affûter et de la mettre au point…
Seulement, voilà : l’impatience nous ronge, cette fameuse impatience qui fait toujours tout rater et que les dieux abominent. Nous voudrions savoir la fin avant d’avoir appris le commencement et nous sommes tous un peu comme le bonhomme qui me dit à brûle-pourpoint :
— Monsieur, je vous donne n’importe quoi si vous me faites accéder à la Conscience cosmique !…
D’ABORD, ACCEDER A LA CONSCIENCE DE SOI
Que pouvais-je répondre ?…
Le bonhomme avait l’air décidé. Et il eut été capable, si j’avais envisagé de lui vendre l’accession à la conscience cosmique, de me demander une facture et un bon de garantie…
Je me suis donc contenté de lui donner, et pour rien, le conseil que je donne à tout le monde en pareil cas :
« Doucement, mes bons amis, doucement »… Nous prétendons accéder à la conscience de l’Absolu. Essayons donc, pour commencer, d’accéder à la conscience de nous-mêmes… Plus exactement : à la conscience de notre être véritable. Car… Vous entendez bien ce que je vous dis là ?… Tant que nous n’y parviendrons pas, nous ne serons même pas…
COMBIEN Y EN A-T-IL, PARMI NOUS, QUI PUISSENT DIRE : « JE SUIS » ?
Combien y en a-t-il de personnes, sur mille et même sur dix mille, pour ne pas dire sur cent mille, qui puissent valablement déclarer : je suis ?… Nous pensons connaître l’univers et la vie. Et nous ne savons même pas qui nous sommes… Or, ne sachant pas qui nous sommes, comment pouvons-nous savoir que nous sommes, ou réciproquement ?…
C’est peut-être parce que nous ne sommes pas ?
— Exactement…
C’est bien difficile à comprendre, tout cela !…
Oui, pour nous en ce moment-ci… Mais faisons un petit effort. Et vous verrez, à la fin, que ce que nous ne comprendrons plus, c’est de n’avoir pas compris tout de suite…
NOUS NE POSSEDONS QU’UNE « POSSIBILITE D’ETRE ».
L’HUMAIN « EXISTE », MAIS « IL N’EST PAS ».
Un animal humain est mis en circulation. Le voilà. Il va, il vient, il parle. Mais il se trouve en l’état d’hypnose dont nous nous sommes entretenus. Peut-on dire qu’il vit?
Non : il est « vécu ». Ce n’est pas son propre compte qu’il vit…
Peut-on dire qu’il « est » ?
Pas davantage, puisqu’il passe à côté de son être véritable…
Il existe, soit.
Mais en tant que machine seulement. C’est un objet animé, un automate. Son être réel demeure emprisonné au fond de lui-même. Et il ne pourra dire « je suis » qu’à partir du moment où cet être réel, ayant pris conscience de soi, rejètera le sortilège et animera personnellement la machine…
En d’autres termes encore, et pour aller un peu plus loin :
Nous nous trouvons en présence d’un être factice, d’un être sophistiqué qui n’a rien à voir avec l’être réel. Et lorsque cet être factice parle de ce qu’il appelle lui-même, et lorsque cet être sophistiqué dit « je » ou « moi », c’est encore à l’être second, à l’être faux, à l’être résultant du sortilège, qu’il rapporte ce « moi » ou ce « je »… De l’être réel, profond, fondamental, il n’a aucune espèce de notion. Il dort, l’être fondamental.
Et il dort de ce sommeil « semblable à un mort » dont nous parle le poète…
MAGIE DES IMAGES.
Il faut absolument que tout le monde parvienne à une claire compréhension de cette donnée. Elle est primordiale. Et je pense avoir enfin trouvé un moyen d’aboutir… Mon moyen, naturellement, c’est une image. On devrait toujours penser aux images lorsqu’on se trouve en présence de données complexes, difficiles à assimiler.
On en médit souvent, des images. Et trop souvent l’on argue qu’elles ne correspondent jamais à la vérité totale, comme les comparaisons, du reste, qui sont elles aussi des images… Mais les mots, est-ce qu’ils correspondent davantage à la réalité totale ? Et les phrases, même bien faites, est-ce qu’elles éveillent toujours les mêmes idées dans toutes les cervelles ?…
Je préfère les images, qu’au demeurant on fait avec des phrases et des mots, mais qui s’en dégagent, s’imposent, font flèche et disent d’un coup ce qu’elles ont à dire…
Le seul malheur, avec celle que je vais vous soumettre, c’est qu’elle est un peu grosse et un tantinet grotesque. Tant pis…
NOUS NE CONNAISSONS QUE LA PARTIE « FACTICE » DE NOUS-MEMES.
Imaginez que nous soyons des œufs… Oui : des œufs. Des œufs de poule, ou de pigeon si vous préférez, ou de cane, ou d’oie, ou d’autruche ou de dragon . Peu importe la taille…
Bref, nous avons imaginé que nous étions des œufs. Imaginons maintenant que l’œuf réel, ce soit le jaune, et uniquement le jaune… Le blanc, qui est autour, ce sera l’apport du magicien, le factice, ce qu’il aura surajouté…
Et voilà toute notre histoire :
Nous sommes des œufs qui ne se connaissent que par le blanc, que par l’extérieur si vous voulez, des œufs à qui le blanc surajouté masque le jaune fondamental et qui, partant, n’ont même plus la notion de ce jaune qui est leur être réel, leur seul être réel… Compris ?
1° Je sais ce que je suis, 2° Et je sais que je suis…
APPREHENDER L’ETRE VRAI PAR-DELA LE FAUX.
…Ce qu’il faut, dis-je, c’est avoir réussi à appréhender l’être vrai par delà le faux, l’être réel par delà le factice, l’être « naturel » par delà le sophistiqué, l’être premier par delà l’être second…
…Ce qu’il faut, c’est descendre assez profondément en soi pour y découvrir sa vérité, son essence initiale et y prendre conscience, — tout ce qui vient du magicien étant écarté, — de ce qui vient du l’univers et nous y rattache… Ce n’est pas pour rien qu’on dit la vérité cachée au fond d’un puits…
J’aurais pu me servir d’une autre image. Maintenant que nous n’en avons plus besoin, il va nous en venir cinquante…
De l’image d’un seau, par exemple, d’un seau rempli d’eau et posé sur le sol et sous le ciel bleu. Et je vous aurais dit : il y a, au fond de ce seau, qui est vous-même, un reflet du ciel que vous ne voyez pas, hélas, car un petit diable est là, payé par le méchant magicien, lequel petit diable passe son temps à troubler l’eau dont vous êtes emplis en l’agitant avec sa main, etc… Il y aurait aussi l’image de la noix, avec sa coquille et son fruit, ou encore l’image du cocon, avec son enveloppe de soie et sa chrysalide, etc., etc..
TOUT LE MONDE POSSEDE « L’ORGANE » NECESSAIRE AU « DEPASSEMENT DE L’ILLUSION » ET A LA « CONQUETE DE L’ABSOLU »…
La pâte humaine est unique et, croyants et incroyants, noirs, blancs, jaunes ou rouges, tous les humains sont coupés sur le même patron… S’il y a des différences, elles ne sont que de détails. Pour l’essentiel, chacun réagit comme le voisin : la bergère vaut la reine et le Montréalais vaut le Gaspésiens.. Or — reprenons sans hésiter l’éternelle question — de quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’éveiller en nous des facultés déterminées, sans doute plus proches de l’éclosion chez les uns que chez les autres, mais présentes en chacun… Dirons-nous que n’importe qui peut du jour au lendemain être « un grand initié »? Certainement non. Pas plus que nous ne dirons : n’importe qui peut en moins de six mois rivaliser avec Einstein s’il se veut mathématicien . Tous ne sont pas destinés à crever les plafonds ou à décrocher les lustres. Mais tous peuvent apprendre à compter jusqu’à cent ou à passer un archet sur une corde.
Les incapables absolus sont aussi rares que les moutons à 18 pattes ou les manchots à 3 becs. Et le plus grand nombre, en matière spirituelle comme en toutes matières, peut prétendre à des résultats honorables en rapport avec l’effort fourni et la conscience déployée.
« Peut-être, me répliquera-t-on. Mais la propension à croire n’est-elle pas le signe, l’indication de ces facultés ?… »
En aucune manière… Ces facultés sont liées, il est vrai, à un certain besoin d’idéal et de dépassement. Mais le fait de croire en Dieu ou en Allah, par exemple, n’implique pas un besoin de dépassement ou d’idéal supérieur au fait de croire à la justice, à la bonté ou encore — même si cela est absurde — aux vertus salvatrices de la science. Et l’on pourrait citer de nombreux athées, de nombreux mécréants, de nombreux et affreux matérialistes qui sont infiniment plus près de la vraie foi que tels ou tels bigots ou cagots, comme on dit chez les catholiques, ou que tels ou tels momiers, comme on dit chez les protestants…
Ne parlons pas de l’incrédulité de principe. Elle est aussi stupide et aussi peu défendable que la foi a priori. Dans l’un des deux cas, on croit à ce que dit M. le curé sous caution de la soutane. Dans l’autre, on croit à ce que dit M. le pharmacien sous caution de bocaux, à moins que ce ne soit à ce que dit M. l’instituteur sous la caution de M. le ministre de l’Education nationale. Autant croire à la sincérité des états sur foi de propagande.
Mais parlons des braves gens qui ne nient pas plus qu’ils ne croient, qui ne croient pas parce qu’on ne leur a pas fourni de bonnes raisons de croire, qui se gardent de nier parce qu’on ne leur a pas fourni de bonnes raisons de nier, qui ne savent pas, en somme, et qui demeurent dans une honnête expectative, prêts à aller du côté où les entraînera une conviction valable, fondée, librement acceptée. Et disons-le sans plus attendre : les non-croyants possèdent, au départ, un assez considérable avantage sur les croyants.
CERVELLE LIBRE ET TETE CLAIRE.
Ils ont la tête claire et l’esprit libre. Leur cervelle n’est pas farcie de textes ni leur regard brouillé d’images. Nul dogmatisme ne les encercle d’épaisses murailles crénelées qui empêchent le soleil d’entrer. Et lorsqu’ils se mettent sérieusement et sincèrement en quête d’une vérité comportant en elle-même ses preuves, d’une vérité expérimentale et expérimentable, rien ne vient faire écran entre eux et les perceptions nécessaires…
Ici, nous ne critiquons rien. Nous ne mettons pas en cause la légitimité des conceptions religieuses ou philosophiques. Nous disons seulement ceci :
LA VERITE SE PRESENTE A SA FAÇON ET DANS LES HABITS DE SON CHOIX.
La vérité spirituelle, lorsqu’elle s’offre à un humain sur le plan expérimental, s’offre à sa façon, qui est « ce qu’elle est » et ne dépend que d’elle-même. Et si la façon qu’elle a de s’offrir ne correspond pas à l’idée que cet humain en a reçu de ses éducateurs ou s’en est fait par ses propres moyens, il y a grand’chance pour qu’il ne la perçoive pas.,. Il y a grand’chance — le cas est fréquent chez les religieux — pour qu’il se laisse emporter par son ardeur et s’en aille la chercher bien au delà des régions où elle se trouve…
Car elle ne s’impose pas, la vérité. Car elle n’arrive pas en somptueux cortège, précédée d’une clique tonitruante de fifres, de clairons, de tambours et de cymbales… Elle est farouche et furtive. Elle vient comme un reflet de lune sur un lac. Elle veut qu’on la devine à la plus ténue, à la plus timide des vibrations. Elle est un peu comme une fée qui jouerait à cache-cache avec les âmes et les cœurs…
MEFIEZ-VOUS DE VOTRE PLAN SI VOUS EN AVEZ UN…
Le croyant est comparable à un prince charmant qui, se mettant à la recherche de la belle endormie, possède un plan du château qui n’est peut-être pas tout à fait le bon. Et c’est son plan même qui l’égaré…
Le non-croyant n’a pas de plan. Il n’a que ses yeux et ses oreilles. Il n’a que sa faculté d’être attentif, que sa volonté de demeurer disponible, ouvert. Il a son intuition également. Et c’est surtout cela qui va le guider : l’intuition.
L’INTUITION, VOILA LA REINE DE DROIT DIVIN…ENFIN SI DIEU EXISTE…
L’intuition ce que nous appelons avec tant d’orgueil notre intelligence se trouve conditionné par quatre-vingt-dix-neuf et demi pour cent d’instinct et un demi pour cent d’intelligence pure…
Avez-vous jamais étudié le conditionnement interne des grands systèmes de philosophie ? Faites-le. Et vous verrez que tous, y compris ceux qui passent pour les plus objectifs et les plus scientifiques, sont entièrement fonction de la psychologie de leur auteur…
Pourquoi telle orientation générale plutôt que telle autre ? Pourquoi cet enchaînement d’idées-ci plutôt que cet enchaînement d’idées-là ? Parce que l’auteur voyait et sentait ainsi. Parce que sa mécanique fonctionnait de cette manière et non d’une autre.
Parce que les grands philosophes sont comme tous les mortels : ils font des embarras avec leur objectivité, mais ils suivent leur nez, ni plus ni moins.
Quant aux mystiques, il y a beau temps qu’ils ont compris la prédominance de l’intuition, qu’ils en font état et qu’ils proclament que, sans elle, le monde se serait depuis de longs siècles effondré dans des abîmes d’horreur et de gâchis.
L’humain ne démontre pas Dieu. Mais heureusement, comme disait Lamennais, il le sait. Et de cette connaissance intuitive résulte qu’il se maintient malgré tout en «ligne» de vie…
TOUT L’ESSENTIEL SE FAIT SANS NOUS.
Les dieux sont sages qui ont confié à l’inconscient nos fonctions essentielles — celles de l’assimilation, par exemple, ou de la circulation sanguine — et en ont soigneusement mis les mécanismes hors de la portée de nos mains. Il y a longtemps, sans cela, qu’à force « d’intelligence » nous aurions tout ravagé…
Or, de même que nos fonctions essentielles sont assurées par l’inconscient, les idées dont nous vivons, les idées qui nous portent nous sont assurées par l’intuition, qui est la voix de la nature et de la nécessité à la fois…
La voix du bonheur, aussi. Car le bonheur, qui ne saurait être conçu contre la nature ou la nécessité, ne se fonde durablement que sur et dans le respect des lois de l’une et de l’autre.
Et c’est en rentrant au dedans de nous-mêmes (étymologie d’intuition : m tueri) et en tendant l’oreille à cette voix qui nous parle du fond des âges et des confins de l’univers, que nous accéderons à la grande initiation, à celle qui, allant de données d’évidence en révélations expérimentales, transforme fatalement dans d’indiscutables conditions de rigueur scientifique l’incroyance en foi et la foi en certitude…
Nous rejoignons ici ce que nous disions précédemment : se « sensibiliser » à la voix intérieure, c’est-à-dire à l’intuition, voilà l’un des meilleurs et des plus sûrs moyens de découvrir le jaune de l’œuf au travers du blanc, d’accéder au soi véritable, d’en prendre conscience et enfin , « d’être »… C’est à partir de cet état que nous pouvons dire que nous vivant, que nous sommes la vie. »
Ces quelques pensées font partie de la philosophie de vie qui sont enseignées aux futures Praticiennes et Praticiens en Magnétisme Épigénétique.
Giulio Fioravanti – Conférencier-Naturoptahe-Praticien en Magnétisme Épigénétique
Deux nouvelles sessions sont en cours de préparation, une pour Québec et une autre pour Montréal en octobre 2011.
Nous serons au Salon International de la Croissance et du Bien-être de Levis 10 et 11 septembre 2011
Pour informations : http://bit.ly/qz0Hqb
www.corpus-energie.ca
514-792-1199 ou 418-833-9057