Comment gagner du temps dans le temps ?
– Vous êtes devant l’ordinateur et l’écran indique : «Téléchargement 15 secondes». "Quoi ! Quinze secondes, c’est bien trop long. Demain, je commande la méga super ultra haute vitesse", vous direz-vous. Pourtant, il y a à peine 5 à 7 ans, nous étions enthousiasmés de télécharger en moins de 2 minutes la photo de son bébé naissant qu’un proche nous faisait parvenir par courriel.
– Vous arrêtez à l’épicerie pour acheter du pain et du lait et vous faites la file à la caisse rapide. Malheur ! Le client qui vous précède connaît la caissière et ils se mettent à jaser. "C’est pas la place. Ils ont juste à s’appeler s’ils veulent parler. J’ai un rendez-vous", pensez-vous en bouillonnant à l’intérieur. Dire qu’il fut un temps où nous avions le temps de parler au laitier !
– Vous êtes au bureau et envoyez un courriel à un confrère pour avoir un commentaire sur un document. Dix minutes plus tard, il ne vous a pas encore répondu. Vous sautez sur votre cellulaire pour l’appeler : "Tu ne prends pas tes courriels ?" Comment diable pouvions-nous fonctionner lorsqu’il n’y avait que la poste ?
– Vous regardez la télévision. Les annonces arrivent, vous zappez pour voir autre chose. Il y a des annonces aux autres postes en même temps. "Ils le font exprès", vous dites-vous (effectivement, ils le font exprès !). Vous vous levez d’un trait pour aller préparer le lunch du lendemain ou partir une brassée de lessive : "Pas de temps à perdre !"
Toutes ces situations nous confrontent au fait que le temps n’est plus de l’argent, mais de l’or en barre. Pourtant, toutes les technologies modernes ne pourront jamais extraire plus que 24 heures par jour !
Le temps semble se contracter sous nos yeux nous amenant vers un BEURK temporel quotidien. Le BEURK temporel est cette désagréable sensation d’étouffement que nous ressentons lorsqu’en regardant notre horaire sur notre écran d’ordinateur, nous constatons que la journée est déjà remplie sans un instant libre et, qu’en plus, une dizaine de post-it remplis de choses à faire décorent le tour de l’écran.
Le temps moderne se contracte pour une raison bien simple : les heures, les journées, les semaines, les mois, les années, bref, le temps nous paraît de plus en plus court parce nous sommes pris, plus que jamais, par plus d’activités, de responsabilités, de projets, d’espoirs et de désirs. Vous vous levez le samedi matin avec une liste de dix choses à faire dans la journée et, le soir, vous en avez exécutées sept. Votre hamster virtuel (vous connaissez ce hamster courant sans fin sur sa roue dans notre tête ? ; à l’ère de la vitesse, il est maintenant téléchargeable en méga-super haute vitesse en fichier MP3 compatible PC et Mac !) vous répétera sans cesse que vous n’êtes pas encore arrivé à réaliser tout ce qu’il y avait à faire.
Pourtant, si ce même samedi matin, vous vous étiez levé avec une liste de cinq choses à faire et que vous en aviez accomplies sept, soit le même nombre, vous vous seriez couché l’âme en paix et même fier d’en avoir fait plus que prévu. Le temps est quelque chose de terriblement subjectif et il se contracte d’autant plus que nous le surchargeons. Or, dans le monde d’aujourd’hui, nous sommes noyés par nos responsabilités, nos engagements, nos projets et tout ce qui émousse nos désirs de toutes sortes.
Nous ressemblons à cette grenouille qui voulait devenir plus grosse que le bœuf jusqu’à son éclatement sauf que maintenant, la grenouille veut aussi courir plus vite que le lièvre ! Jean de La Fontaine n’y comprendrait plus rien. Cette grenouille nous donne aussi une leçon de vie intéressante. Placée dans un chaudron d’eau bouillante, celle-ci s’en éjecte instantanément. Pourtant, si nous la mettons dans un chaudron d’eau à température ambiante et que nous allumons le feu doucement, elle s’adaptera à l’augmentation progressive de la chaleur. Quand l’eau atteindra le point d’ébullition et même bien avant, il sera trop tard pour elle et se fera ébouillanter, incapable de réagir à temps.
Trop s’adapter peut tuer ! Ne sommes-nous pas comme cette grenouille et ne voyons pas comment l’accélération de la vie nous force à nous adapter au-delà de nos capacités réelles ? L’augmentation de l’épuisement professionnel (20 milliards en coûts directs et indirects au Canada par année), des dépressions ainsi que de la consommation d’anxiolytiques, de somnifères et d’antidépresseurs (6,5 millions de prescriptions en 2001 au Québec, 10 millions en 2005) ne nous donne-t-elle pas une réponse ?
Alors, comment gagner du temps si notre horaire est déjà totalement rempli ? Bien sûr, à un premier niveau, l’organisation est importante. Une bonne gestion de son temps, apprendre à limiter certaines tâches à des temps précis, prioriser d’abord l’essentiel, régler les choses au fur et à mesure qu’elles se présentent plutôt que de les traîner perpétuellement, faire le ménage dans les dossiers fermés, bloquer des espaces personnels dans l’agenda, etc., sont toutes des stratégies permettant de gagner du temps dans le temps. Mais à quoi peut bien servir de gagner du temps si ce temps dégagé est immédiatement surchargé par de nouveaux projets qui nous sont proposés ou de nouveaux désirs qui deviendront tout aussi accaparants. Au moins, un vase plein ne se remplit plus !
En fait, personne ne dispose du temps nécessaire pour faire tout ce que la vie d’aujourd’hui rend possible. C’est notre relation au temps elle-même qu’il faut questionner et non notre façon de l’organiser. Autrement dit, il faut parfois se demander si la vie consiste à faire le maximum d’activités possibles dans le temps dont nous disposons ?
Nous sommes dans un monde d’informations où nous savons tout et où de plus en plus de gens sont connectés, mais dans lequel la connexité, c’est-à-dire les relations avec des gens, des activités ou des activités significatives, elle, est à la baisse. Pourtant, la connexité, les liens affectifs et sociaux sont essentiels à la santé. Les gens entourés sont moins malades, guérissent plus rapidement et vivent plus vieux. Ce n’est pas de tout savoir et de faire un maximum d’activités qui rendent heureux; c’est d’être en relation avec ce qui est significatif pour NOUS. Prendre le temps de la connexité s’avère donc essentiel.
Pour éviter le sort de la grenouille, nous avons intérêt à être attentifs à ce que notre monde intérieur nous dicte plutôt qu’à constamment s’adapter à ce qui vient de l’extérieur. La connexité à ce qui nous est significatif ne peut que partir de l’intérieur de soi. Le meilleur antidote à la vitesse d’aujourd’hui demeurera toujours de savoir prendre le temps pour les choses qui nous sont significatives : rendre visite à un ami que nous n’avons pas vu depuis longtemps, ne pas répondre à son cellulaire pendant que nous profitons d’un bon repas avec des amis ou que nous vagabondons dans des boutiques, rester confortablement assis pour relaxer durant les annonces à la télévision ou s’arrêter dans un café, plutôt que de se stationner dans un bouchon de circulation !
Plus le train de la vie va vite, moins nous avons la chance de voir le paysage. Il y a des temps pour aller vite d’un point A à un point B et il y a des temps pour débarquer du train et contempler le paysage. La difficulté d’aujourd’hui est d’apprendre à débarquer du train à la station qui nous est significative et non pas la destination qui nous est imposée. Dans l’atelier «Reprenez votre pouvoir d’agir !» que j’ai développé, un volet important consiste à bien identifier nos "arrêts de train" que nous négligeons, ces ressourcements d’énergie que nous oublions trop souvent et qui, pourtant, contribuent à nous rendre plus efficaces dans le rythme effréné d’aujourd’hui. Une fois cette étape franchie, il devient plus facile de mieux comprendre où nous en sommes et se remettre en action vers ses vrais objectifs. Trois étapes jalonnent ce parcours. D’abord, établir le bilan de ses sources de satisfaction et d’insatisfaction dans la vie, puis faire le focus sur les cibles que nous désirons atteindre et, finalement, se mettre en action par des moyens concrets. Ce cheminement, Bilan, Focus et Action, vise à identifier nos sources d’équilibre dans la vie et à construire les liens significatifs avec les gens ou les activités qui nous aident à atteindre ce que nous voulons vraiment dans la vie.
Tranquillement vôtre,
Alain Caron, psychologue
Formateur et conférencier
Auteur de « Le mythe de la réussite »
Atelier «Reprenez votre pouvoir d’agir !»
Trois Rivières : 9 et 10 février 2008
Québec : 23 et 24 février 2008
Pour inscription ou information
Tél. : 418-837-8819
Sans frais : 1-866-858-8819
Courriel : [email protected]
Site Internet : www.alaincaron.net
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