L’autosabotage
En fait, le changement est un principe évolutif, car sans lui nous ne serions pas stimulés à explorer, à inventer, à créer, à nous adapter, à grandir et à nous connaître nous-mêmes. Sans changement, nous stagnons. C’est le changement qui nous amène à nous poser les questions les plus profondes : Qui suis-je ? Quel est mon but ? Y a-t-il un sens à ma vie ?
Notre résistance au changement se fonde sur l’urgence primale de notre survie corporelle. Le changement porte en lui une menace à l’apparente sécurité du statu quo. Le changement peut nous coûter notre emploi, notre maison, notre richesse, notre santé, nos relations, notre style de vie. Il détruit ce qui est vieux pour faire de l’espace à ce qui est neuf. Mais le neuf représente l’inconnu, et ce dernier inspire la plus grande des peurs. Pour toutes ces raisons, le changement engendre des bouleversements.
D’un autre côté, le changement nous bouscule suffisamment pour que nous posions la question «Pourquoi ?», et que nous cherchions à atteindre une expression personnelle, une conscience et des connaissances toujours plus grandes. Cette dynamique interne nous incite à évoluer, et quoi que nous fassions pour supprimer son pouvoir, elle continuera de nous pousser vers l’avant. La plupart de nos problèmes proviennent de nos efforts à tenter de nier son expression. Mais fuir le changement, c’est fuir la vie elle-même, et cela mène inévitablement à la dépression, à la mauvaise santé, à la pauvreté, à la solitude, au sentiment de vide ou, plus simplement, à l’ennui profond.
La vie nous offre continuellement des occasions d’évoluer. L’esprit tente d’y résister, et c’est là que l’autosabotage entre en jeu. Par exemple, supposons que nous nous soyons sentis piégés dans un emploi sans intérêt et routinier et que nous aimerions bien nous engager dans un emploi plus stimulant. Un jour, l’occasion se présente, mais ce nouvel emploi étant dans une entreprise qui démarre à peine, cette aventure risque de se solder par un échec. Néanmoins, les chances de réussite sont bonnes, les instigateurs du projet ont fait leurs preuves avec brio et nous avons reçu une offre de nous associer aux propriétaires de cette nouvelle entreprise, avec un salaire raisonnable et une participation aux bénéfices.
De plus, puisque l’entreprise est en pleine expansion, il y aura beaucoup de possibilités d’avancement, et ce qu’il y a de plus motivant dans la description de tâches, on aura besoin d’équipes de travail et d’innovation. Tout cela amène du changement, donc une menace, et ainsi le mécanisme de l’autosabotage entre en jeu. Des doutes surviennent : «J’ai une femme et des enfants à faire vivre», «Je suis probablement trop vieux à trente-huit ans pour m’engager dans quelque chose de nouveau et réussir», «Je ferais mieux de ne pas bouger. C’est plus sage d’être prudent que d’être follement déçu». Malgré toutes ces pensées, je parle à ma femme de la nouvelle possibilité et je partage avec elle mes pires craintes. Elle s’est toujours consacrée à mon bonheur et elle me soutiendrait si je choisissais de me lancer dans cette nouvelle aventure.
Peut-être ma femme rêve-t-elle secrètement de voir le jeune homme impétueux dont elle est tombée amoureuse de retour auprès d’elle. Cependant, alors que je partageais mes pires craintes avec elle au sujet d’un nouvel emploi, je finis par la convaincre, involontairement peut-être, qu’un changement de carrière à ce moment-ci pourrait tourner au désastre. Je l’ai infectée avec ma peur de l’inconnu et l’ai intégrée à ma prédiction qui se réalise selon laquelle ça ne marchera pas. Maintenant, nous sommes bien assurés tous les deux, et nous nous assurerons mutuellement que le statu quo est le seul chemin sûr et sensé à suivre. Nous sommes tous les deux d’accord : c’est absolument illusoire. «L’union fait la force» : nous sommes résignés et insatisfaits, mais au moins en un seul morceau !
Si nous voulons vivre dans le présent et jouir pleinement de la vie, nous devons apprendre à accueillir le changement, ou du moins à ne pas y résister. Réagir à l’imprévu nous demande de garder les yeux bien ouverts. Le changement est risqué, mais la vigilance réduit le risque au minimum. Les gens qui traversent la vie en somnambules se font inévitablement renverser par un futur toujours proche, mais toujours inconnu. Le mode de vie de l’autosabotage est une tentative futile de contrecarrer le principe évolutif sous-jacent au changement, et il aboutit à la stagnation, au pouvoir personnel diminué et à l’estime personnelle affaiblie. Nous serons mieux servis en développant la conscience de la façon dont ce mécanisme fonctionne dans nos vies. Avec de la pratique, nous serons capables d’y renoncer et d’apprendre à ouvrir les bras plutôt que de résister à ce que la vie nous offre dans le moment présent. Le changement peut être déstabilisant, mais il représente toujours une occasion. Cela veut0il dire qu’il faut faire fi de toute prudence ? Non. Le vieil adage selon lequel «La prudence est le meilleur attribut du courage» tient toujours. Éliminer le mécanisme de l’autosabotage ne signifie pas éliminer la prudence, celle-ci jouant le rôle d’un premier avertissement de nous tenir à l’écart du chemin du mal.
L’autosabotage se manifeste sous des déguisements variés. Par exemple, nous pouvons consciemment croire que nous sommes ouverts au changement et prêts à accepter de nouvelles possibilités, alors qu’inconsciemment nous résistons au changement à tout instant. Revenons à notre exemple et réécrivons certains passages du script. Commençons avec le même scénario : une aventure dans une nouvelle entreprise avec un grand potentiel, une aventure aussi stimulante pour cette entreprise que pour nous. Cette fois, cependant, au lieu qu’elle se termine dans la sécurité, nous décidons d’accepter le nouveau défi. Nous réussissons à convaincre notre femme que le risque en vaut la peine. Nous nous lançons dans l’aventure avec beaucoup d’enthousiasme et de verve, en épatant la galerie par notre attitude et notre efficacité.
À un certain moment, notre mécanisme inconscient d’autosabotage vient se mettre en place pour que se produise l’échec. On commence à se sentir débordé par des sentiments de doute ou de dépression et à perdre confiance en soi. Peut-être que notre insécurité nous fera prendre de mauvaises décisions d’affaires. Ou alors, nous ferons quelque chose d’insensé, comme nous commettre dans un conflit de personnalité avec un collègue ou frauder l’entreprise en gonflant nos dépenses, ou encore attaquer verbalement un client important. Les possibilités ne manquent pas, mais ce qu’il est important de noter, c’est à quel point notre autosabotage échafaude des scénarios qui mènent à l’échec de notre projet. Nous risquons vite de nous retrouver au même point où nous étions au moment de nous lancer dans l’aventure ou, peut-être, dans une situation encore pire.
La peur du changement est responsable du dénouement des deux scénarios dont nous venons de faire état. Souvent, la culpabilité y joue un rôle. Par exemple, il est possible que nous résistions inconsciemment à l’idée de surpasser les accomplissements de notre père ou d’avoir de meilleurs revenus que lui. D’une certaine manière, nous pensons qu’il n’est pas bien de faire mieux que nos parents. Ou alors, nous craignons la jalousie des autres : si nous passons à un échelon supérieur, nous risquons de perdre nos vieux collègues et associés. Le changement a l’effet ondulatoire de l’eau où on a jeté un caillou, et un seul événement majeur dans notre vie affecte toutes nos relations et les circonstances qui nous entourent. Encore une fois, nous sommes confrontés à l’inconnu.
L’autosabotage nous maintient plus ou moins dans l’état actuel des choses ; il est la garantie qu’en dépit de nos meilleurs efforts apparents, nous finissons toujours à peu près au même point où nous étions au départ. En observant attentivement le fonctionnement du mécanisme d’autosabotage en nous, nous pouvons nous en guérir. La peur de l’inconnu nourrit notre résistance au changement. En prenant conscience, par la méditation ou la connaissance de soi, du substrat immuable de l’existence, le Soi, nous ne nous sentons plus menacés par un avenir sur lequel nous n’avons aucune prise. En fait, tant le futur que le passé n’exercent plus leur emprise sur ceux qui vivent consciemment, respirent et agissent dans l’éternel présent.
Extrait du livre de Lyse Lebeau et Duart Maclean
«Réveiller le feu intérieur – Relations, leadership & estime de soi»
www.lyselebeau.com
[email protected]
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www.lyselebeau.com
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